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611726 mars 2019 – J’écoutais et regardais une ou plusieurs émission(s) de notre “petite lucarne” magique devenue grande, où le monde revu et corrigé défile 24 heures sur 24 et 7 jours sur 4 (lapsus type-Castaner) ; et tous, sacrifiant pour une fois à l’existence du reste du monde, signalaient la nouvelle selon laquelle le rapport du Procureur Spécial Mueller sur la complicité prorusse évidente et qui n’aurait même pas besoin de preuves du président Trump n’est étayée par aucune preuve. Aussitôt, tous nos commentateurs (sur LCI, sur 28 minutes, que du beau linge), en général furieux anti-Trump, s’exclamaient, avec un zeste d’amertume d’accord mais néanmoins une certaine naïveté comme s’il se souvenait qu’ils sont des journalistes et qu’il faut parfois dire les nouvelles telles qu’elles sont, – s’exclamer donc que c’est une formidable victoire pour Trump et qu’il a d’ores et déjà gagné la réélection.
Tous, ils déclarèrent, – je transcris dans notre langage-quotidien :“R.I.P., Russiagate”, Trump a envoyé paître le boulet qui le maintenait... Mon Dieu, comme c’est aller bien trop vite en besogne. D’ailleurs et comme pour nous rassurer, il y a une drôle de phrase (dans le sens de phoney sentence et pas funny sentence) dans le rapport Mueller, citée dans le résumé que le ministère de la Justice a transmis au Congrès : « Bien que ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l’en exonère pas non plus. » Je traduis en langage-plouc pour ceux, comme moi-même, qui seraient intrigués par cette phrase : “Bien que ce rapport ne démontre pas que le président est coupable, il reste au président à prouver qu’il est innocent”.
En fait quand on lit les commentaires un peu travaillés de certains aux USA, – WSWS.org aujourd’hui par exemple, – on conclut que le rapport Mueller qui devrait clore cette affaire du Russiagate, sonne au contraire une mobilisation générale des démocrates pour attaquer à nouveau, plus que jamais, plus résolument qu’on puisse imaginer, la cible que vous imaginez ; si vous voulez, une super-mobilisation d’une troupe déjà mobilisée jusqu’à l’hystérie depuis 2016. On n’a pas fini de commenter le crique.
C’est-à-dire que Russiagate, comme les Gilets-Jaunes dont je parlai hier, est effectivement un “monstre incontrôlable”. Il a la mission hautement vertueuse d’entretenir et de grossir sans cesse le désordre à “D.C.-la-folle”, de miner le pouvoir US, sans arrêt, par tous les moyens, et il mène cette mission avec une superbe alacrité et une résilience sans fin. Même si les situations, les acteurs, la situation de la chose diffèrent totalement, il est du point de vue métahistorique que j’affectionne un équivalent des Gilets-Jaunes dans l’esprit de la chose. Il s’agit de l’effet fondamental de sa mission qui est, comme celui des Gilets-Jaunes, de poursuivre le but infiniment vertueux (bis) de marteler, et encore marteler, et toujours marteler le Système( les deux pouvoirs respectifs, US-Washington et français-Macron) pour l’ébranler, le déstabiliser, le mettre hors de lui, pour le conduire à s’ébrouer plus encore comme un volcan fou et transporté par une terrible fureur dans une dynamique hors de contrôle (contagion du “monstre”) qui transmue la surpuissance en autodestruction.
Le grand art, le sublime caractère du “monstre incontrôlable” dans les conditions de notre crise, outre d’être certes “incontrôlable” pour ceux qui voudraient le tenir, c’est en fait et d’abord d’être incontrôlable pour lui-même, c’est-à-dire de produire de l’incontrôlabilité pour la semer partout autour de lui, derrière lui et devant lui.
Disons qu’il s’agit de “monstres incontrôlables” crisiques, qui constituent les accélérateurs sans fin du tourbillon crisique dont on attend qu’il rende le Système littéralement fou ; jusqu’à ce qu’il (le Système) se fasse scorpion de lui-même, crachant son propre poison (la surpuissance) pour en arriver, comme le veut la légende, à se piquer pour s’inoculer son propre poison (autodestruction).
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