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Combien de temps ?

Article lié : Justin-Adolf et ses nerfs

jc

  26/09/2023

PhG : "Combien de temps tiendront-ils encore dans leur absurde bataille conçue par un hubris nourri à un narcissisme insupportable ? Eh bien, le temps que leur psychologie cède, comme un barrage épuisé par la pression des eaux bouillonnantes et impatientes s’effondre et emporte nos mauvais rêves si trompeurs.".

Thom : "[La] situation [des révolutions scientifiques] est tout-à-fait analogue à ce qui se produit en politique au cours des périodes prérévolutionnaires. (...) une révolution se réalise lorsque les dirigeants eux-mêmes cessent d'être convaincus de la validité de l'ancien paradigme. (...) Alors ils sont perdus. Peut-être la même chose se produit-elle en sciences : à un certain moment les défenseurs d'un vieux paradigme sont vaincus par le doute, alors la voie est ouverte pour un nouveau paradigme…" (Paraboles et catastrophes, p.116)

Rien ne s'oppose à ce que les deux révolutions -politique et scientifique- aient lieu en même temps.

Le monde multipolaire sait-il vraiment ce qu'est la laïcité ?

Article lié : Justin-Adolf et ses nerfs

Jean-Claude Cousin

  26/09/2023

Monsieur Alexandre Douguine fait une liste de ce qui peut choquer les non-occidentaux ; il y comprend la laïcité.
Je pense que sur ce point-là il se trompe. Ne nous leurrons pas : ce que certains appellent l'Occident n'a que faire de la vraie laïcité. D'ailleurs, cela l'embarrasserait fort, car la religion de l'Argent-Pouvoir est la base de sa façon de penser.
La laïcité, c'est la cité où les responsables élus ou désignés  prennent bien soin que NULLE religion ne prenne le pas sur les autres, ni sur ceux qui ont choisi de n'avoir aucune religion, aucune foi, aucune croyance : ils sont bien moins nombreux qu'on pourrait le penser, mais ils existent. Ne pas croire, mais accepter ce que dit la science à un moment donné, puisque la science avance : parfois elle paraît reculer parce que ce qui paraissait certain se révèle une impasse. Il faut donc s'engager sur une autre route peut-être encore plus difficile. Il suffit de se référer au difficile débat entre le darwinisme et d'autres hypothèses encore à explorer. Ou entre les partisans de Béchamps et ceux, apparemment plus nombreux pour le moment, de Pasteur, mais qui sont en perte de vitesse.
La laïcité est donc essentielle, parce qu'elle permet de cohabiter sans que personne ne se sente supérieur. On notera que certains pays se disent laïcs, mais leur façon de penser et d'agir démontre le contraire. La laïcité est incompatible avec le capitalisme, avec le marxisme tel qu'on le connaît aujourd'hui, avec beaucoup de choses en fait, parce que justement elle est exigeante. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais pour chacun et pour tous une lutte continuelle contre soi-même.
Moyennant quoi, à la fin de leur vie, humblement ceux qui ont vraiment pratiqué la laïcité pourront citer Saül de Tarse : « J'ai mené le bon combat, j'ai achevé ma course…. » car la lutte contre soi-même est sans doute l'une des plus difficiles qui soient.
 

Les quatre discours

Article lié : Une ministre du monde

jc

  23/09/2023

J. Turley : "Bien entendu, son point de vue [Jacinda Ardean] a été adopté avec enthousiasme non seulement par les pays autoritaires, mais aussi par l'élite gouvernementale et universitaire."

Pour Lacan il y a quatre discours.

Le discours du maître,  celui par lequel le maître met l’esclave au travail et tente de s’accaparer le surplus de jouissance qui résulte de ce travail, est la forme fondamentale d’où dérivent les trois autres formes :

- le discours de l’universitaire qui se sert du savoir ou, plutôt de ses apparences, pour atteindre fallacieusement des objectifs de maître : faire en sorte que « ça marche », sans autre visée du vrai.

- le discours de l’hystérique et le discours de l’analyste.

Peut-être un analyste lacanien cataloguera-t-il Jacinda Ardean d'hystérique?  Pour moi ce ne serait pas la seule dans l'élite occidentale auto-proclamée actuelle à être psychiquement dérangée.

