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Article : Propos de sondages

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Quand l'inconscient parle : from Henry the fifth to Putin

perceval78

  30/10/2015

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Parmi les ancêtres probables du Général de Gaulle , on trouve  Jehan de Gaulle qui s'est illustré pendant la guerre de Cent ans en participant dans l'ost royal à Azincourt en 1415, tout en ayant déconseillé de combattre sur ce terrain défavorable (mais déjà « l'état-major » n'avait pas retenu ce bon conseil d'un de Gaulle, la défaite fut terrible et les 2/3 de la France occupés suite au Traité de Troyes en 1420 !). Il résista encore deux ans à Vire puis dût s'exiler en Bourgogne.



Comme Robert de Baudricourt, La Hire, Dunois ou Gilles de Rais, il a fait partie de ceux qui, avec Jeanne d'Arc, soutinrent la cause du Dauphin Charles.</i> <a href="http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/jeunesse-et-formation/documents/la-genealogie-du-general-de-gaulle.php">lien</a>



Un rapport récent de l'OTAN nous indique que les chars ne pourraient se déplacer hors des routes dans les pays Baltes,

les terrains y sont plus marécageux qu'à Azincourt <a href="http://reseauinternational.net/lecartement-des-chemins-de-fers-baltes-preoccupe-lotan/">lien</a>



Azincourt, Lindley-French, digne sujet de sa majesté, proche des cercles Otaniens, en parlait dans un article récent <a href="http://lindleyfrench.blogspot.cz/2015/10/the-lessons-of-agincourt.html">lien</a>



1) une petite force bien organisée, avec un vrai chef, appelle la victoire

2) Gagner une bataille ne suffit pas, il faut gagner la guerre



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We few, we happy few, we band of brothers;

For he to-day that sheds his blood with me

Shall be my brother; be he ne’er so vile,

This day shall gentle his condition;

And gentlemen in England now-a-bed

Shall think themselves accurs’d they were not here,

And hold their manhoods cheap whiles any speaks

That fought with us upon Saint Crispin’s day.</i>

<b>Henry V, William Shakespeare</b>



Le voici sortant d'une réunion préparatoire du sommet de l'OTAN 2016 à Wilton Park <a href="https://www.wiltonpark.org.uk/wp-content/uploads/WP1437-Programme.pdf">lien</a>



1) Le bloc OTAN a besoin d'une chef

2) Nous devons nous préparer à une grande guerre



<i>That means a NATO that must think again about war, big war.</i> <a href="http://lindleyfrench.blogspot.cz/2015/10/nato-si-vis-pacem-para-bellum.html">lien</a>



Et puis il y a cette petite phrase qui détonne



<i>the Alliance that one day finds itself cast in the role of the <b>French Constable</b> at Agincourt, and President Putin <b>an unlikely Henry V</b> </i>

Au sujet de la Russie

Alexis Toulet

  04/11/2015

Je me réjouis que mon commentaire d’il y a quelques jours ait donné l’occasion à notre hôte de préciser plusieurs points du regard et de l’analyse qu’il porte sur les événements, et notamment de la méthodologie appliquée. Pour parler personnellement, c’est en premier lieu l’originalité de la démarche de Philippe Grasset qui m’attire sur ce site, mieux comprendre cette démarche m’intéresse d’autant plus.

Pour préciser quelque peu mon propre point de vue, non pas dans un but de contradiction mais plutôt pour exposer loyalement mes raisons, davantage que dans un commentaire qui n’était que quelques courtes phrases, et avant tout au sujet de la Russie – et avec mes excuses pour cette réaction un peu tardive, il m’a fallu un certain temps de réflexion et de mise en forme – je dirais ceci :

Ce ne sont pas seulement les organismes étatiques dont il convient de « se méfier » – je  maintiens pour ma part le mot. Cependant, eux aussi, et – c’est important – les organismes étatiques russes aussi. Mais méfiance n’est probablement pas un mot suffisamment clair, et il peut créer des malentendus je le reconnais. J’aurais pu écrire confiance au contraire !
Confiance dans les institutions de propagande de l’Etat russe pour remplir leur rôle. Car si bien des médias occidentaux et bien des débats qu’ils rapportent peuvent parfois donner l’impression de zoos où des idéologues déchaînés – mais souvent désordonnés, voire désarçonnés eux-mêmes par les événements, d’où des positions surprenantes ou intéressantes à l’occasion, que notre hôte nous signale assez régulièrement – vaticinent et se renforcent l’un l’autre dans leurs illusions, les médias télévisuels russes – par parenthèse totalement sous la coupe du gouvernement – donnent aussi souvent cette impression. Je dirais encore plus souvent, et surtout avec la différence d’un ordre beaucoup plus grand – c’est que dans leur cas il y a bien une volonté, un Etat qui pense et organise cette propagande. Qui dans le cas de la Russie – et dans ce cas principalement – mérite bien le nom de propagande, avec ce que cela suppose d’analyse, de volonté et d’action, plutôt que de désordre et turpitude inquiète, ce qui décrirait mieux les tentatives propagandesques d’origine Bloc atlantique.
 
