A visage (complètement) découvert

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A visage (complètement) découvert

23 octobre 2016 – ... Ou bien dirait-on plus dramatiquement, pour le titre de ce Faits & Commentaires : “Les masques sont tombés” ? Ce n’est pas nécessaire, tout le monde aura vite compris que le visage découvert nous importe bien plus que le masque, les deux étant rapidement identifiés d’ailleurs, – et que le visage est effectivement complètement découvert... Il s’agit d’un acquis absolument assuré de la campagne présidentielle USA-2016 qui change la nature du monde dans l’affrontement colossal en cours entre le Système et les forces qui se sont levées pour le contrarier (l’antiSystème). Cet acquis vient confirmer avec une puissance stupéfiante, et d’une façon que nous jugeons structurellement irréversible dans le cours de ce conflit, une tendance née à notre sens en novembre 2013/février 2014 à l’occasion de l’attaque de type “conquête” ponctuée d’un coup d’État en bonne et due forme, de l’Ukraine par le bloc-BAO ; le tout encalminé depuis dans un régime calamiteux (“Kiev-la-folle”), une corruption multipliée au centuple par une psychologie hystérique, une dialectique agressive aussi stupide qu’impuissante, – et, en prime, une Russe complètement éveillée et mobilisée contre l’agression du susdit bloc.

(Cette rapide description, pour ce qui est de l’Ukraine, est de la sorte que nous désignons comme une vérité-de-situation. Nous n’allons pas nous attarder à répéter l’évidence de l’agression du bloc-BAO, contrairement à ce que nous enseigne l’anti-histoire à court terme que nous offre le Système, constamment récrite, sans le moindre intérêt pour nous sinon de nous montrer a contrario vers où il faut chercher, justement, les vérités-de-situation. Nous laissons cela à la poussière pour que les zombies-Système trouvent de quoi jouer avec [« Va jouer avec cette poussière », conseillait l’excellent docteur Henry de Montherlant]. Pour nous, pas de temps à perdre.)

L’Ukraine inaugura en effet un engagement de communication du bloc-BAO tellement centré sur des narrative complètement fabriquées qu’on peut en conclure que la réalité fut pulvérisée par démission de l’une des perceptions importantes de cette réalité. Dès lors qu’un acteur de cette importance (bloc-BAO) faisait défection, effectivement la réalité cessait d’exister comme référence objective autour de laquelle les uns et les autres faisaient évoluer leurs positions. La tactique de chacun dans l’interprétation de cette référence centrale de la réalité objective maintenait en effet en place cette réalité objective comme référence stratégique de toutes ces tactiques ; dès lors qu’un des acteurs abandonnait cette référence et construisait sa ou ses tactiques selon une réalité-narrative, c’est-à-dire une stratégie absolument faussaire, la référence en question, la réalité objective, était pulvérisée. C’est effectivement l’Ukraine, à partir de laquelle des concepts tels que le déterminisme narrativiste furent mis en place, qui a lancé la poussé initiale de cet immense renversement.

On notera qu’entretemps, et même auparavant pour certains cas, la crise syrienne avait été l’objet d’événements de la sorte qu’on décrit à propos de l’Ukraine, comme l’on dirait d’un “galop d’essai” sanglant. Quoi qu’il en soit, rien n’a pu se comparer en ampleur, en durée, en systématisation de la grossière mystification visible à l’œil nu, à ce qui s’est passé en Ukraine au niveau de la communication, – qui est le domaine qui nous intéresse ici essentiellement, sinon exclusivement. Nous parlons, avec l’Ukraine, d’un “événement de communication” pris et considéré comme un bloc, comme un tout-en-soi, à un point tel qu’il propose l’hypothèse d’une première évolution décisive vers un changement de la nature des choses, ou plus précisément ici de la nature de la chose, – la nature de la communication de cet événement pour notre propos. On verra que cette proposition est acceptée, enregistrée, et désormais doit être considérée comme une vérité-de-situation intangible.

Nous voulons en effet aujourd’hui observer dans quel état d’avancement se trouve ce renversement, et en tirer les conséquences. Il va sans dire mais disons-le tout de même précisément, que nous parlons de l’événement que constitue la campagne présidentielle des USA, dite USA-2016. Ce qui nous intéresse n’est ni la bataille politique et de communication elle-même, ni la possible victoire de l’un ou de l’autre, ni le phénomène que constitue l’aventure populiste-antiSystème de Trump, – toutes choses largement traitées par ailleurs sur ce site, et dont nous reconnaissons évidemment l’importance. Ce qui nous intéresse, ce sont les conditions de cette bataille telles qu’elles se sont installées d’une façon extraordinairement claire et indubitable.

