L’invasion de l’Ukraine est un fait historique, point final

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L’invasion de l’Ukraine est un fait historique, point final

On se rappelle certainement comment nous suivîmes tous, haletants, l’extraordinaire “bataille de communication” en Ukraine, disons du printemps 2014 (un mois et demi après le “coup de Kiev”) au début 2015 (accord Minsk2). Il y avait eu l’attaque du Donbass anti-Kiev par l’armée ukrainienne puis l’espèce de “guerre-civile-hybride”, ou “guerre-de-sécession-hybride”, qui s’ensuivit, jusqu’à l’actuelle situation de no-decision-time où tout semble flotter tout en restant figé en l’état, alors que rien n’est tout à fait terminé et que rien ne paraît devoir reprendre. Le pseudo paix est aussi hybride que la guerre qui l’a précédée.

Pendant cette “drôle de guerre” qui ne fit rire personne et qui fut également cruelle, il fut bruyamment affirmé que les Russes envahissaient l’Est de l’Ukraine. Cela fut dit, proclamé, affirmé, confirmé, prouvé, plusieurs dizaines de fois. (Par exemple, en novembre 2014, on comptait déjà 36 invasions russes depuis avril de la même année.) A cette occasion, nous inventâmes une expression indiquant que la logique et la raison étaient totalement prisonnières des narrative : le déterminisme-narrativiste. Ce que nous observons aujourd’hui, c’est que le “fait narrativiste” de l’invasion est devenu un enseignement conceptuel qui entre dans la documentation, l’analyse et la doctrine des forces armées US, particulièrement de l’US Army, pour évaluer d’une façon générale la puissance militaire russe, et surtout sa peu ordinaire montée en puissance. Le “fait narrativiste” est devenu vérité historique.

(Nous mettons de côté ici l’intervention russe en Syrie, car les textes que nous allons citer n’y font pas allusion. Cela ne signifie pas qu’il n’en est pas tenu compte du côté US, mais dans le cas qui nous occupe il n’en est pas tenu compte. L’“expérience ukrainienne” suffit. Il va de soi, quoi qu’il en soit, que l’intervention russe en Syrie reste dans les esprits, – et elle est bien réelle celle-là, – et elle renforce avec d’autant plus de puissance tout ce qui est construit autour de l’“invasion russe de l’Ukraine”. C’est une situation très curieuse, on va le voir, puisqu’à partir d’une offensive de communication du bloc-BAO surprenante par son mépris absolu de la réalité jusqu’à la désintégration totale de la réalité, on parvient à des conclusions qui sont, objectivement, un très grand avantage pour les Russes et correspondent à la vérité.)

Voici d’abord un texte de notre  excellent ami Daniel Gouré, que nous avons déjà plusieurs fois cité, qui fait partir du Lexington Institute, largement subventionné par le complexe militaro-industriel (CMI). Le 18 mai, il dénonce les traîtres divers, US et en général au Congrès, qui mettraient en doute la parole des militaires dépeignant la puissance russe pour rogner une partie des augmentations budgétaires dont ces militaires ont un très urgent besoin.

« Thankfully, the Russian military is not ten feet tall. No one said it is. But that is the way some unnamed civilian Pentagon officials want to spin the legitimate concerns of senior military officers regarding the challenges posed by the improved capabilities of a rapidly modernizing Russian military. It is even worse when some in the media try not only to make such a case but to demean the reputation and honesty of a military officer who is courageously attempting to get the Obama Administration and the American people to take seriously a growing threat to our national security and that of our allies.

Russian military modernization and the challenge it poses to the nation and the military has been publicly acknowledged at the most senior levels of the Department of Defense. Discussing the need for the so-called Third Offset Strategy, Deputy Defense Secretary Robert Work explained that one of the motivations was the need to respond to the challenges posed by the Russian military. “It’s modernizing a military that was in steep decline throughout the 1990s and the early 2000s. Its naval and air units are operating at a pace and an extent that hasn’t been seen in quite some time, to include a large increase in trans-oceanic and global military operations.” The Under Secretary of Defense for Acquisition, Technology & Logistics has been telling anyone who will listen that the United States is losing its technological advantage vis-à-vis China and Russia in the air and maritime domains, electronic warfare, space, reliable communications and ISR. [...]

