Propos de sondages

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Propos de sondages

29 octobre 2015 – Il y a eu l’un ou l’autre commentaire à la nouvelle, d’origine indirectement gouvernementale préciserais-je pour amorcer le débat, selon laquelle Poutine avait ces temps dernier une popularité supérieure au pic de popularité dont il a joui durant la crise ukrainienne. (Voir le texte du 23 octobre 2015 : « [L]a popularité de Poutine n’a jamais été aussi haute, même par rapport au pic précédent, en pleine crise ukrainienne (juin 2015) : 89,1% en juin 2015, 89,9% en octobre 2015 (17-18 octobre, alors que l’intervention russe en Syrie était déjà effective et montrait son vrai visage). ») Le sondage a été effectué, soulignait dans le Forum du texte un de nos lecteurs, Mr. Toulet, « par le Centre Panrusse d'étude de l'opinion publique - VTsIOM - lequel est un organisme d'Etat, contrôlé par les autorités publiques - il dépend du Ministère du Travail et des Affaires sociales. » Et ce même lecteur commentait :

« Une méfiance de bon aloi envers les productions des grands médias et des organisation étatiques du Bloc atlantique en terme de doctrine comme de représentation de la réalité n'a aucune raison d'être incompatible avec une lucidité sur ce que sont les médias et les organisations étatiques de la Russie – c'est-à-dire eux aussi les instruments d'une propagande.

» Cela ne prouve pas que le chiffre de “90%” d'approbation des Russes envers la politique de leur gouvernement soit faux bien entendu.

» Simplement, il est aussi suspect que sa source. »

Cette intervention me paraît bien complète pour ouvrir le débat que je voudrais développer ici. Je comprends parfaitement le point de vue de notre lecteur et, sur divers points comme sur l’essentiel du propos, je suis en complet désaccord avec lui ; cela est écrit, je le précise avec force, sans la moindre acrimonie, sans agressivité évidemment, sans mauvaise humeur, je dirais presque avec entrain et bonhomie, et en tendant loyalement la main. Je n’entends pas une seconde ouvrir une polémique mais bien, à travers une réplique argumentée, tenter de mieux définir encore la façon dont nous travaillons, dont je travaille, etc., et tout cela engageant ma seule responsabilité...  C’est-à-dire que l’on n’entendra nulle affirmation qui se voudrait objective, qui ferait appel à une référence ferme en-dehors de moi, éventuellement au nom de laquelle on pourrait condamner (mon interlocuteur dans ce cas) en s’en lavant les mains ; rien de cela parce que je ne mange pas de ce pain-là ; rien de cela non plus, – et là, j’entre dans le vif du débat, – parce qu’il n’y a rien de cette sorte qui le permette, aujourd’hui, dans le monde de la communication. J’avancerais l’interprétation que l’on nous a forcés tous dans cette position formelle en matière de communication et d’information, qui n’empêche pas de chercher à nouer des liens entre nous, certes, mais qui au départ nous force à figurer dans ce cadre paradoxalement informe, désarticulé, instructuré, inexistant du “chacun pour soi”, qui devient en un peu plus élaboré “à chacun de se faire sa religion” ; ainsi en a voulu le Système qui a organisé la plus formidable offensive d’individualisme et d’isolement de l’individu qu’ait jamais expérimenté l’espèce, et ainsi nous laisse-t-il face à nous-mêmes, chacun face à soi-même, dans un formidable réseau de communication et de circulation d’information. (Je dirais naturellement que cela vaut pour le lecteur de dedefensa.org : chaque lecteur doit juger de ce “média” pour lui-même, et trancher de cette façon, seul à seul avec dde.org.) ... Que tout cela fasse office de préambule que l’on doit garder à l’esprit, avant de passer au cœur du débat.

Dans les remarques de notre lecteur rapportées plus haut, nombre de détails sont contraires à ma conviction et à mon expérience et, par conséquent, l’ensemble ne peut rencontrer mon sentiment. J’essaie de ne pas faire trop long, mais je compte bien également faire de cette réplique bien plus qu’une réponse, je le répète, c’est-à-dire en faire un élément de plus pour renforcer l’explication permanente que je dois, que dedefensa.org doit à ses lecteurs (dont Mr. Toulet, certes) pour expliquer notre méthodologie, à dde.org et à moi. Ne pas faire trop long, c’est-à-dire faire (assez) court en se limitant au commentaire de trois “détails” essentiels des remarques de notre lecteur, qui m’arrêtent, avant de passer à un exposé plus général.