 

un doute

Article lié : L’humeur des sikhs et la GrandeCrise

Pierre Vaudan

  22/09/2023

Bonjour,
j'ai un doute sur cette phrase:
"Il s’en déduit aussitôt que ces communautés affirment leurs propres intérêts, y compris nationaux ou partisans à l’intérieur de leurs nations d’origine." ???

n'est-ce pas plutôt "à l'intérieur de leurs nations d'adoption"?
merci

Phénoménologie

Article lié : Vont-ils “canceller“ Hollywood ?

mumen

  18/09/2023

Votre démonstration est centrale, incontournable, éclairante et fort bien faite. Je ne peux qu’abonder dans le sens élargi de votre lecture et de votre sélectivité vis-à-vis de l’article original. Je n’ai rien à ajouter sur cet article aussi concis que complet en soi. Mais sur son auteur, si.
 
« Avec la flatterie, vous irez très loin » entendais-je hier en réplique filmique d’un éhonté et insipide vieux dragueur Hollywoodien à une belle et imprudente jeunette. Je ne vais pas vous flatter : je n’ai nulle part où aller loin où je ne sois déjà, d’ailleurs dans la même sphère ontologique que vous. Vous savez d’ailleurs que je n’ai pas la critique sans gants dans la poche. Je vais en fait continuer à vous critiquer, mais cette critique sera élogieuse, tout simplement parce que je la trouve justifiée et que j’ai pour guide la maxime « quand c’est bien, faut le dire ». Préparez vos mouchoirs.
 
Dans cet article vous ne vous empêchez pas d’ontologiser et vous le faites de main de maître. Pour ma part je ne vous demande que ça depuis que je vous connais. 2011 : l’étonnement à vous lire une première fois m’a ancré dans le géopolitique, sans que je sache alors la nature ontologique de l’ancre. Il y a d’excellents journalistes en ce domaine, les meilleurs approfondissent l’ontologiques. A ce moment-là, vous aviez inauguré mon panthéon géopolitique, vous n’avez en outre jamais cessé de lui fournir d’autres impétrants.
 
Vos textes peuvent décourager ou lasser un certain lectorat, surtout à mon avis à cause de l’aspect technique et subtil de la chose ontologique que vous cherchez constamment, mais soyez certain qu’il régale les gourmands. Je juge pour ma part que vous n’êtes pas suffisamment reconnu à l’aune de ce talent que je comprends de mieux en mieux avec le temps.
 
Je vous ai si fidèlement lu que j’ai évidemment connu des passages en creux de votre inspiration. Que vous connaissiez des hauts et des bas n’indique rien d’autre que le fait que vous êtes un être humain. Le contraire serait inquiétant.
 
Par contre vos hauts sont très hauts, et d’ailleurs la semaine dernière vous fîtes encore très fort. Si je n’ai alors rien dit, c’est que j’en avais trop à dire. C’est encore le cas, je vais me limiter à un seul concept de votre glossaire, pour lequel je vais vous fournir ma compréhension.
 
Votre ennuyeux glossaire est bien sûr une mine au trésor. J’en ai tiré pour vous servir à votre mesure le plus somptueux et premier, l’inconnaissance. Il est je crois très ancien pour vous, mais il est premier ici parce qu’il est phénoménologique et somptueux parce qu’il capture à merveille ce qu’est la phénoménologie en esquivant, avec la grâce du grand autodidacte, un paquet d’embrouilles et de contorsions philosophiques.
 
C’est facile de frimer avec ce que vous décrivez par l’inconnaissance, facile de dire « moi je suis ceci ou cela » tout en se montrant inapte à le faire vraiment. J’ai l’esprit aiguisé devant ce genre de prétention. Voilà, je n’a rien à dire que mon admiration pour le sérieux méticuleux et exigeant de votre emploi de cette chose si précieuse et si négligée, qui est notre seul contact avec l’ordre des choses : c’est la nourriture même de l’ontologiste, sa nourriture sacrée, ce que vous rendez très bien dans vos explications et votre emploi.
 