The Russian military is not yet ten feet tall. But it is five foot ten inches and growing. Its growth spurt since the nearly botched operation against Georgia in 2008 is impressive. The Russian defense ministry routinely demonstrates its new-found capabilities by running large-scale snap exercises with forces that number between 40-100,000 from all services. They are now even throwing in the first use of nuclear weapons. In its operations against Crimea and Ukraine, Russian forces demonstrated a heretofore unrecognized capability to coordinate armored, artillery and air units along with the highly successful employment of electronic warfare, drones and long-range artillery to locate, jam and then destroy Ukrainian operational level command posts. »

Sputnik reprend des éléments du texte de Gouré, qu’il soumet à la critique d’autres textes dont les auteurs mettent en évidence, selon leur point de vue, qu’il s’agit d’analyses sollicitées et rien d’autre, pour obtenir quelques dizaines de $ milliards en plus pour le Pentagone, – disons, au moins pour les cigarettes... Le texte est de ce 21 mai. Nous en extrayons la dernière partie qui expose effectivement les doutes de certains, dont d’ailleurs des sources honorables.

« Yet many, even in the Pentagon itself, remain unconvinced. “The $600 billion-a-year military spend by Washington is roughly tenfold what Russia spends. And yet, inverting reality, Russia is presented as the threat,” analyst Finian Cunningham observed. In his opinion, Washington has always been on a witch-hunt because the defense budget is the basis of the US economy and it would collapse should it be drastically reduced.

» Former USAID project officer Josh Cohen also pointed to America's current defense spending. “With a 2015 military budget of $600 billion, Washington spends approximately ten times the amount on defense as does Moscow, and while Russian combat forces are modernizing, American military technology largely outclasses the Kremlin's,” he noted. The budget indeed seems to be at the heart of the Pentagon's strategy that has largely focused on demonizing Russia. “This is the 'Chicken-Little, sky-is-falling' set in the Army,” an unnamed senior Pentagon officer told Politico recently. “These guys want us to believe the Russians are 10 feet tall. There's a simpler explanation: The Army is looking for a purpose, and a bigger chunk of the budget.” »

Cette explication (les évaluations bureaucratiques US grandissant d’une façon appuyée l’adversaire pour obtenir des crédits supplémentaires pour les forces armées US) est récurrente depuis bien plus d’un demi-siècle (voir le “trou noir” de 1945-1948, ou la manœuvre à l’origine) ; elle est accomplie bureaucratiquement, sans souci de la “réalité” extérieure en un sens, donc elle peut la rencontrer par inadvertance. En l’occurrence c’est le cas et donc, utilisée comme l’est, cette explication qui déformerait la vérité-de-situation ne nous satisfait pas du tout. D’une part, les forces armées US sont dans un état terriblement effrayant pour n’importe quel général lambda du Pentagone suivi d’un directeur de Lockheed Martin qui lui suggère un nouveau JSF-qui-ne-marche pas ; d’autre part, la montée en puissance militaire de la Russie est pour nous une vérité-de-situation incontestable. Nous en restons donc à notre analyse mais pour observer l’étonnant usage de la narrative (accumulation de mésinformation, de contre-informations, de désinformations, de non-informations, au profit d’un récit hollywoodien) pour mettre en évidence cette vérité-de-situation, – ou la voie de la vérité par le mensonge... Rions, Folleville !

Le nœud de l’intrigue se nomme Phil Karber. Malgré son imposante biographie, il reste un personnage quelque peu énigmatique. Par exemple, nous le vîmes surgir dans les années 1984-1985, comme un diable d’une boite, comme l’expert US incontestable de l’évaluation des forces du Pacte de Varsovie, notamment blindées, ce qui correspond d’ailleurs à une mission qu’il effectua à cette époque pour l’OTAN. A cette époque par conséquent, il devint l’expert-vedette d’une revue qui dominait le monde militaro-stratégique US et donnait le ton, Armed Forces Journal International. Selon le souvenir (qui n’est pas impératif) de PhG, c’est lui, Karber, qui, devant parler à un séminaire prestigieux organisé par le chef d’état-major général de l’armée belge à Evere avec l’aide de l’OTAN, arriva au micro et, théâtralement, jeta son texte préparé en déclarant : “Tout cela ne vaut plus rien, les évènements vont trop vite”, – ce qui, d’ailleurs, n’était pas mal vu. (C’était en décembre 1988. La veille Gorbatchev venait d’annoncer le retrait unilatéral de 150.000 soldats de l’Armée Rouge d’Europe de l’Est.)

Karber dirige la Potomac Foundation, un organisme qui est semble-t-il assez mystérieux d’après cette source (AboveTopSecret, le 20 avril 2014), mais dont il semble qu’il reçoit, ou a reçu au moins une fois puisqu’il s’agit d’une déclaration de revenus de 2010, des fonds notamment de Boeing et de Soros. Mais on sait qu’en cette occurrence, lorsque Soros, pour prendre ce cas, tient un récipiendaire de ses largesses, il ne l’abandonne pas aisément, et pour les meilleures raisons du monde. On en tirera les conclusions qu’on veut mais l’on doit savoir que Karber a effectué plusieurs tournées en Ukraine du seul côté du pouvoir de Kiev, dont une avec le général Wesley Clark (ancien SACEUR). Il a réalisé, semble-t-il, un ou plusieurs rapports sur le comportement des forces russes lors de leurs multiples “invasions” de l’Ukraine, et ces rapports constituent une référence centrale pour la modification doctrinale de l’US Army devant la nouvelle puissance militaire russe. C’est ce que dit le général McMaster, chef du service de la doctrine de l’US Army (TRADOC) qu’on a déjà rencontré. Dans ce texte de Defense Talk , repris par Russia Insider le 21 mai, on lit la description de la puissance russe par McMaster et Karber, telle qu’elle s’est déployée en Ukraine (sic, sans aucun doute).