• On nous parle de “méfiance”, ou de “méfiance de bon aloi”. Je rejette pour mon compte cette attitude, étant un homme de confiance, notamment parce que je suis un homme de foi (de fides : confiance). Moi, je parle de “doute” et même de “doute-absolu” (voir “vérité-de-situation” dans le Glossaire.dde). La méfiance est un trait de caractère dont je suis absolument dépourvu, le doute est un jugement subjectif (pas celui d’un tribunal, mais le mien) dont la cause est l’objet du doute, – et du doute, on s’en doute, je fais le miel de toutes mes analyses et réflexion sur l’état présent du désordre du monde. Autrement dit, ce qui détermine mon jugement sur les affaires de ce monde n’est pas un trait de mon caractère mais ce que je juge, par ma raison, mon expérience et surtout l’intuition qui j’espère m’est donnée, des affaires de ce monde ; et il se trouve que les affaires du monde, aujourd’hui, ici et maintenant, justifient absolument l’utilisation d’un tel outil, non pas à cause de mon caractère mais à cause de ce qu’est le monde aujourd’hui.

• ... Mon doute joue à plein lorsque le qualificatif “étatique” (utilisé par notre lecteur) est employé pour désigner les organismes dont il faut “se méfier”. Pour ce cas, les sondages ; si l’on lit ce qui est écrit, il faudrait donc se “méfier” des seuls organismes étatiques de sondage, pas de ceux qui sont au pouvoir de puissances d’argent, d’intérêts particuliers, de milliardaires totalement incultes et idéologisés ? Alors et puisque la réponse est évidente, ce qualificatif d’“étatique” est complètement trompeur. Lorsqu’il nous est recommandé d’user de notre “méfiance” à l’encontre d’un organisme étatique russe, parce qu’il est russe et étatique je suppose, cela ressemble diablement au caractère très primaire de la dialectique-Guerre froide, que j’ai bien connue pour l’avoir moi-même pratiquée, où était délibérément discrédité tout ce qui venait de l’État soviétique. Or, cette structure étatique était complètement faussaire, tromperie, simulacre d’État, etc., comme le sont justement les structures étatiques-BAO actuelles. (*) Alors faisons confiance au “doute”, si vous le voulez bien : moi, aujourd’hui, pour les sondages et le reste, je doute des organismes d’État essentiellement dans les pays-BAO, justement parce qu’il n’y a plus d’État, et que tout est totalement déstructuré, dissolu par le non-étatique, c’est-à-dire “puissances d’argent, d’intérêts particuliers, de milliardaires totalement incultes et idéologisés” ; quant aux sondages venus du “privé”, c’est-à-dire des organismes appartenant à la même bande et dont on pourrait croire par logique antagoniste qu’il ne faudrait pas “se méfier”, alors mon doute est proche du doute-absolu. (L’État, le vrai c’est-à-dire le régalien, ne m’a jamais terrorisé par sa soi-disant “propagande”. Lorsqu’un Pompidou, alors à la tête d’un État qui avait encore des principes régaliens, disait de l’ORTF que “c’est la voix de la France”, je comprends parfaitement, aujourd’hui plus que jamais, ce qu’il voulait dire et ne tombe pas dans des vapeurs de vierge effarouchée. C’est-à-dire que je n’agite pas devant les yeux d’un “nigaud“ aux “pieds lourds” “qui s'y accroche par crédulité” le carton rouge de “propagande, camarade, propagande”. Non, cette idée-là, qui était bien entendu celle de De Gaulle à 200%, je lui trouve du sens qui est celui du devoir et d’une certaine dignité, et dans tous les cas une logique principielle, – à défaut de la vertu humaniste et privée, non-étatique et largement soutenue par le privé, ou Corporate Power, de la liberté d’ingérence qui permet de larguer des bombes sans s’occuper des questions de légitimité et de légalité qui vont avec un État.)