La phénoménologie n’est pas une science, c’est un état d’esprit. Tout y est question que de suspension. Ce mot irremplaçable, construit par Husserl, est venu combler un vide sidéral de la philosophie depuis Socrate. Au plus secret de ma propre œuvre se cache son nom légitime : « mageía », que l’on ne peut pas écrire en français sans en faire un article de Bazard à deux balles.
 
L’état et la méthode phénoménologiques sont apparus en deux étapes historiques : ataraxie (Epicure) et épochè (Pyrrhon d'Élis) dans cet ordre chronologique, mais dans un mouchoir de poche de la Grèce classique. Ce sont des états de conscience ou d'équilibre à atteindre. La réduction phénoménologique et la réduction eidétique sont étroitement associées à Husserl. Ce sont des méthodes actives de réflexion. Ces quatre expressions, bien que n’ayant pas de nom d’ensemble, sont tissées entre-elles, elles « visent à clarifier ou à affiner notre compréhension et notre expérience de la réalité ». Elles forment selon moi une croissance : deux états, deux méthodes. Mais mon exploration est encore incomplète selon mes critères.
- Ataraxie : tranquillité et sérénité intérieure ;
- Épochè : ouverture et neutralité vis-à-vis de l'expérience ;
- Réduction phénoménologique : mise de côté des interprétations et des théories préalables ;
- Réduction eidétique : recherche des caractéristiques universelles et des structures invariables des objets de l'expérience.
Tout me dit que vous allez retrouver vos petits. C’est du raccourci que je vous fait là, demandez à l’IA de vous faire la visite.

 

jaloux

Article lié : RapSit-USA2023 : RFK, l’homme de 2024 ?

Disciple égaré

  16/09/2023

je m'attarde sur la dernière phrase, et me dis que ce serait trop fort de la part des US de corriger le cap après 60 ans seulement, là où la France est dans un malaise coupable depuis 234 ans…

Merci

Article lié : L'illusion de la contrition

Disciple égaré

  16/09/2023

Très bel article, merci. Excellent titre aussi. Mais pour le lecteur, rendez-vous compte, le sentiment qu'après lecture, on n'a encore que réussit, bien difficilement, à sortir un peu de ses soucis et de la fébrilité du quotidien, d'un mental très encombré, et qu'il va falloir le relire tranquillement, si la course à tout nous le permet, pour entrer vraiment dans la richesses du propos. 

Deux choses. J'allais appeler à la nuance, écrire que les citoyens américains ne sont pas 'le système', qu'ils sont tout un chacun les premières victimes, et puis en fait, non. Surtout qu'à la lumière de ce que vous écrivez - la contrition est illusoire, alors la faute n'est pas pardonnée'. Mais cela pose la question de la nature que prendrait une réelle contrition dans les relations internationales du plus grand de nos alliés - vaste sujet. 

Et puis deuxio, que penser de l'ouverture de Blinken visant à reconnaitre l'état des lieux en évolution, le besoin de flexibilité. Tout imparfait qu'il soit, tout plein d'arrière-pensées probables, comme vous le dites en conclusion, ne peut-on pourtant pas dire, aussi, que là où il y a de la vie, le mal n'est pas tout à fait victorieux?  vie coupable, mais vie quand même. Donc espoir, en tout cas espérance.

Vous me terrifiez.

Article lié : A quoi sert Elon Musk ?

Didier Favre

  10/09/2023

« Nous sommes dans la gigantesque fumerie de nos simulacres, qu’on ne vienne donc pas nous déranger. » avec des détails comme la guerre nucléaire, comme les mensonges de Minsk, comme la négligence absolue des raisons qui ont poussé Poutine à agir, comme le détail d’un accord de paix possible en mars 2022. L’important est de compatir aux souffrances du peuple ukrainien et de veiller à ce que la guerre continue. Notre vertu en dépend. Notre image de nous mêmes en dépend. Elle est donc existentielle.

Notre vertu exige de casser quelques oeufs. L’omelette sera faite de nos cadavres et assaisonnée aux champignons nucléaires. Notre vertu sera sauve donc tout sera au mieux dans le meilleur des mondes. Nous sommes au delà de la vérité, au delà du bien et du mal. Nous créons la réalité. Si le truc en dehors de notre création le refuse et bien qu’il aille se faire voir.

