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9780• Quelques précisions importantes de plus sur les engins hypersoniques russes, particulièrement à la lumière de leur emploi opérationnel en Ukraine. • Elles sont données par un expert très appréciés même si peu connu, l’amiral croate à la retraite Davorin Domazet. • Chaque nouvelle approche du phénomène confirme sa fantastique importance du point de vue stratégique au plus haut niveau, et le retard dramatique des occidentaux, USA en tête. • Pour Domazet, la dernière frappe en Ukraine dit : “Nous pouvons couler TOUS vos porte-avions d’un coup”.
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Attardons-nous à un texte de Alex Crainer, du site ‘TrendCompass’, ce texte repris pour l’occasion par ‘ZeroHedge.com’. Nous ne connaissons pas particulièrement Crainer, mais il intervient pour nous rapporter des propos d’un spécialiste (peu connu du monde médiatique occidental, et c’est bon signe), l’amiral croate à la retraite Davorin Domazet. Crainer nous confie qu’il tient Domazet pour un des meilleurs spécialistes des matières techniques de l’armement et du technologisme, et il le compare au Russe Andrei Martianov. Comme lui, dit Crainer, il présente une grande connaissance des mathématiques avancés et de la science des probabilités.
« Comme Martianov, il insiste sur le fait qu'il est impossible de s'imposer dans la guerre moderne sans une connaissance approfondie des mathématiques avancées et des probabilités. Plus important encore, il a peut-être la compréhension la plus claire du contexte historique général de l'affrontement actuel entre la Russie et les puissances occidentales. »
Manifestement, Crainer est impressionné par le contexte historique, symbolique voire ésotérique dans lequel il importe, selon Domazet, de placer l’actuel conflit que nous classons sous le nom d’‘Ukrisis’. Les précisions que donne Crainer, d’après une interview de Domazet, sont particulièrement, – à la fois originales, exotiques et finalement, dans le contexte extraordinaire où nous évoluons, bien aussi crédibles que les simulacres dont nous abreuve la presseSystème.
Voici les précisions, que vous n’avez aucune chance d’entendre citées dans “les entretiens de LCI” ou dans “les colonnes du Monde” ; vous devrez reconnaître qu’elles sont exaltantes, – nous voulons dire excitantes pour l’imagination hypothétique, – par rapport à l’intensité et l’appel à la subjectivité extrahumaine que nous suggèrent les événements en-cours :
« Domazet est le seul analyste militaire que je connaisse qui tienne compte de l'histoire de l'oligarchie financière occidentale, de ses racines vénitiennes, de sa migration à Amsterdam où elle a formé l'Empire hollandais, et de son déménagement ultérieur à Londres qui, à ce jour, reste le siège idéologique et spirituel de l'Empire britannique zombifié.
Il a correctement qualifié l'ennemi de l'humanité d’“oligarchie occulte occidentale” et a même qualifié la guerre en Ukraine d'affrontement entre le Christ et l'Antéchrist, soulignant que l'Antéchrist se trouve à l'Ouest. La Croatie est un État membre de l'OTAN et est, comme la Pologne, une nation slave catholique, partageant même une partie de sa russophobie culturelle (bien qu'elle ne soit pas aussi enragée en Croatie qu'elle ne l'est en Pologne). »
Mais ce qui nous intéresse essentiellement, c’est l’un des sujets militaires et techniques abordés par l’amiral et repris par Crainer. Il s’agit du domaine des armes hypersoniques, dont l’amiral Domazet estime qu’elles constituent une formidable révolution stratégique et que la Russie y occupe une place d’incontestable numéro un qui lui donne une position stratégique à mesure dans l’équation de l’équilibre des forces. (Les observations de l’amiral Domazet que rapporte Crainer viennent d’une interview en serbo-croate du 17 mars sur la chaîne ‘Project Velebit’.)
Nous avons largement rapporté les événements, – actes, faits & circonstances, – qui ont accompagné la révélation par Poutine de l’avancement de la Russie dans ce nouveau domaine de l’armement. Cela nous ramène à mars 2018, – cinq ans déjà, pendant lesquels les puissances de l’“Occident-collectif” ne se sont pas trop défoncées sur le sujet, se contentant surtout de décortiquer les doutes innombrables qu’elles dressent autour des déclarations russes, voire des actes eux-mêmes.