• Le troisième “détail” est déjà dans le second. Il nous est recommandé d’avoir autant de “méfiance” pour l’État russe que pour les États (?) du bloc BAO. Ce n’est pas du tout mon avis parce que, autant l’État soviétique n’existait pas comme les États-BAO n’existent plus aujourd’hui, autant l’État russe existe à nouveau, avec les caractères régaliens et principiels d’un véritable État. Pour mon compte, je doute moins, infiniment moins d’un Poutine que d’un Obama, d’un Hollande, d’un Cameron ou d’une Merkel, et singulièrement au niveau de la communication. Je crois même, – je vais vous étonner, peut-être, quoique pas sûr si on réfléchit bien, – que la toute-puissance d’un Poutine, toujours au niveau de la communication, c’est que c’est un virtuose de l’usage de la vérité-de-situation, et que ce qu’il nous dit est une partie non négligeable de la Vérité du monde. C’est justement ce qui lui donne toute sa force de conviction, car l’on est bien aise et au meilleur de son talent oratoire lorsqu’on dit ce qu’on juge, sent et hume, comme étant la vérité. Si Poutine a cette attitude, c’est simplement pour la raison, que j’ai maintes fois identifiée, que son gouvernement et sa politique sont appuyés sur une logique principielle, parce qu’ils (Poutine et son gouvernement) se réfèrent dans l’élaboration de leur politique à des principes clairement proclamés : souveraineté, légalité principielle, légitimité. Poutine ne parle guère des “valeurs”, il les laisse à ses “partenaires” occidentaux, et l’on sait bien ce que sont les valeurs” : des artefacts prétendument moraux, des gadgets du prêt-à-penser, des automatismes de talk-shows, qui varient au gré des modes, des intérêts, des illusions, des emportements hystériques, des angoisses et des conformismes.

Notez bien que je ne me “méfie” ni d’un Obama, ni d’un Hollande, ni d’un Cameron, ni d’une Merkel, qui ne sont par ailleurs point de mauvaises personnes. J’ai dit que je doutais grandement d’eux, simplement parce qu’ils sont vides, instructurés, sans la moindre conscience principielle puisqu’entièrement gouvernés par les “valeurs” qui font office de slogans, et donc ils disent n’importe quoi entre les phrases-slogans convenues que leur dir’com leur fait passer, et il ne faut pas leur en vouloir puisque cela ne vient pas d’eux mais d’une machine-Système dont fait partie la dir’com. Ils sont par conséquent, ces gens (Obama, Hollande, etc.) sans le moindre intérêt, au niveau de la communication notamment, et parler de “propagande” à leur propos c’est leur faire bien de l’honneur et parler d’un autre temps. Rappelez-vous donc Poutine, se marrant comme un bossu, en disant publiquement que lors de sa rencontre avec Hollande et Merkel lors d’un round ou l’autre du processus de Minsk, ses deux interlocuteurs chuchotaient parce qu’ils avaient peur qu’un micro de la NSA se soit égaré dans la bouteille de vodka qu’on leur avait apporté. Où se trouve la vérité-de-situation et celui qui dit le vrai ? Non, Hollande et Merkel ne sont pas de mauvaises personnes dont il faut se “méfier” mais des êtres vides qui ont peur de leur ombre et de dire un mot plus haut que l’autre qui brouillerait le capteur de la NSA. Quant à Poutine, il se marre au-dedans de lui...

Ces choses que j’ai dites ne signifient pas que je gobe tout les yeux fermés, du côté russe, simplement parce que je ne gobe rien, aujourd’hui, les yeux fermés, par simple réflexe d’indigestion. Les choses que j’ai dites signifient que je fais l’analyse que les Russes ont moins besoin de mentir que les BAO’s boys, simplement parce que leur politique est essentiellement principielle et qu’elle est donc totalement insensible au déterminisme-narrativiste ; idem pour la popularité de leur président. En réalité, plutôt que débattre sur la naïveté de celui qui croit au chiffre incriminé, le fait singulièrement intéressant de ce cas et l’enseignement politique principal étaient et restent que, dans le cas précis, cette popularité ne s’exerce plus sur un homme faisant une politique quasiment évidente (pendant la crise ukrainienne) mais sur une expédition extérieure de l’envergure de ce qui est fait en Syrie encore plus que sur l’homme qui la dirige nécessairement à cause de sa fonction de président. C’est ce qu’a écrit Israël Shamir, qui est un drôle de coco qui a ses sources mais qui n’est ni un naïf ni un propagandiste ; c’est vrai, j’avoue avoir fait avec un certain plaisir qu’on voudra bien me pardonner une Brêve de crise d’un extrait de cet article, après ma propre Brève de crise sur la popularité de Poutine :

