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Merci

Article lié : DIALOGUES-18 : Le Système, en dehors et en dedans

laurent juillard

  29/12/2010

“Ce qu’il y a de plus radical, de plus irrésistible, c’est de changer de regard.”

Merci a ashatit de nous rappeler si clairement cette aphorisme que notre raison a tant de mal a apprehender et donc tant de facilite a l’oublier.

Et merci a Philippe dont le travail quotidien m’aide, meme inconsciemment, a changer ce regard sur notre monde et donc a participer plus consciemment au changement de monde.

Changer de regard

Article lié : DIALOGUES-18 : Le Système, en dedans et en dehors

ashatit bayle

  28/12/2010

Le texte de Philippe Grasset est excellent; il s’agit, selon moi, davantage d’une compréhension interne de la situation du monde que d’une analyse intellectuelle, quoiqu’elle en prenne la forme et en serve le propos.

Je partage absolument cette vision. Point par point.

Il est exact de dire que le Système ou le monde dans lequel nous vivons s’effondre de manière irrésistible. Quoique nous fassions individuellement ou collectivement ne peut que renforcer ce processus de désintégration. La situation est bien pire encore pour les élites qui doivent chaque jour prendre des décisions car ces décisions ne seront, ne pourront être, que des mauvaises décisions qui ne feront que renforcer la dynamique de l’effondrement.
Pourtant, lorsque je regarde l’effondrement du système et de ce fait de notre réalité (et c’est poignant) il y a, me semble-t-il, une question fondamentale qui se doit d’être posée.

Il y a quelque temps j’ai posté un commentaire dans lequel je posais la question de notre perception du monde et de la perception que nous avons de nous mêmes. Je me demandais dans quelle mesure la réalité du monde pouvait être directement liée à la perception que nous en avons, et plus encore dans quelle mesure la modification de la perception que nous avons de nous mêmes ne serait pas la base d’un changement concret du monde. La réalité que nous percevons n’est certainement pas la totalité du monde. Elle est en partie la projection d’un ensemble de mécanismes qui s’évertuent à se présenter comme objectifs et de ce fait indiscutables. On pourrait même dire que la réalité du monde s’évertue à être exactement ce que nous croyons ou voulons qu’elle soit.

Je considère que le monde d’aujourd’hui, ou le Système (pour utiliser la terminologie du moment), ne sont que la projection de notre conscience ou de ce que notre conscience peut appréhender de la réalité du monde. Si notre conscience ou notre perception du monde demeurait identique à ce qu’elle est aujourd’hui, il est évident que le monde demeurerait tel quel jusqu’à sa nécessaire destruction finale. Je considère qu’il y a corrélation entre la vie que nous menons, le monde dans lequel nous vivons et la perception intime et profonde que nous avons de nous mêmes. Plus vaste ou plus haut est notre niveau de perception et plus large et plus haute est la réalité concrète dans laquelle nous évoluons.

Il est parfaitement exact que la raison n’est pas un instrument de connaissance. Il est un instrument d’organisation. Il existe des plans de conscience qui sont supérieurs à la raison et l’intuition en est un. Il existe aussi des plans de conscience qui sont supérieurs à celui de l’intuition. Passer du domaine de la raison (domaine de l’organisation matérielle du monde) au domaine de l’intuition (domaine de la connaissance directe) représente un changement de perception absolument radical.
C’est ainsi, que la question que je me pose ne concerne pas les aléas de notre système d’organisation collective (cet aspect du problème est en grande partie résolu ou en cours de solution par effondrement) mais concerne notre capacité à changer de perception de façon radicale. On pourrait supposer que l’acharnement et la capacité du Système à détruire tout ce qu’il touche et à ne rien laisser de côté qui ne soit finalement corrompu, n’est que l’aiguillon indispensable pour pousser irrésistiblement l’humain, ou sa conscience, ou sa perception à faire un saut qualitatif pour enfin VOIR, tel un visionnaire, dans un acte créateur, afin de la manifester, la Réalité du monde. Cette réalité sera évidemment tout autre que ce système de mort que nous appelons civilisation. C’est pourquoi, il n’est plus question d’améliorations ou d’arrangements. Il faut vivre selon d’autres critères, sur d’autres bases, à l’aide d’autres instruments.