De ce point de vue de la communication, l’immense événement de USA-2016, vu comme l’utilisation de l’arme suprême du Système et en vérité considéré par nous comme l’acte suprême d’une défaite considérable du Système, – logique surpuissance-autodestruction en mode-turbo, – c’est l’extraordinaire basculement de la presse-Système dans le camp de Clinton, sous les ordres quasiment directs (au pied de la lettre, dans nombre de cas) de la candidate. Infowars.com titre ironiquement : « Hillary Clinton, rédactrice-en-chef de la presse-Système » ; avec cet extrait, que nous pouvons donner désormais sans crainte de l’ignominie ni de l’excommunication puisqu’entretemps Alex Jones a été intronisé par les plus grandes voix du Système comme être-dans-son-ontologie ; extrait suivi de nombreux exemples WikiLeaks montrant la maestria de la rédac-cheftaine dans la distribution des consignes...

« The Hillary Clinton campaign is acting as an assignment editor for the mainstream media by telling reporters what to cover – and what to keep secret from the public.

» Media collusion with Hillary is worse than anyone previously realized: staffers are directly working with mainstream “journalists” to develop news stories favorable to the campaign, according to latest batch of Clinton campaign emails released by Wikileaks. “Peter Nicholas (Wall Street Journal) is doing a story for Friday on caucus organizing efforts and the Sanders campaign’s theory that caucuses will be good for them in the same way that they were for Obama,” said campaign communications staffer Jesse Lehrich in a 2015 email. “We’ve pushed back with our theory of the case, including our strong organizing effort in Iowa and beyond.” »

Jusqu’alors le système de la communication dans sa partie pro-Système était encore contenu et affirmé dans les dernières fictions encore audibles des bornes sacrées de l’“objectivité”, en tant que “quatrième pouvoir” censé surveille les trois autres comme les yeux du peuple souverain surveille ses représentants en un comportement qui fondait sa légitimité (ou prétendue-légitimité, –  mais la fiction important encore assez peu) ; tout cela fut donc brisé. On comprend ainsi combien l’événement ukrainien poursuivi dans l’événement USA-2016 devient, au-delà d’être un bloc, un monde d’une essence nouvelle où “le système de la communication dans sa partie pro-Système” soudain pulvérise les derniers vestiges de ces “bornes sacrées”. Tout cela, au cours de USA-2016, s’est fait à ciel découvert, développant en direct des actions de trucage, apparaissant faussaire aux yeux de tous sans la moindre précaution, coupant des retransmissions lorsqu’on parlait de Trump en termes paraissant trop modérés, interrompant d’autorité une déclaration de l’un ou l’autre invité pas assez anti-Trump, présentant sans s’en dissimuler des méthodologies statistiques biaisées en faveur de Clinton. La presse-Système ne s’est plus “contentée” (!) de servir une narrative absolument hallucinatoire, comme elle l’avait fait avec l’Ukraine, elle s’est organiquement et opérationnellement placée, sans s’en dissimuler une seule seconde et même presque avec un empressement dénotant sa perception de l’urgence de la situation et la panique qui va avec, sous l’empire d’une candidate, d’un “parti” (les 0,1% ou les 0,01% selon votre comptabilité, c’est-à-dire totalement les cadres du parti-Système). Elle s’est institutionnalisée hors de la légitimité d’une prétendue “objectivité”, fût-elle complètement faussaire avec le cas ukrainien ; elle a volontairement abdiqué l’apparence même de la légitimité à laquelle elle estimait pouvoir encore prétendre ; elle a largué comme on largue les amarres les dernières apparences de sa fonction vertueuse qui justifia à l’origine sa légitimité. Voilà notre Grand Basculement, avec l’effondrement de la poutre-maîtresse, de la poutre porteuse du Système dans sa représentation idyllique comme seul le Diable sait y faire en montant son théâtre du simulacre.