« Putin has been very popular before the war, with 86% support in the ratings, and now his public support has gone through the roof. The best of it, from the Russian point of view, was the daring launch of their 26 brand new Kalibr cruise mistyuixfsiles from a frigate in the Caspian Sea all the way to Syria over the hills and deserts of Iraq and Iran. Though Iraq and Iran had been warned, they did not leak the news to their US partners. The missiles made perfect hits, and military experts say this new class of cruise missiles would allow Russia, if necessary, to take care of the US missile shield installations in neighbouring East European countries. The Russians were pleased as on the day they launched their first Sputnik. »

J’expose donc là ma méthode, pour ceux qui pourrait se désespérer à cause de certaines de mes remarques sur la situation présente de la communication et l’extraordinaire difficulté de distinguer la réalité. Je vais la résumer cette méthode, en très peu de mots, par le simple constat de ce qu’elle prend en compte dans ce qu’elle juge être la situation présente du monde. Un premier point, et de loin le plus important, est que la propagande n’existe plus, au sens où l’on entendait habituellement cette activité. Le système de la communication est d’une telle puissance, et par conséquent le flot de l’information, que rien ne peut être dissimulé et que, par conséquent, aucune déformation de faits quelconques ne peut être réalisée sans risquer de se voir opposés dans les heures, voire dans les minures qui suivent sur les réseaux, des faits qui disent le contraire de cette déformation, éventuellement en réalisant eux-mêmes une déformation contraire ; et cela est devenue une telle vérité du monde qu’on peut aisément en déduire comme j’en ai fait l’hypothèse (voir à nouveau le Glossaire.dde, vérité-de-situation & Vérité, ou “la caverne de Platon n’est plus dans la caverne”) que la réalité objective en tant que telle, – une seule réalité, – n’existe plus. La propagande n’existe plus parce qu’il n’y a plus une seule réalité objective à déformer à son avantage, parce que la communication par sa puissance a tué la “réalité objective” au profit d’une multitude de réalités possibles où il y a à boire et à manger (les fameuses narrative mais aussi les non-moins fameuses vérités-de-situation). (La force, non la raison d’être de la propagande était qu’en déformant la “réalité objective” sans qu’on le sache, le résultat pouvait apparaître comme “réalité objective”, et donc indiscutable ; c’est-à-dire qu’il fallait qu’on crût qu’une vérité objective existât. Aujourd’hui, cela est impossible puisque la vérité objective ne peut plus exister.) D’où mon repli (le refus de débattre de la “réalité”), qui est plutôt du genre tactique pour satisfaire une stratégie d’évitement permettant de resurgir sur les arrières de l’adversaire ; qui est aussi un choix, et peut-être un choix d’élévation puisqu’il doit nous rapprocher de la Vérité, en proclamant qu’il existe des fulgurances et des occurrences de vérité dans ce chaos de réalités innombrables, et que cette pépite sortie grâce au tamis du bon sens d’une raison non-subvertie, de l’expérience et surtout de l’intuition haute, se nomme une vérité-de-situation. C’est là un deuxième point de la méthodologie.

Par conséquent, dedefensa.org et Philippe Grasset, c’est plus une question de confiance qu’une question de sûreté ; mais une question de confiance où l’on ne s’engage pas en aveugle, mais au contraire lesté d’un historique non négligeable, que l’on peut, après quinze ans d’existence du site (et le gros quart de siècle d’existence de la Lettre d’Analyse dedefensa & eurostratégie), soumettre au jugement de l’expérience. (Faites l’exercice parfois de relire certains vieux textes de defensa.org et faites votre jugement à cet égard, savoir si la confiance peut être accordée ou pas en fonction de ce qui était écrit, de ce qui est survenu depuis, de ce qui existe aujourd’hui, etc. C’est cela, pour mon compte, la réelle liberté du jugement critique, et pas ces critiques de l’instant, souvent sous le coup de l’humeur et souvent sous la forme du slogan, lâchées sous la forme d’un message sur le Forum qu’on oublie vingt secondes après l’avoir envoyé. Je précise aussitôt l’évidence que je ne dis pas cela pour notre lecteur ici cité puisque lui argumente sa remarque ; si cela n’avait été qu’humeur et en forme de slogan, comme il y en a d’autres, je ne m’y serais pas arrêté.)

