Trump, Biden et la statue du général Robert E. Lee

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Trump, Biden et la statue du général Robert E. Lee

RapSit-USA2021. • Petites variations autour d’une envolée de Donald Trump, nobninvité à la célébration de 9/11, suivie d’un bégaiement improbable de Biden, inviteur-en-chef de la célébration de 9/11. • Le sujet est le général sudiste Robert E. Lee, qui n’est pourtant pas soupçonné d’avoir comploté l’attaque des deux tours (+ une troisième en prime) de 9/11. • On vous parle de sa statue, qui a été tronçonnée en trois. • L’anecdote est symbolique d’un Occident qui n’arrête pas de dévorer son Histoire comme l’aigle dévore chaque nuit le foie de Prométhée. • Destin similaire ?

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Ce fut donc le week-end du 20e anniversaire de l’attaque du 11 septembre 2021. La commémoration fut aussi étrange que “L’étrange cadeau” que nous reçûmes sous la forme du “Covid9/11” tel que le définit Tom Luongo. Au mémorial du 11 septembre à New York, on eut l’habituelle cohorte de personnalités au visage d’autant plus graves et recueillis selon les convenances qu’ils étaient pour la plupart masqués, selon les convenances là aussi... Sauf, a-t-il semblé, Joe Biden, qui se démasqua à l’une ou l’autre occasion, selon un comportement qui devient chaque jour plus étrange.

Toujours “plus étrange”, ce dialogue à distance entre Trump et Biden, où le plus remarquable, et de loin, fut l’intervention du second. Trump (qui n’était pas invité au mémorial, noblesse oblige) a fait une intervention publique ce même jour, où il évoqua d’abord ses rapports et sa comparaison avec Biden en termes de boxeurs sur un ring : « Si je devais choisir un adversaire, mis à part les boxeurs professionnels... je pense que probablement mon combat le plus facile serait avec Joe Biden parce que je pense qu’il s’écroulerait très, très rapidement. Très, très rapidement... Bien sûr ! Il aurait de gros, gros problèmes, je pense que Biden s’effondrerait dès les premières secondes ! »

A son arrivée au mémorial, les journalistes posèrent au président en-cours diverses questions, et notamment l’un d’eux sur son commentaire à propos de la déclaration pugilistique de Trump. Rapport en langue originale selon ‘National File’ :

« When asked about Trump’s comments during a visit to the 9/11 memorial, Biden responded, “You know, what what, what do you wanna do with Biden, I wanna box him, c’mon, c’mon, I should be so lucky. You know what I mean. But the kinds of things or, you know, stuff that’s coming out of Florida, stuff that’s coming out of you know, Robert E. lee had been in Afghanistan, he woulda won.”

» Biden then appeared to realize he was rambling incoherently and mumbled, “No, anyway, I’m, I’m tellin’ ya too much” and turned and walked away. »

On donne maintenant une adaptation nécessairement approximative en français de la réponse de Biden tout aussi nécessairement chaotique, reflétant à la fois l’état terrible du personnage, mais aussi quelques coins secrets et cachés de pensées encore cohérentes, là aussi selon une interprétation qui doit beaucoup à l’intuition disons psychanalytique plutôt que psychiatrique...

« Interrogé sur les commentaires de Trump lors de sa visite au mémorial du 11 septembre, Biden a répondu : “Vous savez, quoi quoi, qu'est-ce que vous voulez faire avec un Biden, [si] je veux le boxer, allez, allez, je devrais être si chanceux. Vous voyez ce que je veux dire. Mais le genre de choses ou bien, vous savez, les trucs qui viennent de Floride, les trucs qui viennent de vous savez, [si] Robert E. Lee avait été en Afghanistan, il aurait gagné.”

» Biden a alors semblé se rendre compte qu'il divaguait de manière incohérente et a marmonné : “Non, de toute façon, je suis, je vous en ai trop dit”, s’est détourné et est reparti. »

Une autre source, clairement plus respectueuse pour Biden compte tenu des intérêts que le président des États-Unis représente pour les intérêts qu’elle défend, – on parle de ‘The Times of Israel’, – donne une version plus cohérente de l’intervention de Biden ; version plus cohérente c’est-à-dire remise en ordre, qui n’est au reste pas faussaire puisque tous les éléments cités existent effectivement. Il faut en effet savoir que, le 8 septembre, au cours d’une autre déclaration, Trump, qui réside en Floride d’où il parlait, était intervenu directement en rapport avec le même général Robert E. Lee, qui fut chef des armées sudistes (qualificatif préférable à celui de “pro-esclavagiste”, qui donne une vision tronquée, très modernité-tardive, de l’histoire) :

« Mais [Biden] a aussi fait clairement allusion à une source de ces critiques, l'ancien président Donald Trump.

