Secousse cyclique

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Secousse cyclique

• Le grand phénomène de notre époque pour les esprits, à côté de la médiocrité absolument exceptionnelle de la presse d’information et des rouages de la démocratie, c’est la renaissance d’un intérêt de plus en plus large pour la Tradition. • On ne voit cela que dans les fins de civilisation, qui sont bien plus que des “fins de race”. • Cet article de l’Italien Renzo Giorgetti marque cette tendance en annonçant l’inéluctabilité du changement radical qui nous attend. • Ce ne sera pas simple ni sans douleur mais, comme l’on dit, c’est d’ores et déjà écrit.

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14 août 2025 (15H15) – Le texte que nous présentons ci-dessous, de l’historien italien Renzo Giorgetti, n’est pas aisé à comprendre. En un sens, et même s’il contient une signification très puissante, ce texte est présenté comme exemple de la sorte de nouvelles façons de pense qu’il importe désormais d’appréhender . C’est d’ailleurs, notamment dans ce sens en plus de sa signification que l’auteur définit son intervention, notamment dans la conclusion qui est une sorte d’exhortation : “Vous n’y comprenez  pas grand’chose ? Eh bien, il va falloir vous y mettre pour apprendre à y comprendre quelque chose, c’est-à-dire diverses choses”.. Qu’on en juge avec le paragraphe de conclusion :

« Ces discours ne sont peut-être pas très compréhensibles pour ceux qui ont été programmés selon les anciens schémas de pensée, mais il serait bon de commencer à les assimiler, car l'avenir ne fera pas de concessions à ceux qui tenteront de survivre avec des outils désormais obsolètes : avec la ‘polis’, c'est en effet cette autre construction artificielle appelée raison qui s'est effondrée. La nouvelle ère, en montrant l'aspect le plus vrai de la vie, c'est-à-dire la confrontation entre des forces pures, rendra à nouveau protagoniste ce qui a été trop longtemps et injustement appelé l'irrationnel. »

Il est devenu évident pour nous, nous voulons dire pour un nombre grandissant très vite de personnes concernées (disons très vite “les intellectuels”, quoiqu’il importe absolument de voir plus loin et différemment) que nous affrontons une période qui n’a strictement aucun précédent dans l’histoire que nous connaissons, y compris avec les chutes des divers empires et civilisations. Cela se mesure notamment par la prolifération de textes développés autour de l’idée général de la Tradition (le site ‘euro-synerrgies.hautetfort.com’ est exceptionnel à cet égard), avec diverses approches, diverses sensibilités ; et cette abondance tend effectivement à créer de nouvelles perceptions, sinon de nouveaux esprits, et en retour accélèrent encore le processus. Ce que l’auteur désigne comme le nouveau protagoniste de la vie publique et de nos conceptions est effectivement « ce qui a été trop longtemps et injustement appelé l'irrationnel. »  

On se tourne donc vers des références à la transcendance, à ce que l’auteur nomme le “sacré”, complètement disparu depuis les grandes réformes de la modernité et du « déchaînement de la Matière ».

« Par “sacré”, nous entendons au sens large ce qui n'est pas confiné dans les limites de la matière, et le terme peut donc désigner à la fois ce qui est proprement sacré (comme la spiritualité supérieure) et ce qui s'y oppose comme une force blasphématoire, exécrable, même si elle possède sa propre “sainteté”. »

Une caractéristique remarquable du propos de l’auteur, qui rejoint notre constat de la prolifération des considérations pour un retour vers la Tradition, c’est la facilité avec laquelle il semble envisager cette évolution ; c’est comme une sorte de glissement sans trop de heurts psychologiques et mentaux (par contre, nous aurons des heurts politiques et antipolitiques, militaires, culturels, etc.), – comme  si la chose allait littéralement “de soi”, – comme dans cette phrase où le phénomène est cité comme une des bornes évidentes du susdit « déchaînement de la Matière ».