Comme on l’a suggéré, ce comportement qui apparaît d’un certain point de vue suicidaire du fait de la perte d’un statut formidable de magistère de la communication “objective” dans un pays que nous avons pu définir comme l’“empire de la communication”, s’explique par l’intensité de la situation telle qu’elle a été perçue par le Système. Nous avons parlé ainsi de “perception de l’urgence de la situation et la panique qui va avec” et, de ce point de vue, il faut comprendre et admettre que la presse-Système ne pouvait faire autre chose que sacrifier les restes de son précieux capital de respectabilité de son statut instauré à l’origine pour justifier sa légitimité. Cela signifie qu’il n’y avait rien d’autre à faire de son point de vue, du point de vue du Système, et cela rend compte simplement d’une situation objective (sans guillemets cette fois) confirmant une vérité-de-situation qui expose la position pathétique du Système, du point de vue de la communication, au cœur du cœur de ce qui opérationnalise sa propre surpuissance. A ce point, selon notre équation fameuse surpuissance-autodestruction, la surpuissance devient autodestruction, et cela n’est que faire le constat de l’évolution catastrophique en cours, que le parcours de Trump a effectivement opérationnalisée pour son compte.

En effet, l’explication de ce que nous jugeons comme “l’attitude suicidaire” de la presse-Système avec la perte de légitimité qui va avec, est bien cette panique qui exprime la possibilité-de-Trump (de Trump élu), qui est aussi la panique d’une bataille pour la survivance (de la presse-Système). Quoi qu’il en soit du résultat de l’élection, il s’agit du fait opérationnel central de la campagne, – cette grande bataille qui est celle de la survivance pour la presse-Système, et qui explique qu’elle y a sacrifié les restes de sa légitimité. Voici ce qu’en dit James O’Keefe qui a lancé son Project Veritas qui entend documenter et dénoncer tous les aspects faussaires, de corruption, etc., qui sont apparus durant sa campagne ; ici dans une recension le 18 octobre par Breitbart.News d’un entretien qu’il a eu avec Alex Jones, de Infowars.com, – les deux acteurs principaux de la presse antiSystème apparus comme prétendant à leur propre légitimité dans cette campagnes, comme représentants-vedette d’une presse antiSystème constituant sa légitimité à partir des restes de la légitimité perdue de la presse antiSystème, comme dans un système de vases communicants...

« “Trump is a proxy vote,” [O’Keefe] continued. “Even if you don’t like Trump per se, personally, he’s the proxy vote against the corrupt media and complacent Establishment because if Trump were to get in, these journalists would lose all their access. They would not be able to have their status quo, and it is literally a fight for their very survival.” He said mainstream media reports understand that if Trump wins, “they’re sidelined, and they have no power, and they’re panicking right now.”

» “What you see with this investigation is, you see the fact that they’re panicking, the fact that they are freaking out. I mean, I’ve done many stories. I think this is the biggest one we’ve ever, ever done,” O’Keefe said. “I mean, we’ve done some things where people have said some terrible, disgusting things, but this is White House-level stuff, and not a single journalist has reported this. Not a single mainstream media journalist.”

» He recalled meeting Andrew Breitbart and showing him some earlier undercover videos about the advocacy group ACORN, prompting Breitbart to declare, “James, this is going to embarrass the New York Times.” O’Keefe remembered Breitbart accurately predicting that the media would be “dragged kicking and screaming” into covering the story. O’Keefe echoed that comment from Breitbart in a tweet today about his latest expose, saluting the power of social media to bypass traditional media gatekeepers.

» “Here’s the thing that didn’t exist eight years ago. Right now, on Twitter, it’s nothing short of a phenomenon,” he said. “I have never, ever seen anything like this. I mean, ten thousand Twitter followers a day, and there’s like thirty thousand people on Reddit – an army who are just tweeting at journalists and emailing journalists, flooding their inboxes: ‘Why the hell aren’t you covering this?’ That didn’t exist. That did not exist eight years ago. We did not have this type of army.” »

Sans légitimité, en situation “révolutionnaire”

Nous devons poursuive, cette fois en commentaire direct, en acceptant le cas d’une victoire d’Hillary, — brandie comme certaine par tous les centres du pouvoir-Système et d’une façon générale considérée comme assez probable y compris dans certains secteurs antiSystème, — cela en-dehors de tous les impondérables dissimulés et non-identifiés (les “unknowns unknowns“ de Rumsfeld), qui doivent être considérés en nombre important dans la logique d’une campagne qui n’a cessé d’en révéler durant son déroulement, jusqu’au choix secret de l'électeurs sondé qui donne parfois une préférence différente de celle de son futur vote. Dans le cas général de cette hypothèse, et personne ne peut l’ignorer, la victoire d’Hillary serait faussaire dans les conditions indiquées par Newt Gingrich, directement en relation avec l’action de la presse-Système, c’est-à-dire en relation avec les actes qui ont délégitimé cette presse-Système : « Si la presse marchait normalement, Trump aurait 15 points d’avance et l’emporterait dans un véritable raz-de-marée. »

