A propos d’Ouverture libre

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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A propos d’Ouverture libre

24 novembre 2015 – Je vais dire quelques mots de la  “cuisine intérieure” de dedefensa.org. Cela a sa place dans ce Journal dde.crisis, d’autant qu’on verra qu’il y est également question de certaines attitudes, jugements, positions de mon chef, je veux dire en tant que personne. Certes, il ne s’agit pas d’une “crise”, il n’y a ni urgence ni incendie en cours, et l’on peut même dire que sur nombre de points je ne fais que répéter ce qui a déjà été dit (d’ailleurs, il y a des citations dans le texte, qui sont effectivement des répétitions). Mais je ne trouve pas inutile de rappeler à la fois les règles et l’esprit de la chose, – d’autant qu’Ouverture libre a traversé une crise où j’ai cru cette rubrique moribonde et promise à disparaître, – et puis non, elle a redressé la barre. Cela mérite aussi quelques explications qu’on trouvera indirectement dans le texte.

Comme on le voit, plus que jamais OL est nettement divisée en deux sortes d’activité.  (Je me permets de céder à mon pêché mignon de modifier certains noms, mots, à établir des initiales, des interventions grammaticalement insignifiantes et pour mon compte, à la fois passe-partout et contribuant à la spécificité du site, – cela pour expliquer qu’Ouverture libre, devenue un instant Ouverture Libre pour la cause, apparaît dans ce texte sous ses initiales OL.) On peut espérer qu’OL a trouvé une sorte de “vitesse de croisière” qui lui assure une sorte de pérennité. Je vais rapidement mentionner les deux aspects de sa formule.

• Les interventions de lecteurs-contributeurs, dont certaines sont devenues régulières. Il s’agit là du domaine “naturel” d’OL, comme on le comprend et comme on va le voir plus en détails, plus loin.

• Les interventions de dedefensa.org, qui ont trouvé, je crois, une forme définitive qui me semble naturelle. Il s’agit de choisir un texte non destiné à OL mais que nous avons choisi pour son intérêt objectif, sans qu’il soit question nécessairement, ni d’y voir une adhésion complète de notre part, ni une opposition complète, ni quelque chose entre, ni rien du tout de cette sorte. Simplement le texte nous paraît intéressant en lui-même, et parce qu’il suscite chez nous une réaction détaillée et argumentée sur le sujet traité où sur l’orientation du sujet dans l’article, qui prend la forme d’un autre article, parfois même plus long que l’article cité. Cet texte signé dedefensa.org apparaît en premier essentiellement parce qu’il présente l’article cité, mais le plus souvent pour se transformer en un article indépendant exprimant notre sentiment, voire même élargissant le sujet, etc. Cette formule n’est guère concernée par les remarques qui vont suivre, simplement pace que, dans notre texte, nous précisons systématiquement, soit notre accord, soit notre désaccord, sur un ou plusieurs points de l’article cité... Cette remarque introduit d’ailleurs fort bien le concept général d’OL.

Maintenant, le concept général, qui n’est d’ailleurs pas d’une extrême originalité. J’ai jugé utile d’y revenir parce qu’on trouve dans le Forum, ces derniers jours, des remarques qui soulèvent le problème général de la formule, indiquant bien l’utilité d’y revenir justement. (« Étonnant article, j'avais l'impression de lire l'un des medias “classiques” plutôt que Dedefensa ! », « Bref, il est décevant que, sur un site où le désordre et la crise constituent le fondement des contributions, un texte vienne proposer des analyses «véritablement» révélatrices, démontrées par des faits qui ne se manqueront pas de se produire - ... ou pas ») Qu’il soit bien réalisé, sans la moindre ambiguïté possible, que ces critiques et les textes concernés ne sont cités que comme exemple du problème soulevé, sans aucune possibilité d’y voir de ma part un avis positif ou négatif, sur les unes ou sur l’autre ; qu’il soit bien compris, sans la moindre ambiguïté possible encore, que je n’émets en aucune façon, en aucun cas, la moindre critique contre de telles appréciations critiques ; qu’il soit bien compris, sans la moindre ambiguïté possible toujours, qu’il se peut très bien que je puisse être complètement d’accord sur le fond de la critique du texte, comme le contraire bien entendu...

