US House versus POTUS

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Il faut le lire pour le croire… Il s’agit d’un éditorial du Washington Times, un temps quotidien washingtonien favori des neocons, attaquant, ce 15 juin 2011 le président Obama selon la critique essentielle d’être un belliciste : BHO est un “warmonger”. (Littéralement un “va-t’en-guerre”, ou un “fauteur de guerre”, etc.) Le Washington Times prend, un peu forcé, le train en marche, un train nommé antiwar, où les principaux soutiers brassant le charbon à pleines pelletées se trouvent dans le parti républicain ; mais aussi, avec une participation active des démocrates, avec comme figure de proue le radical de gauche Kucinich, littéralement figure de haine des républicains pendant toutes les années qui se sont déroulées dans le bruit et la fureur depuis 9/11, et jusqu’ici complètement marginalisé, – et qui, désormais, mène la charge...

• Le Washington Times s’étonne lui-même, après tout, lorsqu’il écrit : «Who ever would have thought this would be happening to Nobel Peace Prize winner Barack Obama?» Cette question suit un rapide résumé des événements qui éclaire le centre du débat, où la Chambre des Représentants (U.S. House) s’oppose frontalement, y compris devant la justice, au président des Etats-Unis d’Amérique (President Of The United States, ou POTUS).

«A bipartisan group of congressmen is filing a lawsuit against the president for pursuing an illegal war. The speaker of the House warned the Obama administration it would soon run up against a 90-day deadline, after which it will be “in violation of the War Powers Resolution unless it asks for and receives authorization from Congress or withdraws all U.S. troops and resources from the mission.” Who ever would have thought this would be happening to Nobel Peace Prize winner Barack Obama?»

• Cette affaire de la Chambre versus POTUS est considérablement importante. D’une part, un groupe de députés, démocrates et républicains mêlés, emmenés par Kucinich, a porté plainte contre le Président pour avoir lancé une “guerre illégale” (en Libye), notamment parce qu’il ne s’est pas conformé au War Power Act de 1973, qui fait obligation au POTUS de demander au Congrès son approbation d’une opération de guerre qu’il aurait lancée, dans les 60 jours suivant le début des opérations. Le délai est largement dépassé puisque nous approchons des 90 jours d’opérations en Libye. Le Speaker et président de la Chambre, pourtant un “modéré” (c’est-à-dire un soutien jusqu’ici des opérations bellicistes de la “politique de l’idéologie et de l’instinct”, dans le langage orwellien du Système), – Boehner, donc, a évolué prudemment, dans le sens du vent, devant la persistance du courant antiwar et il demande à l’administration de décider le retrait des troupes ou de donner des explications qui satisfassent le Congrès et le conduisent à son approbation du conflit. Dans le cas contraire, le POTUS sera déclaré en infraction avec le War Power Act. Le Washington Times annonce la démarche des parlementaires et l’ultimatum du Speaker Boehner ce 15 juin 2011, sans trop s’attarder aux détails ni faire de commentaires ou de prévisions. Tout juste peut-on remarquer que l’administration ne prétend pas réfuter la légalité du War Power Act, au contraire de John McCain, mais estime ne pas tomber sous le coup de cette législation…

• …“Au contraire de John McCain”, car il y a là un vrai débat législatif et constitutionnel, portant sur les pouvoirs respectifs du Président et du Congrès. Ce débat vient se greffer, comme s’il en était besoin, sur la tension formidable qui est en train de se développer entre l’exécutif et le législatif concernant l’acte de la guerre, et les innombrables actes de guerre en cours, – la Libye servant, à cet égard de banc d’essai. Voici la présentation et le commentaire du mot malheureux du sénateur John McCain, par Jack Hunter, dans The American Conservative du 13 juin 2011, avec la réplique incendiaire de George F. Will à John McCain.

