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Silence radio en Europe sur les événements de Madison

Article lié : L’esprit du Caire et de Madison

Frans Leens

  28/02/2011

Le silence assourdissant des média en Europe sur ces événements aux USA (sauf un article dans Le Soir de Bruxelles du 19/2) est peut-être assez symptomatique de la peur de la contagion en Europe de l’esprit du Caire. Ne surtout pas donner des idées à d’autres peuple de se révolter contre la facture de la crise que l’on veut leur faire passer.

A mettre en exergue ?

Article lié : La “chaîne crisique” et la faim réductionniste

Christian

  28/02/2011

« La véritable et plus grande bataille de cette crise centrale est sans aucun doute celle de la réalisation des responsabilités, donc celle de la mise en cause du Système. Quand les psychologies auront complètement assimilé et accepté cette responsabilité, la Chute du Système sera à son terme. »

Voilà une phrase qui pourrait figurer en exergue, pour la séquence 2010-2011 (ou 1998-actuel, ou 1991-actuel), juste sous celle qui figure en haut de la page d’accueil de dedefensa.org (antimoderne)…

France Uncut, c'est parti

Article lié : Uncut, une special relationships contre les banques

Jean-Paul Baquiast

  28/02/2011

Baptiste Simon me demande d’indiquer à Philippe Grasset, s’il ne le sait déjà, et aux lecteurs de Dedefensa, que le mouvement France Uncut est parti.
Il est pour le moment sur Face Book

France Uncut / La France contre la coupe des services publics / Texte
déclencheur
http://www.facebook.com/note.php?note_id=155753464482447

un article “Vous êtes à l’origine de la crise. Maintenant vous devez payer.”
http://www.facebook.com/note.php?note_id=155754501149010
http://nantes.indymedia.org/article/23112

Intervention de Carl Gibson - US Uncut Mississippi - 26/02/2011
http://www.facebook.com/note.php?note_id=155894354468358

@Serge et Vincent

Article lié : Julian Assange et la contraction du temps

Dedef

  28/02/2011

Vous avez perdu de vue le but d’Assanges.
Il utilise le système médiatique ; mais son but est ailleurs, beaucoup plus subtil.

Je crois d’ailleurs que les liens sur le but d’Assanges ont été mis sur Dedefensa précédemment.

"Bankster" est un mot trop faible

Article lié : L’effondrement du Système en mode turbo

Vincent .

  27/02/2011

@ Jean-Claude HENRY

Au contraire, on peut parler globalement de “banksters” car les banquiers abusent tous d’intérêts exorbitants.

L’usure est déjà immorale en soi, mais quand elle dépasse un certain seuil, c’est criminel.

“Bankster” est, dans certains cas, un mot trop faible.

“Tyran”, “oppresseur”, “psychopathe”,“crime contre l’humanité”,  sont des mots qui conviennent autant sinon mieux que “bankster”.

Ces « dictatures amies »

Article lié : La pute du Koch

Ilker de Paris

  27/02/2011

L’un des intérêts également des révoltes arabes c’est qu’elles ont mis à nu, montré sinon démontré (puisqu’il s’agit avant tout de faire illusion, de créer un paysage comme dans les villages Potemkine) l’hypocrisie, les mensonges, de la presse-Pravda.

Par là, ces révoltes ont, en un certain sens, grippé le système (la machinerie)“virtualiste” qui porte ces médias-Pravda autant qu’ils le développent.

Ainsi, plus les mensonges, les manipulations des médias-Pravda seront médiatisés moins ils auront de crédibilité, de force pour déployer la “narrative” faussaire, publicitaire qui sert d’explication du monde - qui est le coeur du problème à mon sens.

A ce titre un article pertinent de Ignacio Ramonet, journaliste, directeur du Monde Diplomatique en Espagne :

————

TUNISIE, ÉGYPTE, MAROC

Ces « dictatures amies »

Une dictature, la Tunisie ? L’Egypte, une dictature ? En voyant les médias se gargariser maintenant du mot “dictature” appliqué à la Tunisie de Ben Ali et à l’Egypte de Moubarak, les Français ont dû se demander s’ils avaient bien entendu ou bien lu. Ces mêmes médias et ces mêmes journalistes n’avaient-ils pas, durant des décennies, martelé que ces deux “pays amis” étaient des “Etats modérés” ? Le vilain mot de “dictature”, dans le monde arabo-musulman, n’était-il pas exclusivement réservé (après la destruction de l’ “effroyable tyrannie” de Saddam Hussein en Irak) au seul régime iranien ? Comment ? Il y avait donc d’autres dictatures dans cette région ? Et nos médias, dans notre exemplaire démocratie, nous l’auraient-ils caché ?

