jc
10/06/2024
"La grande « guerre sainte », c’est la lutte de l’homme contre les
ennemis qu’il porte en lui-même, c’est-à-dire contre tous les éléments qui, en lui, sont contraires à l’ordre et à l’unité. Il ne s’agit pas, d’ailleurs, d’anéantir ces éléments, qui, comme tout ce qui existe, ont aussi leur raison d’être et leur place dans l’ensemble ; il s’agit plutôt, comme nous le disions tout à l’heure, de les « transformer » en les ramenant à l’unité, en les y résorbant en quelque sorte. L’homme doit tendre avant tout et constamment à réaliser l’unité en lui-même, dans tout ce qui le constitue, selon toutes les modalités de sa manifestation humaine : unité de la pensée, unité de l’action, et aussi, ce qui est peut-être le plus difficile, unité entre la pensée et l’action."
J'ai trouvé ça là où je ne l'attendais pas, à savoir dans le chaptre VIII de "Le symbolisme de la croix" intitulé "La guerre et la paix" (tout-à-fait d'actualité), chapitre que je n'avais jamais lu :
"quand toutes choses sont ramenées à l’unité, cette unité apparaît dans toutes choses, qui, bien loin de cesser d’exister, acquièrent au contraire par là, la plénitude de la réalité. C’est ainsi que s’unissent indivisiblement les deux points de vue complémentaires de « l’unité dans la multiplicité et la multiplicité dans « l’unité » ".
http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/Symbolisme_de_la_Croix/Symbolisme_de_la_Croix.html
jc
09/06/2024
Bernard Lugan : "Ici et là, référence est donc faite à l’identité, ce qui annonce le triomphe de l’ethno-différentialisme sur les nuées de l’universalisme."
Je trouve que Lugan va un peu vite (*). Pour moi ce n'est pas l'universalisme qui est en cause, c'est le globalisme du règne de la quantité voulu par le "grand capital".
Il faudra bien retrouver une nouvelle unité pour cette renaissante diversité.
(*) Et Douguine également : https://www.dedefensa.org/article/traditionalistes-de-tous-les-pays-unissez-vous
jc
07/06/2024
Grothendieck (La clef des songes) : ... « Jamais autant que ces derniers jours, je n’ai été sous cette impression étrange et parfois déroutante que le « contrôle » de l’écriture de ce livre m’échappe de quelque mystérieuse façon. Pourtant je peine et je m’escrime, et bien souvent aussi je pose pour me sonder sur les choses que je suis en train de regarder et sur la façon d’exprimer ceci ou cela, ou sur le nom à donner à telle ou telle section ou à telle note ou à tel chapitre et sur la façon de faire le découpage en chapitres.
(...)
Hier, en relisant les sections du présent chapitre, j’ai été saisi par ce sentiment avec une force irrésistible, bouleversante. Ce n’était pas moi qui avais écrit ces pages que j’étais en train de lire comme si je les voyais pour la première fois et comme si elles étaient d’un autre, avec une intensité d’attention pourtant qui n’apparaît pourtant qu’en présence d’une œuvre intimement proche, à laquelle on se sent profondément relié. Intimement proche, oui, mais en même temps je savais parfaitement que j’aurais été incapable d’écrire ces pages. De le sentir avec cette intensité, avec cette acuité parfaite, avec un tel caractère d’évidence qui balaye et réduit à l’insignifiance cette autre évidence superficielle (que c’était pourtant bien moi qui venais de m’escrimer dessus à longueur de jours et de semaines)- cette connaissance qui m’a envahi soudain a fait monter avec elle une vague de joie émue – une jubilation telle qu’elle débordait de toutes parts de ma petite personne. C’était la joie toujours imprévue, toujours nouvelle, de la rencontre soudaine avec Celui qui aime tant à se cacher- et qui parfois a l’air de se cacher si bien et avec une telle persistance qu’on en viendrait à se demander s’il existe Bel et bien, et si on ne L’a pas rêvé."
Grasset ("La Grâce de l'Histoire", tome III) :
« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou.
(...)