Je pense que la capacité de changement ou la clef du prochain pas se trouve ancrée au sein même de l’homme. Mais il semblerait que selon l’économie supérieure du monde, ou a cause de certaines spécificités de l’homme dans son processus ascendant, qu’il soit encore nécessaire que tout faillisse afin que nous fussions contraints par la force des circonstances à faire le prochain pas. Ce changement est essentiellement un changement de conscience et il se concrétise au niveau individuel.

Ce qu’il y a de plus radical, de plus irrésistible, c’est de changer de regard.

Réchauffement climatique et hivers froids

Article lié : Hivers glacés et global warming

Jean-Claude HENRY

  28/12/2010

Suite ... le message est parti plus vite que prévu !

Je disais que température et taux de CO2 ont été beaucoup plus élevé par le passé, sans qu’il se produise de catastrophe, comme celle d’une divergence de température annoncée par le GIEC, à moins d’investir des sommes colossales (et encore seraient-elles suffisantes ?) pour tenter de conjure “la” catastrophe.

Ce n’est pas le lieu d’entrer dans les détails pour montrer à quel point la présentation du climat futur par le GIEC est biaisée. De nombreux sites scientifiques sérieux (pléonasme) existent. Je n’en citerai qu’un seul (http://www.pensee-unique.fr/).

Il suffit de lever le nez pour constater que le climat nous vient du soleil. L’activité humaine, à côté de ce monstre de puissance parait bien dérisoire. Pour s’en faire une idée, la part de l’activité humaine dans l’évaporation de l’eau, gaz à effet de serre majeur (de 60 à 90 % selon les estimations), n’est que de 2 %, soit une valeur considérée comme négligeable par les physiciens.
Il est pour le moins étonnant de constater que la variations des surfaces glacées polaires sur Mars a suivi la même variation que celles de la Terre ! L’explication nous en a été fournie par Svensmark, deux siècles après les constations de William Herschel. Celui-ci avait montré une corrélation entre le cycle des taches solaires et le rendement du blé. Cela avait fait beaucoup rire à l’époque, mais cette constatation a été largement confirmée depuis. Cela tient au fait qu’en l’absence d’éruptions solaires, visualisées par les taches, la Terre subit un bombardement ionique beaucoup plus important, ce qui entraîne la formation de nuages dans les basses couches de l’atmosphère. La présence de ces nuages réduit la quantité de chaleur que nous recevons du soleil et amène, outre des précipitations, un refroidissement. Souvenons-nous des 10° C qu’a connu le Koweit après que Saddam Hussein ait mis le feu à ses puits !
La théorie de Svensmark, qui s’appuie sur de très nombreuses données, est confirmée par l’expérience “CLOUD” qui est en train de se terminer au CERN de Genève.
Les modèles de l’héliométéorologie sont capables de reconstituer le climat des siècles précédents, ce que les modèles du GIEC sont incapables de faire ! Ces modèles , fondés sur les divers cycles solaires, nous montrent que nous nous acheminons à tout le moins vers un minimum de Dalton (sunspot number) qui était celui de l’époque de la retraite de Russie. Maintenant, il semblerait plutôt que nous nous dirigions vers un minimum de Maunder, celui du “petit âge glaciaire” sous Louis XIV. Avant le petit âCela fait près de 10 ans que l’Asie connaît des hivers extrêmement froids et il semble que cela ne fasse que commencer. On (le GIEC) nous rebat les oreilles avec la banquise polaire qui diminue, si bien que l’on pourra binetôt aller en bateau de l’océan Atlantique à l’océan Glacial Arctique ! C’est oublier qu’en 1904, l’explorateur norvégien Amundsen a franchi le passage du nord-ouest sur un petit bateau, le Gjoa.
En conclusion,l’héliométéorologie nous promet des hivers de plus en plus froids et nous risquons fort de regretter que la Terre ne se réchauffe pas véritablement.

Des hivers froids en période de réchauffement ?