Voilà, en tout cas, un premier dessillement que nous devons au peuple révolté de Tunis. Sa prodigieuse victoire a libéré les Européens de la “rhétorique d’hypocrisie et de dissimulation” en vigueur dans nos chancelleries et nos médias. Contraints de mettre bas les masques, ceux-ci font semblant de découvrir ce que nous savions depuis longtemps [1], que les “dictatures amies” ne sont que cela : des régimes d’oppression. En la matière, les médias n’ont fait que suivre la “ligne officielle” : fermer les yeux ou regarder ailleurs confirmant l’idée que la presse n’est libre qu’envers les faibles et les gens isolés. Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas eu l’aplomb d’affirmer, à propos du système mafieux du clan Ben Ali-Trabelsi, qu’en Tunisie, “il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure” ?

“Nous n’avions pas pris la juste mesure…” En 23 ans… Malgré la présence sur place de services diplomatiques plus prolifiques que ceux de n’importe quel autre pays du monde… Malgré la collaboration dans tous les domaines de la sécurité (police, gendarmerie, renseignement…). Malgré les séjours réguliers de hauts responsables politiques et médiatiques qui y ont établi, de façon décomplexée, leur lieu de villégiature [2]... Malgré la présence en France de dirigeants exilés de l’opposition tunisienne maintenus à l’écart, comme des pestiférés, par les autorités françaises et quasiment interdits d’accès, pendant des décennies, aux grands médias… Ruine de la démocratie.

En vérité, ces régimes autoritaires ont été (et continuent d’être) complaisamment protégés par les démocraties européennes au mépris de leurs propres valeurs et au prétexte qu’ils constituaient des remparts contre l’islamisme radical [3]. Le même argument cynique utilisé, à l’époque de la guerre froide, par l’Occident pour soutenir des dictatures militaires en Europe (Espagne, Portugal, Grèce, Turquie) et en Amérique latine, en prétendant empêcher ainsi l’arrivée du communisme au pouvoir.

Quelle formidable leçon donnent les sociétés arabes révoltées à ceux qui, en Europe, ne les décrivaient qu’en termes manichéens : soit des masses dociles soumises à des satrapes orientaux corrompus, soit des foules hystériques possédées par le fanatisme religieux. Or voilà qu’elles surgissent soudain, sur les écrans de nos ordinateurs ou de nos téléviseurs (cf. l’admirable travail d’Al-Jazeera), préoccupées de progrès social, aucunement obsédées par la question religieuse, assoiffées de liberté, excédées par la corruption, détestant les inégalités et réclamant la démocratie pour tous, sans exclusives.

Loin des caricatures binaires, ces peuples ne constituent nullement une sorte d’ “exception arabe” mais apparaissent semblables, dans leurs aspirations politiques, au reste des sociétés urbaines modernes éclairées. Le tiers des Tunisiens et presqu’un quart des Egyptiens naviguent régulièrement sur Internet. Comme l’affirme Moulay Hicham El Alaoui : “Les nouveaux mouvements ne sont plus marqués par les anciens antagonismes comme l’anti-impérialisme, l’anti-colonialisme ou l’anti-sécularisme. Les manifestations de Tunis et du Caire ont été dépourvues de tout symbolisme religieux. C’est une rupture générationnelle qui réfute la thèse de l’exceptionnalisme arabe. De plus, ce sont les nouvelles technologies de communication de l’Internet qui animent ces mouvements. Ceux-ci proposent une nouvelle version de la société civile où le refus de l’autoritarisme va de pair avec le rejet de la corruption [4].”

Grâce notamment aux réseaux sociaux numériques, les sociétés, aussi bien en Tunisie qu’en Egypte, se sont mobilisées à très grande vitesse et ont pu bousculer les pouvoirs en un temps record. Avant même que les mouvements aient eu l’occasion de “mûrir” et de favoriser l’émergence en leur sein de dirigeants nouveaux. C’est une des rares fois où, sans leader, sans organisation dirigeante et sans programme, la simple dynamique de l’exaspération des masses a suffi à faire triompher une révolution.

