L’amnésie massive de leur simulacre

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L’amnésie massive de leur simulacre

Le déferlement de condamnations de Trump pour le sommet d’Helsinki, de la part essentiellement de la presseSystème US, dans un mouvement collectif et extrême au-delà de l’extrême, instantané, sans aucune connaissance ni évaluation des faits, ni enquête, ni consultation, constitue un événement impressionnant qui relève directement de la métahistoire et d’une influence hors de toute capacité humaine s’exerçant sur les personnes impliquées (les choses qu’on nomme journalistes et presseSystème). Nous sommes en présence d’une attitude collective d’automaticité qui ne peut s’expliquer par la seule logique ni par des consignes élaborées ; l'élan est collectif et comme inspiré du dehors du monde habituel

Dès le jour même du sommet, le 16 juillet, peut-être avant le terme du sommet pour certains, la conclusion de la presseSystème et de l’opinion dominante des élites-Système (dite progressistes-sociétales, DeepState, collusion FBI-CIA, etc.) peut-être résumée par cet article de Politico.com, – un entre mille, qu’il suffit de réduire à son titre disant tout ce qu’il faut savoir pour notre propos et qui, justement n’a rien à voir avec le sommet et tout avec la situation générale que cette fraction dominée par une influence maléfique d’entropisation veut créer le plus rapidement possible, si possible avec l’élimination de Trump :

«  Putin’s Attack on the U.S. Is Our Pearl Harbor– Make no mistake: Hacking the 2016 election was an act of war. It’s time we responded accordingly. »

Le choc d’Helsinki a été si énorme aux USA, – d’une énormité qu’on ne peut identifier que comme celle d’une psychologie collective atteinte d’une pathologie absolument dévastatrice et ouverte aux influences maléfiques, ce qui est le cas, – qu’il faut prendre sérieusement pour cette séquence les possibilités d’actes illégaux fondamentaux ; nous voulons non seulement parler d’un coup d’État mais surtout d’une élimination physique de Trump.

(Nous avançons ce constat d’une manière très relative dans le temps. L’actuelle poussée de fièvre, d’une puissance sans précédent y compris celle de l’interrègne novembre 2016-janvier 2017, dépend de la pression formidable qu’exerce, par le biais du système de la communication, cette époque étrange. Il est tout à fait possible que cette fièvre tombe brusquement, comme on l’a vu dans certaines circonstances inattendues, justement du fait d’une circonstance inattendue. Il est impératif de garder à l’esprit cette possibilité, sans oublier que la charge affectiviste ainsi réunie restera et s’inscrira dans une accumulation de tension qui alimenterait dans ce cas une prochaine nouvelle explosion du genre.)

Plusieurs faits vont dans le sens d’une dramatisation extrême possible, jusqu’aux mesures qu’on a mentionnées,  mais aussi d’un très complexe élargissement de la crise.

• L’état d’esprit d’une psychologie collective complètement  déchaînée et incontrôlable, qui relaie les  accusations les plus grossières et les plus expéditives comme des culpabilités avérées et sans appel. On l’a vu, on doit y revenir sans cesse comme s’il s’agissait d’une démence collective qui permet de juger qu’en aucun cas la crise ne s’apaisera d’elle-même.

• L’entente Trump-Poutine d’Helsinki est attaquée sur des arguments fondamentaux tels que la trahison, qui implique que la référence, déjà largement répétée, est “Nous sommes en guerre contre la Russie”, qui sera portée à son paroxysme. Cela signifie que les Russes sont désormais persuadés que le cas extrême d’une élimination brutale de Trump devrait impliquer très rapidement une action agressive contre eux. Les Russes interpréteraient l’élimination de Trump comme l’annonce extrêmement probable d’une attaque de la Russie et ils se mettraient aussitôt sur le pied de guerre, pouvant même envisager des attaques préventives limitées pour placer le nouveau “pouvoir” en position de faiblesse avec néanmoins l’obligation de répondre par une initiative.