» Faisant référence à “ce qui vient de Floride”, il a mentionné une déclaration récente [de Trump] selon laquelle si le général Robert E. Lee, – qui dirigea les forces de la Confédération pro-esclavagiste pendant la guerre de Sécession, – “avait été en Afghanistan, nous aurions gagné.” »

Effectivement et hors de la complète incohérence formelle des propos de Biden, les segments de pensée qui parsèment cette incohérence renvoient à des faits évidents. De Floride, Trump avait donc bien fait une déclaration où il déplorait et condamnait grandement le jour même la mise à bas à Richmond, le 8 septembre, d’une statue en bronze du général Robert E. Lee, commandant en chef de l’armée de Virginie du Nord (ce qui faisait en fait de lui un commandant en chef de facto des armées du de la Confédération, du Sud si l’on veut). Cette désacralisation symbolique avait d’autant plus de force qu’elle a eu lieu dans la ville qui était la capitale de la Confédération des États du Sud (officiellement CSA pour Confederate States of America), qui dura de 1861 à 1865 :

« Mercredi, Trump a commencé sa déclaration en déclarant qu’on venait de voir une “puissante grue démonter la magnifique et très célèbre statue de ‘Robert E. Lee sur son cheval’ à Richmond, en Virginie. Elle a longtemps été reconnue comme une belle pièce de sculpture en bronze”.

» Trump a ensuite déclaré qu'il était offensé parce que la statue “a été coupée en trois morceaux” et jetée dans un entrepôt “pour compléter sa profanation”.

» Trump a fait l’éloge de Lee, le qualifiant de “plus grand de tous les stratèges”. Il a également mentionné que l'on devrait se souvenir de Lee comme “peut-être la plus grande force unificatrice après la fin de la guerre [de Sécession]”.

» Trump a terminé ses déclarations en disant que “notre culture est en train d'être détruite et notre histoire et notre héritage, bons et mauvais, sont en train d'être anéantis par la gauche radicale.” Il a terminé en disant que si “nous avions eu Robert E. Lee” à la tête de nos troupes en Afghanistan, alors “ce conflit qui se termine en désastre se serait terminé par une victoire complète et totale il y a de nombreuses années”. »

Cela fait plusieurs années également (voir en 2017) que les foules barbares sont au travail pour “effacer” (‘to cancel’) le général Robert E. Lee, comme tant d’autres personnages et faits historiques, par la destruction des souvenirs de commémorations et la censure des témoignages et des réflexions. On se concentre sur cet homme, Robert E. Lee, parce qu’il représente, par son caractère, par ses vertus reconnues de tous jusqu’à notre époque imbécile, par ses capacités, un exemple historique impressionnant des complexités et des contradictions de l’américanisme, jusqu’à l’illustration qu’en donne l’admiration respectueuse de ses adversaires du temps (voir la rencontre Lee-Grant d’Appomatox, d’avril 1865) ; et ainsi sa désacralisation constitue un indice sérieux de la marque satanique de la “bêtise métahistorique” caractérisant le wokenisme.
(Guénon : “L’on dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature...” »)

Quant à Lee, on rappellera sans fioritures le commentaire irrécusable du général Ulysse S. Grant, commandant en chef des armées du Nord. On trouve dans ses mémoires un rapport remarquable de sa rencontre d’Appomatox (avril 1865) où il reçut la reddition de Lee :

