Ukrisis-13 : US Bordel Command in Europe

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Ukrisis-13 : US Bordel Command in Europe

• A la lumière des récentes sorties de Biden (‘regime change’ à Moscou, etc.), plus ou moins contenues par les divers acteurs latéraux de la présidence, on peut mesurer la situation de désordre à Washington dans l’Ukrisis. • D’une façon très paradoxale, l’incontrôlabilité de Biden conduit les partisans de la guerre à jouer aux pompiers et à l’apaisement. • Le Pentagone reste sur sa prudence extrême. • Cette situation washingtonienne de désordre est un facteur extérieur très important de Ukrisis, à côté des retombées négatives des sanctions.

US Command in Europe’, ou variante USAREUR (‘US Army Europe’), grand commandement bureaucratiquement diversifié des forces US en Europe ? Nous dirions alors plutôt ‘US Bordel Command un Europe’, non ? Cela préjuge un grand embarras de coordination et autres s’il y avait jamais un conflit en Europe, avec participation des forces US.

Nous nous reportons à la déclaration-EPHAD du président Biden, sur l’engagement des troupes US avec les troupes ukrainiennes, ou bien en Ukraine on ne sait. PhG écrivait le 27 mars (avec, en rajout pour les passages qui importent, l’utilisation d’une police en gras) :

« ... Je veux dire par là que ces “gaffes” qui n’en sont plus du tout, qui sont des accidents dialectiques & chaotiques dus à une situation de ‘senile dementia’ classique et de plus en plus avancée, présentent non pas un, mais deux inconvénients :

» • le fait lui-même d’avoir le plus haut dirigeant de ce pays, les USA, dans une situation pathologique si grave ;

» • le fait que, bon an mal an, les accidents dialectiques de Biden dévoilent involontairement des actes et des orientations secrètes de la politique US, ou “officialisent” ce qu’on soupçonne de cette politique ;

» • car en effet, ces deux occurrences ôtent au président tout sens de la responsabilité qui, pour un “locataire” de la Maison-Blanche, signifie dissimilation, sens de la manœuvre tactique et conscience de ceux des secrets qu’il importe de ne jamais aborder pour la protection des intérêts nationaux. »

Un peu plus tard, le 29 mars, PhG signale de nouvelles contorsions de ‘Ol’white Joe’ qui a voulu s’expliquer et rectifier après que son équipe l’ait déjà fait pour lui, mais lui-même rectifiant d’une façon contradictoire et inintelligible, donc rectifiant la rectification (ou l’“annulant” plutôt, terme si à la mode ?)...

« L’incroyable et impayable ‘Ol’white Joe’ n’en finit pas de nous expliquer en faisant des ronds dans l’eau ce qu’il a voulu dire sans le dire tout en le disant lorsqu’il parla de ‘regime change’ pour Poutine, avec “la corde pour te pendre, être indigne”. C’est l’EPHAD en folie. »

Effectivement les “explications” que Biden a tenu à donner sur ses emportements de langage la semaine dernière en Pologne n’ont vraiment pas arrangé les choses, après que son équipe (notamment son conseiller de sécurité nationale Sullivan) se soit précipité pour colmater la brèche. Ainsi, lundi, interviewé par Peter Coocy, de FoxNews, avec cette réponse dans un style pointilliste :

« Répondant à une question de Doocy, le président américain a déclaré : “Nous parlions d’aider à former les troupes en... qui sont... les troupes ukrainiennes qui sont en Pologne”. Cela contredisait clairement la déclaration du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jack Sullivan, selon laquelle les États-Unis ne formaient pas les soldats ukrainiens. »

Car enfin, Biden est-il si complètement “incroyable et impayable”, ou seulement disons “en partie” ; car nous tenons à notre hypothèse que, volontaire ou pas, tout à fait consciemment ou en bonne partie involontairement, même dans ses gaffes, et plus encore dans ses gaffeuses rectifications de ses gaffes, il dit des vérités, des secrets militaires, dont il a été entretenu en sa qualité  de président et de commandent-en-chef. Biden, placé là où il est pour rectifier les horreurs obscènes de son prédécesseur, s’avère encore plus toxique que lui, – il faut répéter et répéter ce constat pour bien fixer la vérité-de-situation à Washington D.C.

