Haine et déstructuration

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Haine et déstructuration

31 mars 2017 – Il existe deux situations en cours de développement actuellement aux USA, qui sont les deux faces de la même crise. La première est connue et largement documentée, qui concerne le développement des événements à Washington D.C. où dominent deux aspects complémentaires organisant un désordre général : d'une part la paralysie des pouvoirs, notamment celui de la présidence mais aussi celle du Congrès en un sens, d’autre part l’affrontement entre l’administration et éventuellement son parti mais avec de fortes réserves, et l’“opposition” faite du parti démocrate avec ses relais et d’un ensemble de diverses associations politico-sociétales de tendance progressiste. La seconde situation, celle que nous allons traiter ici, est comme un double “secret” de la première, ou comme une “réplique souterraine” si l’on veut, de la première. Elle représente la concrétisation structurelle aux USA de la crise politico-culturelle déclenchée avec l’élection USA-2016. D’une certaine façon, cette “réplique souterraine” témoigne de la gravité générale de la crise, parce qu’elle constitue l’inscription dans la structure même des USA de cette crise.

La nouvelle qui nous fait aborder prioritairement ce sujet, cette deuxième situation de la crise, est d’abord ce rapport que nous donne The Economic Collapse, de Michael Snyder, du 27 mars (repris dans ZeroHedge.com, le 27 mars), concernant des mouvements de population importants, notamment des départs de grandes villes. Snyder lie ces mouvements, notamment aux craintes de “guerre civile”, citant le texte de Doug Casey sur ce thème, dont nous avons fait la présentation et le commentaire le 23 mars.

« Why are so many people suddenly moving away from major U.S. cities?  Recently, I wrote about the mass exodus that is happening out of the state of California, but the truth is that what is happening there is just part of a national phenomenon.  The populations of some of our largest cities are steadily shrinking, and many experts are completely mystified by the seismic demographic shifts that we are now witnessing.  Of course there are a whole host of reasons why people would want to move away from huge cities such as Chicago, Detroit, Baltimore and Cleveland.  For some families, it simply comes down to wanting a better life for their children.  But as you will see below, there are others that believe that things in this country are about to take an apocalyptic turn, and the big cities will not be a place that you want to be when economic collapse, rioting, looting, civil unrest and crime are all spiraling out of control.

» According to data just released by the U.S. Census Bureau, Chicago took the prize for the biggest population loss from 2015 to 2016, and it was followed by Detroit and Baltimore

»  “The counties containing Chicago, Detroit and the independent city of Baltimore were the biggest population losers in the United States from 2015 to 2016, according to data released today by the Census Bureau. Cook County, Ill., where Chicago is the county seat, had the largest population loss of any county in the country from 2015 and 2016.

» Cook County alone had a “domestic migration” loss of more than 66,000 people.  That is a staggering number of people to lose in a single year. Cleveland and Milwaukee were also very high on the list, and some are pointing out that all of these cities are in relatively colder climates and are all struggling economically.

» So you certainly can’t blame people living in these cities for wanting to find somewhere warmer and more economically prosperous to live.

» But others that are moving away from large cities are deeply concerned about where things are ultimately headed in this country.  It doesn’t take a genius to see that anger, frustration and hatred are rising all around us, and many believe that conditions are ripe for civil unrest and civil conflict.  In fact, best-selling author Doug Casey believes that we could soon see a “civil war” that is set off by a “financial collapse”... »

Cette situation de déplacement des populations accompagne diverses autres situations dynamiques dont le caractère est à la fois centripète et accordé au tourbillon crisique qui secoue Washington D.C. depuis l’élection de Donald Trump. Il s’agit aussi bien de la question des “villes-sanctuaires”, avec notamment New York, Chicago et Los Angeles unies dans une nouvelle réaffirmation de leur volonté de refuser la législation fédérale concernant l’accueil des migrants et réfugiés. Plus que jamais on réfléchit aux formes possibles de séparation, de sécession, d’éclatement. Il existe désormais un flot discret mais effectif de citoyens américains émigrant vers le Canada, jusqu’à la nécessité de créer certaines infrastructures spéciales à certains postes-frontières, aussi bien qu’une augmentation notable de citoyens américains abandonnant leur nationalité.