... C’est-à-dire que l’action de la presse-Système qui a perdu sa légitimité pour faire élire Clinton se répercuterait sur Clinton elle-même par l’aspect faussaire du résultat, et elle serait, malgré le résultat, délégitimée elle-même. Si la chose n’est pas officielle, elle serait l’essence même de la situation de Clinton-présidente et pèserait de tout son poids sur sa position et sur son autorité : toute la pompe et la solennité de l’inauguration n’y changeraient rien et seraient même contre-productive en mettant secrètement en évidence toute la puissance du simulacre mis à jour dans la perception d’une majorité importante de la population observant ce spectacle d’un autre âge, — celui, que certains poètes jugeraient nostalgique, de l’“empire de la communication” encore triomphant et sûr de lui. Son installation pompeuse et solennelle comme première présidente des USA, dans une cérémonie grandiose de légitimation, en fait l’installerait dans une situation complète de délégitimation.

C’est une situation d’une extrême importance qui montre, là aussi, un saut qualitatif par rapport au cas ukrainien qui a ouvert cette nouvelle période. Le cas ukrainien est présenté plus haut par nous comme la “première évolution décisive vers un changement de la nature des choses, ou plus précisément ici de la nature de la chose, – la nature de la communication de cet événement pour notre propos”. Avec les USA-2016, au cœur du cœur opérationnel du Système, dans les conditions de délégitimation du Système qu’on a vues portant essentiellement sur la corruption complète et à ciel ouvert, dans un acte d’une imprudence inouïe pour qui connaît les valeurs de référence de cette puissance américaniste, l’“évolution décisive” vers le changement de la nature de la chose est achevée. La “nature [même] de la communication est changée” et cela reflète fondamentalement la vérité-de-situation de la délégitimation que nous avons décrite par le fait du comportement suicidaire de la presse-Système. Le poids de cette vérité-de-situation va peser avec une force catastrophique sur la présidente Clinton, – puisque c’est le cas que nous nous avons envisagé.

Nous avons pris les exemples de deux bons auteurs antiSystème, qui ne détestent pas les nuances, qui ont une approche sophistiquée de la situation, pour décrire ce qu’ils jugent être la situation d’une présidence Clinton, toujours dans le même cas de sa victoire, et d’une façon générale la situation des USA après l’élection, qui ne pourrait être qualifiée que de “révolutionnaire” au sens historique précis du qualificatif, – c’est-à-dire 1789 et même 1793, et 1917. (Nous ne nous attardons à aucun auteur-Système, ou zombie-Système à cet égard, sans le moindre intérêt à nos yeux, complètement noyé dans sa félonie onévitable. Tel ou tel auteur, nécessairement du monde de la communication-Système, ne vaut plus rien à cet égard selon nous, il est tout juste destiné à aller “jouer avec cette poussière” ; il est désormais complètement délégitimé selon son acte suicidaire voulu, c’est-à-dire dont il est le complice actif, quoi qu’il puisse en dire,  – conscient ou pas c’est une affaire qui le regarde et lui seul, et peu nous importe, — à l’intérieur de la démarche suicidaire de délégitimation de la presse-Système.)

• Voici d’abord le colonel Pat Lang, ancien de la DIA, qui tient un site de bonne réputation, Sic semper Tyrannis (STT). Lang ne peut être catalogué entièrement antiSystème mais, dans tous les cas, critique acerbe et bien informé de la politique de sécurité nationale US et de la situation de corruption du régime. Pour Lang, aucun doute, Clinton l’emportera sans le moindre problème ; pour autant, elle n’en a pas fini, elle, avec les problèmes, et l’on peut dire que c’est même le contraire. Le plus grave de ses problèmes, c’est d’avoir éveillé et mobilisé une “gauche jacobine” (Lang emploie le terme français, ainsi que l’expression “sans-culotte” également en français) réclamant un programme sociétal radical qui ne peut conduire qu’à un affrontement terrible s’il est appliqué. Une seule chance d’éviter le pire pour Hillary, selon Lang : que le Congrès soit entièrement républicain et bloque ce “programme jacobin”, de façon à ce que la présidente Clinton  puisse se tourner vers sa gauche et dire à ses “sans-culotte” : “je voulais bien faire notre/votre programme mais je suis complètement paralysée, bloquée par le Congrès”. Or, l’hypothèse qu’il propose (tout le Congrès tenu par le GOP) est loin, très loin d’être probable... Pour Lang et quoi qu’il en soit, on se trouve aux USA avec l’élection d’Hillary dans une situation équivalente à celle de la décennie 1850, celle qui conduisit à la Guerre de Sécession. (STT le 20 octobre, pour IMO lire “In My Opinion”.)