• La description par certains de dispositions en train d’être prises pour éliminer Trump, notamment du fait de l’armée, impliquerait non pas une action coordonnée et sans bavures mais au contraire des risques de division au sein des forces armées. La remarque de Bill Van Auken mardi (« Dans les coulisses, des sections de l’armée d’active, des espions de la CIA et d’anciens chefs des principales agences de renseignement américaines discutent de ce qu’il faut faire de Donald Trump. Si les militaires devaient lancer un coup d’État contre Trump, il ne fait aucun doute que les dirigeants du Parti démocrate se rangeraient derrière une junte américaine. ») ne tient pas assez compte de ce facteur. L’armée, si elle est évidemment partisane du maintien des positions de l’“empire”, est par contre loin d’être acquise à l’acte inconstitutionnel suprême pouvant immédiatement enchaîner sur un affrontement avec l’autre superpuissance nucléaire dont les capacités militaires égalent aisément les siennes et, dans certains domaines, les dépassent.

• Une autre inconnue est la réaction du public, qui est maintenu dans un état de tension extrême depuis trois ans, non pas selon un élan patriotique unanime, mais dans un état d’affrontement interne qui, pour certaines de ses parties, prend des allures existentielles. Cela signifie que le désordre public incontrôlable et même la guerre civile ne sont nullement des options à négliger, qu’elles constituent au contraire des possibilités extrêmement sérieuses qui peuvent se manifester très rapidement tant est grande la tension et tant ces options sont largement envisagées d’un point de vue opérationnel depuis plusieurs années.

• Compte tenu de la situation des relations internationales et des relations des pays impliqués, un fait particulièrement important doit être souligné : la réaction extrêmement positive d’Israël (Netanyahou) à la réunion d’Helsinki, aussi bien pour le côté US que pour le côté russe, aussi bien pour les deux personnalités spécifiques de Trump et de Poutine. Le Premier ministre israélien a publié un communiqué au moment où se terminait la rencontre d’Helsinki, disant notamment : 

« “Le Premier ministre Benjamin Netanyahu se félicite du profond attachement des États-Unis et du président Trump à la sécurité d'Israël, tel qu'exprimé lors de la rencontre entre le président Trump et le président Poutine. L'amitié entre Israël et les États-Unis n'a jamais été aussi forte”. Le communiqué ajoute que le Premier ministre “apprécie grandement la coordination sécuritaire entre Israël et la Russie et la position claire du président Poutine sur la nécessité de mettre en œuvre les accords de séparation entre Israël et la Syrie.” »

La position d’Israël, dont l’influence à Washington D.C. avec son lobby AIPAC est bien connue, et combattue par la plupart des antiSystème, est dans ce cas presque complètement inversée. Netanyahou soutient les deux hommes qui sont les plus haïs à “D.C.-la-folle” (car son soutien va beaucoup plus aux deux présidents qu’à leurs pays d’une façon générale, dans la mesure de leur politique vis-à-vis d’Israël), et par conséquent une vision antiSystème le verrait dans cette circonstance quasiment dans une position antiSystème.

Encore plus que les autres, mais pourtant dans la même logique, ce dernier point est la meilleure illustration possible de la complexité extraordinaire de la situation, de ses possibilités considérables d’inversion, etc. Israël et Netanyahou sont bien entendu adorés au Congrès autant qu’au sein du parti démocrate, et pourtant dans ce cas ils soutiennent avec un enthousiasme non déguisé Trump qui est haï au Congrès et chez les démocrates au-delà de tout ce qui est raisonnablement imaginable.

(A peu près la même chose pour Poutine mais à Washington D.C. devenu “D.C.-la-folle”, c’est encore plus remarquable pour Trump bien entendu. Disons qu’Israël et Netanyahou font la loi à Washington D.C. et qu’ils se retrouvent dans le rang des hérétiques insupportables à “D.C.-la-folle”. On notera d’ailleurs que le conservateur Netanyahou et nombre de forces conservatrices israéliennes s’opposent aux valeurs sociétales aussi bien qu’à l’immigration, là aussi selon la même position de porte-à-fond et de contrepied. On en tirera si l’on veut des conclusions idéologiques, politiques, d’influencent, etc. ou autres, mais ce n’est certes pas notre cas. Nous en tirons des conclusions qui renforcent l’image du désordre, favorisent Inconnaissance et Incertitude, et recommandent de toujours et seulement se situer par rapport au Système, et contre lui certes, sans s’occuper de qui est, momentanément ou pas, votre allié en telle et telle circonstances.)