« Le “Nouveau Régime” (1789-2020) est en cours de restructuration, devenant “Tout Nouveau” : la période de transition que nous vivons sera caractérisée par le démantèlement définitif de tout l'appareil des droits et des garanties qui ont caractérisé la vie civile précédente. »

... C’est en fait comme si l’“ancien régime” né de 1789 acceptait sans trop de heurts ni de protestation de s’effacer, de céder sa place au “Tout Nouveau”-venu, – qui n’est en finalement, pour une partie assez importante certes mais certainement pour l’esprit de la chose, que le retour à des conceptions anciennes de la Tradition.

Bien entendu, dit encore l’auteur, tout cela était prévisible et “la chute des masques” se fait sans grand heurt ni surprise, puisque le masque ne masque plus rien, que tout semble se réduire à cette espèce de poudre impalpable comme devient la matière lorsqu’elle est poussée jusqu’à sa température de décomposition totale, jusqu’à devenir le Rien, lorsqu’elle atteint les 5 000 degrés centigrades... C’est justement, comme l’a obligeamment précisé Poutine, la chaleur atteinte par le revêtement métallique d’un missile russe ‘Orechnik’ pénétrant le sol jusqu’à 200-250 mètres, en fin de course, “freiné” par le béton, la pierre et la terre après avoir heurté le sol à plus de Mach 10 (autour de 13 000 km/h). Cela donne, après tout, au si-fameux ‘Orechnik’ qui bouleverse l’équilibre des forces, en même temps qu’à la guerre qui l’a fait apparaître et dont il est devenu le symbole, une dimension presque sacrée et métaphysique parfaitement justifiée, et dans l’esprit du texte que nous suivons.

« La chute des derniers masques derrière lesquels se cachait le régime tyrannique du totalitarisme global n'est pas une surprise, car elle était prévisible, du moins pour ceux qui avaient un minimum de sensibilité et d'intelligence pour discerner les dynamiques du pouvoir des deux derniers siècles dans le monde occidental dit moderne. »

A tout cela, nous ajouterions une dimension de notre cru : la fantastique puissance du système de la communication, plus ‘Janus’ que jamais, qui permet, qui accélère sans cesse la transmission des textes et réflexions et donne à ceux qui portent des vérités, même frappée d’excommunication par l’‘Ancien Régime’, un poids formidable de persuasion correspondant à une vérité-de-situation fondamentale... D’où la diffusion souterraine, en réseaux ou en rhizomes comme dirait Gilles Deleuze, de l’esprit de la chose.

On peut alors, dans l’esprit du texte de Giorgetti, émettre des hypothèses relevant du soi-disant “irrationnel” qui ne l’est plus vraiment pour expliquer et définir l’importance considérable des éléments de vitesse de l’information, de diffusion massive de l’information, – dans ce cas, bien entendu, les textes permettant d’envisager un retour vers la Tradition pour la période du “Tout-Nouveau” qui se dessine, elle-même à une vitesse considérable,  empêchant les sentinelles du Système en place et pourrissant, d’intervenir avec efficacité... Nous serions doinc dans un domaine commun, avec pour mission de parler le plus et le plus audacieusement possible pour l’emporter sur l’autre !

« En ces moments historiques, se taire pourrait sembler de l'apathie – et c'est la seule raison pour laquelle nous écrivons ces considérations – même s'il n'y aurait en réalité presque rien à ajouter, ayant déjà largement préfiguré dans le passé les développements sinistres de la situation actuelle. »

Comprenez-vous tout ou partie du texte de Giorgetti ? Les réponses peuvent différer, – et la nôtre est loin d’être assurée. Mais là n’est pas ce qui importe, comme il le laisse lui-même entendre. Vous comprenez bien qu’il existe une très forte poussée vers un retour vers la Tradition, avec différentes façons d’envisager les rapports avec le monde existant (un « Postmodernisme alternatif » s’alliant au  traditionalisme, dit Douguine, avec à l’esprit des références à Guillaume Faye et à son “archéofuturisme”). L’essentiel pour notre cas singulier, selon l’état d’extraordinaire puissance du système de la communication, c’est d’ouvrir largement la voie à cette poussée salvatrice. C’est bien le caractère métahistorique et relevant de forces invisibles mais si puissantes du système de la communication qui nous permet de jouer ce rôle.