D’une façon plus générale, on s’attachera aux nouvelles concernant les déplacements de population. Ils suivent assez justement les analyses et les cimmentaires des résultats électoraux, notamment selon la classification entre “Red States” (démocrates) et “Blue States” (républicains). On sait que cette classification oppose l'ensemble des deux côtes avec leurs États et les grandes mégapoles situées essentiellement dans ces deux zones géographiques (sauf Chicago), au foisonnement des États centraux, terrestres, avec une population souvent agricole ou rurale. Un esprit indifférent sensible à l’American Dream y verrait une preuve de plus de l’admirable mobilité de la population américaine lorsqu’elle se veut américaniste, un esprit humanitariste y verrait un étrange et intrigant “nettoyage ethnique volontaire” (comme il y a le “servitude volontaire ”de La Boétie, mais selon un sens contraire), un esprit martial pourrait y voir un regroupement pour une “guerre civile”. Dans les circonstances que chacun sait, on est fondé à laisser de côté l’American Dream.

Ce qui est assez remarquable dans ces mouvements et les différents événements qui l’accompagnent, notamment les troubles durant la dernière partie de la campagne et depuis l’élection de Trump, c’est la façon dont les citoyens US semblent conduits à opérationnaliser les schémas d’affrontement qui se sont dessinés d’une façon théorique (pour la géographie), comme s’ils voulaient confirmer cette théorie née de la crise US ; ou, si l’on veut, comment rendre opérationnel et réalisable le schéma théorique initial de la crise par une confirmation du rangement des populations. Le mouvement suivi est bien celui qu’on dirait de “déstructuration pour restructurer”.

On observera que, dans les responsabilités immédiates, les progressistes-sociétaux sont les premiers agresseurs. (Ce sont les démocrates, les globalistes, les humanitaristes-interventionnistes, etc., sans prendre garde à la façon dont ces étiquettes peuvent s’entrechoquer, – les démocrates ont été longtemps, dans leur composante populaire, des adversaires des grands trusts globalistes, – et l’on voit bien, là aussi et là encore, ce qu’il importe de penser des étiquettes.) Mais les conservateurs qui sont de plus en plus marqués d’un point culturel et traditionnalistes et de moins en moins par leurs engagements religieux, montrent depuis des décennies combien ils sont hostiles jusqu’à l’irréconciliabilité avec ceux qui sont devenus des progressistes-sociétaux, en transcrivant une opposition de plus en plus précise autour du fait de la modernité et du globalisme (entre pour et contre, irrémédiablement). La fracture qui est peut-être en train d’être mise à jour au niveau de la population, – si ces mouvements humains sont confirmés, bien entendu, – est une transcription impressionnante dans la réalité géographique de cet immense pays de la crise qui le déchire, qui elle-même représente la grande crise rupturielle qui affecte l’ensemble de notre contre-civilisation. Si elle est consommée comme cela semble être irrésistible, elle confirme l'irréversibilité de cette crise et, par conséquent, la marche du pays vers l’éclatement.

Ainsi voit-on confirmée la tendance à la généralisation de la formidable déstabilisation qui affecte le pays depuis 2015 et l’apparition de Donald Trump dans sa fonction effectivement et essentiellement déstabilisatrice. Le pouvoir de Washington D.C. est très fortement affecté, en cours de destruction, et également par conséquent l’unité très fragile du pays par d’éventuels mouvements humains qui actent ainsi le sentiment de l’irréconciliabilité dans des situations de nouveaux enracinements. La campagne de déstabilisation que Trump a déclenchée, sans le vouloir expressément sous cette forme et surtout dans cette durée, agit de toutes les façons avec une efficacité redoutable. D’une certaine façon, la dynamique en marche implique comme effets à terme aussi bien une destruction du pouvoir qu’une destruction du pays.

Trump et le “déchaînement de la haine hystérique”

Ce que montrent ces tendances, effectivement, c’est combien la survenue de Trump est un fantastique détonateur, et aussi et surtout combien il y a aucun espoir que ce précédent original puisse arriver à régler les problèmes des USA pour les faire Great Again. La situation à Washington D.C., évoquée plus haut, constitue sans aucun doute un argument convaincant pour nous faire comprendre combien le facteur politique nous invite effectivement à voir les choses évoluer dans ce sens.

Depuis que Trump est devenu un facteur politique sérieux, nous avons toujours pensé que cette situation extraordinaire ne serait une réussite de notre point de vue d’antiSystème que si justement il échouait dans son action en tant que président (sa réussite électorale devant le conduire à un échec dans son action présidentielle pour parachever une avancée antiSystème majeure selon le thème fondamental qui nous conduit du Delendum Est Systema). Au temps où Hillary avait de fortes chances de l’emporter parce que le Système semblait agir avec efficacité, suscitant chez ses subordonnés, presseSystème et statisticiens (sondeurs, etc.) une action psychologique également efficace, nous avions publié un F&C (le 10 août 2016) qui constituait une “plaidoirie invertie” en faveur d’Hillary. Nous arguions qu’avec elle les USA allaient à la catastrophe, ce qui nous semblait une issue intéressante. Dans le cours de cette logique, nous envisagions tout de même une victoire de Trump et nous écrivions alors ceci :

