La psychologie GW du “good news only” devient un problème politique crucial

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La psychologie du “good news only” devient un problème politique crucial


17 janvier 2005 — Diverses indications ont déjà paru dans la presse, à partir d’une information dont il a été fait grand cas, du 3 janvier dernier, du Nelson Report (et dont nous nous sommes nous-mêmes fait l’écho). Cette newsletter de Ralph Nelson a très grande réputation à Washington. L’information du 3 janvier est la suivante :


« Our sources say that attempts to brief Bush on various grim realities have been personally rebuffed by the President, who actually says that he does not want to hear “bad news”. Rather, Bush makes clear that all he wants are progress reports, where they exist, and those facts which seem to support his declared mission in Iraq . . . building democracy. “that’s all he wants to hear about,” we have been told. So “in” are the latest totals on school openings, and “out” are reports from senior US military commanders (and those intelligence experts still on the job) that they see an insurgency becoming increasingly effective, and their projection that “it will just get worse.” »


• On retrouve des traces des remarques de Ralph Nelson dans un commentaire de Srdja Trifkovic, dans Chronicle Magazine du 11 janvier 2005, sous le titre de “Mr. Bush and the lure of pseudo-reality”.

• Le 14 janvier, dans sa chronique du Guardian, Sidney Blumenthal, fait allusion au même phénomène, en l’étendant à toute l’administration, particulièrement le département de la défense (DoD), où des rapports décrivant une situation défavorable en Irak sont censurés ou annulés.

On a déjà largement mis en évidence le phénomène, que nous tendons évidemment à assimiler à notre concept de virtualisme: que ce soient les révélations de Ron Suskind sur la “faith-based community” dont le grand prêtre est GW, que ce soient les rapports de GW avec les militaires (ce dernier point se rapprochant clairement des révélations de Nelson et de Blumenthal, avec Seymour Hersh rapportant que des militaires suppriment les trop mauvaises nouvelles dans leurs rapports de crainte des réactions de la hiérarchie).

(En même temps, on le sait, les hypothèses sur la personnalité de GW Bush, ses troubles psychologiques, ne manquent pas. On signale ici la dernière en date que nous avons présentée, celle de Paul Levy.)

En même temps que monte la tension à Washington, cette question de la personnalité de GW Bush, de son comportement, de son attitude psychologique, devient une question publique. Les conditions s’en précisent de plus en plus chaque jour, écartant les thèses complotistes pour en arriver au cœur de la question, — qui est effectivement psychologique. Trifkovic écrit: « Especially alarming is the insistence of Nelson's sources that this “good news only” directive comes from Bush himself, and that it is not the result of senior officials around him trying to mislead or insulate him. Nelson concludes that “whether self-imposed, or due to manipulation by irresponsible subordinates, the information/intelligence vacuum at the highest levels of the White House increasingly frightens those officials interested in objective assessment, and not just selling a political message.” »

Il est caractéristique que les deux textes que nous citons ici, qui n’ont entre eux aucune connexion, en viennent naturellement à la même conclusion qui est également dans tous les esprits. GW est en train de transformer sa présidence en une “situation de bunker”.


Srdja Trifkovic écrit: « Germany's defeat in World War II was greatly accelerated by Hitler's refusal—especially in the final two years—to accept any bad news, and to accuse those trying to present such news of disloyalty, defeatism, or stupidity. Enemy forces were invariably underrated, own strength overestimated, and self-deceptions believed with such firmness that, by mid-1944, Field Marshal Rommel felt compelled to conclude that the Fuehrer was living in a Wolkenkuckucksheim (''cloud cuckoo land''). Is it conceivable that the atmosphere in the White House is beginning to resemble that at Rastenburg? »

Sidney Blumenthal écrit: « President Bush clings to good news and happy talk, such as the number of school openings in Iraq. Those with gloomy assessments are not permitted to appear before him. The president orders no meetings on options based on worst-case scenarios. Military strategists and officers are systematically ignored. Suppression of contrary ''metrics'' is done in his name and spirit. Bush makes his decisions from a self-imposed bunker, a situation room of the mind, where ideological fantasies substitute for reality. »


Nous sommes au tout début du deuxième mandat de GW Bush. La crise irakienne ne cesse de bouillonner. Le pays, l’Irak, est devenu, selon l’analyse de la CIA elle-même, le nouveau « paradis des terroristes », remplaçant en cela l’Afghanistan d’avant l’intervention d’octobre 2001. Voilà qui assure la durée de la crise irakienne, avec la confrontation avec l’armée US, donc la durée de la tension à Washington. La situation de tension directement générée par cette crise irakienne a effectivement atteint Washington et est directement confrontée désormais à cette interrogation sur la personnalité et le comportement de GW Bush. On comprend combien, par son caractère irrationnel, cette interrogation échappe aux processus de sûreté habituels touchant le fonctionnement du système. Par la force des choses, c’est-à-dire la combinaison des évidences du pouvoir et de l’importance du président dans une crise, cette interrogation va devenir le centre de la crise et va bientôt être considérée comme le verrou de la crise. Il s’agit d’une situation complètement, totalement sans précédent: même l’épisode du Watergate ne peut lui être comparé, dans la mesure où aucun aspect légal, institutionnel, — rien de rationnel, si l’on veut, n’est pour l’instant engagé. Par définition, c’est une situation incontrôlable et il est impossible d’en prévoir les conséquences, — sauf le constat que toutes les conséquences sont possibles.


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