C’est un instant fragile, et des puissances travaillent sans doute déjà, notamment en Égypte, à faire en sorte que “tout change pour que rien ne change”, selon le vieil adage du Guépard. Ces peuples qui conquièrent leurs libertés doivent garder à l’esprit l’avertissement de Balzac : “On tuera la presse comme on tue un peuple, en lui donnant la liberté [5].” Les “démocraties de surveillance” sont infiniment plus habiles à domestiquer, en toute légitimité, un peuple que les anciennes dictatures. Mais cela ne justifie en rien le maintien de celles-ci. Ni ne doit ternir l’ardeur de mettre à bas une tyrannie.

L’effondrement de la dictature tunisienne a été si rapide que les autres peuples maghrébins et arabes en ont conclu que ces autocraties - parmi les plus anciennes du monde - étaient en réalité profondément vermoulues, et n’étaient donc que des “tigres en papier”. La démonstration s’est encore vérifiée en Egypte.

D’où cette impressionnante levée des peuples arabes qui fait inévitablement penser à la grande floraison des révolutions à travers l’Europe de 1848, en Jordanie, au Yémen, en Algérie, en Syrie, en Arabie Saoudite, au Soudan et au Maroc.

Dans ce dernier pays, une monarchie absolue où le résultat des “élections” (toujours truquées) reste déterminé par le souverain qui désigne selon son bon vouloir les ministres dits « de souveraineté », quelques dizaines de familles proches du trône continuent d’accaparer les principales richesses [6]. Les câbles diffusés par WikiLeaks ont révélé que la corruption y atteignait des niveaux d’indécence faramineux, plus élevés que dans la Tunisie de Ben Ali, et que les réseaux mafieux conduisaient toujours au Palais. Un pays où la pratique de la torture est généralisée et le bâillonnement de la presse constant.

Pourtant, comme la Tunisie de Ben Ali, cette “dictature amie” bénéficie d’une très grande indulgence, dans nos médias et chez la plupart de nos responsables politiques [7]. Ceux-ci minimisent les signes qui montrent le début d’une “contagion” de la révolte. Déjà quatre personnes s’y sont immolées par le feu. Des manifestations de solidarité avec les révoltés de Tunisie et d’Egypte ont eu lieu à Tanger, à Fez et à Rabat [8]. Saisies de crainte, les autorités ont préventivement décidé de subventionner les denrées de première nécessité pour éviter des “révoltes du pain”. D’importants contingents de troupes auraient été retirées du Sahara Occidental et acheminées à la hâte vers Rabat et Casablanca. Le roi Mohammed VI et quelques collaborateurs se seraient spécialement déplacés en France, le week-end du 29 janvier, pour consulter des experts en matière de maintien de l’ordre du ministère français de l’Intérieur [9].

Même si les autorités démentent ces deux dernières informations, il est clair que la société marocaine suit avec exaltation les événements de Tunisie et d’Egypte. Prête à rejoindre l’élan de ferveur révolutionnaire pour briser enfin le carcan féodal. Et à demander des comptes à tous ceux qui, en Europe, pendant des décennies, furent les complices des “dictatures amies”.

Notes
[1]  Lire, par exemple, Jacqueline Boucher, “La société tunisienne privée de parole”, et Ignacio Ramonet, “Main de fer en Tunisie”, Le Monde diplomatique, respectivement février 1996 et juillet 1996.

[2]  Alors que Mohammed Bouazizi s’était immolé par le feu dès le 17 décembre 2010, que l’insurrection gagnait l’ensemble du pays et que des dizaines de Tunisiens révoltés continuaient de tomber sous les balles de la répression bénaliste, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, et la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, trouvaient parfaitement normal d’aller fêter allégrement le réveillon en Tunisie.

[3]  En même temps, et sans apparemment mesurer la contradiction, Washington et ses alliés européens soutiennent le régime théocratique et tyrannique de l’Arabie Saoudite, principal foyer officiel de l’islamisme le plus obscurantiste et le plus expansionniste.

[4]  http://www.medelu.org/spip.php ?article710

[5]  Honoré de Balzac, Monographie de la presse parisienne, Paris, 1843.