On retrouve sur plusieurs textes de la période les premières données de cet événement, par exemple le 8 mars 2018, le 11 mars 2018, le 22 mars 2018, le 7 mai 2018, le 25 mai 2018, etc., – tous ces textes du début de cette affaire marqués par ces interrogations à propos de l’esprit d’adaptabilité et de novations des occidentaux-collectifs, dont on connaît évidemment, – aujourd’hui plus que jamais, – les réponses :
• Mais comment se sont-ils fait distancer de la sorte ?
• Mais comment n’ont-ils rien vu venir ?
• Mais comment entendent-ils réagir à part répéter “C’est encore une blague du ‘Russiagate’” ?
« Le terme “hypersonique” fait référence aux missiles qui volent à une vitesse de 5 mach et plus. À l'époque, de nombreux Occidentaux ont rejeté les affirmations de Poutine et ont pensé qu'il s'agissait d'un bluff. Nous savons aujourd'hui qu'il ne bluffait pas. La Russie est le seul pays au monde à posséder des missiles hypersoniques d’ores et déjà déployés et opérationnels, – pas un mais trois types : le ‘Zircon’, le ‘Kinzhal’ et l’‘Avantgard’. »
La conception de Domazet, c’est que les chars ont été la technologie qui a fait basculé décisivement la Première Guerre mondiale, la force aérienne tenant ce rôle pour la Seconde Guerre mondiale. Notamment, les groupes de porte-avions d’attaque, portant une flotte aérienne d’attaque sur les mers, ont constitué un système offensif irrésistible, qui a régné depuis... Aujourd’hui, estime-t-il, grand changement : c’est l’hypersonique qui fait basculer l’équation de la stratégie et de l’équilibre des forces, – qui rend toutes ces armes dépassées et inutiles, – et bien entendu, et justement, et comment ! – les porte-avions d’attaque...
La conception actuelle de Domazet est qu’on identifie deux fronts principaux dans le face-à-face stratégique entre la Russie et les USA. Domazet ne prend en acompte que l’aspect défensif parce que la problématique qu’il aborde est celle de la “défense” (impossible contre les hypersoniques). Il ne précise pas, par exemple, que les batteries ABM de l’OTAN/USA, sur la frontière russe, ont la capacité de tirer également des missiles terre-terre offensif, ce qui est un motif d’inquiétude extrême des Russes et fait de ces batteries des cibles privilégiés pour les hypersoniques russes.
En attendant, voici les deux axes défensifs identifiés par Domazet. Mais ces axes ne jouent aucun rôle dans la “défense” contre les hypersoniques en raison des incapacités (surtout du côté US, les travaux de défense anti-hypersonique étant déjà en cours du côté russe),
1) d’identifier et de cibler les hypersoniques qui évoluent en mode de manœuvres d’évitement maximal ;
2) surtout, de faire quoi que ce soit devant des vitesses hypersoniques rendant impossible l’interception.
Cette classification de Domazet reste très sommaire, – mais peu importe pour notre propos qui ne concerne que l’hypersonique.
« Selon l’amiral Domazet, le principal front militaire dans le conflit mondial actuel est constitué par les batteries antibalistiques (ABM) que les États-Unis ont installées sur l'axe Pologne-Roumanie et les Russes sur l'axe Pôle Nord-Kaliningrad-Crimée-Syrie. Il s'agit de systèmes défensifs, conçus pour intercepter les missiles nucléaires en approche. Cependant, les systèmes ABM actuels ne sont efficaces que contre les missiles volant à des vitesses allant jusqu'à mach 3,5 (3,5 fois la vitesse du son). »
Les précisions de Domazet sur l’emploi opérationnel effectif de l’hypersonique sont connues par de nombreuses autres sources (y compris officielles), mais pas dans leurs détails. Le missiles ‘Kinzal’, tiré en général de MiG-31, est l’arme utilisée en Ukraine, au moins à trois reprises. Sa capacité de vitesse maximale de vol en hypersonique se situe entre Mach 12 et Mach 15 (approximativement, entre 16 000 et 20 000 km/h). On comprend qu’aucune défense n’est actuellement concevable et par conséquent l’impunité du ‘Kinzhal’ est totale. L’intérêt des déclarations de Domazet est qu’il apporte des précisions sur deux des trois (au moins) interventions de ce missiles en Ukraine
Il avait déjà été largement signalé qu’un missile hypersonique ‘Kinzhal’ avait été utilisé au début de la guerre. Il s’agissait véritablement d’une démonstration opérationnelle de l’engin et des capacités de l’hypersonique, faite presqu’un mois jour pour jour après le début de l’attaque russe. Les précisions données par l’amiral sont impressionnantes et confirment les formidables capacités de frappe de l’engin en pleine vitesse au moment de l’impact.