"Je m’étonne dans ce même instant où j’écris ces phrases, d’avoir l’audace de les écrire, et d’avoir la certitude, plus tard et selon des circonstances qui ne sont pas de mon ressort, de les relire sans que l’effroi s’empare de moi et fasse résonner dans ma tête cet avertissement du quotidien et du commerce des sarcasmes des ombres peuplant cette postmodernité : “Mais tu es fou d’écrire cela, mais tu es fou, pour qui te prends-tu ? ...” Seule m’importera alors, les relisant plus tard, leur conformité à cette voix qui roule en-dedans moi, venue d’on ne sait où sinon qu’il s’agit d’une position de grande hauteur, et qui ne souffre rien de ces hésitations et de ces interrogations qui continuent à me guetter, à mon prochain faux-pas. La raison du plus froid aura conclu “encore un qui entend des voix” "
mumen
06/06/2024
Que voici un excellent contrepoint à mon commentaire déprimé d’il y a quelques heures. Quand elle fait joliment vibrer la corde ontologique entre ses tensions, comme ici, la déconstruction atteint parfois les sommets de la nudité du Roi difforme, aux habits en lambeaux à ses pieds, qui se voit dans le miroir, s’étonne et geint : « mais pourquoi êtes-vous si méchants avec moi ? »
À propos d’ontologie, celle qui cherche le bon mot, qui n’est pas toujours d’esprit, mais qu’une certaine réjouissance habille parfois d’humour, j’ai beaucoup apprécié vos derniers traits, celui en particulier de la « fake-joke » tout à fait appropriée. La « pensée magique » est moins originale, mais elle met tout autant au bon site ce qu’elle désigne. Par contre, je bloque au « Satan » de Douguine, non qu’il soit erroné en soi, mais en ce qu’il se connote d’un fatalisme ramenant… à la dépression ! Ce ne sont que des Hommes, pas des anges déchus. Je sais que je vais être choquant, mais il ne faut jamais baisser les bras d’avance : ils peuvent être guéris. La moins mauvaise expression à ma portée, c’est « psychopathes », point barre. Si vous avez mieux, ce sera à vot’bon cœur mon bon monsieur, je suis tout ouïe.
mumen
06/06/2024
Si l’on se fie à la posture stable des US, si l’on se fie à la constance de leur inconstance, les choses sont bien plus simples à prédire ici qu’en Palestine occupée, par exemple.
But premier US : empêcher tout rapprochement économique entre l’Europe et la Russie (Allemagne d’abord, France ensuite) qui deviendraient de facto une coalition anti-US bien trop puissante. Corollaire logique : détruire l’Europe et la Russie, se gaver de leur pillage. C’est le b.a.-ba.
Procédure classique : noyauter les gouvernements, la culture, les institutions, etc., afin de mettre en guerre plusieurs adversaires, les affaiblir suffisamment pour pouvoir ramasser le pactole sur le champ de bataille encore fumant en intervenant comme le sauveur et le garant de la morale. C’est encore plus vicieux que ça, c’est un « art ». En résumé : mentir sur les faits et les intentions, trahir la parole donnée, saboter au nom des autres, tordre des bras dans le dos, corruptions des têtes d’affiches, etc. Pourquoi donc ai-je envie de bailler d’ennui ?
De ce point de vue, aucun mystère à propos de la volonté d’escalade : La guerre est lisiblement actée US depuis 2014. L’Europe est en chute libre, l’Ukraine est un moignon de pays. Tout va bien. La Russie est résiliente, pas grave, il faut monter le ton, tant mieux l’Europe saignera d’autant mieux. Les bombardements en terre Russe sont pilotés par les US depuis le début, c’est juste qu’ils disent que c’est même pas vrai en dehors de toute logique des faits. Comme d’habitude.
La suite, c’est la même chose. Même si c’est du pur poker nucléaire. La première bombe passera mal, mais elle passera. Les suivantes ce sera de la routine. Ils y croient. Quand l’Europe geindra, les US diront (disent déjà) « c’est votre guerre bande de lâches, nous les grands garçons sommes occupés à contenir la Chine ; comme d’habitude on vous sauve les fesses, alors prenez vos responsabilités et mourez ». Tout le reste est faux semblant, hochet pour les mômes, sourire angélique pendant qu’on fait les poches.
Voila mon petit cri qui ne tue rien devant votre publication tout de même excellente, ainsi que l’est ce texte. Les deux déconstruisent avec brio, mais la déconstruction est inutile, c’est dans le plan : la déconstruction est un mode d’emploi pour le maitre. S'il est orwellien c'est parce que ça marche. La Résistance est cernée, entre se taire et gueuler, c’est la même chose.
mumen
01/06/2024
Cette approche de l'histoire du catholicisme est éveillante. J’en ai une autre en deux temps plus un troisième, peut-être pas si divergente.