Mais tout cela est déjà dit, peu ou prou, dans le texte de présentation de la rubrique, que je vais citer, je crois avec avantage, car c’est bien souvent un de ces textes qu’on néglige de lire (moi le premier pour des cas de cette sorte). Ce texte, qui a été récrit récemment justement à cause du problème abordé ici, dit ceci (et j’ajouterais un aveu : en relisant ce texte pour le reprendre ici, j’ai décidé d’étendre le souligné en gras, limité à “leur seule responsabilité”, à tous le reste de la phrase comme on le voit..) :

« Ouverture libre est une rubrique en complet accès libre, destinée aux lecteurs souhaitant faire une intervention sous une forme élaborée, destinée d'autre part à des interventions diverses de dedefensa.org. •  Toutes les contributions sont possibles, d'une simple présentation d'un article extérieur, d'une présentation d'article avec commentaire, à des articles inédits, etc. • Les articles et contributions sont signés du nom des auteurs et engagent leur seule responsabilité, sans aucune nécessité de conformité avec l'orientation de dedefensa.org, et sans que dedefensa.org ne prenne en rien à son compte leur orientation. • On trouve des présentations de la rubrique sur ce site le 3 janvier 2010 et le 10 janvier 2010. Il est fortement conseillé, enfin, de lire le texte du 28 septembre 2011 qui constitue une mise à jour détaillée des conditions d'accès, de collaboration, etc., d'Ouverture libre. • Bien entendu, dedefensa.org reste seul juge de l'opportunité de publication d'un article. »

Pour préciser encore le propos, je vais reprendre ici un extrait essentiel du texte du  28 septembre 2011 auquel il est fortement conseillé de se référer. On verra que le propos va dans le même sens, bien entendu, et délimite très expressément l’indépendance complète entre dedefensa.org et les textes publiés dans OL sous des signatures différentes.(Dans les textes dont des extraits sont cités, les lecteurs trouveront également les conditions requises pour publier dans OL, qui sont d'ailleurs extrêmement libérales.)

« • Les textes qui ne sont pas signés dedefensa.org ou Philippe Grasset, donc qui viennent de l’extérieur, sont publiés en toute connaissance de cause et de contenu par nous-mêmes. Ils le sont selon un jugement qui porte sur leur intérêt, sur leur qualité, selon certains critères de forme, etc., selon l’esprit de la rubrique tel qu’il est exposé dans les textes concernant cette rubrique, référencés ci-dessus.

» • En aucun cas l’orientation et la prise de position du texte ne sont un facteur décisif. Il n’y a aucune nécessité d’accord, de concordance, etc., avec ce qu’on pourrait nommer “la ligne éditoriale” de dedefensa.org. Ce principe exclut d’écarter une opinion divergente de celle de dedefensa.org de s’exprimer dans cette rubrique, pour cette seule raison comprise du point de vue du principe. On comprend qu’il n’y a donc aucune question particulière à se poser, ni aucune inquiétude éventuelle à avoir, concernant la “conformité” de tel ou tel texte avec ceux de dedefensa.org. Ouverture libre c’est Ouverture libre, et ce n’est pas à cet égard une rubrique de dedefensa.org comme les autres.

» • Bien entendu et pour être complet, c’est-à-dire loyal en tous points, la même décision de publication finale dans ce cas particulier comme dans le cas général relève également, comme c’est également l’usage, de dedefensa.org/Philippe Grasset ; et cette décision peut aussi bien avoir comme raison, si elle était négative, le contenu du texte. Il n’y a aucun angélisme à manifester de ce point de vue, et il est des textes qui ne sont pas ou ne seraient pas publiés à cause de leur contenu, que l’on s’en explique ou pas c’est selon. Simplement, une telle décision procéderait d’un jugement sur le cas et nullement de l’application d’un principe qui, comme précisé plus haut, n’existe pas pour ce domaine. »

Maintenant, tout cela étant dit sur le plan du principe, je crois qu’il reste un domaine de débat sur l’application de ces principes, – comme il y a entre “la loi” et “l’esprit de la loi”. C’est là-dessus que je terminerai, mais j’ai bien conscience que c’est là-dedans que se trouve l’essentiel. Ne discutons pas de la définition d’OL, de sa fonction, etc., tout cela est connu et, je le répète, sans originalité. Je vais plutôt parler de mon attitude personnelle vis-à-vis de la fonction que j’occupe vis-à-vis d’OL, – recevoir des textes, les juger, accepter de les publier, etc. Dans ce cas, la psychologie, le caractère, jouent un rôle fondamental.

