Laurent Caillette
18/05/2011
Coup monté ou coup de quéquette de travers ? Envisageons un instant Strauss-Kahn coupable des faits reprochés. Dans un état qui fonctionne normalement, le chef de la police de New York, aussitôt informé de l’identité du prévenu, en aurait référé à sa hiérarchie et on lui aurait poliment intimé de donner une publicité minimale à cette affaire, et d’encourager par des moyens adéquats une conciliation entre les deux parties. Le maintien de l’ordre, c’est l’âme et le fondement de la fonction policière et il ne saurait y avoir d’ordre si la vie privée du président du FMI ne demeure pas une affaire privée, y compris et notamment dans ses détails les plus sordides. Donc l’éventuelle culpabilité de Strauss-Kahn, à travers la publicité qui lui est faite, révèle un profond dysnfonctionnement des USA.
L’hypothèse du coup monté ne vaut guère mieux. Certes, avec ses envies de réorientation du FMI, Strauss-Kahn a pu chatouiller quelques susceptibilités. Qu’on lui règle son compte est une chose, mais que ça se fasse entre gens bien élevés. Là c’est du niveau de la Mafia et ses casseurs de jambes.
Dans tous les cas on est frappé par ce total dédain pour la fonction, pour l’image projetée à l’extérieur du pays. Derrière cette caricature de justice—alors le gouvernement des USA compte un nombre impressionnant de criminels de guerre et de criminels contre l’humanité—le message passé aux dirigeants des autres pays, c’est celui d’un pays où des factions assoiffées de pouvoir ne s’embarrassent plus de respecter la hauteur de telle ou telle personne ou institution de la scène internationale. Étape suivante : laisser des traces de coups sur le visage.
Que les faits se déroulent sous un voile (ténu) de justice suffit à mystifier les élites françaises, pour qui les USA demeurent le réceptacle de tous les fantasme de justice inarrêtable et de cohésion sans faille. Pourtant, la mise en cause d’une personnalité du rang de Strauss-Kahn révèle surtout l’effritement des principes intangibles sur lesquels repose la solidarité de caste.
Fabrice
18/05/2011
Imaginons un instant qu’un pays allié des USA ait capturé Ben Laden. Ce pays là aurait été dans la situation de devoir livrer un “criminel” à un autre pays tout en sachant que les criminels labellisé comme “terroriste” dans ce pays pouvaient être torturés…
Un dangereux précédent dans lequel ils auraient sautés à pied joints (heureusement que Sarkozy ne nous a pas fait ce coup de Com…)
Dominique Larchey-Wendling
18/05/2011
Il y a un autre article qui est très très bon :
Sybille
17/05/2011
Suite au commentaire de dontacte, je trouve au contraire que la rigueur n’était pas de mise dans cet exercice et ce qui me frappe ici - parce que ce n’est pas fréquent sous votre plume -c’est la séquence empathique qui renforce ce que vous appelez votre intuition haute: En même temps, etc…
J’ai vécu cette séquence comme vous la décrivez avec ce même vertige face à la vitesse des évènements qui s’enchaînent et se bousculent sans répit, avec cette même dualité des sentiments, avec cette même perplexité devant l’absence de sens et finalement cet obscur arrière gout de nausée qui me submerge désormais à chaque fois que se présente un nouveau symptôme de la déliquescence du système.
Signe des temps, il est intéressant d’observer que la liaison improbable entre cette Affaire et la Folie du système est approchée dans plusieurs autres billets: Kempf http://appeldefukushima.wordpress.com/2011/05/17/hubris-lubrique/ et Jorion par exemple http://www.pauljorion.com/blog/?p=24399
Xavier de LACAZE
17/05/2011
Dans notre précédent texte ou notre commentaire sur ce forum, lorsque nous parlons de “notre prochaine intervention”, nous faisons un abus de langage qui conduit à une inexactitude. Il va sans dire que toutes nos interventions ici sont conditionnées par notre hôte et qu’ainsi il n’est pas possible, à priori, de parler de “notre prochaine intervention” comme si celle-ci était acquise. C’est là une erreur que nous nous devions de rectifier par respect pour les rédacteurs et les lecteurs de dedefensa.