« Trois fois plus lourd et presque douze fois plus rapide que le [missile de croisière US standard] Tomahawk, le Kinzhal possède plus de 3×122 = 432 fois l'énergie cinétique en croisière d'un missile Tomahawk (~17,3 gigajoules, soit l'équivalent de 4 100 kg d'énergie explosive TNT). »
Les circonstances décrites par l’amiral Domazet sont notablement différentes de celles que l’on décrivit lorsque l’attaque eut lieu.
« La première frappe du Kinzhal, effectuée un mois après le début des hostilités en Ukraine, a sans doute été la plus importante : Les forces russes ont pris pour cible un important dépôt d'armes en Ukraine, construit pour résister à une frappe nucléaire. Il était enfoui à 170 mètres sous terre et protégé par plusieurs couches de béton armé.
» Le Kinzhal vole à une altitude comprise entre 20 et 40 km, avec une portée maximale de 2 000 km. Une fois au-dessus de la cible, il plonge perpendiculairement et accélère à 15 mach, accumulant ainsi une énorme énergie cinétique en plus de sa charge explosive. Cette première frappe avec un seul missile Kinzhal a détruit le dépôt d'armes souterrain à l'épreuve des armes nucléaires de l'Ukraine. C'était un message pour l'Occident. »
Domazet rappelle que le ‘Kinzhal’ a été développé notamment dans le but exprès de détruire les groupes d'attaque des porte-avions. De même qu’il est capable de détruire un entrepôt de stockage blindé souterrain conçu pour résister à une frappe nucléaire, il peut transpercer un porte-avions, selon l’image de Domazet, « comme un couteau chaud dans du beurre ». La puissance de la frappe peut briser un porte-avions de 90 000 tonnes en deux, entre avant et arrière, et donc l’anéantir totalement.
Domazet s’attarde beaucoup plus sur la troisième frappe (une autre frappe précédente concernait un seul ‘Kinzhal’), qui impliquait, il y a deux semaines, le tir de six ‘Kinzhal’ dans une seule offensive de frappe de 70-80 missiles.
« Selon l'amiral Domazet, ni les puissances occidentales ni la Chine ne sont pas près de disposer d'armes de ce type. Il a expliqué que le problème critique des armes hypersoniques réside dans les températures extrêmes atteintes à la surface des missiles pendant les vols hypersoniques, ce qui peut entraîner la rupture des missiles en plein vol. La Russie est la seule nation à avoir développé des matériaux spéciaux qui permettent aux missiles de résister à ce stress, de sorte que leur vol peut être contrôlé tout au long de leur trajectoire et délivré avec une grande précision.
» Les services de renseignement occidentaux estiment que la Russie disposait d'une cinquantaine de ‘Kinzhal’ au début de la guerre en Ukraine et qu'elle n'en a utilisé que neuf jusqu'à présent. La semaine dernière, elle a tiré six ‘Kinzhal’ en une seule salve. Il s'agissait là aussi d'un message. Voici comment Domazet l'explique : Les États-Unis disposent de 11 groupes d'attaque de porte-avions. Moins de la moitié d'entre eux sont actifs à un moment donné (tandis que d'autres sont à quai pour entretien ou en préparation). Tirer six ‘Kinzhal’ d'un coup, c'est dire, en langage militaire, que nous avons la capacité de couler TOUS vos porte-avions d'un seul coup.
Les derrières précisions que donne l’amiral Domazet porte sur les capacités russes et sur l’avenir, avec un “Ouest-solidaire” complètement distancé et qui semble incapable de répondre sérieusement à l’avance russe. Cela peut d’ailleurs se concevoir et s’expliquer lorsqu’on est assez occupé à s’effondrer. Dans tous les cas, la description qu’en fait Domazet confirme bien qu’on dispose avec l’hypersonique d’un nouvel échelon dans l’escalade, sans nécessité de passer immédiatement au nucléaire.
La Russie a la capacité d'en construire environ 200 par an et dispose désormais de moyens de les livrer n'importe où, à partir d'avions, de navires et de sous-marins. Outre la destruction des porte-avions, elles peuvent également détruire les sites de missiles ABM de l'OTAN. En résumé, la Russie a - pour l'instant - gagné la course aux armements.
Les puissances occidentales pourraient mettre dix ans ou plus à la rattraper et, d'ici là, le seul moyen d'éviter de perdre la guerre est soit de concéder la défaite et d'accepter les exigences de la Russie en matière de sécurité, soit d'escalader le conflit jusqu'à l'échange nucléaire.
Mis en ligne le 24 mars 2023 à 09H45
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