Article lié : Hivers glacés et global warming

Jean-Claude HENRY

  28/12/2010

Depuis peu, le “réchauffement global” s’est transformé en “changement climatique”. Cela constitue un virage extrêmement important, puisque le climat “change” en permanence. “L’archéologie"climatique dispose de moyens variés pour tenter de reconstituer, sinon le climat à un moment donné, tout au moins des éléments importants comme la température moyenne ou l’importance des précipitations. De plus, les paléontologistes peuvent reconstituer flore et faune d’un lieu à une époque donnée. En outre, nous disposons également de données fournies par des carottages glaciaires, qui permettent d’évaluer (et non de mesurer) les températures passée ainsi que le taux de CO2.
Au sujet de ce dernier, il faut dire ces données sont mal corrélées aux mesures directes qui ont maintenant plus de deux siècles, sans doute en raison de la diffusivité du gaz d’une bulle à l’autre, à travers la paroi de glace . Néanmoins, on peut observer des variations, quand elles sont importantes et elles ont montré qu’au cours des 500.000 dernières années, l’élévation de la température a toujours précédé celle du CO2, et cela de 800 ans. Ceci devrait suffire à invalider l’argument “terroriste” du CO2 anthropique qui va entraîner une catastrophe climatique. Il a d’ailleurs fait beaucoup plus chaud dans le passé (température moyenne supérieure de 10 ° à l’actuelle au cours du milliard d’années précédentes) sans compter des taux de CO2 beaucoup plus élevés, sans le moindre dommage pour la faANMOINS?

Par quoi sont "possédés" les médias?

Article lié : Retour sur Katyn 2010: le geste de Vladimir Poutine

Christian Steiner

  28/12/2010

@ Laurent Julliard :

Quand j’écrivais « la presse “classique” a été attaquée et déstructurée par le néolibéralisme et la globalisation des années 90 », je faisais bien référence au genre de choses sur lequel vous pointez (http://socio13.wordpress.com/2010/03/30/qui-possede-les-medias/ et http://www.acrimed.org/article2189.html).

Cela n’empêche pas, lorsque on se demande comment et pourquoi on en est arrivé à la situation présente (caractérisée par ce que vous dites : « [qui] ne répond plus qu’a une logique financiere » « technocrate obsede par la rentabilite a court terme »), de constater que cette « attaque » néolibérale des années 90 a été simultanée (hasard des choses) avec :

1) la nécessité de retrouver une interprétation « haute » de la situation du monde (et de nous pris dans ce monde) après la fin de la guerre froide (pourquoi cette « fuite vers l’avant » du système US et du système moderne, direction le gouffre ?) ; chose que la presse avait commencer à faire jusque dans le milieu des années 90, avant d’être passée à la moulinette néolibérale (concentration, précarisation etc.), ce qui a mis un terme définitif à cette tentative de recherche de sens ou d’adéquation avec ce que les gens vivent ;

2) avec l’arrivée d’Internet, qui a servit à la fois au Système d’arme pour rationnaliser et dominer encore plus les médias (concentrer dans les mêmes mains du pouvoir d’argent), et à la fois de lieu de refuge pour cette tentative d’interprétation de la réalité, ou de recherche de vérité – ce qui est une exigence de santé…

Qui possede les medias francais ?

Article lié : Journal de bord dedefensa.org – 290310, le deuxième souffle

laurent juillard

  28/12/2010

@ Iker et Christian

Pour commencer a repondre a vos interrogations sur les medias.

http://socio13.wordpress.com/2010/03/30/qui-possede-les-medias/

http://www.acrimed.org/article2189.html

Ainsi que plein d’autres articles sur cet excellent site de surveillance mediatique qu’est Acrimed.

Je pense que la derive des medias est le reflet, visible par toute la population, des derives de toute entreprise qui ne repond plus qu’a une logique financiere c’est a dire dont le grand patron n’est plus un professionnel du secteur mais un technocrate obsede par la rentabilite a court terme.
C’est d’ailleurs ce qui caracterise aussi la faiblesse psychologique de nos politiques. Le court terme et la reelection de l’annee suivante alors que c’est un metier qui demande une vision strategique sur au moins une generation.

LEAP/E2020, MAP: Magazine d’Anticipation Politique (gratuit)

Article lié : Notes sur la crise eschatologique (dde.crisis)

Francis Lambert

  28/12/2010

MAP (Magazine d’Anticipation Politique), LEAP/E2020 a décidé de lancer une publication quadrimestrielle gratuite (tous les quatre mois).
Sommaire du premier numéro de MAP-Automne 2010 :
http://www.leap2020.eu/LEAP-lance-MAP-pour-renouveler-notre-stock-d-avenirs-probables_a5425.html

Téléchargez ce premier numéro (pdf):
http://www.leap2020.eu/file/95743/

Prochain numéro du Magazine d’Anticipation Politique (février 2011), inscrivez-vous :
http://www.europe2020.org/spip.php?article42&lang=fr