Sur ces “gaffes-vérité” de Biden, deux avis concordants de deux experts en qui nous avons la plus haute estime, avec la réapparition de l’ex-colonelle Kwiatkowski de l’USAF, une des toutes premières “lanceuses d’alerte”, dès 2003, et d’autre part Tom Luongo (texte d’analyse de Evakaterina Blinova, de ‘Sputnik.News’)

« “La Pologne, l'OTAN et les troupes américaines s'entraînent et s'exercent toutes avec les services militaires et de renseignement ukrainiens dans le cadre de la longue campagne menée depuis avant 2014 pour admettre l'Ukraine au sein de l'OTAN”, explique le lieutenant-colonel retraité de l’US Air Force Karen Kwiatkowski, ancienne analyste du ministère américain de la Défense. “Biden a probablement répété ce qui lui avait été communiqué avant sa visite en Pologne”. [...]

»“Les propos de Biden ne semblent pas être une simple ‘gaffe’, estime l'analyste géopolitique Tom Luongo. Il cite le fait que la rhétorique du département d'État et du Conseil national de sécurité de Biden est récemment devenue très agressive. “Biden, même s'il est épisodiquement dans un état de faiblesse cognitive, pourrait facilement ne faire que relayer les échos de conversations précédentes”, déclare Luongo. »

Allant encore plus loin, Kwiatkowski va jusqu’à créditer Biden du seul discours cohérent e franc parmi tous ceux qui sont intervenus depuis ses interventions de vendredi dernier ; la franchise du fou, comme dit le bon sens populaire, surtout dans cette époque de folle contrainte où l’intelligence et la conscience sont des avantages à mettre au service de l’inversion, où il faut avoir toute sa tête pour simulacrer et suivre les grossièretés de l’inversion des jugements de la  narrative-Système avec précision et d’une façon convaincante... Donc Biden a, comme on dit lestement et pour suivre notre idée centrale, foutu le bordel, et grâce lui en soit rendue :

« “Joe Biden a tenu un langage remarquablement franc au sujet de la guerre, des conflits et des changements de régime en Russie, et ailleurs”, explique Karen Kwiatkowski. “Le degré de panique observé parmi son personnel de politique étrangère et de sécurité peut indiquer qu'il a en fait laissé échapper quelque chose issu de présentations top secrètes du Pentagone ou de la CIA”. »

Le Pentagone en pompier anti-Biden

Les dernières rebuffades en date des propos du président, après que Biden ait à nouveau laisser entendre/croire que les forces US assuraient un entraînement au combat de soldats ukrainiens (en Pologne certes, mais si proche de la frontière ukrainienne qu’on y rencontre des soldats ukrainiens en unités constituées), viennent du commandant du US European Command, également porteur de la double casquette de SACEUR (commandant en chef des forces allées [OTAN] en Europe), le général de l’USAF Tod Wolters, témoignant hier au Congrès où il avait été convoqué d’urgence.

Comme toujours dans le cas ukrainien et lorsqu’il s’agit de démentir les propos de Biden, la dialectique est lourde et embrouillée, les affirmations et dénégations saccagées et pavées de “je ne crois pas que”, “il semble que”, etc., assez étranges ou significatives lorsqu’il s’agit d’un chef militaire parlant des activités des soldats qu’il commande. Manifestement, le Pentagone, fidèle à sa politique d’apaisement, ne veut rien laisser paraître de précis qui puisse ressembler à une action opérationnelle active en faveur des Ukrainiens ; pour cela, il censure en douce son commandant-en-chef :

« “Je ne crois pas que nous soyons actuellement en train de former des forces militaires ukrainiennes en Pologne”, a déclaré le général e lors d'une audition de la commission des forces armées du Sénat.