Nous sommes devenus totalement fous et même heureux de notre état de folie.

Les BRICS, une Geopolitik ?

Article lié : Les BRICS et Guglielmo Ferrero

Sebastien Antoine

  08/09/2023


"De toute façon, dit Bordachev comme constat décisif, un ordre international qui ne sera pas vertical sera formé, que quelqu'un s'y intéresse ou non, y compris d'ailleurs les BRICS. C'est le développement naturel de la vie."

Cette référence à la "vie" semble tout de même aller à l'encontre de ce nouvel ordre horizontal que revendiquerait l'acronyme "BRICS" pour se référer davantage à un projet géopolitique d'inspiration germanique.  Comme le dit Haushofer :
  « Quand les forces du sang et du sol s’entremêlent (…) le rôle de la géopolitique est alors d’amener les forces à un état d’équilibre, de vaincre les oppositions en se servant du langage de l’esprit, de préserver l’élan et la continuité du globe terrestre. C’est uniquement pour cela qu’elle (la géopolitique) fut appelée à la vie : pour redonner à la terre son caractère sacré, pour porter bien haut le drapeau de son droit primordial, celui d’une aspiration sacrée à la croissance du sol et du respect devant ce qui est devenu, devant la vie. »   In :  Raffestin Claude, Géopolitique et histoire, Payot, 1995, Lausanne.

Vraiment une Autre Voie

Article lié : Incompatibilité des BRICS et de l’Occident-poussif

Jean-Claude Cousin

  08/09/2023

Ce qu'on peut tirer de ces propos,  c'est qu'au lieu d'un Empire de l'Anglosaxonnerie, les BRICS se révèlent non comme une Organisation, mais une Coopération horizontale, une fratrie où l'on s'entraide non sans se chamailler parfois.
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Parmi les citoyens de ces pays, certains (sans doute assez peu) vont certainement regretter que si l'Anglosaxonnerie s'affaiblit, ce ne sera que de son seul fait, et que les autres vont la laisser se débrouiller. Il peut y avoir un inconvénient : bien que les armes de destruction massive de l'Empire s'enfoncent peu à peu dans l'obsolescence, lâcher tout le paquet, qui est gros, ferait encore bien du dommage à tout le monde.
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Bien entendu, il est nécessaire que les pseudo-"règles" dont personne n'a vu la couleur (l'Empire se charge de les édicter au fur et à mesure selon son humeur) ne puissent plus se voir opposées aux accords internationaux – dont chacun a pu constater que l'Empire n'en respecte aucun – parce que précisément ces accords internationaux sont le fait d'une volonté horizontale et réciproque.
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Il n'est pas certain que les BRICS aient la volonté commune de passer d'une mondialisation où risque toujours de se constituer un leader, à une internationalisation où disparaîtrait l'équivalent d'un Conseil de Sécurité avec des membres permanents. Comme on dit, « Ça se discute ! » Une proposition pourrait être que justement si membres permanents il y avait, ce ne soit plus les plus importants des États qui le soient, mais au contraire des participants plus effacés : les "grosses pointures" n'y feraient que des apparitions épisodiques, ce qui pourrait les rendre moins arrogantes.
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Il me semble qu'un parti comme le Pardem (Parti de la Démondialisation) œuvre dans ce sens. C'est d'ailleurs pourquoi il est si peu connu du grand public : il dérange vraiment !

Enfoncer le clou

Article lié : Quo Vadis, ‘Ukrisis’ ?

Jean-Claude Cousin

  07/09/2023

Bonjour !
Il y a quelques jours, inspiré par les derniers article de Dedefensa, je me suis fendu sur l'un de mes blogs d'un petit commentaire.  Je me permets de le soumettre ici.
http://ennemieurope.eklablog.com/le-neocapitalisme-l-ideologie-qui-veut-tout-tuer-y-compris-elle-meme-a214747023
Et encore merci pour ce site ! J'espère que mon virement automatique va reprendre, après changement de numéro de compte en banque….

Quand ?