Autre avatar post natal ... église limbourgeoise écrasée par la neige

Article lié : Puisque “le Système est un bloc”…

Francis Lambert

  27/12/2010

Church of Diepenbeek (Limburg) collapsed early on Christmas morning ... hours after parishioners had celebrated Christmas Mass

http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws.english/news/101225_diepenbeek

Dystopia

Article lié : Puisque “le Système est un bloc”…

Frédérique BH

  27/12/2010

P. Grasset
Je déplore vos ennuis récents et espère qu’ils se résoudront rapidement. En attendant pour vous “consoler” (!!!) je vous conseille, si vous ne l’avez déjà fait, de lire (et peut-être commenter) le dernier article (27/12) de Chris Hedges - A Brave New Dystopia - dans TruthDig.com.
Ou comment le capitalisme nous offre ET Huxley ET Orwell…
Bonne année 2011 quand même!
FBH

Journal norvégien "censure" son propre état

Article lié : De l’utilité de WikiLeaks, même pour The Independent

Francis Lambert

  27/12/2010

Il y a quelques jours, un quotidien norvégien, Aftenposten, a déclaré être en possession, à son tour, des 250 000 “mémos”. Le ministre norvégien des affaires étrangères, Jonas Gahr Stoere, a demandé au journal de lui communiquer les câbles concernant les relations russo-norvégiennes, et a essuyé un refus. Cela lui a inspiré quelques réflexions, dont il a fait part sur le site de son parti: “Les rôles entre les médias et le pouvoir sont pratiquement inversés. Maintenant, c’est nous, le ministère, qui demandons à la presse l’accès à l’information!”

Tout en critiquant les fonctionnaires déloyaux auteurs de la fuite initiale, M. Stoere ne peut s’empêcher de trouver “fascinante” la lecture de cette “matière première” diplomatique.

http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/24/defis-et-limites-de-la-transparence_1457338_1446239.html

Regard parfaitement subjectif

Article lié : Retour sur Katyn 2010: le geste de Vladimir Poutine

Christian Steiner

  27/12/2010

@ Ilker

« je ne connais par leur histoire… » (celle de la presse « classique »)

Moi non plus ! Ce n’est pas du tout mon domaine professionnel.

Si l’on peut très rapidement se mettre d’accord sur la situation présente, que vous me semblez saisir et analyser mieux que moi dans ces détails (perte de crédibilité du journalisme mainstream, perte d’autonomie et d’indépendance, copinage déontologiquement insupportable, ingérence de plus en plus grossière (et inefficace ?) de réseaux style néocons, décalage grandissant jusqu’à devenir complet avec la vérité vécue par la plupart des gens etc.), comment on est on arrivé là ?

Tout ce que je peux vous proposer, c’est une simple perception subjective de l’évolution de la chose, telle que je l’ai vécue en « citoyen lambada » depuis 20 à 25 ans (et ce de l’autre côté du Jura par rapport à vous)

J’aurais tendance à faire, en ce qui concerne les médias,  un changement d’époque autour de 1989 (chute du mur) et 1991 (première guerre du Golfe et chute de l’URSS) (j’avais 22 ans puis 24 ans). Autour de ces dates, on est passé d’une presse marquée par une pluralité d’opinion concurrentes, dont on savait pour qui elles roulaient (droite, gauche, gauche démocratique, gauche révolutionnaire, non alignés, etc.), avec des problèmes et enjeux assez clairement posés, avec un caractère et un sens de l’action collective assez clair lui aussi, et une action politique qui semblait correspondre à mesure (peu importe là le fond du problème ou dans quel sens l’action était dirigée, ce qui importe est l’existence d’un sens et d’un sentiment collectif, et de la perception d’une action politique possible),
à une presse de plus en plus monolithique, sans couleur, grise, fade, incapable de poser les enjeux à leur juste mesure ou de comprendre les événements du monde aussi bien que l’évolution dans nos pays, et avec le sentiment diffus et malsain de ne pas savoir où l’on allait. Ce sentiment de ne pas avoir d’interlocuteur valable en face (dans la presse, quel soit d’analyse politique, culturelle, économique, militante etc.) capable de parler d’autre chose que du triomphe de l’économie ultralibérale est devenu de plus en plus pénible, créant un sentiment de solitude, d’isolement, de désarroi ou alors de cynisme (au sens vulgaire) le plus total…