FBI et CIA concélèbrent la messe

La chose qui a soulevé le tollé général le plus grondant et le plus furieux, et chose sur laquelle Trump a dû reculer d’une façon assez humoristique, c’est la question de la confiance qu’il accorde aux services de renseignement US, – à Moscou, il nous disait cette chose pleine de bon sens qu’il leur faisait moins confiance qu’aux Russes dans l’affaire du Russiagate (une stupide intervenante hier dans l’émission 28 Minutes d’Arte qualifiait cette déclaration de Moscou de Trump de “dernière gaffe du président US”) ; à Washington, il modifia sa déclaration sous des pressions énormes qui avaient des airs de menaces, mais dans de surprenantes circonstance. La lumière s’éteignit au moment précis où il faisait son mea culpa et, plutôt qu’embarrassante comme le disent les commentaires, cette circonstance rendit le mea culpa de Trump comique et de pure forme, comme un clin d’œil qu’il nous ferait :

« Surprise ce 17 juillet dans le bureau ovale : alors que Donald Trump lisait un communiqué dans lequel il encensait les services de renseignement américains, les lumières se sont éteintes alors qu'il n'avait pas fini sa phrase. Le président américain était justement en train de déclamer : “J’ai une totale confiance dans... les agences américaines de renseignement... Oups ! Quelqu'un a éteint la lumière. Cela doit être les services secrets. » (Voir la Vidéo.)

A l’occasion de ce paroxysme de démence de “D.C.-la-folle”, un journaliste washingtonien pas-très-bienpensant a remarqué que « le Russiagate était la nouvelle religion à Washington, et les services de renseignement les églises où l’on va prier ». La situation est bien entendu bouffonne lorsqu’on a à l’esprit, d’une part le pedigree incroyable d’illégalités, de violation de tous les droits, d’interférences dans des pays étrangers, d’organisations de coup d’État, de tortures, d’assassinat, etc., de ces services ; d’autre part, la suite ininterrompue d’erreurs, d’interprétations fautives, de mauvaises prévisions, d’analyses stupides, de coups montés et foireux renvoyant l’ascenseur au fautif dans des conditions catastrophiques, etc., – des mêmes... Bill Van Auken écrivait avant-hier, plein de verve trotskiste :

« Après la guerre, même dans la tradition du libéralisme américain, les activités du FBI et de la CIA ont été traités toujours avec un scepticisme extrême : en tant que menaces énormes et réelles pour la survie de la démocratie américaine. L’on avait présent à l’esprit le fait que pendant près d’un demi-siècle J. Edgar Hoover dirigeait un État policier dans l’État par l’intermédiaire du FBI. Le FBI et la CIA, fonctionnant avec impunité, espionnaient et exerçaient du chantage sur des personnalités américaines, montaient des coups d’État à travers le monde et ont été largement soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’assassinat d’un président américain.

» Le scandale du Watergate, de la Commission Church des années 1970 et le scandale Iran-Contra, sans oublier le rôle des agences de renseignement dans la fabrication des « preuves » des armes de destruction massive avant l’invasion de l’Irak, leur surveillance de masse criminelle à intérieure des États-Unis et leur rôle dans les assassinats de drones, ont clairement révélé que ce sont des organisations criminelles, prêtes à utiliser tous les moyens pour étendre leur propre pouvoir au détriment de la démocratie.

» Mais maintenant, ces organisations ont été élevées par les médias au statut de gardiens par excellence de l’Amérique, et on déclare que leur parole est la vérité de l’Évangile. Toute discussion sur leur rôle dans la torture, l’espionnage à l’intérieur du pays et les assassinats de drones a été mise de côté. »

Toutes ces vitupérations de Van Auken s’adressent, comme c’est l’habitude chez les trotskistes, encore plus à “la gauche” (qui fait partie de ceux que nous appelons progressistes-sociétaux) où se trouv(ai)ent tant d’antiSystème et de “dissidents” au temps de l’Irak et de Patriot Act qu’aux autres que les trotskistes qualifient en général de réactionnaires & Cie. Toutes cette troupe “de gauche” aujourd’hui humanitariste-simulacre donnait dans les années 2000 (en fait, depuis le McCarthysme jusqu’aux années 2000) un lot important de critiques radicaux de la CIA et du FBI et des gens de cette sorte, d’ailleurs au côté d’une portion non moins importants de “dissidents” de droite. Même en 2011-2013 (même avec la Libye, même avec les deux premières années de la Syrie où les débuts furent incertains avec un seul aspect humanitariste), cette gauche pseudo-“dissidente” existait encore.