Article lié : Quo Vadis, ‘Ukrisis’ ?

mumen

  06/09/2023

Vous donnez en introduction une excellente synthèse d’« Ukrisis » en peu de points rasés de près par Occam, de celles qui permettent de conduire une pensée. Je résume à ma façon et poursuis.
 
Votre question finale est quadruple selon Hermagoras lui-même : quoi, qui, où et quand.
- Quoi, c’est la guerre par les armes, l’économie, la communication, etc. Difficile de ne pas être d’accord, la guerre mondiale est en cours à travers celle d’Ukraine, quelles que soient les épithètes.
- Qui, c’est les Russes qui vont gagner en Ukraine contre l’Occident selon un pronostic déjà admis par les deux camps. A moins que ce « Qui » ne soit le reste du monde contre le même, sans changer le pronostic partagé.
- Où, si c’est une question territoriale ukrainienne, alors la réponse généralement attendue à minima par les deux camps, c’est dans la conquête totale des six oblasts qui bordent la mer noire. Il y a une autre réponse qui donne une autre étoffe à ce conflit par les armes : la fin des bases US dans le monde entier.
- Quand est la vraie question, tout le monde est d’accord là aussi.
 
Quand nous parlons d’être d’accord, nous ne parlons pas de narrative surréaliste à l’usage des foules électrices. Même sur l’existence d’une narrative occidentale faussaire tout le monde conscient est d’accord, à l’exception des foules occidentales bien entendu.
 
Pensez-y : en fait tous ceux des deux bords qui sont attentifs sont d’accord sur tout. Et ça continue.
 
Il n’y a qu’une réponse décisive au Quand : quand l’Occident aura un pied en terre, du moins quand il s’en rendra compte. Le sort de l’Ukraine est anecdotique, ou disons symbolique : c'est le théatre où se joue actuellement la pièce dont on parle dans les salons. Avant c’était la Lybie, la Syrie, le Yémen, liste non exhaustive, tout le monde est d’accord ; après ce sera l’Afrique, la Chine, allez savoir, tout le monde est d’accord. L’Europe elle aussi est un théatre, moins célèbre, mais tout le monde est d’accord.
 
Autant que ce soit en Ukraine pour Poutine. Après tout c’est arrivé près de chez lui, c’est pratique pour la logistique. En plus c’est hautement symbolique et finalement cela peut sans doute attendre tranquillement, en y faisant bien attention, que tout soit prêt ailleurs. On se souvient qu’il a encore un mandat, des surprises plein les poches et tout un tas d’amis.
 
Les US ne peuvent ni avancer ni reculer. Ils sont mal, ils n’ont plus que des alliés un peu stupides à piller : Europe, Taiwan, Corée du Sud, Japon, Australie, etc., et même Ukraine en fait. Ca les arrangerait de pouvoir arrêter un peu de se vider de leurs ressources, surtout que la baguette magique du dollar va tomber en panne, tout le monde est d’accord, et de figer le conflit sans l’arrêter, mais ils seraient contraints d’en ouvrir un autre ailleurs, tout le monde est d’accord. Ukraine ou pas, l’hémorragie va continuer tant que le grand corps malade sera sous perfusion.
 
Autant que ce soit en Ukraine pour eux, tant que la ficelle tient le coup. La ficelle c’est l’OTAN, ses vieilles armes si génialement juteuses puisqu’il faut bien les remplacer par des neuves. Les hommes à sacrifier, on en trouvera toujours apparemment.
 
La fin des armes de l’OTAN en particulier et de l’Occident en général, c’est comme la fin du dollar, un genre d’arlésienne pris séparément, un destin ensemble. Tout le monde croit dans ce destin manifeste : les uns sans vouloir s’y résoudre et s’enivrant à mort de leurs propres racontars, les autres en œuvrant lentement mais sûrement.
 
Tout le monde est d’accord pour finir ça en Ukraine, mais tout peut changer selon une simple lubie de la narrative. Ceci dit, la Chine n’est pas une super option, d’autant plus que Taiwan n’est pas aussi sûrement manipulable que l’Ukraine.
 