[6]  Lire Ignacio Ramonet, “La poudrière Maroc”, Mémoire des luttes, septembre 2008.
http://www.medelu.org/spip.php ?article111

[7]  De Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, en passant par Dominique Strauss-Kahn qui possède un “ryad” à Marrakech, des dirigeants politiques français n’ont eu aucun scrupule à séjourner dans cette “dictature amie” durant les récentes vacances de fin d’année.

[8]  El País, 30 janvier 2011
http://www.elpais.com/../Manifestaciones/Tanger/Rabat

[9]  Lire País, 30 janvier 2011 http://www.elpais.com/..Mohamed/VI/va/vacaciones..
et Pierre Haski, “Le discret voyage du roi du Maroc dans son château de l’Oise”, Rue89, 29 janvier 2011.
http://www.rue89.com/..le-roi-du-maroc-en-voyage-discret…188096

http://www.medelu.org/spip.php?article713

Lié à "l'effondrement du système en mode turbo"

Article lié : Comment neutraliser l'Internet?

Jean-Claude HENRY

  27/02/2011

Voici une excellente analyse de Jean-Claude Périvier cueillie dans “La chronique Agora” de ce jour.


[ … ] La réalité, c’est que nous vivons la fin d’un monde. Celle-ci n’est pas soudaine comme un tremblement de terre ou un cyclone, même si elle est aussi brutale. Elle s’étale sur plusieurs années, ce qui la rend insidieuse. C’est une révolution de nos manières de vivre, ce qui ne serait pas si grave si elle n’était accompagnée d’une révolution de nos valeurs et de nos manières de nous comporter, de penser. Nous gardons encore la tête dans le monde précédent qui nous a façonnés. Et personne ne sait, bien entendu, dans quelle société nous vivrons à l’issue de cette révolution, dont aucun “expert”, aucun gouvernement ne peut fixer l’échéance.

Bill Bonner compare souvent notre époque à la fin de l’Empire romain. S’il a raison - et tout porte à croire que oui -, la crise est une mue, et va s’étirer sur des décennies. Peut-être plus… C’est à un changement de domination du monde que nous assistons.

La belle histoire du modèle occidental

L’Histoire nous éclaire pourtant de manière lumineuse. Allez, faites comme moi, regardez un peu dans le rétroviseur :

Il faudra environ 500 ans entre la fin de l’Empire romain et l’établissement d’une féodalité structurée. Grâce à celle-ci, une économie marchande se développe en Europe.
Encore 500 ans, et une nouvelle révolution arrive avec l’imprimerie (la communication, déjà !) et les grandes découvertes, donnant un nouvel élan au commerce.
Encore un peu moins de 300 ans et c’est la Révolution française, une révolution des valeurs morales autant qu’une révolution politique qui entraîne l’Europe…
Et très vite suivie d’une révolution économique dite “industrielle” avec l’utilisation de la vapeur et les débuts de la mécanisation. L’Occident se plaît à affirmer des valeurs nouvelles comme les Droits de l’homme, le droit à la propriété, la souveraineté des nations.
Un siècle de plus, et l’automobile, l’aviation, l’électricité, l’atome, changent complètement nos conditions de vie, nos habitudes, nos façons de penser.
Encore 60 ans environ, et c’est la révolution Internet.

Vous l’avez remarqué, au cours de ce survol, tout s’accélère. A chaque fois, des métiers ont disparu, des populations ont subi la brutalité du changement, des peuples se sont déplacés par la force des choses ou à la recherche d’un monde meilleur. Les guerres, intercalées entre les crises plus ou moins profondes, se sont révélées être des facteurs d’accélération de croissance et de progrès. Mais pendant toute cette histoire, c’est le modèle occidental qui a dominé—aussi bien moralement qu’économiquement. En dépit des drames à répétition (guerres, génocides, accidents), les Occidentaux ont largement bénéficié de cette évolution, sous le regard étonné ou envieux des autres continents.
Grâce (à cause des ?) aux progrès économiques, les changements sociaux qui se sont produits au cours des deux derniers siècles ont été considérables. Le niveau de vie s’est très largement amélioré, pour tous. Une civilisation des loisirs s’est imposée avec la satisfaction des revendications des salariés à partager les fruits de la croissance. Un bouleversement des valeurs a accompagné la réorganisation de la société en une nouvelle hiérarchie de groupes sociaux, tandis que l’individualisme s’installe—souvent doublé d’égoïsme. Mais c’est une autre histoire… Aujourd’hui, un nouveau changement s’opère, mais pas chez nous.