Jésus a peut-être bien commis une seule erreur grossière : avoir chassé les marchands du temple comme des malpropres. Ils sont revenus (technocrates) détruire le temple de l’intérieur.
Le catholicisme n’a pu vivre sans contradicteur qu’en interdisant l’étude de la philosophie grecque, malgré ou avec l’érudit Paul de Tarse, je ne sais pas. Le catholicisme a commencé à mourir le jour où Thomas d’Aquin a eu Aristote en main, par la grâce des Arabes. La suite est claire : Renaissance, siècle des Lumières, modernité, laïcité.
Aujourd’hui, la modernité c’est du passé, la philosophie est morte à son tour. Après le noyautage de l’église, celui de l’Académie Occidentale d'obédience philosophique a suivi dans les années 1970-1990 : elle est passée de Reine du savoir à prostituée de la narrative. Nous sommes de retour en plein âge sombre, dans l’ère insensée de la ploutocratie. Nous sommes exactement au même stade que celui de l’âge sombre Grec, période de souffrances telles que l’écriture s’est perdue pendant deux siècles. C’est à la bascule dans leur âge dit archaïque, que les penseurs grecs ont inventé, et appliqué, la démocratie comme un « plus jamais ça » : plus jamais le délire imposé au peuple de quelques oligarques désaxés.
Tout est à refaire. Heureusement nous avons le reste du monde.
Jack V.
01/06/2024
https://fr.sott.net/article/43618-L-emocratie-est-la-nouvelle-arme-de-destruction-massive-du-21e-siecle
OLIVIER RICHE
31/05/2024
Discussion entre le juge Napolitano et le professeur John Mearsheimer…
Toute la colère du premier et le désespoir du second épuisé par l'état des USA.
https://www.youtube.com/watch?v=r_BOeJb5xyY
David Poirier
31/05/2024
Magnifique texte Nicolas. J'adore la citation de Péguy(?) à la fin, j'ai l'impression d'être entouré de mes petits camarades, bon bourgeois comme il faut, qui passent leur temps à parler de leur retraite… chacun son paradis. Quand au reste, pauvre Église…Cela fait tellement longtemps qu'elle souffre sa passion que ses cathédrales en sont devenues trop belles pour Elle. Elle ne les comprend plus vraiment. L'antique liturgie de nos anciens et des tradis, c'est pareil, trop belle pour la masse abrutie par la culture pop des années 60, et c'est comme pour les cathédrales, ils n'y comprennent plus rien. Nous sommes trop dégénérés et altérés pour mériter le christianisme dans ses expressions les plus hautes… Alors on aura le succédané woke LGBT compatible ou Jésus est le roi du cool et la messe finira comme un Woodstock pour sodomites sous perfusion de Pfizer, ou la mutilation génitale corrective sera quasiment un sacrement et se faire estourbir par les psychopathes daeschisés un acte de tolérance menant au nirvana…Au secours…. Vivement la fin de ce monde insupportable !!!
Kevin CONRAUX
26/05/2024
Merci pour cet article et les liens.
Je me demande ce que Tolstoï a bien pu vouloir dire contre Shakespeare.
J'ai jeté un oeil à la performance de Madonna à l'eurovision.
La folie de notre époque est vraiment incroyable.
Jack V.
20/05/2024
https://lesakerfrancophone.fr/lentente-sino-russe-modifie-les-plaques-tectoniques-de-la-politique-mondiale
OLIVIER RICHE
15/05/2024
Empires contre civilisations. Sergueï Aleksandrovitch Karaganov
https://english.almayadeen.net/articles/features/geopolitical-paradigm-shifts-and-coping-with-psychopaths
callpri callpri
14/05/2024
I prefer to use BetByGEO
jc
11/05/2024
PhG-Bis : « On peut consulter le Wiki sur Dominic Cummings pour mesurer son, importance politique : leader du mouvement politique pour le Brexit et conseiller n°1 de Johnson, venu d’un milieu très huppé, – et, d’une façon assez inattendue, ayant comme une de ses idoles le colonel de l’USAF et réformiste haï de la bureaucratie du Pentagone John Boyd. C’est d’ailleurs ce qui guidait Cummings avec le Brexit : attaquer la bureaucratie bruxelloise, avec l’intention, jamais réalisée, de s’attaquer ensuite à la bureaucratie britannique. »
Pour moi le point de bascule dans l'évolution d'une société, d'une civilisation, d'une espèce, etc. se situe lorsque la structure prend le pas sur la fonction.