Tout a basculé, à notre estime, avec la crise ukrainienne. Par exemple, un quotidien comme le Guardian qui attaquait à boulets rouges la NSA (et par conséquent la communauté du renseignement US) avec l’affaire Snowden en 2013, et donc ne pouvant pas vraiment démoniser Poutine qui accueillait Snowden, est devenu un fidèle allant avec ponctualité se confesser et donner son obole aux messes de la CIA et du FBI à partir de l’affaire ukrainienne, puis enchaînant avec un délice significatif sur l’affaire Trump à l’été 2015...

A partir de là, ils ont tout oublié des infamies accumulées pendant un demi-siècle, amnésie massive, mémoire blanchie comme leurs fortunes ; puis FBI et CIA montés sur un pavois pour en appeler aux dieux mis sur écoutes, en attendant le Grand Satan dont le Sacrifice assurerait la bonne tenue des Temps-Nouveau. Leur Grand-Satan, on le reconnaît à la chevelure...

2014-2015, le temps du tournant, avec la création d’un univers-nouveau, totalement fictif, un simulacre absolument hermétique comme l’énigme du sphinx et vicieusement ficelé comme le nœud gordien, où le dogme est dit par la CIA et le FBI, où le MH-17 est abattu par Poutine monté en personne sur un missile Buk, où les chars russes écrasent les habitants de Crimée comme de vulgaires Ukrainiens, où Assad ne cesse de péter des gaz chimiques mortels pour les seuls Syriens civils et innocents, où Trump mange des petits migrants mexicains à tous ses petits déjeuners. Nous sommes passés avec l’affectivisme latent au début puis devenant de plus en plus actif jusqu'à devenir un constitutif inconscient des acteurs concernés, au déterminisme-narrativiste décisif où l’esprit est totalement emprisonné, passant des affaires géopolitique à une nouvelle façon de voir qui serait la notion de géosociétal globalisé, tout cela dans un simulacre aussi grand qu’un Kosmos re-fabriqué de fond en comble, –manufacture d’un cosmos nouveau, débarrassé des idoles impies du passé pour laisser place à l’Homme-Nouveau.

Ce n’est pas comme il est souvent dit la réinstallation de McCarthysme à laquelle on assiste depuis trois ou quatre ans, car le McCarthysme interrogeait des êtres et demandait des dénonciations d'autres êtres, même si c’était une sorte de torture, un lynch social, etc. Aujourd’hui, on n’interroge plus, on ignore et on nie simplement l’existence des “Deplorables” comme dit Hillary, la Reine des Abeilles-corruptrices, à propos des non-êtres puants qu’on privera bientôt à la fois d’existence suprémaciste et de droit de vote par ignorance du voter-bien. Dans ce climat, il est manifeste qu’on ne peut envisager qu’une seule issue qui est l’élimination de Trump, parce qu’enfin il faut trancher. C’est pour cette raison de la négation de l’Autre, la négation de l’ontologie de l’être au profit du seul simulacre du masque, que tant d’utilisateurs de tweets, de faiseurs d’Art Contemporain, de théâtreux subventionnés, de professionnels des Gay Prides, d’acteurs milliardaires et de petits génies de Silicon-$billions ne rêvent que d’une seule chose, – et ils l’écrivent, ils le dessinent, ils le chantent et ils le jouent s’il le faut : la liquidation physique de Trump, qu’il faudra bien songer à exécuter un jour ou l’autre. Les prêtres du FBI et les moines de la CIA s’en chargeront, après avoir prêté serment et concélébré la Messe de l’Être Suprême-New Age. Ainsi voient-ils le fringant Nouveau-Monde...

Nous sommes dans une tragédie-bouffe à l’échelle cosmique, qui a pris bien entendu la forme d’un simulacre, et si nous nous dirigeons, –c’est-à-dire “eux”, s’ils se dirigent vers une tragédie, ce sera par la voie du bouffe, comme autant de bouffons suivant, à la façon des rats, le joueur de flûte de Hamelin dont, une fois de plus avec son habileté coutumière quoiqu'un peu surannée, le Diable a revêtu les atours...