« IMO [Clinton] best chance in office will be a continued retention of control of both houses of Congress by the GOP.  The country is in a state in which the level of alienation between the coastals and the rest is as bad as any state of alienation seen since the 1850s.

» Bahzad wrote here that France is protected from the scourge of internal strife (French on French) by the emotional and political safety valve offered by Marine Le Pen and the Front National.  In this country civil strife can be avoided if Hilly has the ability to say to her sans culottes (including the coastal smarties) that she would have accomplished their Jacobin dreams if the nasty constitution and the GOP Congress had only let her. Her actual backers in finance do not give a [shit] at all about the sans culottes but as long as the money rolls in. Therefore she needs to win without much in the way of coattails. »

• Le grand intérêt de l’intervention de Lang, c’est qu’il prend, comme on le fait rarement, le problème de l’élection de Clinton du point de vue intérieur. Le Saker-US, lui, croit que rien n’est joué, que Trump peut aussi bien gagner que Clinton, et il considère le rôle de Clinton du point de vue de l’action extérieur. (Va-t-en-guerre : « That’s Obama on steroids, only worse.  Remember that Obama himself was Dubya, only worse.  Of course, Dubya was just Clinton, only worse.  Now the circle is closed.  Back to Clinton.  [...] The problem is that now, after having a President with an inferiority complex towards Putin [Obama] we will have a President with the very same inferiority complex and a morbid determination to impose a no-fly zone over Russian forces in Syria. ») Le Saker-US réserve à Trump le rôle intérieur “révolutionnaire”, – mais dans le sens de la destruction des structures subversives mises en place par des poussées bureaucratiques et corruptrices effectivement nées de dynamiques révolutionnaires, c’est-à-dire pour Trump le rôle de réformiste radical en fait contre-révolutionnaire (les références Système & antiSystème s’avèrent plus aisées et plus justes dans les analyses de notre époque). Son langage révèle combien sa vision de la situation US et de la prochaine administration devra être perçu en termes véritablement révolutionnaires (1789 & 1917), et cela valant effectivement bien plus pour Hillary assimilée à une cheftaine bolchévique, sorte de Lénine postmoderne avec un peu un caractère du type-Kerenski...

« The USA are about to face the worst crisis of their history... [...] The United States are about to enter what might possibly be the deepest and most dangerous crisis of their history.  [...]

» Hillary Clinton and her gang of Neocons are the spiritual (and sometimes even physical) successors of the Soviet Bolsheviks and they, just like their Bolshevik forefathers, will not hesitate for a second to crush their enemies.  Donald Trump – assuming he is for real and actually means what he says – has to understand that and do what Putin did: strike first and strike hard... » 

Restons-en à Hillary Clinton, seule et elle seule, et Clinton victorieuse selon l’hypothèse adoptée... Cette hypothèse nous dit que, même si elle croule sous les pompes et les ors de l’inauguration qui auront tout de la pompe bling-bling et du plaqué-or à quatre sous, la Clinton est déjà perdue à ce moment essentiellement parce qu’elle n’a aucune légitimité comme on l’a vu plus haut, donc aucune puissance principielle sur laquelle s’appuyer.

Les descriptions faites ici et là nous confortent dans l’hypothèse plus large que la présidente Clinton prendrait la tête d’un pays plongé dans la plus grave crise de son histoire, divisé, haineux, furieux, où ce n’est pas le pouvoir qui est à prendre, mais la légitimité du pouvoir puisqu’elle-même en est privée, alors que plus personne ne sait exactement ce qu’est la légitimité dans une époque qui pulvérise les principes intangibles au profit des “valeurs” qui font choc et chic dans les salons de la gauche avancée. Le Système uni comme une seule infamie derrière elle pour la faire élire, retrouverait instantanément ses intrigues et ses querelles qui sont si caractéristiques de la décadence lorsqu’elle se transforme en effondrement. Les Deplorables pourraient bien se rassembler, comme le suggère implicitement Lang lorsqu’il établit une équivalence de notre époque avec la décennie du milieu du XIXème siècle menant à la Guerre de Sécession, contre les “Jacobins” d’Hillary, pour faire peser, pour les temps opportuns à venir, la perspective d’une armée de rébellion ouverte, et cette fois face à un Système noyé dans ses querelles et ses haines internes.