« These days, the charismatic commander of the U.S. Army’s Training and Doctrine Command is knee-deep in a project called The Russia New Generation Warfare study, an analysis of how Russia is re-inventing land warfare in the mud of Eastern Ukraine. Speaking recently at the Center for Strategic and International Studies in Washington, D.C., McMaster said that the two-year-old conflict had revealed that the Russians have superior artillery firepower, better combat vehicles, and have learned sophisticated use of UAVs for tactical effect. Should U.S. forces find themselves in a  land war with Russia, he said, they would be in for a rude, cold awakening. [...]

» While the full report has not been made public, “a lot of this is available open source” said McMaster, “in the work that Phil Karber has done, for example.” Karber, the president of the Potomac Foundation, went on a fact-finding mission to Ukraine last year, and returned with the conclusion that the United States had long overemphasized precision artillery on the battlefield at the expense of mass fires. Since the 1980s, he said last October, at an Association for the United States Army event, the U.S. has given up its qualitative edge, mostly by getting rid of cluster munitions.

» Munitions have advanced incredibly since then. One of the most terrifying weapons that the Russians are using on the battlefield are thermobaric warheads, weapons that are composed almost entirely of fuel and burn longer and with more intensity than other types of munitions. “In a 3-minute period…a Russian fire strike wiped out two mechanized battalions [with] a combination of top-attack munitions and thermobaric warheads,” said Karber. “If you have not experienced or seen the effects of thermobaric warheads, start taking a hard look. They might soon be coming to a theater near you.”

» Karber also noted that Russian forces made heavy and integrated use of electronic warfare. It’s used to identify fire sources and command posts and to shut down voice and data communications. In the northern section, he said, “every single tactical radio [the Ukrainian forces] had was taken out by heavy Russian sector-wide EW.” Other EW efforts had taken down Ukrainian quadcopters. Another system was being used to mess with the electrical fuses on Ukrainian artillery shells, ”so when they hit, they’re duds,” he said. [...]

» The problems aren’t just with rockets and shells, McMaster said. Even American combat vehicles have lost their edge. “The Bradley [Fighting Vehicle] is great,” he said, but “what we see now is that our enemies have caught up to us. They’ve invested in combat vehicles. They’ve invested in advanced protective systems and active protective systems. We’ve got to get back ahead on combat vehicle development.”

» If the war in Eastern Ukraine were a real-world test, the Russian T-90 tank passed with flying colors. The tank had seen action in Dagestan and Syria, but has been particularly decisive in Ukraine. The Ukrainians, Karber said, “have not been able to record one single kill on a T-90. They have the new French optics on them. The Russians actually designed them to take advantage of low light, foggy, winter conditions.” What makes the T-90 so tough ? For starters, explosive reactive armor. When you fire a missile at the tank, its skin of metal plates and explosives reacts. The explosive charge clamps the plates together so the rocket can’t pierce the hull.

» But that’s only if the missile gets close enough. The latest thing in vehicle defense is active protection systems, or APS, which automatically spot incoming shells and target them with electronic jammers or just shoot them down. “It might use electronics to ‘confuse’ an incoming round, or it might use mass (outgoing bullets, rockets) to destroy the incoming round before it gets too close,” Army director for basic research Jeff Singleton told Defense One in an email. The T-90’s active protective system is the Shtora-1 countermeasures suite. “I’ve interviewed Ukrainian tank gunners,” said Karber. “They’ll say ‘I had my [anti-tank weapon] right on it, it got right up to it and then they had this miraculous shield. An invisible shield. Suddenly, my anti-tank missile just went up to the sky.’” »

Tout cela fait diablement sérieux et nos sarcasmes ont un petit peu l’allure des réactions poussives d’un plaideur dépité, à force d’accueillir avec scepticisme les nombreuses descriptions d’invasions successives de l’Ukraine orientale par les Russes. Peut-on mettre en question la qualité d’un expert tel que Karber, qui s’y connaît diablement en munitions et en chars, et ne refuse pas le soutien désintéressé de Soros ? Après nous avoir instruit de toutes ces excellentes choses et avant d’enchaîner sur le même ton, donc au milieu de son texte qui semble décrire l’autorité impérative de Karber, Defense Talk nous précise tout de même que le dit-Karber est l’homme qui, à la fin de 2014, fournit à la Commission des forces armes du Sénat des photos de chars en Ukraine, prouvant ainsi la réalité des 39-et-plus invasions russes de l’Ukraine... Et l’on découvrit assez vite, sinon aussitôt, que ces photos représentaient des vieux T-72  russes en Géorgie en 2008, et nullement des superbes tout nouveau-tout beau T-90 en Ukraine, et, bon d’accord, Karber s’en explique sans véritable embarras ni même déplaisir. (Nous parlions de cette ukraino-géorgienne épopée en février 2015.)