Je nuancerais en disant (toujours sur la base de souvenirs personnels), qu’il y a eut une espèce de période transitoire, entre 1990 et 1995 grosso modo, qui était une période d’hébétude ou d’euphorie infondée, mais où la presse (au sens large) avait encore une certaine qualité dans le sens où elle essayait encore de saisir les problèmes et de les analyser. Je me rappelle d’un livre, « Jihad versus McWorld. Mondialisation et intégrisme contre la démocratie » (Benjamin R. Barber, 1995, Times Book : New-York, 1996, Desclée de Brouwer), dont le sous-titre indique à lui seul que l’on renvoyait dos à dos une solide critique de la globalisation clintonienne et les réactions communautaristes à cette globalisation, pour essayer une « troisième voie », et un livre pareil faisait l’objet de recensions notables dans la presse française, et le sujet était traité par la presse. Mais tout ceci a ensuite rapidement disparu des écrans radars de la presse.

(Je citerai encore deux travaux journalistiques un peu plus tardifs, qui m’ont marqué. Ce sont deux reportages fait pour la télévision et effectivement diffusé sur la chaîne nationale suisse, entre 2001 et 2002, sur la première guerre du Golfe, 10 ans après les faits certes, mais qui me semble presque être les derniers de leur genre à ce jour pour leur travail correct. Il s’agit de « Images inconnues : Les marines dans la Guerre du Golfe » (Daniel Costelle et Isabelle Clarke, FR3/INA/Lobster films, 2000), et de « Les dessous de la guerre du Golfe » (Hidden wars of Desert Storm, de A. Brohy et G. Ungermann, Free-Will Productions, USA, 2001). Pour avoir revisionné hier une demi-heure du second de ces films, j’ai l’impression que ce sont des films qui ne passeraient plus aujourd’hui à la télévision : ces travaux objectifs et étayés, contextualités, « classiques » (on n’est pas du tout dans du Michael Moore) paraissent bizarrement dater d’une autre époque (ce, 8 ans seulement après…)

Mais les faits que ces films résumaient en 2000 étaient déjà connus du publique un tant soit peu attentif, parce que la presse classique en rendaient encore compte dans le milieu des années 90. Ainsi, sur ce sujet, on savait que les Etats-Unis avaient utilisé assez massivement, en Irak en 91, des munitions à l’uranium appauvri (manière de recycler les déchets nucléaires et le matériel issu du désarmement partiel des arsenaux nucléaire), on savait les dégâts immense à la population irakienne lors de l’embargo qui a suivit la guerre, l’hypocrisie insoutenable de cet embargo (dans un pays dont on avait ruiné toute l’infrastructure civile, une infrastructure qui était à la hauteur de celle de nos pays, dans un pays qu’on avait pollué à l’uranium avec toutes les conséquences là à nouveau sur la population civile etc.), on savait les maladies et séquelles des vétérans de guerre américains dus aux conséquences de ces mêmes destructions et usages de munitions DU (depleted uranium). Et voilà qu’au Kosovo, en 1998, on avait remis ça avec les munitions à l’uranium appauvri. Dans ma profession, des collègues travaillaient pour l’ONU afin de cartographier les zones polluées à l’uranium en ex-Yougoslavie suite aux bombardements de l’OTAN.

Pourquoi mon insistance, toute personnele, sur ces munitions à l’uranium ? Parce que je suis d’une génération qui était astreinte au service militaire, que je l’ai effectué avant la chute du mur de Berlin, alors que la guerre Iran Irak (1980-1988) et celle d’Afghanistan première du nom (1979-1989) était encore en cours, qu’on venait d’installer les Pershing II atomique en RFA, et surtout que nous-même étions drillé à résister à l’avancée des « hordes » de chars du Pacte de Varsovie qui devaient débouler dans les plaines de l’Europe de l’Ouest (tel était le scénario en vigueur), avec toutes les probabilités de bombardement chimique et d’usage possible d’armes nucléaires tactiques et stratégiques, et nous qui devions faire office de « chair à canon »… Cela peut sembler maintenant exagéré, mais c’est ce que nous vivions.

Alors quand, une fois l’URSS neutralisée puis disparue, les USA, en 1991 puis en 1998 (et je ne parle même pas d’après), firent un usage aussi « léger » et inconséquent d’une chose que nous avions appris à connaître comme la plus redoutable et que nous n’envisagions que dans le cas d’une guerre totale avec l’URSS (la chose atomique), quand nous apprenions que la guerre du Golfe avait largué un tonnage de bombe, en moyenne mensuelle, supérieure à celle de la seconde guerre mondiale (qui restait pour nous LA référence), contre un pays qui ne semblait pas représenter de danger particulier comparé à l’URSS ou l’Allemagne nazie et pour être suivi par un embargo de dix ans sur une population souffrante… nous ne comprenions plus grand-chose. Et la presse ne répondait pas à la question.