« J’ignore quels étaient les sentiments du général Lee. Comme c’était un homme d'une grande dignité, au visage impassible, il était impossible de dire s’il se sentait intérieurement heureux que la fin soit enfin arrivée, ou s’il était triste du résultat, mais trop retenu pour le montrer. Quels que soient ses sentiments, ils étaient entièrement dissimulés à mon observation ; mais mes propres sentiments, qui avaient été tout à fait jubilatoires à la réception de sa lettre, étaient tristes et déprimés. J’avais envie de tout plutôt que de me réjouir de la défaite d’un ennemi qui s’était battu si longtemps et si vaillamment, et qui avait tant souffert pour une cause, même si cette cause était, je crois, l’une des pires pour lesquelles un peuple ait jamais combattu, et pour laquelle il y avait le moins d’excuse possible. Je ne mets pas en doute, cependant, la sincérité de la grande masse de ceux qui nous étaient opposés. [...] Nous nous sommes vite engagés dans une conversation sur nos vieux souvenirs de l’armée. [...] Notre conversation devint si agréable que j’en oubliai presque l’objet de notre rencontre. Après que la conversation se soit déroulée dans ce style pendant un certain temps, le général Lee attira mon attention sur l’objet de notre réunion. [...] Puis nous sommes progressivement retombés dans une conversation sur des sujets étrangers à celui qui nous avait réunis. Cela continua pendant un certain temps, lorsque le général Lee interrompit à nouveau le cours de la conversation en suggérant que les conditions que je proposais de donner à son armée devraient être écrites. »

Il n’est pas évident que le général Grant, chef des armées “libératrices” du Nord, se serait particulièrement réjoui de voir la statue de son adversaire qu’il jugeait d’une si haute dignité et si digne de respect, abattue, coupée en trois morceaux, désacralisée. Les observations de Trump à propos de cette désacralisation sonnent vrai, de même nous semble-t-il, que les incohérences de Biden qui ne laissent aucunement percer la moindre critique de l’affirmation de Trump à propos de Lee (notamment sa supériorité supposée sur les actuelles ganaches corrompues composant les chefs militaires US actuels,  orgaisateurs du superbe retrait d'Afghanistan). C’en est ainsi assez instructif à propos du mouvement général (USA et bloc-BAO) dans cette entreprise de liquidation-“annulation” de l’Histoire entreprise par le mouvement du wokenisme, et des réactions qu’il suscite, non pas selon le politiquement-Correct convenu mais au fond des êtres.

Même la réaction d’une complète confusion due à l’approche sinon à la démence sénile d’ores et déjà présente de Joe Biden, rappelle l’idée de Trump sur Lee, et ne la dément aucunement, ni n’esquisse le moindre grognement désapprobateur à cet égard... Le “je vous en ai trop dit” que marmonne brusquement Biden pour rompre ses confidences-gribouille est selon cette approche, très significatif : à l’élément secret d’approbation du jugement laudatif sur Lee de Trump, répond l’élément secret d’un avertissement de Biden à lui-même qu’il s’aventure dans une zone dangereuse puisque la “feuille de route” qui lui est imposée ou qu’il s’impose en fonction du camp qu’il représente, dénonce Robert E. Lee comme un infâme raciste dont il fait tronçonner au moins en trois les statues qui le célèbrent.

Nous estimons que ce mouvement n’a rien de politique, ni même d’idéologique, mais tout d’une métaphysique inversée par rapport à la référence de l’intellect : une métaphysique de la bêtise, justement, encore plus que de la bassesse ou de la médiocrité qui y sont pourtant incluses. On y trouve en effet tous les caractères de la bêtise lorsqu’elle se trouve entourée de prévenances : la suffisance, l’arrogance, l’aveuglement jusqu’à la folie, l’incroyable asservissement à la diabolisation de soi-même proclamée en vertu suprême. Nous sommes, avec ce mouvement du wokenisme, complètement dans ce qu’on nomme “le camp du Bien” contemplant son œuvre d’éradication de tout ce que son absence de culture lui fait haïr.

Ce point de vue qui implique l’éradication de l’être-pur puisqu’il y a cette éradication de l’Histoire au mépris de toute connaissance symbolique et intuitive, doit nous confirmer, non seulement dans ce jugement du caractère maléfique ou diabolique, – au choix du lecteur, – du mouvement wokeniste dans tous ses nombreux composants déconstructeurs, mais aussi dans le jugement que son surgissement à une vitesse extraordinairement rapide indique bien que nous sommes au seuil de l’épisode final de la Grande Crise. Ainsi le rôle paradoxalement (stratégiquement) bénéfique du travail des déconstructeurs qui trouvent leur réalisation dans le wokenisme est-il complètement quoiqu’indirectement confirmé. Au plus cette pression est accentuée, au plus la Grande Crise poursuit et accélère l’expansion de sa déflagration dans toute sa puissance, actant décisivement la formule ““surpuissance-autodestruction”.

 

Mis en ligne le 13 septembre 2021 à 14H25

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