Il est vrai qu’à la mesure vertigineuse de l’effondrement de cette civilisation et du Système qui en a fait sa chose en prétendant en faire sa gloire, les grandes idées des grands esprits de la Tradition et de l’antimoderne, les vivants et les morts, sentent que leur heure est venue. Ils peuvent enfin développer leur critique sans qu’aucun argument sérieux ne leur soit opposé, et rappeler les grandes forces qui meuvent l’univers. Fin de civilisation sans égale, jamais dans l’histoire connue, et donc la fin d’un cycle.

Dans ‘euro-eynergie.hautefort.com’, l’original dans ‘heliodromos.it

dedefensa.org

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La fin du politique

En ces moments historiques, se taire pourrait sembler de l'apathie – et c'est la seule raison pour laquelle nous écrivons ces considérations – même s'il n'y aurait en réalité presque rien à ajouter, ayant déjà largement préfiguré dans le passé les développements sinistres de la situation actuelle. La chute des derniers masques derrière lesquels se cachait le régime tyrannique du totalitarisme mondial n'est pas une surprise, car elle était prévisible, du moins pour ceux qui avaient un minimum de sensibilité et d'intelligence pour discerner les dynamiques du pouvoir des deux derniers siècles dans le monde occidental dit moderne.

Le fait que toutes les « conquêtes » et tous les « droits » du passé aient été éliminés avec une totale désinvolture et sans aucune résistance ne peut que susciter l'hilarité et la peine (surtout à l'égard de ceux qui y ont cru), car tout cet appareil de formules vides n'était rien d'autre qu'un décor, une fiction créée pour persuader les malheureux de vivre dans un monde libre. Il ne s'agissait en fait que de produits artificiels, présentés comme des valeurs absolues, mais qui n'étaient en réalité que de misérables concessions dont l'apparence d'intangibilité n'était garantie que par la parole, c'est-à-dire par des déclarations solennelles mais inconsistantes d'individus à la crédibilité douteuse.

Et en effet, tout ce qui a été donné a ensuite été repris avec intérêts, laissant en plus les dommages psychologiques du lavage de cerveau sectaire, de l'incapacité à élaborer des pensées réellement alternatives. Il est inutile maintenant de se plaindre et de réclamer « plus de droits », « plus de liberté » ou même de se plaindre du « manque de démocratie » : ces schémas sont perdants. Ils ont été implantés dans l'esprit de la population à une époque où les besoins de l'époque imposaient ce type de fiction. Il fallait en effet faire croire que l'on avait été libéré (on ne sait pas bien par qui) et, après une série de « luttes » et de « conquêtes », que l'on était enfin arrivé au summum de l'évolution et du progrès. Mais aujourd'hui, les choses ont changé et de nouvelles fictions sont nécessaires pour garantir la continuité du pouvoir.

Le « Nouveau Régime » (1789-2020) est en cours de restructuration, devenant « Tout Nouveau » : la période de transition que nous vivons sera caractérisée par le démantèlement définitif de tout l'appareil des droits et des garanties qui ont caractérisé la vie civile précédente. Ce démantèlement ne sera pas suivi d'un vide, mais de nouveaux ordres fondés sur de nouvelles logiques et de nouveaux paradigmes. La destruction du pacte social ne conduira pas à l'état de nature (qui n'a probablement jamais existé) et au rejet de toutes les règles, mais à un « nouveau pacte » avec de nouvelles règles plus ou moins volontairement acceptées. La forme de gouvernement des derniers temps ne sera pas l'anarchie mais l'imperium, un sacrum imperium, une hégémonie à la fois spirituelle (façon de parler) et temporelle, une forme de pouvoir avec sa sacralité toute particulière, très différente de la laïcité du présent.