« Bien sûr, cela ne supprime pas, ni l’option Trump, ni le sens de la bataille tactique tout au long de la campagne, qui est de dénoncer ce qu’il y a de certainement catastrophique chez Hillary. Au contraire, cela confirme le rôle de Trump, dont nous avons dit qu’il est là, avant tout, comme un destructeur, – et nullement comme un sauveteur des USA (“America Great Again”), qui serait objectivement un sauvetage du Système, chose qui nous paraît totalement catastrophique et de toutes les façons absolument impossible. L’élection d’un Trump, qui est aujourd’hui assez improbable en raison du dispositif général du Système développé contre lui, aurait à notre sens un pouvoir de chaos sur la situation US et hors-USA que nous avons déjà envisagé, qui conduirait à une état chaotique également intéressant... C’est bien entendu toute cette situation USA-2016, quelle qu’en soit l’issue, qui développe cette crise haute comme nous l’apprécions. »

Cette appréciation avait déjà été esquissée dans un autre texte du 23 juillet 2016, toujours à propos de Trump et selon la possibilité de sa victoire : « Ce n’est pas tant ce que Trump a dit que ce que Trump a laissé entrevoir de ce que pourrait être une politique, moins sous sa conduite que sous son exécution, – comme si Trump, effectivement, se préparait à un programme dont les événements disposeront pour aller au cœur du sujet, c’est-à-dire la destruction de la politique-Système, et le Système lui-même par enchaînement de cause à effet. Non que Trump ait cela en tête, bien entendu, lui qui ne goûte guère les grandes théories et les idées complexes ; mais parce qu’il a la démarche, les réflexes, la simplicité pour déchaîner sans le vouloir les événements dans ce sens : plus qu’un “American Gorbatchev”, un “Gorbatchev à l’américaine”. Il s’agit, The-Donald, d’un personnage typiquement américain et même américaniste, qui fonctionne comme tel, et qui déclenche des tempêtes “à l’américaine”, mais pas au Kosovo ni en Irak, non, mais au cœur de l’américanisme. »

Ces espérances que nous mettions en Trump, – sa réussite, s’il est élu, tiendra au fait qu’il échouera, – se trouvent chaque jour confortées par un élément hors du commun, tenant absolument à la psychologie collective, aux psychologies individuelles, etc., qui sont aujourd’hui extrêmement sensibles à un état de pathologie quasiment universel. (« Nous sommes maintenant 7 milliards de schizophrènes et de paranoïaques », écrit justement notre chroniqueuse Badia Benjelloun.) Le caractère essentiel de Trump tient à une alchimie mystérieuse, qui vaut aussi dans le cas de Poutine, qui fait qu'il suscite une exacerbation extraordinaire et nécessairement pathologique des psychologies, – à notre sens et pour le sens de cette influence, de la part de forces extérieures aux capacités humaines relayées par un système de la communication d’une puissance inouïe, exerçant des effets d’une puissance à mesure.

Ce caractère (de Trump, de Poutine), c’est la capacité à avoir fait naître et à entretenir contre lui (contre eux puisqu’ils sont deux dans notre nomenclature) une haine extraordinaire de la part du Système et de ceux qui sont soumis consciemment et surtout inconsciemment au Système ; une haine non seulement inextinguible mais en constante exacerbation, en constant état de paroxysme toujours en augmentation. C’est un cas singulier, témoignant bien des singuliers pouvoirs du Système, que de susciter une augmentation dans un état, – le paroxysme, – qui devrait être en lui-même un achèvement avant un apaisement : le paroxysme est ceci qui ne peut aller plus haut dans le domaine de l’extrême, notamment de l’excitation de la psychologie ; eh bien non, pourtant ! Le Système réussit à faire d’un paroxysme une base pour un nouveau paroxysme, – un paroxysme enfantant un super-paroxysme, – dont les haines anti-Poutine et anti-Trump sont une parfaite application. Si l’on veut, Trump est l’objet d’un “déchaînement de la haine hystérique” (*) de la même façon, et dans le même registre finalement, qu’il y a eu et qu’il y a ce que nous nommons le “déchaînement de la Matière ; au reste, ces deux processus s’équivalant au niveau de l’esprit de la chose et de l’inspiration diabolique initiale.