LB
17/05/2011
Vaste - voire immense - la réalité est - dans son détail bien plus grande que ce que je ne peux englober - il faut donc passer à un stade supérieur - bien sur que c’est un artifice ! - pour qui me prenez vous ! - salutaire - le système n’est rien - un tigre de papier - c’est moi - c’est toi - certes - trop facilement incohérent - ceci ne peut être le fond de l’analyse - c’est facile - la grandeur et touça - ne pas perdre son temps - bien sur que l’homme est bête - bien sur que je suis bête.
jarrête le suspens - oui - je suis faillible - oui je suis certainement petit - oui je subis un système que je crée car je ne sais pas gérer le grand nombre - oui je suis dépassé - les rétroactions, les boucles - oui je suis sous calibré.
mais j’espère - je lutte - je me bats - et par là je tente la rédemption - j’essaye - j’échouerai peut etre - les alternatives sont elles si claires ? - je me bats, je me bats, je me bats, depuis quelques milliers d’années. certains jours je vois ma fin.
un guerrier - holocauste sous les étoiles muettes - certitude de la mort - mais combat volontaire - je m’excuse mais je le trouve beau. vaillant. courageux.
la valeur de ce combat muet - me prends au tripe - je me redresse - il est désespéré ? - mais alors c’est noble ? non ?
quel combat ! - la faiblesse contre la matière - je perds non ?
si je vise la lune - j’échouerai en n’atteignant que les étoiles ?
je ne regrette qu’une chose - ne pas être seul dans mon combat - tant d’êtres m’accompagnent - mes amis je ne souhaite pas que vous accompagniez ma folie, mon combat.
ma vie n’est pas longue mais je souhaite qu’elle soit vaillante et énergique - j’espère ne pas faire trop de dégâts.
Francis Lambert
17/05/2011
Par Jean-François Lisée, directeur du Centre d’études et de recherches internationales de l’université de Montréal
▪ “On pense à la campagne de Bill Clinton où une équipe avait été désignée pour gérer les « Bimbo Alerts » l’irruption dans les médias d’ex-conquêtes, volontaires ou non. Aujourd’hui, plus besoin d’équipe de « Bimbo Alert » !
Hors jeu, DSK emporte avec lui le suspense, le danger, le plus terrible qui planait sur la campagne socialiste à venir.”
▪ Jusqu’à hier, l’énorme ombre portée par l’inévitabilité de la victoire de DSK menaçait de confisquer à la gauche la tenue d’un vrai débat entre candidat à la candidature, d’un réel examen des projets et des programmes.
Leur chef désigné étant désormais en taule, les socialistes français sont libérés.
http://www.rue89.com/2011/05/17/vu-du-quebec-dsk-en-taule-la-gauche-francaise-est-liberee-204201
Un nouveau lecteur
17/05/2011
Merci pour ce texte, qui est bien le seul article intéressant que j’ai pu lire sur cette dramatique affaire.
Il resume bien la complexité de ce “système” que nous devons supporter… Dans tous les sens du terme bien sur.
dont acte
17/05/2011
Nous vous avons connu plus rigoureux et maître de vous.
Néanmoins, félicitations pour votre action citoyenne et intellectuelle.
Antoine G.
17/05/2011
Concernant les “complotistes”, non seulement cette affaire ruine une bonne partie de leurs raisonnements (DSK juif sioniste arrêté en plein centre de l’empire omniscient et omnipotent, jamais ils n’auraient pu accepter cette idée), mais en plus elle révèle leur caractère profondément idéologique : eux qui voient des complots partout n’en trouvent pas ici, alors que l’affaire est quand même assez louche, et même réfutent les théories qui se font jour, tout simplement parce que DSK n’a pas les caractéristiques d’une victime mais d’un agresseur dans leur conception du monde. Où est passée la passion pour la vérité dont ils se revendiquent?