C’est ça que les journaux, la presse, les intellectuels ne parvenaient pas à expliquer : cette différence entre la réputation/l’image des USA (le modèle), et leur comportement sur le terrain (incompréhensible de brutalité inutile). Si les coups tordus semblaient « excusables » dans le cadre de la confrontation avec l’URSS, pourquoi ces coups tordus, manipulations, mensonges, tricheries, « raisons d’état » etc. continuaient-ils alors que l’URSS avait disparu ? Contre qui les USA se battaient-ils donc ?

(Quand on rajoute la crise asiatique de 1997-1998, déclenchée par une attaque spéculative de la part des meilleurs représentants de Wall Street contre les devises des Tigres asiatiques, on rajoute à cette interrogation une autre interrogation sur le comportement économique des USA, ce comportement économique qui était à l’époque triomphant et censé être le meilleure de la civilisation et l’exemple à suivre… Pourquoi donc ruiner ces pays qui étaient les exemples mêmes des pays (des seuls pays !) qui avaient réussi un développement économique qui les avait hissé au rang des pays occidentaux (exemple repris dans toutes les hautes écoles commerciales pour justifier du bien fondé du système) ?

Le monde marchait littéralement sur la tête, et peu de journalistes savaient quoi en faire… Par quelle grille de lecture remplacer celle de la guerre froide, de la géopolitique classique et du développement du tiers monde ?

Il fallait pour cela prendre beaucoup plus de recul, et entamer une critique radicale de notre civilisation entière (façon dedefensa, entre autres). Cela ne s’est pas fait dans la presse classique, cela été fait, parce que c’était une exigence de sens, là où cela était possible, en l’occurrence sur Internet.

Tout ceci n’est qu’un exemple, l’exemple de ce qui m’a touché personnellement, et chacun peut y aller de son histoire. Et quand ce genre de hiatus, de grand écart entre la réalité vécue des gens et l’incapacité à la dire et à en faire sens de la part des médias s’accumule, ces derniers (médias, intellectuels, politiques) finissent immanquablement par perdre leur crédibilité.

Ceci dit, j’ai aussi la furieuse impression que la presse « classique » a été attaquée et déstructurée par le néolibéralisme et la globalisation des années 90 (une des dynamique du « moderne »), les professionnels dévalorisés et précarisés, au même titre que le reste de la société, la paysannerie, l’éducation supérieure, la « culture » (devenue « industrie » culturelle comme l’investissement est devenu « industrie financière » bonne à spéculer uniquement), les services publiques etc. etc. En même tant qu’elle devait se reconstruire une grille de lecture propre à rendre compte de l’évolution incompréhensible des années 90 et 2000 (à moins de gober la légende dorée de l’américanisme et du capitalisme), les journalistes se sont donc trouvé fragilisé par le changement de modèle de financement des journaux, les convergence entre groupe de presse, l’arrivée des « journaux » gratuit, la rationalisation, la libéralisation, les opérations monopolistiques, l’arrivée des nouvelles technologies de l’information, les convergence technologiques (les journalistes shiva), la domination des images et leur influence émotionnelles, la rapidité de diffusion de « l’information » etc. etc.

(Il est encore un facteur dont je me rappelle, qui est symptomatique de l’évolution depuis les années 90, qui est celle de la disparition des correspondants étrangers. C’était étrange : en pleine mondialisation (donc augmentation des échanges de toute sorte à travers le globe), au moment où l’on était censé avoir le plus de contact avec des gens d’autre villes, d’autres pays, d’autres cultures, on a économisé sur les postes des journalistes qui connaissaient le mieux ces autres pays… (l’ineptie avancée pour « rationnaliser » ces postes étant que dans ce grand village mondial en paix et serein, tout le monde allait finir par se ressembler). En Suisse, le dernier des grands correspondants étrangers des chaînes nationales, Georges Baumgartner (qui est resté à son poste au Japon en se finançant lui-même, confinant parfois au bénévolat), est devenu une star locale…

J’ai donc l’impression que c’est moins la concurrence d’Internet et les éventuelles consécutives perte de financement de la presse traditionnelle, comme vous le dites, que l’ensemble des ces phénomènes (absence de grille de lecture adéquate suite à la fin de la guerre froide, incompréhension des dynamiques en cours, déstructuration par le néolibéralisme et consécutivement : rationalisation, resserrement des budgets et baisse de la qualité etc.) qui a causé la désaffectation de la presse traditionnelle et par suite aggravé leur situation financière… Internet n’a pas été là le facteur déclenchant de toute cette évolution. Il a été d’une part une arme de rationalisation de la presse par la logique néolibérale, d’autre part un espace où a pu s’exprimer ce que la presse classique ne pouvait plus exprimer.