Un dispositif intellectuel affectiviste et hystérique a été déployé contre Trump, à l’occasion de Trump, et si l’on veut grâce à Trump tel qu’il est et tel qu’il s’est manifesté, – puisque ceux qui l’ont déployé doivent sans doute se féliciter de leur trouvaille d’ainsi avoir déterminé un symbole qui justifie toute leur passion furieuse. Il y a bien sûr les attaques classiques, sans surprise et assez insuffisantes pour rendre compte de l’ampleur du phénomène (“fasciste-nazi”, “racistes“, “xénophobes”, “populiste”, “machiste”, “sexiste”, “anti-LGTBQ”, etc.). L’essentiel est bien qu’à son propos, – et en partie, en association avec Poutine, – a été popularisé un concept extrêmement extravagant et abracadabrantesque, universellement connu désormais sous l’expression absurde, très postmoderne, de “post-Vérité”. Arriver à habiller le bobard, la plus vieille activité intellectuelle du monde aux côtés du plus vieux métier du monde, en un concept de cette finesse linguistique marque combien nous sommes sur un territoire d'un “fantasy-World” (ou d'un “fantasy-word” après tout, véritable substance de la chose).

Pour le reste et si l’on veut réellement donner au concept ses “lettres de noblesse”, si l’on veut aller à l’origine, l’on s’y retrouve aisément avec les “déconstructeurs“ français des années 1970, les accoucheurs et accouchés de la French Theory aux USA : « C’est ici, au cœur de la “French Theory” [dans les campus de sciences humaines des universités californiennes des années 1970] que se niche la “post-vérité” à l’état philosophiquement pur. L’universitaire britannique Andrew Calcut, dans un excellent article publié par Newsweek, a remis un peu d’ordre dans la généalogie quelque peu malmenée de la “post-vérité” et, surtout, ramené à ses légitimes parents, – la gauche libérale, – le monstre qu’ils avaient enfanté et égaré. Calcut rappelle en effet que ce sont les intellectuels de gauche qui ont discrédité la vérité. “En lieu et place de la vérité, qu’il fallait donc considérer comme naïve et/ou répressive, écrit-il, la nouvelle orthodoxie intellectuelle autorisait seulement l’usage des ‘vérités’, – toujours plurielles, souvent personnalisées, inévitablement relatives”. Figurant en bonne place parmi les liquidateurs, la triade [des philosophes déconstructeurs français] Foucault, Lyotard et Derrida… » (Pascal Eysseric, dans Éléments, avril-mai 2017.)

Sans qu’il faille nécessairement établir une parenté mais en reconnaissant tout de même le travail réalisé par cette parenté sur les psychologies, et compte tenu de la nouveauté de l’époque à partir de 9/11, nous savons bien, et effectivement depuis lors (voir Rumsfeld, automne 2001), que nous sommes sur un nouveau territoire du mensonge, c’est-à-dire bien au-delà du mensonge (“virtualisme” et narrative), jusqu’à des confins extraordinaires qui ont pulvérisé la réalité (déterminisme-narrativisme, vérité-de-situation, affectivisme), mais tout cela évidemment issu du Système, avec l’avancée FakeNews étant le dernier avatar de la dynalique. Inventer ou réactiver un concept tel que “post-Vérité” pour Trump (Trump-Poutine) cela, plus encore que lui faire bien de l’honneur, permet essentiellement de prendre une mesure exacte de l’exceptionnelle pathologie de la psychologie engendrée par l’asservissement au Système. En effet, moins que les théories philosophiques à l’origine, les arguments moraux, les manœuvres rhétoriques, ce sont les effets d’une extraordinaire puissance de tout cet arsenal faussaire et d’imposture sur les psychologies qui doit arrêter notre attention et susciter nos réflexions, – la façon, enfin, dont tout cela épuise littéralement les psychologies et les rend extraordinairement vulnérable à l’emprise du Système et précipite la crise avec le résistance antiSystème.

(Dans tous les cas, tout cela ne dit rien des traits de Trump, ni ne fait de lui un vertueux en aucune façon. Mais ce cas-là ne nous intéresse pas. Seul nous intéresse chez Trump ce qu’il provoque de réaction du côté du Système, la façon dont il oblige involontairement le Système à sortir de ses gonds et de ses divers masques et faux-nez qui le dissimulaient… Cette capacité, comme on l’a déjà observé plus haut, ressort d’un véritable Mystère qui constitue le véritable nœud gordien de la perception et de l’intelligence de la situation que nous traversons actuellement.)  