Dérive des comportements et piège diabolique

De progrès en progrès, les Occidentaux en sont arrivés à considérer que leur style de vie était la norme, un acquis indestructible, une sorte d’état naturel—oubliant que les 2 000 ans d’Histoire sont jalonnés d’efforts, de souffrance, de drames, de tragédies.
De la sûreté de soi à l’arrogance, il n’y a qu’un pas vite franchi. Vivant dans une société basée sur les services, l’Occidental veut être servi, tout lui est dû, et tout de suite car il a la conviction de payer pour ça. Devenu consommateur frénétique de choses comme d’idées, toutes se succèdent à un rythme effréné. “Tout passe, tout lasse, tout casse”, mais pourvu que ce soit vite. Nous sommes au royaume de l’éphémère. Tout est consommable, tout est jetable. C’est un des éléments très importants que vous devez prendre en compte en matière d’investissement.

Comme tout va plus vite, l’individu, affirmant son libre arbitre en tout domaine, devient par nécessité migrant ou nomade, ce à quoi il est encouragé par les outils technologiques modernes. En Occident, on en est fier, car l’on pense que c’est une manifestation de liberté et de démocratie. C’est également une tendance majeure qui infléchit nos investissements.
Comme pour les Romains du cinquième siècle, l’avachissement, la veulerie, la recherche de la jouissance permanente, l’hédonisme exacerbé, emportent tout sur leur passage, d’autant que la classe politique y participe comme pour masquer son impuissance et son manque de tribuns.

[...] Profiter en échange de rien, vivre à crédit, est devenu un réflexe. La fuite en avant—qui consiste à distribuer ce que l’on n’a pas et que l’on emprunte—, a certes permis d’acheter la paix sociale pendant longtemps, mais le réveil est douloureux pour tout le monde lorsque le robinet se ferme. A l’aune des bonus mirobolants, les banquiers de toutes sortes se tendent à eux-mêmes ainsi qu’à tous les autres, le piège diabolique de l’excès de dette, fruit du cynisme de l’époque et de la cupidité ambiante. Et comme toujours, les aigrefins rôdent…
Comme toujours, on cherche des coupables. Alan Greenspan ? Goldman Sachs ? Les banques ? Oui, le monde de la finance s’est pris pour une industrie à part entière, oubliant que son rôle était de recevoir des dépôts et de faire des prêts appropriés aux acteurs de l’économie. Point barre… Mais tout cela n’aurait pas été possible sans les défaillances morales et sociétales évoquées plus haut.

“Les caves se rebiffent”

Et soudain, confortablement installés dans cette dynamique, voilà que la mécanique se grippe. On s’émeut que notre chère croissance se fonde sur l’utilisation massive des ressources naturelles jusqu’à épuisement. La nature, bousculée, saccagée, semble se rebiffer par une modification du climat aux conséquences inquiétantes et parfois déjà dramatiques. On réalise que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir notre part de gâteau, de profits, de plaisir.

Pour couronner le tout, voilà que les peuples du Reste du Monde, jusque-là ignorés, se mettent en tête de rejoindre le même mode de vie. Voilà qu’ils sont toujours de plus en plus nombreux. Sur le compteur de l’INED, c’est 150 habitants du monde en plus à chaque minute, principalement nés dans ces pays. Pendant que l’Occident se gorge de plaisirs, ils travaillent comme en Europe il y a deux siècles, sans protection sociale décente, mais avec pour seules vertus le courage, l’épargne, et l’ambition.

Dans l’ombre, sans bruit, en quelques décennies, ils ont effectué les travaux délaissés par l’Occident et constitué un trésor de guerre à ses dépens. L’Occidental médusé découvre alors que ses propres crédits lui sont souvent consentis par ces peuples lointains !

Les repères s’effacent, la boussole s’affole

Les repères disparaissent, les valeurs traditionnelles s’estompent, on ne produit plus de la même manière, on pense autrement, on doute là où on croyait. Et l’Histoire nous apprend que les longues périodes de grandes mutations se sont souvent accompagnées de guerres.