» Selon ‘The Hill’, lorsqu'il a été interrogé sur la série de déclarations de M. Biden, que la Maison Blanche, Wolters a cherché à les minimiser en les assimilant à des “gaffes” et à des absences de nuances : “Il y a des agents de liaison [ukrainiens] qui sont là et qui reçoivent des conseils”, a déclaré Wolters au sénateur Tom Cotton (R-Ark.), sans donner plus de détails. “Et c’est différent de ce à quoi je pense que vous faites référence en parlant d’entraînement”. »

“Ah, mon Dieu, que la guerre est jolie”

Par contre, les experts consultés dans cet excellent article de ‘Sputnik.News’ n’ont pas à se forcer pour exprimer leur pessimisme, fondée notamment sur la conviction que ce que dit Biden reflète une intention cachée.

Pour la colonelle Kwiatkowski, l’équipe de sécurité nationale de Biden envisage toutes les options, et notamment celle de déployer des forces terrestres en Ukraine.

« “Depuis des décennies, le gouvernement américain a prouvé qu'il était tout à fait disposé à envoyer des jeunes gens et des jeunes femmes tuer d’autres jeunes gens et d’autres jeunes femmes et détruire des environnements culturels, politiques et physiques, – s’il peut s’en tirer politiquement”, dit-elle. “Le fait que les campagnes de propagande pro-Ukraine des États-Unis et de l'Occident aient été si puissantes, si bien financées et aussi vite activées montre pour moi que le gouvernement américain aimerait, et espère, une guerre prolongée en Europe de l'Est”.

» “Au niveau des soldats, l’idée de mener une guerre nucléaire gagnable n’a pas gagné la popularité qu’elle a chez les dirigeants du Pentagone”, déclare Kwiatkowski. “Je soupçonne, à la vue des visages des troupes américaines qui dînaient avec Biden en Pologne il y a quelques jours, qu'elles n’ont pas été réellement consultées sur le fait de combattre l'armée russe ou de se trouver dans l'arène d'un champ de bataille nucléaire potentiel”.... “Le gouvernement américain et ses acolytes semblent travailler frénétiquement pour créer une nouvelle guerre longue, tragique et coûteuse en Ukraine”. »

Tom Luongo n’est pas plus optimiste et songe à une machination sous faux-drapeau, sans doute concoctée par les Britanniques qui sont les spécialistes du genre, pour lancer la machine :

« L’administration Biden pourrait envoyer des soldats américains combattre à l'étranger sous un prétexte “approprié”, estime Tom Luongo : “Lisez donc attentivement la presse britannique, vous y trouverez des signes indiquant quels types de faux drapeau les services de renseignement américains et eux-mêmes vont concocter pour nous entraîner dans une nouvelle guerre répugnante et ignoble”. »

Un autre expert, également de type plutôt dissident, est cité : Dave Lindorff, journaliste d’investigation et rédacteur-en, chef de la publication ‘ThisCantBeHappening.net’. Pour lui, Blinken est un clone de mauvaise qualité de Brzezinski :

« “[Toute cette agitation autour des propos de Biden], cela ressemble certainement à quelque chose que les États-Unis feraient, en profitant de la frontière ouverte entre l’Ukraine occidentale et la Pologne pour non seulement livrer des armes aux forces ukrainiennes, mais aussi pour former les Ukrainiens à l’utilisation de ces armes”.

» “Je ne pense pas que les États-Unis soient intéressés par une résolution diplomatique. Pour les États-Unis, plus le conflit dure mieux c'est. Cela nous ramène au défunt conseiller polono-américain à la sécurité nationale [du président Carter], Zbigniew Brzezinski, qui voulait utiliser les moudjahidines pour faire de l’Afghanistan le ‘Vietnam de l’Union soviétique’ et ‘tuer autant de Russes que possible’. Même chose maintenant en Ukraine. [Le secrétaire d'État Antony] Blinken est en quelque sorte une réincarnation bas de gamme de Brzezinski”. »