Tout est effectivement une grande question sous-jacente d’ontologie des paquets humains en lice : monopolaire contre multipolaire, quantité contre qualité, compétition contre coopération, etc. Ceci avec une constante très occidentale : le premier veut écraser le second. Et une constante nouvelle et rafraichissante : le second veut convertir le premier. C’est une question normalement laissée aux philosophes, n’est-ce pas ? Tout le monde est d’accord ? Mais bon, on n’en trouve plus guère de disponibles en Occident. Trop occupés, ils cherchent encore à justifier un impératif à leur cacophonie.
 
La fin simultanée des armes Occidentales et du dollar donnera le « Quand » matériel, qui coïncidera peut-être avec celui de l’ukrainien, mais uniquement parce que c’est le théâtre courant de la guerre mondiale. Cette fin sera peut-être un commencement pour le « Quand » du spirituel. L’ordre inverse serait une bien surprenante bénédiction.

 

La démarche russe.

Article lié : Quo Vadis, ‘Ukrisis’ ?

Jack V.

  06/09/2023

Il me semble que du côté russe on avait expliqué la démarche suivie. Il est hors de question de s'emparer de la partie occidentale de l'Ukraine car elle ne sera jamais pacifiée, ses habitants étant farouchement anti-russes.Il vaudrait d'ailleurs, peut-être mieux qu'elle soit répartie entre ses trois voisins du côté ouest, ce qui règlerait définitivement la question ukrainienne. Par ailleurs, il n'est pas non plus question de la laisser s'installer dans le rôle de tête de pont de l'OTAN. Le mieux, pour les Russes, c'est de laisser pourrir la situation en attendant que sa population locale, finisse par en avoir assez de cette situation et se mette à regretter franchement le temps où les deux pays s'entendaient. Un autre facteur est à prendre en compte : l'Ukraine est un merveilleux terrain d'entraînement pour les armées russes qui trouvent là le terrain idéal pour parfaire les techniques militaires qu'elles auraient à appliquer en cas de conflit avec l'OTAN sur leur propre territoire, aussi bien à l'ouest qu'à l'est de ce dernier.Les Russes savent que tant que les néoconservateurs existeront, leur pays sera susceptible de subir des attaques et ils ont intérêt à garder leurs forces armées totalement opérationnelles et toujours à la recherche de moyens de s'imposer sur le terrain.

Par ailleurs, les Occidentaux tablaient sur une guerre courte au bout de laquelle, les Russes se coucheraient. Ces derniers résistent et aujourd'hui, ce sont les populations occidentales qui commencent à en avoir assez cette aventure qui leur coûte de plus en plus cher, notamment en terme de niveau de vie. Ce sentiment, s'il se généralise pourrait provoquer en Occident ce que l'OTAN voulait obtenir en Russie.  

Jouer sur les mots ?

Article lié : Les douloureuses infortunes de la narrative

Jean-Claude Cousin

  04/09/2023

Cette fois-ci, je serai bref. Notre auteur préféré utilise le terme "américanisme", là où j'élargirais peut-être le panorama, en utilisant le mot "anglosaxonnerie", qui sonne peut-être de façon plus péjorative, tout en englobant DC et son maître la City de Londres. A chacun de juger.
 

La tradition face à la modernité

Article lié : Une perspective impitoyable

jc

  04/09/2023

PhG : "On s’attardera également à la très intéressante dernière question sur les capacités de la Russie et de la Chine d’adapter la modernité dont il se sont saisis à leurs traditions, de façon à ne compromettre en aucune façon les seconds. Pour l’Occident, le problème n’existe quasiment plus, ayant disparu avec les traditions. Bien qu’on ne s’y attarde pas, car l’on a très peu d’éléments pour le traiter, c’est de loin le principal problème de cette gigantesque tragédie."

En ce qui concerne la Chine PhG a posé le problème dans https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-subvertie (fin 2014):

"Nous avons cité l’intervention de l’officiel chinois avec une intention à l’esprit, ne doutant pas un instant de la sincérité de son propos, et de la véracité de sa propre conviction, dans l’exposé qu’il fit des intentions de la Chine, de l’Asie, et de l’antique sagesse de cette partie du monde. Nous reconnaissons d’autant plus tout cela que nous pouvons dire notre conviction que l’intervenant se trompait, qu’il se trompe en croyant qu’un modèle de civilisation asiatique rénové s’imposera rapidement, à côté du modèle occidentaliste, éventuellement pour le concurrencer et le remplacer.