Sur un plan pratique, “opérationnel” disons selon un de nos mots favoris, l’avantage que présente Trump est qu’il enferme ses adversaires, c’est-à-dire tous les relais du Système, dans une haine irrémédiable contre lui. Il les enferme dans une sorte de Big Now (“éternel présent”) de la haine, pendant lequel l’affrontement se poursuit avec lui, causant des dégâts de plus en plus irréparables au système de l’américanisme, exacerbant les tensions dans le pays, les ruptures, les déplacement antagonistes et ainsi de suite. Il constitue un véritable chiffon rouge agité sous les yeux furieux du taureau, ce qui implique l’impossibilité d’un retour à l’équilibre qui permettrait au Système de se regrouper, de se réorganiser et de reprendre en mains les dynamiques de fonctionnement du pouvoir à Washington D.C. Que le Système semble stupide à agir de la sorte ne laisse pas l’ombre d’un doute, mais cela confirme simplement une part extrême du Système qui se trouve dans la stupidité, qui se marque parmi les acteurs-figurants du Système par cette attitude passionnelle, d’un affectivisme extrême, d’une haine explosive cotre Trump. (Quant à la stupidité du Système, relire Guénon : « On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature...»)

On ne peut pas dire une seconde que Trump tienne ainsi les promesses qu’il s’était faites à lui-même et qu’il avait résumées par son slogan “America Great Again”, bien au contraire, au point que nombre de ses partisans commencent à se montrer ouvertement critique. L’organisation de son équipe et de sa politique ne progresse guère, et elle est plutôt plongée dans le désordre que sur la voie de devenir fonctionnelle. Son action sur la politique extérieure est ^roche d'être inexistante, – contradictoire et incohérente sont les qualificatifs qui reviennent, – et laissée à l’initiative de chacun, y compris aux généraux sans que ceux-ci présentent d’ailleurs un front uni à cet égard. (Le seul véritable point de danger explosif à cause d’une convergence de tous les acteurs du chaos, c’est sans aucun doute actuellement l’Iran.)

D’autre part, il est nécessaire de reconnaître que Trump se trouve face à l’hostilité générale des bureaucraties en place, aux chausse-trappes, aux intrigues des services de sécurité (de renseignement), à la vindicte inconditionnelle de la presseSystème et du système de la communication, tout cela orchestré par la haine que l’on a déjà détaillée. Trump semble semer le désordre comme une marée irrésistible, avec l’étrange avantage, – puisqu’avantage seulement si l’on adopte le point de vue, certes difficile dans ce cas mais nécessaire, de l’antiSystème, – que personne ne vient réellement l’aider à reprendre quelque contrôle que ce soit et donc à rétablir le pouvoir washingtonien, parce que la haine antitrumpiste interdit toute initiative de cette sorte. Le seul membre de l’équipe Trump qui pourrait éventuellement se juger satisfait de cette évolution devrait être Stephen Bannon, dont on sait que l’ambition est de provoquer des chocs de déstructuration de l’édifice bureaucratique washingtonien, cela selon la logique d’une vision cyclique guénonienne des événements impliquant une Chute avant tout espoir de renouveau.

 

Note

(*) On pourrait être tenté de mettre dans la même catégorie, par exemple, une Le Pen en France (et la fille après le père), mais nous pensons qu’il y a une différence de degré sinon de nature dans la haine ainsi déployée. Dans tous les cas, on peut parler de “diabolisation”, mais il s’agit plutôt d’un terme de tactique enfantée par la pathologie de la psychologie et un minimum minimorum pour les cas Trump-Poutine qui nous occupent. Dans ces deux cas Trump-Poutine, et cela les mettant hors de tous les standards de la haine, il y a un élément plus fondamental, comme on dit de la stratégie par rapport à la tactique. Cela se voit par l’universalité de cette haine, par son internationalisation, par son caractère qu’on pourrait apparenter à une sorte de “dysphonie spasmodique” affectée à l’esprit par la psychologie malade, par son universalité dans la culpabilité (coupables de tout, y compris éventuellement des malformations de nouveau-nés, de catastrophes naturelles, des accidents de la route, des cancers du côlon et des allergies, etc.), par la représentation imagée systématique compréhensible jusqu’aux plus illettrés et incultes (montages photographique, dessins, etc.), par les maux dont ils sont jugés être la cause (nausées, dépressions, atonies, ruptures conjugales, etc.). La haine contre les Le Pen a un socle qui peut prétendre à une certaine cohérence selon des analyses dont il faut bien préciser qu’elles sont en générale extrêmement partisanes et le plus souvent sans guère de fondement puisque réalisées en général par les “experts” de salon etderédaction (ce qui revient au même) ; la haine contre Poutine et Trump est pure construction d’une universelle pathologie de la psychologie, nous indiquant effectivement que le Système se porte assez mal et devrait consulter le plus rapidement possible.

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