Folie contre folie

Ainsi la situation à Washington D.C. est-elle pour le moins étrange, ou bizarre...
• entre d’une part la folie guerrière qui s’est répandue, comme à l’habitude depuis le 11-septembre et pour n’importe quel conflit, au Congrès, dans la presseSystème et dans les milieux d’influence infestés de neocons, où l’on n’est pas loin d’être favorables à un engagement US direct en Ukraine ;
• et, d’autre part l’espèce de “folie” du président (nous disons senile dementia et respectons son grand âge) qui le conduit à des sortes de “gaffes” disant des vérités guerrières qui lui viennent des séances de planification du renseignement opérationnel, alors qu’à part son émotion gâteuse il est plutôt contre un engagement direct des USA... Mais, même gâteux, lorsque le président parle sa voix résonne dans le monde !

• Du coup, on voit les bellicistes comme Blinken s’activer pour “corriger” le président, – qui s’en fiche puisque perdu dans son grand âge, – et insister sur un apaisement de la situation contre leurs convictions intimes que tout le monde connaît par ailleurs.

• Le Pentagone est un cas un peu à part, comme on l’a déjà vu. S’il n’est pas contre une durée de la guerre dans l’espoir d’y embourber la Russie, il est par contre opposé à tous les risques de confrontation directe avec la Russie, et notamment un engagement en Ukraine bien sûr, et même un engagement trop voyant dans l’aide aux Ukrainiens.

• Mais les Russes comprennent bien cette situation et semblent prêts à manœuvrer pour n’y pas céder selon un plan bien connu dans cette hypothèse : sécuriser sinon institutionnaliser leur incursion à l’Ukraine russophone, et laisser le reste en échange de certaines conditions de sécurité. Pour autant, cela ne réglerait pas nécessairement le problème dans les conditions actuelles, si l’on se tient à la seule situation régionale, vu le degré d’hostilité existant et qui persisterait, et la très probable persistance de l’activisme indirect (sans engagement) des USA).

Toutes ces observations sont ponctuelles et demandent absolument à être pondérées selon deux facteurs extérieurs essentiels, l’ensemble donnant une idée de la dimension globale de Ukrisis. Le premier de ces facteurs est justement cette situation de désordre washingtonienne en mode hystérique constant. Elle n’est pas née d’Ukrisis, il s’agit du désordre endémique de Washington depuis 2015, qui s’est plaqué sur Ukrisis, avec les conséquences qu’on voit. Ce désordre étant endémique et non pas un effet conjoncturel, il peut prendre des allures inattendues, qui ne dépendent pas de Ukrisis, et installer dans la direction US des situations inédites (y compris par rapport à Ukrisis). Ainsi, nous ne croyons pas que les “plans de guerre” détaillés partout, qui sont constants et dépendent d’un réflexe pavlovien du système de l’américanisme, puissent être aisément contrôlés et nécessairement menés à bien. Derrière une apparente opinion unanime, la direction US est toujours aussi fracturée et soumise à des haines réciproques qui conduisent l’ensemble et rendent imprévisible la suite.

Le second facteur est bien entendu la situation européenne et même mondiale, avec les contrecoups et les effets “coups de fouet en retour” qui menacent les économies, la situation du dollar en grand péril qui menace l’hégémonisme américaniste, l’opposition du “Sud-profond” qui représente les deux tiers de la planète et ainsi de suite. Là est, bien sûr, la vraie dimension de Ukrisis, sa nature de crise globale, d’actuelle représentation opérationnelle du type-GrandeCrise (GCES). On se trouve non dans un conflit civilisationnel même si des éléments y font penser, mais dans une attaque considérable lancée contre le Système par tout ce qui se retrouve dans la dynamique antiSystème.

« C’est une guerre où “l’on est contre” bien plus qu’une guerre où “l’on est pour”. Bien plus qu’une cause à défendre, on y trouve de si nombreuses immondices de la soumission au Système à dénoncer et auxquelles s’opposer ! »

 

Mis en ligne le 30 mars 2022 à 14H10