Ce n’est nullement que ses arguments de fond ne soient pas justifiés et excellents; ils le sont, ceci et cela, et plus qu’à leur tour. Mais l’intervenant ignore deux choses: combien le modèle occidentaliste est, à la fois, plus puissant qu’il ne croit et plus proche de l’effondrement catastrophique qu’il ne croit.".

Il me semble que, "grâce" à la quincaillerie électronique, la Chine a plutôt de l'avance sur l'Occident en ce qui concerne le contrôle social de sa population. Quid de la Russie ? Pour moi la question est : la Tradition arrivera-t-elle à s'imposer à ce dernier -mais pas le moindre- rejeton de la modernité ? Toujours pour moi je vois l'organisation sociale traditionnelle comme un inconvénient plus que comme un avantage ; car l'organisation traditionnelle du pouvoir temporel est top-down (le pouvoir vient d'en haut), avec un pouvoir rigidifiant actuellement décuplé -voire centuplé- par "notre" dernier rejeton qui nous emmène dans une cavalcade de plus en plus folle vers la rigidification cadavérique de l'humanité (cf."les signes des temps" de Guénon).

C'est peut-être la Russie qui tirera le mieux de ce conflit tradition/modernité car la chrétienté d'Orient a -ou a eu- une tradition d'un pouvoir spirituel moins top-down (églises orthodoxes auto-céphales) que l'Occident (église catholique "universelle").

Comment inverser cette tendance à la rigidification de la société ? Alain de Benoist examine la question dans "Jacobinisme ou fédéralisme ?" :

"Avec Hobbes, en revanche, l’Etat devient la seule forme d’organisation sociale légitime. Quant au souverain, il détient plus que jamais le monopole de la représentation. « Une multitude devient une seule personne, écrit Hobbes, quand ces hommes sont représentés par un seul homme ou une seule personne [...] Car c’est l’unité de celui qui représente, non l’unité du représenté, qui rend une la personne ». Précurseur du libéralisme, Hobbes affirme par ailleurs que l’individu doit être regardé comme un être complet et autosuffisant. Le seul mode d’association qu’il puisse reconnaître est donc le contrat passé volontairement entre individus autonomes. Les corps intermédiaires sont du même coup appelés à s’effacer devant les prérogatives de l’individu ou l’omnipotence du Léviathan.".

Alain de Benoist et Carlos Blanco ( http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/09/01/9-11-origines-et-developpement-du-neoliberalisme.html ) : même combat.

Remarque finale.

La citation de Hobbes ( « Une multitude devient une seule personne quand ces hommes sont représentés par un seul homme ou une seule personne [...] Car c’est l’unité de celui qui représente, non l’unité du représenté, qui rend une la personne » ) indique pour moi clairement que la démocratie représentative est rigidifiante (et n'est pas -et de très loin- la véritable démocratie). Je la rapproche des citations faites par les philosophes belges Dominique Lambert et Bertrand Hespel dans leur article "De la topologie de la conciliation à la logique de la contradiction" que j'ai souvent cité ici en commentaires:

- "« Pour ce qui est de savoir absolument en quelle manière les choses se lient les unes aux autres, et s’accordent avec leur tout, je n’ai pas cette science; elle requerrait la connaissance de la Nature toute entière et de toutes ses parties. Je m’applique en conséquence à montrer quelle raison m’oblige à affirmer que cet accord et cette liaison existent » (Spinoza)

- « Ce qui n’est pas véritablement "un" être n’est pas non plus véritablement un "être" » (Leibniz)

- "On peut bien rassembler différents objets, on ne formera pas pour autant un être, mais tout au plus un « être de raison » [ce que font les faisceaux de Grothendieck]. Rendre compte de quoi que ce soit qui est exige donc de rendre compte de son unité [ce que font les conciliations de L&H]." (Lambert et Hespel)

Et, pour moi, cette dernière citation vaut encore quand on remplace "objets" par "êtres".

Pour Baudelaire et Maistre le seul progrès qui vaille est la recherche de l'unité perdue. (cf. "La Grâce de l'Histoire").