P.S.
Vœux de prompt rétablissement à dedefensa.org

Crowdleak

Article lié : De l’utilité de WikiLeaks, même pour The Independent

Schlachthof 5

  27/12/2010

Après l’Opération Payback (http://fr.wikipedia.org/wiki/Operation_Payback), les hacktivistes d’Anonymous lancent l’Opération Leakspin (http://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Leakspin) pour analyser et divulguer les câbles diplomatiques malencontreusement ‘oubliés’ par les médias officiels.

Le site se trouve ici : http://crowdleak.net/

Who Killed the Disneyland Dream?

Article lié : Le “nouvel optimisme” US, – sans eux…

Francis Lambert

  27/12/2010

a third representative American optimist who died this year, at age 91, is a Connecticut man who was not a player in great events and whom I’d never heard of until I read his Times obituary: Robbins Barstow, an amateur filmmaker who for decades recorded his family’s doings in home movies of such novelty and quality that one of them, the 30-minute “Disneyland Dream,” was admitted to the National Film Registry of the Library of Congress two years ago.  (...)

How many middle-class Americans now believe that the sky is the limit if they work hard enough? How many trust capitalism to give them a fair shake? Middle-class income started to flatten in the 1970s and has stagnated ever since. (...) 

It’s a measure of how rapidly our economic order has shifted that nearly a quarter of the 400 wealthiest people in America on this year’s Forbes list make their fortunes from financial services, more than three times as many as in the first Forbes 400 in 1982. (...)  In 2010, our system incentivizes high-stakes gambling — “this business of securitizing things that didn’t even exist in the first place,” as Calvin Trillin memorably wrote last year — rather than the rebooting and rebuilding of America. (...)

America can’t move forward until we once again believe, as they did, that everyone can enter Frontierland if they try hard enough, and that no one will be denied a dream because a private party has rented out Tomorrowland.

http://www.nytimes.com/2010/12/26/opinion/26rich.html?_r=1&ref=frankrich

La video en anglais (35’)
In July 1956, the five-member Barstow family of Wethersfield, Connecticut, won a free trip to newly-opened Disneyland in Anaheim, California.
http://video.google.com/videoplay?docid=6953440508958798968#

L'information entre deux abîmes.

Article lié : Retour sur Katyn 2010: le geste de Vladimir Poutine

Ilker de Paris

  26/12/2010

@ Christian Steiner, bonjour

Concernant la presse ou plus généralement les médias d’information français (et occidentaux si on peut généraliser ?), je ne connais pas leur histoire, étaient-ils, comme aujourd’hui, aussi alignés sur les pouvoirs (économiques, politiques) dominants, en faisaient-ils la propagande ?

En tout cas, aujourd’hui c’est ce qui se passe et leur perte de crédit, de légitimité vient du fait que cet alignement passe de plus en plus mal dans la population, vivant des souffrances que ce système a engendrées (précarité, peur de l’avenir, sentiment de désappropriation de leur vie etc)

Des exemples parmi d’autres, de cette perte de légitimité,  lu dans le “monde diplomatique” à propos d’une gaffe de Bernard-Henri Lévy :

“Bernard-Henri Lévy préside le conseil de surveillance d’Arte, il est membre du conseil de surveillance du Monde, il est actionnaire de Libération, il dispose d’une chronique hebdomadaire dans Le Point. Et la célébration du vingtième anniversaire de sa revue, La Règle du Jeu, que presque personne ne lit, a néanmoins donné lieu à une réception extravagante à laquelle ont accouru la plupart des responsables des grands médias. La dégradation du crédit de la presse est-elle tout à fait étrangère à la surface médiatique qu’occupe, quoi qu’il advienne, quoi qu’elle fasse, une personnalité au crédit à ce point frelaté ?”