« Karber’s track record for accuracy is less than perfect, as writer Jeffrey Lewis has pointed out in Foreign Policy. At various points, he has inflated estimates of China’s nuclear arsenal from some 300 weapons (based on declassified estimates) to 3,000 squirreled away in mysterious tunnels, a claim that many were able to quickly debunk. In 2014, he helped pass photos to Sen. James Inhofe of the Senate Armed Services Committee that purported to be recent images of Russian forces inside Ukraine. It turned out they were AP photographs from 2008. “In the haste of running for the airport and trying to respond to a last-minute request with short time fuse,” Karber said by way of explanation, “I made the mistake of believing we were talking about the same photos … and it never occurred to me that the three photos of Russian armor were part of that package or being considered.” »

Là-dessus, comme indiqué plus haut, Defense Talk continue son talk-show : « All of these technologies could shape the future battlefield... », etc., etc., passant sur ce détails exotique et sans importance des photos Géorgie-2008/Ukraine-2014. Faut-il s’arrêter à ces détails ? Faut-il revenir à l’interrogation fondamentale ? (Invasion russe ou pas ?) TRADOC travaille-t-il sur des rapports et des documents amassés après interviews et longues discussions avec les  prestigieux officiels, témoins, experts, etc., de “Kiev-la-folle” dont on connaît le sérieux et la probité quasi-légendaires ? Qu’importent ces questions puisqu’une autre étude du même Defense Talk, sur l’état catastrophique des forces armées US (le 18 mai : « 6 Facts Highlight Why We Need to Rebuild Our Military ») conclut simplement : « At the same time, threats are growing. Russia has invaded Ukraine and threatens more... »

Ainsi la légende narrativiste entre-t-elle dans l’histoire bureaucratique, la plus solide et la plus incontestable pour ces matières surtout lorsqu’il s’agit de la bureaucratie du CMI. Le déterminisme-narrativiste règne sans partage et c’est désormais un fait historique que la Russie a réellement envahi l’Ukraine (l’on ne prend même plus la peine de distinguer le Donbass, ou NovoRussia, ou l’Ukraine orientale, mais c’est “a envahi l’Ukraine” tout simplement). La mémoire historique a acté le fait et rencontré par anticipation notre vertu principale qu'on qualifie de “mémorielle” et dont la tâche est la destruction du passé, qui rythme et alimente la vérité du Système... Là-dessus, passons à autre chose.

... C’est-à-dire, passons à l’étude alarmante de la puissance russe renouvelée ainsi démontrée par l’affirmation opérationnelle. Le sel de la situation, le paradoxe complet de cette époque où la réalité est pulvérisée et où règne un relativisme absolu, c’est qu’alors, en revenant à ce sujet essentiel, nous revenons à une vérité-de-situation en apportant une pierre à l’effondrement du Système, c’est-à-dire en en ôtant une de plus à l’édifice en cours de dissolution. Le chemin est tortueux, celui du déni de la vérité, qui nous mène à la vérité. Certes, on pourrait croire que ce n’est pas le cas pour tous les domaines, – quoiqu’il faudrait y voir de plus près et l’on aurait des surprises devant l’exclusivité du procédé et de ses résultats, – mais l’on conviendra ici que c’est un domaine essentiel. On ajoutera que la conclusion de tous ces historiens-bureaucrates chargés de préparer la restauration de la puissance US n’ont en vérité, – le mot a sa place, – d’autres arguments que d’envisager plus de programmes, plus de quincaillerie (plus de JSF, si vous voulez), plus d’argent, comme ils l’ont fait dix fois avant pour aboutir au catastrophique état des choses aujourd’hui. Il n’y a donc aucune raison pour qu’ils ne développent, une fois de plus et d’une façon encore plus catastrophique puisque la surpuissance règne et qu’elle nourrit l’autodestruction, l’évolution  vers un état des choses encore plus catastrophique. Ainsi avons-nous détaillé, avec minutie et sans négliger l’apport de la psychologie et de l’hybris du sapiens, un épisode significatif parce qu’exemplaire de l’effondrement du Système.

 

Mis en ligne le 22 mai 2016 à 05H42

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