Par conséquent, je marche pour les 89,9% de popularité de Poutine, en notant à ce propos, – un persiflage de plus, dira-t-on, – que cette sorte d’observation de méfiance recommandée lorsqu’il s’agit des sondages de popularité de Poutine joue fort rarement lorsqu’il s’agit de nos Bien-Aimés-Leader-BAO. Lorsque Bush-père atteignit 91% de popularité à l’été 1991, après la victoire du Golfe, ou lorsque le fiston GW atteignit 90% immédiatement après 9/11, je n’ai pas lu une seule remarque, une seule allusion, dans aucune presse au monde, pour mettre en doute la véracité de ce sondage, – pas une seule, – ni le moindre persiflage à propos d’une pseudo-“propagande”. Moi-même, – mesurez ma naïveté, – je n’ai pas mis la chose en doute une seule seconde... On dira : mais les circonstances pour les Bush étaient exceptionnelles ; je répondrais qu’elles le sont également pour Poutine (l’intervention russe en Syrie interrompt un quart de siècle d’effacement humiliant de la Russie), avec l’avantage, dans son cas, que cette exceptionnalité est durable et s’appuie, en plus des divers évènements de politique, sur la perception d’un État qui a retrouvé des fondements principiels. Cela montre que je réagis moins par confiance dans les sondages, qui est à mon sens une question désormais complètement annexe selon ce que j’ai tenté d’expliquer, mais parce qu’il me semblait bien que toutes les choses citées répondent à des vérités-de-situation, – Bush-père en 1991, fiston-GW en 2001 comme Poutine aujourd’hui. La différence que je fais est entre le conjoncturel et le structurel : vérités-de-situation conjoncturelle pour les deux Bush (c’est-à-dire sans suite ni émanations générales avec elles à cause de l’absence d’une structure principielle), vérité-de-situation structurelle pour Poutine (parce que sa posture est de type principiel).

 

Note

(*) Il me semble qu’on oublie bien souvent que l’assez mal-nommé “coup d’État” d’Octobre de Lénine & Cie ne fut pas une prise du pouvoir mais une destruction du pouvoir, c’est-à-dire une destruction de l’État russe. Le Parti prit le pouvoir et en fit sa chose qui n’avait plus rien à voir avec un État et ses structures principielles. L’on devrait se rappeler  que, dans l’ordre de la hiérarchie de fait, le Secrétaire Général du Comité Central du PC de l’URSS fut toujours l’autorité incontestable, reléguant les présidents au rang de potiches, et les premiers ministres et ministres à celui d’exécutants des ordres du SG ; le vrai “gouvernement” était le PolitBuro du PC de l’URSS (dont les ministres les plus importants faisaient partie), soit l’organisme de tête d’un parti, “du Parti”, désigné par le Comité Central selon les règles du Parti. La citoyenneté soviétique en tant que telle était soumise, pour jouir de toute sa puissance, à son appartenance au Parti Communiste, ce qui reléguait les huit ou neuf dixièmes des citoyens soviétiques à un rang de sous-citoyen. L’État soviétique était une fausse construction, une chose absolument déstructurée, un truc-Potemkine précurseur de ce que sont devenus les “États” de la plupart des pays-BAO, complètement dépouillés de leurs structure principielles. Cette situation de l’URSS fut seulement interrompue pour la Grande Guerre Patriotique (1941-1945), sans bousculer en rien la hiérarchie ni l’organisation, Staline se haussant au rang de grand chef de la sainte-Russie pour ranimer le sentiment patriotique et la structure principielle traduite en un élan de spiritualité russe, pour l’emporter contre les Allemands.