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-24-Nouvelle-anerie-de-BHL?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+monde-diplomatique%2Frss+%28Le+Monde+diplomatique%29

Sur le blog de Bernard Maris, à propos de Wikileaks :

“Comme ça les agace, tous ces puissants, ces Védrine, ces Volfowitz et tous ces « experts » ou « intellos » dont la pseudo-science est simplement faite de mystère et de magie, de ne pouvoir parfaitement manipuler l’information, qu’elle ne puisse passer par eux ou leurs journalistes apointés.”

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/blog/b/blog.php?id=12

Les médias généralistes souffrent de n’avoir plus le monopole de la médiatisation de l’information, la concurrence introduit par Internet où le contenu répond plus à l’attente du public, se traduit par la perte de ce même public pour les premiers, et donc par des pertes financières, d’où la contrainte de changer de cap et développer une information plus proche de la réalité du public.

Mais la “réalité du public” ne signifie pas que la vérité s’y trouve, cette réalité peut-être conjoncturelle, si bien que les médias généralistes se trompent (et trompent) encore et font dans le populisme. Ainsi, soit ils sont des valets des gens, des structures de pouvoir, soit ils jouent les populistes.

Que les médias généralistes voient en leur discrédit, un “danger pour la démocratie”, est comique. En fait, en tant que relais des positions politiques officielles, ce sont eux qui, aujourd’hui, sont des dangers pour la démocratie, car ils soutiennent ce qui la délite (système financier oppressant, écologie menacée, guerres d’intérêts illégales etc).

Ainsi, le documentaire “main basse sur l’info” (déjà le titre renvoie à une interprétation de l’information comme monopole), est contradictoire, il dénonce par-ci ce qu’il pratique par-là.

Si les médias généralistes restent des lieux de propagande pour les puissants ou deviennent des machines populistes, ils sont condamnés par leur contradiction - ce que je crois.

Tusk et non Kaczyński! Mea maxima culpa

Article lié : Retour sur Katyn 2010: le geste de Vladimir Poutine

Christian Steiner

  25/12/2010

Le fond de mon billet était consacré au geste et à ce que racontait Eric Hoesli de celui de Poutine, et c’est ce qui m’intéressait. Et donc j’y ai fait une erreur, de taille ! (N’est effectivement pas journaliste qui veut (un point pour les huit journalistes en colère), et je n’ai pas cette prétention du tout, mais en commentant l’actualité, j’y ai commis une erreur qui, je l’espère, ne change rien au propos, même s’il peut sembler atténuer sa force.)

Voici l’erreur : quand Eric Hoesli raconte que Poutine, sur les lieux du crash, relève le premier ministre polonais, il ne spécifie pas le nom du premier ministre polonais, et c’est moi qui est assumé, sur la base de mauvais souvenirs, qu’il s’agissait de Jaroslaw Kaczyński (et l’ai ainsi rajouté entre crochet). Or il s’agissait de Donald Tusk, premier ministre en fonction, et non plus Jaroslaw Kaczyński, qui avait perdu cette fonction quelque temps auparavant (Jaroslaw fut premier ministre de juillet 2006 à novembre 2007, Donald Tusk est premier ministre depuis septembre 2007).

Pour me faire pardonner (et faire ce minimum de travail de vérification que j’aurais dû faire auparavant), voici le lien vers une vidéo de l’AFP montrant Poutine et Donald Tusk sur les lieux du crash, le soir du 10 avril 2010 (sans avoir la prétention ni les compétences pour dire si c’est celle qui a, comme le raconte M. Hoesli, tourné en boucle sur la télévision polonaise) : 
http://videos.leparisien.fr/video/iLyROoafv1Zc.html

Sur Euronews, on apprend que Jaroslaw Kaczyński était également bel et bien présent à ce moment décrit par Eric Hoesli, accompagnant Donald Tusk et Vladimir Poutine :
http://fr.euronews.net/2010/04/11/recueillement-et-enquete-a-smolensk/

Sur le site du Courrier international :
http://www.courrierinternational.com/article/2010/04/12/la-reconciliation-par-le-drame

(Vidéo de la cérémonie de commémoration officielle de Katyn, avec les deux premiers ministres, polonais et russe, le 7 avril 2010 (Gazeta.pl) :
http://de-la-vie-a-la-vie.over-blog.com/article-katyn-smolensk-7-avril-2010-10-avril-2010-48404014.html
La même cérémonie couverte par Libération
http://www.liberation.fr/monde/0101629021-poutine-et-tusk-a-katyn-70-ans-apres-le-massacre-des-officiers