Notre monde, qui paraissait tellement solide qu’il aurait dû être éternel, se délite lentement sous nos yeux, avec des accélérations inattendues. Les illusions ont encore du mal à se dissiper. La rage et le désespoir s’empare des plus fragiles, qui se révoltent contre ce qu’ils ressentent comme une injustice : quoi ! à peine pris l’ascenseur social, il faut envisager de redescendre ? D’autres succombent à la nostalgie des années 70, 60 ou 50.

Dans le même temps, les hommes voyagent, se mélangent, s’interconnectent dans des proportions inimaginables il y a encore peu de temps. Pourtant, tout cela était en germe quand le premier homme a marché sur la Lune, grâce aux ordinateurs et à la technologie—mais nous ne nous en rendions pas compte. Certains s’en enthousiasment, mais pas tous. Un plus grand nombre s’angoisse devant l’avenir qui bien sûr, est incertain… comme il l’a toujours été, en réalité.

Autre tendance qui émerge de ces nouvelles sociétés : les réseaux sociaux se multiplient, alors que la solitude est toujours plus grande dans les pays développés. Du coup, on se tourne vers les ONG—ces bons samaritains des temps modernes—ou vers ces organisations supra-nationales longtemps honnies (ONU, FMI, Banque mondiale, G8, G20…) comme vers des sauveurs de ce qui peut encore l’être. Pendant toute cette évolution, du moins sur la période récente où les économistes ont pu tenir des statistiques, un concept revient sans arrêt, nous l’avons vu : celui de la croissance.

Selon la Banque des Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales, la croissance était nulle jusqu’à la révolution de l’imprimerie. Il y avait simplement des années bonnes ou mauvaises dans un monde agricole et artisanal. Ensuite, jusqu’à la Révolution française, elle aurait été très faible, de l’ordre de 0,1% par an ! C’est la révolution industrielle qui suscite des taux de croissance comparables à ceux mesurés au XXe siècle.

La croissance de l’Europe occidentale entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et 1973 (les Trente Glorieuses) était exceptionnelle. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la croissance des pays européens a été plus rapide que celle des autres pays du monde, en particulier sur cette période, comme cela s’était déjà produit au moment de la Révolution industrielle. Mais sans que nous nous en rendions compte, le témoin a été récemment transmis à d’autres acteurs du monde qui ont pris le relais.

Excellent, ce mouvement Uncut

Article lié : Uncut, une special relationships contre les banques

Jean-Paul Baquiast

  26/02/2011

Merci d’avoir signalé la chose à l’attention des Français qui n’y avaient peut être pas encore prêté assez d’attention. Je vais répercuter, afin de propagation virale

L'effonderment du système en mode turbo

Article lié : L’effondrement du Système en mode turbo

Jean-Claude HENRY

  26/02/2011

Je suis globalement d’accord avec les idées exprimées par Pierre VAUDAN. J’y mettrais néanmoins quelques bémols : on ne peut pas parler globalement de “banksters”, car les pratique frauduleuses ainsi dénoncées ne concernent qu’une partie du système bancaire, essentiellement sa version étatsunienne. De même, la “voracité des actionnaires” concerne essentiellement les fonds de pensions et autres hedgs funds ; sinon, il faudrait également parler du “vampirisme” des détenteurs de livrets A qui sont rémunérés par les loyers des HLM. L’actionnaire moyen, du moins en France, n’est qu’un petit porteur sans influence sur les décisions qui sont prises par des dirigeants, minoritaires en valeur absolue. Si ces dirigeants sont des industriels, ils gèrent de manière beaucoup moins brutale que les hedge funds, car leur but n’est pas de produire de l’enrichissement sans cause (en principe), mais de développer leurs entreprises.

Julian Assange et autant de cerveaux disponibles / occupés

Article lié : Julian Assange et la contraction du temps

Vincent .

  26/02/2011

Je rejoins l’idée de Serge.

l'histoire longue?: Fernand Braudel!

Article lié : La mémoire longue de Tom Engelhardt

Franck du Faubourg

  26/02/2011

Impossible de ne pas citer Fernand Braudel, en miroir “français” de l’excellente analyse de Tom Engelhardt .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Braudel
Un blog piquant d’une lecture de l’actualité vu à travers le prisme braudélien; celui de Patrick Reymond:
http://lachute.over-blog.com/
Accessoirement, il fait régulièrement des liens avec dedefensa.org.. c’est un bon signe!