Je ne suis en rien de tempêrament agressif, ni même critique. J’ai des jugements souvent tranchés, j’ai des lignes claires dans mes conceptions (un lecteur parle même de mon “obsession” pour l’effondrement du Système, et fort justement, – car il n’y a rien d’autre qui compte plus pour moi, et l’“obsession” devient dans ce cas une vertu fondamentale : ne jamais perdre de vue, absolument jamais, l’essentiel lorsque vous l’avez identifié). Par contre, j’ai horreur de l’agression personnelle, de la mise en cause ad nominem, de l’attaque de la personne, etc. (Je mets évidemment à part les personnes publiques, assurant des fonctions publiques, car c’est alors la fonction et l’exercice qu’elles en font au nom de la collectivité qui sont en cause, – et dans ce cas, je peux être acerbe, ironique, tranchant, etc.)

Cela signifie que, face aux textes qui sont proposés pour OL, je suis d’une indulgence très grande, que certains pourraient juger dans tel ou tel cas de la faiblesse. J’ai le complexe, – je dis bien “complexe”, – de la liberté d’expression que j’exerce moi-même sans contrainte mais avec la mesure que je m’impose, et dont je critique par ailleurs l’érection en principe doctrinal et agressif dont je crains qu’il devienne totalement déstructurant à force d’être brandi comme un exercice de terrorisme intellectuel (selon la doctrine du “pas de liberté pour les ennemis de la liberté”, etc.). C’est dire que je ne suis nullement exempt de contradictions, c’est-à-dire que j’ai mes faiblesses. Alors, il faut faire avec. Je crois bien avoir publié plus d’un texte dans OL, presque contre le gré de ma raison et sous le regard désapprobateur de ma vision critique, et cédant à cette faiblesse-là. Mais une fois que j’ai publié, je me dois d’assumer : je l’ai fait, je défends sa publication même si je me juge fautif d’avoir publié et juge de peu de valeur cette publication. (De même, et plus précisément, j’ai horreur d’intervenir dans des textes, de corriger ceci ou cela ; je ne m’en reconnais pas le droit, parce qu’un texte, aussi mauvais soit-il à mes yeux [là, je parle surtout de la forme] a quelque chose de sacré, à mes yeux également.)

(Si vous voulez, je suis critique des principes de la modernité, comme la libre expression, etc., et plutôt partisans du principe d’une certaine censure. [Comme disait Volkoff dans le titre d’un de ses livres, je suis « moyennement démocrate ».] A côté de cela, je favorise absolument la libre expression et censure si rarement que c’en est comique. Je suis l’anti-Voltaire : lui, il avait un principe intangible [“Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai...“, bla bla bla], mais je crois bien qu’il l’appliquait bien rarement, – sacré Voltaire, tout à fait moderniste, lui ! Même chose pour le Forum, prenez le cas de Stephan B... Pendant deux jours, j’ai enragé en disant “non, celui-là, je ne le publierai pas, il commence à me gonfler”, – et je l’ai publié, simplement je crois pour être à l’aise avec le plus profond de moi-même. Je crois que c’est vraiment une faiblessse et que je ferais un très mauvais dictateur même si je me dis parfois : “un vrai et bon ‘dictateur à visage humain’, cela ne nous ferai pas de mal”. Mais qu’est-ce que vous voulez, la bêtise crasseuse d’un Pinochet, ça me décourage, encore plus que sa cruauté.)

Cela explique donc que certains peuvent, avec des arguments qui méritent la considération, estimer que tel ou tel texte “n’a rien à faire dans dedefendsa.org”. Je leur demande de me comprendre autant que je les comprends. Je suis d’ailleurs sûr que c’est le cas, assez rapidement, et qu’ils laissent très vite sur le côté ce qui n’est qu’un incident de parcours sans importance. Au reste, j’avoue également que j’ai la faiblesse, – une de plus, – de n’avoir rien à craindre de tels incidents pour la tenue de route de dedefensa.org. Je sais ce qui est écrit sur le site, je connais parfaitement sa “ligne éditoriale”, ou mieux dit, sa “ligne civilisationnelle”. Je crois que les lecteurs, eux aussi, savent s’y reconnaître aisément et qu’ils n’ont pas vraiment de doute à cet égard.