D’un autre côté les médias d’habitude si sceptiques n’hésitent pas à publier sur leur site une théorie du complot pourtant absurde (le tweet d’un militant UMP qui aurait été au courant de l’affaire et l’aurait révélé trop tôt).
Au final il n’y a guère que sur dedefensa qu’on essaye d’élever son regard pour ne pas tomber dans les pièges inhérents à l’analyse factuelle.
A.G.
17/05/2011
Je me sens moins seul maintenant face à ce déchainement de contradictions où l’on ne sait plus quoi penser ...
Seb Per
17/05/2011
Bonjour
Il est vrai que la coincidence de la chute de DSK avec l’arrivée lundi 17, de l’endettement des USA au niveau maximal autorisé par le Congress, ce qui pose un grave problème au système financier américain et de là au système financier mondial pose question.
Mais je ne pense pas qu’en faisant chuter un homme, on fasse chuter par la même occasion une équipe, une pensée, et une action. Les systèmes d’information réelle (vous savez, ceux qui sont dévoilés par wikileaks) fonctionnent bien, et très rapidement, les principaux exécutifs européens auraient su ce qui se trame, et auraient adopté des mesures de protection contre cette attaque contre leur pérennité financière.
Je pense que des esprits américains auraient fait la même analyse et auraient conclu à l’inefficacité d’un tel plan.
D’autre part, le problème du gouvernement des USA n’est pas tant le FMI que leur majorité actuelle au Congress. Elle souhaite les empecher de continuer de créer de l’endettement pour faire face aux dépenses grandissantes. Elle aurait donc intérêt à tenter de dézinguer - pour reprendre votre terme- Boehner et sa clique au Congress.
En revanche, il y a des acteurs qui eux peuvent être génés et terriblement par les décisions du FMI : ce sont les grandes banques d’investissement internationaux. Si DSK et son équipe avaient entamé ou programmé un nettoyage en règle des agissements quasi-criminels de certaines d’entre elles, les acculant dans des positions intenables, et indéfendables par leurs Etats d’origine, alors là oui, il y a clairement un motif de dézingage.
Soufiane T.
17/05/2011
Il peut tout simplement être tordu. Il n’est pas forcément plus gratifiant d’aller payer une professionnelle une fortune lorsqu’on peut profiter de son statut pour étouffer des affaires, d’autant qu’il ne semble pas être à sa première fois.
Dans ce genre de bas instincts, l’auto-gratification joue une place primordiale. Et tout le monde connait la taille de l’égo du “socialiste” DSK.
Francis Lambert
17/05/2011
▪ Ce que les marchés savent déjà, cest que le rapport de force vient de basculer entre la France et lAllemagne dans les négociations visant au renflouement de la Grèce, du Portugal et de lIrlande.
Limplication du FMI (et de son patron) constituait la clé de voûte des divers plans de sauvetage à létude, dont certaines grandes lignes devaient être adoptées dès ce lundi 16 mai à Berlin.
La France vient de perdre une pièce maîtresse dans le dossier grec. Ce qui est probablement pire alors que J.-C. Trichet achève son mandat fin octobre , cest quelle a également perdu la possibilité de placer un représentant influent à la tête dune grande institution financière internationale avant très longtemps.
http://la-chronique-agora.com/dsk-scenario-mediatico-judiciaire-viole-presomption-innocence/
Merveilleux comme tous ces politiciens ignorent les crashs à venir, prévus, sinon organisés par les banksters qu’ils représentent ... pour nous refaire incessamment le coup de la surprise, de la “SIDERATION” !
Ca vaut bien la peine d’avoir une histoire “millénaire” pour être “sidéré” comme un débutant. On se croit revenu en 1940 où après 6 mois de guerre (et pas la première) ... la glorieuse Nation était tout autant “sidérée”.
Actuellement le stock des “sidérations” n’arrête plus d’enfler.
Jean Lemoine
17/05/2011
À noter que Donald Trump s’est également retiré de la course depuis.
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