La polis, entendue comme lieu de rencontre et de résolution dialectique et pacifique des conflits, s'est désormais effondrée, désagrégée par le lent travail mené à l'intérieur de ses propres murs, et tout discours politique est donc dépassé, irréaliste, irréalisable, un tour de passe-passe sans aucun effet pratique. Mais la désagrégation de la polis ne ramènera pas à l'état sauvage. Le retour aux origines sera d'un tout autre ordre. À la polis, c'est-à-dire à la civitas, ne s'oppose pas la silva, mais le fanum, ce territoire consacré au dieu, dont les habitants doivent se soumettre aux règles de la divinité à laquelle ils appartiennent. Ceux qui vivent dans le fanum vivent selon des lois particulières, selon un ordre qui n'est pas celui de la vie civile, un ordre différent, pas nécessairement négatif. Le cives se rapporte aux autres sur un plan horizontal, tandis que le fanaticus vit la dimension verticale, il est possédé, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire (le terme ‘fanatique’ doit être compris dans un sens neutre, son anormalité n'étant telle que dans un monde politique) ; ses actions répondront à des critères différents dans la mesure où la présence de l'invisible s'est désormais manifestée, rendue à nouveau tangible, agissant dans le monde de manière concrète.

Dans la mesure où des influences qui ne sont plus liées à la stricte matérialité entrent dans le monde, tout reprend alors des accents sacrés et rien ne peut plus être profane, rien ne peut plus être exclu de l'irruption du numineux qui imprègne et transfigure tout.

Par « sacré », nous entendons au sens large ce qui n'est pas confiné dans les limites de la matière, et le terme peut donc désigner à la fois ce qui est proprement sacré (comme la spiritualité supérieure) et ce qui s'y oppose comme une force blasphématoire, exécrable, même si elle possède sa propre « sainteté ».

L'irruption du transcendant dans le monde laïc et matérialiste (dans le monde profane) entraîne un changement historique, modifiant non seulement les règles de la vie civile, mais aussi les paradigmes mêmes sur lesquels repose l'existence. La fin de la politique s'inscrit dans ce contexte et porte la confrontation sur un autre plan.

L'effondrement du monde politique laisse déjà entrevoir, parmi les décombres, la montée d'une puissance étrangère, le numen, les forces de l'altérité qui déconcertent en manifestant la puissance du tremendum. Le nouveau saeclum verra se manifester ce qui, invisible mais existant, se cachait derrière l'apparence d'une matérialité fermée et autoréférentielle, des forces absolues qui agiront de manière absolue, ignorant les constructions conventionnelles inutiles de la pensée humaine. La dernière époque verra le retour des dieux.

Mais cela, qu'il soit dit pour le réconfort de tous, ne se fera pas à sens unique. Certaines forces ne peuvent se manifester impunément sans que d'autres, de signe opposé, descendent pour rétablir l'équilibre.

La lutte reviendra à des niveaux primaires, car l'anomie, l'hybris a trop prévalu et, dans sa tentative de s'imposer, risque sérieusement de bloquer le cours même de la vie. En effet, comme nous l'ont montré de nombreux mythes (nous devons nous tourner vers le mythe car la situation actuelle n'a pas de précédent historique connu), cet état de choses n'est pas durable et conduit toujours à des interventions d'équilibrage qui, en contrant les forces de la prévarication, éliminent également le déséquilibre devenu trop dangereux pour l'ordre cosmique lui-même.

La fin de la polis conduit à l'impossibilité de résoudre les conflits par le compromis et la médiation. Tout passe désormais du politique au fanatique, car les forces qui s'affrontent sont des forces antithétiques, absolues, qui, tout comme la vie et la mort ou la justice et l'injustice, ne peuvent coexister simultanément dans un même sujet.

Ces discours ne sont peut-être pas très compréhensibles pour ceux qui ont été programmés selon les anciens schémas de pensée, mais il serait bon de commencer à les assimiler, car l'avenir ne fera pas de concessions à ceux qui tenteront de survivre avec des outils désormais obsolètes : avec la polis, c'est en effet cette autre construction artificielle appelée raison qui s'est effondrée. La nouvelle ère, en montrant l'aspect le plus vrai de la vie, c'est-à-dire la confrontation entre des forces pures, rendra à nouveau protagoniste ce qui a été trop longtemps et injustement appelé l'irrationnel.

Renzo Giorgetti