Une société jeune évolue "en vue de", "à fin de", tirée par une cause finale, et se structure en conséquence. C'est la phase où la fonction crée l'organe, en biologie c'est la phase lamarckienne (*). Puis vient l'apogée de l'évolution et la bascule, la structure qui se solidifie progressivement et conduit la société jusqu'à son inéluctable mort par son incapacité de plus en plus grande à s'adapter.
Exemples ? Le Pentagone, Bruxelles, Londres. Sans oublier Paris bien sûr et toutes les démocraties vieillissantes du bloc occidental. Sans compter le reste du monde.
(*) Les "grands" logisticiens actuels sont sans doute convaincus d'être de bons darwiniens (comme l'exige l'idéologie du Système). Mais, tels Monsieur Jourdain, certains sont sans s'en douter d'excellents lamarckiens sans le savoir :
Chef : "On va s'organiser." ; Employés : "Pour quoi faire, chef ?"
Thom pour conclure :
"Note de PhG-Bis : « On peut consulter le Wiki sur Dominic Cummings pour mesurer son, importance politique : leader du mouvement politique pour le Brexit et conseiller n°1 de Johnson, venu d’un milieu très huppé, – et, d’une façon assez inattendue, ayant comme une de ses idoles le colonel de l’USAF et réformiste haï de la bureaucratie du Pentagone John Boyd. C’est d’ailleurs ce qui guidait Cummings avec le Brexit : attaquer la bureaucratie bruxelloise, avec l’intention, jamais réalisée, de s’attaquer ensuite à la bureaucratie britannique. »
Pour moi le point de bascule dans l'évolution d'une société, d'une civilisation, d'une espèce, etc. se situe lorsque la structure prend le pas sur la fonction.
Une société jeune évolue "en vue de", "à fin de", tirée par une cause finale, et se structure en conséquence. C'est la phase où la fonction crée l'organe, en biologie c'est la phase lamarckienne (*). Puis vient l'apogée de l'évolution et la bascule, la structure qui se solidifie progressivement et conduit la société jusqu'à son inéluctable mort.
Exemples ? Le Pentagone, Bruxelles, Londres. Sans oublier Paris bien sûr et toutes les dites démocraties du bloc occidental. Sans compter le reste du monde.
(*) Les "grands" logisticiens actuels sont sans doute convaincus d'être de bons darwiniens (comme l'exige l'idéologie du Système). Mais, tels Monsieur Jourdain, certains sont sans s'en douter d'excellents lamarckiens sans le savoir :
Chef : "On va s'organiser." ; Employés : "Pour quoi faire, chef ?"
Thom pour conclure :
- "(...) il y a une certaine incompatibilité entre l'immortalité de l'individu et les possibilités évolutives ultérieures de l'espèce. La mort serait alors le prix à payer pour préserver toutes les possibilités de perfectionnement futur de l'espèce." ;
- "On peut se demander (...) si l'apparition des artefacts (...) n'est pas le premier symptôme de la mort." ;
- "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel.".
jc
11/05/2024
La prise du pouvoir par Caïn le sédentaire symbolise pour moi le début de la différenciation du réel et de l'imaginaire, du morphè et du eidos. La déconnexion que l'on constate actuellement est pour moi due au fait que l'élite qui a le pouvoir de dire et de faire -depuis quelques millénaires) est un piètre métaphysicien. Mon gourou René Thom le dit selon moi très bien dans son unique incursion en "métaphysique extrême" (c'est-à-dire en théologie) dans son "Esquisse d'une Sémiophysique" (p.216):
"Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter l'arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer."
Pour moi le suicide d'une civilisation consiste à persévérer dans un système de pensée dont ladite élite est persuadée de la supériorité, alors que ce n'est qu'une idéologie ( eidôlon, simulacre) parmi d'autres. Exemple pour moi typique : le nouveau président argentin récemment élu.
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