«The [Wall Street Journal] makes the case that American presidents have long committed troops or taken military action without Congressional approval. It also makes the case that these same presidents and many on Capitol Hill today consider the War Powers Resolution Act unconstitutional. Said Sen. John McCain: “No president has ever recognized the constitutionality of the War Powers Act, and neither do I. So I don’t feel bound by any deadline.” Asks columnist George Will: “Oh? No law is actually a law if presidents and senators do not ‘recognize’ it?”

»Will makes a good point. Many Americans and a few in Congress believe the Internal Revenue Service is unconstitutional. Similarly, many also believe the same is true concerning Obamacare. What might happen if the people or their elected officials simply decide not to ‘recognize’ the legality of either?»

• …Et Jack Hunter poursuit, avec cette intéressante explication du rôle de la Chambre des Représentants, et la lecture de la Constitution qui va avec, dans cette affaire. On observera combien l’explication, au milieu du désordre inimaginable qui accompagne l’effondrement du Système, renvoie aux vertus fondatrices des Founding Fathers et de leur Constitution vénérée. Quoi qu’il en soit de ces vertus, notablement maltraitées et en général utilisées comme écran de fumée depuis deux siècles pour permettre l’activité du Système en toute impunité, il se trouve qu’en cette circonstance, dans un système washingtonien dont l’impunité est bâti sur le respect de la Loi, édictée par lui-même et pour lui-même, pour servir de “règle du jeu” inaliénable, les mots ont leur poids et fixent sans aucun doute l’ampleur du débat qui se dessine, qui pourrait conduire à un conflit constitutionnel d’une extrême gravité.

«The entire purpose of the House of Representatives is that the “people,” through their elected representatives, should act as a counterbalance to the Senate and Executive branch, as outlined in the Constitution. The entire overall purpose of our Constitution is to limit the power of the federal government; and it explicitly vests to the president the power of how to wage war—to Congress, when to wage it. Obama now does both while completely ignoring Congress. The inability of so many of our leaders to recognize and respect this important constitutional distinction is indicative of their routine recklessness. That the WSJ considers the historical precedent of routine recklessness justification for virtually unlimited Executive war powers, also suggests that the supposedly conservative newspaper now considers the Constitution itself a moot point.»

• A part cela, Washington bruisse formidablement du grand débat en cours sur la politique étrangère, cette “politique de l’idéologie et de l’instinct”. On a vu déjà des références au texte de Jim Lobe décrivant de sa plume retenue, ce 16 juin 2011, ce qui paraît être l’effondrement en cours de l’influence des neocons et autres “warmongers” : «Nearly ten years after seizing control of Republican foreign policy, neoconservatives and other hawks appear to be losing it.» Le Washington Post (Jackson Diehl) se demande, le 14 juin 2012, si le parti républicain ne devient pas isolationniste en observant que tous les candidats à la désignation du parti pour les élections présidentielles, lors d’un débat commun, lundi dernier, n’ont dit mot de l’opération libyenne ou s’y sont opposés vigoureusement (notamment Bachmann et Gingrich, en plus évidemment de Ron Paul). Peu importe si cet “isolationnisme” antiwar peut être contestable tel qu’il apparaît (selon James M. Lindsay, du Council of Foreign Relations ce 15 juin 2011), ou si même le mot “isolationnisme” est utilisé en bien mauvaise connaissance de cause (voir le texte de Hunter, déjà référencé) ; ce qui importe, c’est l’esprit de la chose, l’humeur générale, la puissance du courant et de la tendance ; ce qui importe, c’est la psychologie derrière tout cela, la psychologie qui est aujourd’hui au désengagement, au retrait, au repli, la psychologie qui est désormais celle de l'épuisement de la guerre et des guerres sans fin et sans but…

Depuis que ben Laden a été “liquidé”, n’est-ce pas, “la guerre est finie”, en même temps que la narrative qui va avec… Le malheureux BHO ne semble pas l’avoir encore bien compris.


Mis en ligne le 16 juin 2011 à 14H32