Même les aventures extérieures qui sont si généreusement évoquées à propos de l’hypothèse d’Hillary choisie pour occuper la Maison-Blanche sont soumises à l’hypothèque de cette illégitimité. Il y a beaucoup de présomptions et d’arguments pour croire que les chefs militaires seraient plus rétifs qu’ils n’ont jamais été, et conscients de servir de pions à un pouvoir intérieur discrédité et corrompu ; on est donc conduit à penser qu’ils seraient ouverts à toutes les possibilités de “mutinerie” et de désobéissance par passivité et sabotage comme la bureaucratie sait bien faire, comme on l’a vu dans l’épisode entre la mi-septembre et le début octobre, – épisode d’ailleurs non-clos et qui reste pour l’instant en suspens, comme une parenthèse qu’on ne parvient pas à refermer... Cela est à considérer en conjonction avec l’antirussisme hystérique de communication qui a si bien marché durant l’élection, qui va rencontrer son ultime épreuve parce qu’il subsistera après l’élection dans l’hystérie plus que jamais exigeante dans l’asile d’aliénés avec neocons valsant à tous les rythmes guerriers qu’est Washington D.C., lorsqu’il se transformera en une perspective d’affrontement réel devant lequel Clinton a montré déjà des hésitations révélatrices lors du dernier débat présidentiel. Elle serait donc prise, Clinton, entre l’hystérie de Washington D.C. dont elle est issue et la froide et prudente planification de la bureaucratie du Pentagone qui rencontrerait certaines de ses appréhensions.

Pour poursuivre et achever dans l’hypothèse choisie... La Reine apprentie-dictatrice (nous préférerions apprentie-dictateure) de la campagne va se transformer en une dictatrice/dictateure-bidon percée de toutes parts par les attaques internes, encombrée de ses casseroles toujours aussi sonores, pressée par ses promesses révolutionnaires faites à son aile “sans-culotte”, et qui pourrait bien là-dessus nous faire l’une ou l’autre crise d’on ne sait quel mal secret qui ronge sa santé chancelante. A tout prendre, dirions-nous contre notre réaction instinctive et au premier degré, l’aventure-Clinton serait finalement au moins aussi sinon plus catastrophique encore pour le Système qu’une aventure-Trump (Trump-Hitler ! quelle dérision, quelle bassesse, quel aveuglement où nous conduit la bêtise des zombies-Système lorsqu’ils prétendent à la vertu idéologique.) Dans les deux cas, il s’agit bien d’une aventure marquée du même sceau de la catastrophe pour le Système dont la campagne présidentielle n’aura été qu’un échauffement avec le résultat extraordinaire de pulvériser toute légitimité de pouvoir dans le chef de la direction-Système de Washington D.C. Nous persistons largement dans la conviction que cet événement USA-2016 est un tournant de la Grande Crise, au moins équivalent à 9/11 et qui doit être défini par rapport à 9/11.

Par conséquent, notre conviction ne cesse de se renforcer que cet événement USA-2016 est dans tous les cas et de toutes les façons (Clinton ou Trump) un enchaînement catastrophique sur 9/11, à partir d’un Rumsfeld qui nous disait in illo tempore que la “vérité officielle” n’existe plus (voir le 13 mars 2002) jusqu’à cet abandon général au long de ce très long automne 2016 des derniers restes de ce qu’il restait de légitimation objective de la communication-Système sous la forme de la presse-Système avec son rôle de “pouvoir” (le 4ème) dans le Système. Par conséquent encore, notre conviction ne cesse de se renforcer que cet événement USA-2016 qui se poursuivra au-delà de 2016 dans une nouvelle époque, est une rupture catastrophique, certainement un pendant de 9/11 sous la forme d’une “rupture dans le continuum espace-temps”, et sans aucun doute dans le sens d’être pour le sort de l’américanisme et du Système absolument l’anti-9/11... Peut-être même est-il l’annonce de ce « “Moment pur” [|ui-même] comme annonciateur de “l’événement cosmique”... Ce “Moment pur” où le Temps n’a plus qu’une seule fonction, celle de s’arrêter à cet “événement cosmique” dont il a permis la survenue. »