Parallèlement, il semble y avoir de plus en plus de liens , plus exactement d’intégration de recherches et de réflexions mutuelles sur une part croissante de blogs et sites “dissidents”, dont les spécialités initiales étaient au départ très différentes, les blogs éco, ou financiers adoptent les analyses historiques - ou politiques, et réciproquement…
Les Max Keiser, Tyler Durden (zerohedge) et tant d’autres - je pense en particulier à  http://www.courtier-or.fr/int/ , très belles analyses-  font échos aux Meyssan, Antiwar.com,Alex Jones etc..
..sans oublier dedefensa, pour la vision “haute”!
Alors synthèse de la vraie Histoire en réseau ?

Saint Assange & temps médiatique

Article lié : Julian Assange et la contraction du temps

Serge LEFORT

  26/02/2011

Deux remarques :

• Présenter Assange comme un héros anti-système relève de la démagogie. L’entreprise Wikileaks est au contraire le triomphe du système médiatique (http://mondeenquestion.wordpress.com/2010/12/03/wikileaks-ou-le-triomphe-de-la-mediacratie/).

• Pour beaucoup de raisons, les médias fonctionnent dans le temps court (sans mémoire). C’est un système an-historique de l’instant - une “nouvelle” chassant l’autre.
Lire : ARQUEMBOURG-MOREAU Jocelyne, Le temps des événements médiatiques, De Boeck, 2003 (http://books.google.com/books?id=HU4EMK5n1rEC).

Comment définir la crise ?

Article lié : De la “chaîne crisique” au “temps crisique”

Jean-Paul Baquiast

  25/02/2011

Je vous suis très volontiers dans la production de concepts étendant le concept de crise, chaine crisique, temps crisique, crise eschatologique…Je vais vous les emprunter à l’occasion, si vous voulez bien.
Je me demande cependant s’il ne faut pas revenir sur le concept de crise. Qu’entend-on par là? Si je comprend bien, il s’agit pour vous d’une suite d’évènements (de plus en plus liés et dramatiques, certes) échappant au contrôle (au prétendu contrôle) de l’homo sapiens. Il s’agit d’évènements intéressant en priorité le Système anthropotechnique global, puisque l’on ne pourrait dans cette optique qualifier de crise la chute toujours possible d’un astéroïde, aussi destructrice soit-elle.
Ceci nous ramène à la suggestion que j’avais faite et à laquelle je crois cher Philippe que vous avez souscrite. Les systèmes anthropotechniques obéissent à des déterminismes complexes que la raison humaine ne peut que constater (et encore) qu’à posteriori.
Dans cette perspective, on pourrait nommer crise, y compris eschatologique, l’incapacité de la prétendue rationalité scientifique actuelle à pouvoir   analyser de façon suffisamment globale des chaines de phénomènes qu’elle n’est même pas capable d’observer en temps utile. Mais les phénomènes eux-mêmes ne sont pas des facteurs de crise. Ils sont, point final.

Une étape dans la vie du contrat KC-x, et d'EADS.

Article lié : KC-X, le contrat qui volait de ses propres ailes

GEO

  25/02/2011

http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/EADS-perd-l-enorme-marche-americain-des-ravitailleurs-actualise_a143.html

(..........)

Coup dur pour EADS et pour l’Europe : le marché des avions ravitailleurs de l’US Air force revient à Boeing (avec son 767) et non au constructeur européen qui proposait une version modifiée (KC-45) de l’Airbus A 330. C’est ce que vient de décider le Pentagone au terme d’une compétition ouverte depuis près de dix ans. Le contrat d’un montant estimé à 35 milliards de dollars porte sur 179 appareils.

(......)

Fin de partie ? Le choix du Pentagone peut encore faire l’objet de recours.

(.....)

Le moteur à explosion du monde.

Article lié : En attendant l’Arabie…

waccsa

  25/02/2011

En ajoutant que l’Iran lui-même, gros producteur de brut et de gaz, pourrait bien vivre des troubles graves dans un avenir proche, du fait notamment de la situation économique de la population, le tableau est asssez sombre.

Les réserves d’hydrocarbures au large du Levant risquent de devenir un objet de convoitise irrésistible.
http://www.voltairenet.org/article168057.html