Ma vision de la position de la Russie par rapport au « Système » ne peut être que paradoxale. Si l’on appelle « Système » un ensemble d’habitudes, de préconceptions, d’idées avantageusement fausses de soi-même et des autres, de messianisme terrestre et faux poussant à l’hubris telle que les Grecs la connaissaient déjà – définition très limitative et floue par rapport à celle de notre hôte j’en conviens, mais j’utilise là mes mots – la position de la Russie par rapport à ce « Système » est au mieux très fortement ambigüe.

D’une part, la Politique étrangère, certains éléments de politique interne telle la gestion financière, pour autant que l’on parle des actions concrètes de l’Etat lui-même : on y trouvera attachement aux réalités, attachement aux principes, bon sens. Et c’est là une rareté. Et un contraste tout spécialement frappant notamment à côté du comportement de plus d’un gouvernement européen, par exemple le gouvernement français, sans parler de celui de la Grande République, et ce qui passe pour politique étrangère de tous ces pays.
Et sans doute dans plus d’un cas on pourrait défendre l’idée que la politique étrangère russe défend la vérité des choses, dans le sens où elle s’appuie sur la réalité des choses, comme toute bonne politique le doit, voire dans le sens où dire voire asséner la vérité peut lui servir d’arme ou d’outil stratégique.

D’autre part, le Regard porté sur le monde, notamment répandu et entretenu dans les médias surtout à usage interne en direction de la population russe : là le tableau est fort différent ! C’est que la propagande d’une part est plus organisée que celle de médias occidentaux qui sont moins ordonnés et coordonnés entre eux – eh, c’est que ce n’est pas un Etat constitué qui s’exprime par ces médias – d’autre part elle est encore plus hallucinée et déformée. Au passage, cette politique du gouvernement russe de répandre une vision propagandesque à tendance extrémiste à l’attention de la population du pays n’a pas commencé avec la crise et le coup d’Etat ukrainien, elle ne se réduit donc pas à une propagande de guerre, à la politique d’un Etat mobilisant sa propre population – et peu importe les moyens utilisés – pour la guerre ou disons au minimum l’affrontement.
Un exemple révélateur est la réaction des médias télévisuels russes en 2013 lors de l’affaire du mariage homosexuel en France et des manifestations d’opposition qu’il provoqua. Quoi que l’on pense du fond de l’affaire – c’est-à-dire que l’on soit favorable ou opposé à la création d’un « mariage » homosexuel – il faut savoir que l’opposant français le plus décidé se serait senti perdu au milieu d’un carnaval de fous s’il avait participé à l’un des débats télévisuels russes sur le sujet. Il faut savoir que les hypocrisies les plus éhontées ont été mises au service de l’idée – totalement fausse – comme quoi les Français maltraiteraient leurs enfants davantage que les Russes – c’est malheureusement l’inverse qui est vrai.
 
Si je devais résumer la position de la Russie en tant que société vis-à-vis de la réalité des choses, je dirais politique étrangère réaliste, solide et se faisant un levier de la vérité des situations, mais politique de mobilisation interne de la population par une propagande hallucinée à un point où seuls les pires et les plus pitoyables des idéologues occidentaux pourraient rivaliser. Et encore ne l’emporteraient-ils pas nécessairement.
Si cette propagande dans une certaine mesure est l’instrument d’un Etat, servant à la défense d’une politique étrangère dont je suis le premier à reconnaître les qualités et notamment le rapport beaucoup plus étroit que celle du Bloc atlantique aux réalités comme aux principes d’organisation traditionnels du système international, il reste qu’il s’agit d’une propagande extrémiste et hallucinée, et je ne peux en aucun cas l’oublier. Mais cela soulève une interrogation et ce qui est pour moi une énigme.

Faut-il comprendre que des dirigeants à la pensée froide ont fait le choix conscient d’utiliser de tels instruments, par mépris de la capacité des petites gens à comprendre et à adhérer à des arguments plus solides et à une présentation plus nuancée et plus vraie ? La chose n’est pas impossible. Il faut rappeler que la domination à la fois de la caste des super-riches et du groupe des « siloviki » les membres des structures de force sur la société russe est beaucoup plus prégnante que celle de leurs équivalents sur les sociétés occidentales.

Faut-il comprendre que les dirigeants, en pratique le groupe autour de Poutine, peuvent bien être des animaux à sang froid autant qu’on le voudra, c’est la société russe elle-même qui s’abandonne d’elle-même à sa propre version d’idées avantageusement fausses de soi-même et des autres, de messianisme terrestre et faux, bref de « Système »… Pour dire les choses de manière nette, si l’on appelle « Système » une force de mensonge, d’illusion et de perte de connaissance de soi-même, dont on supposerait – ou non – l’existence indépendante de toute volonté humaine, le « Système » n’est-il pas au moins aussi fort en Russie que dans le Bloc atlantique ?

Les dirigeants russes certes plus lucides que les occidentaux ont-ils les yeux ouverts fait alliance avec ce « Système » ? Et que vaudrait alors à long terme, et sur le fond, et en principe, une politique qui prétendrait en même temps s’appuyer sur les réalités et les principes quant à sa face externe, et en même temps sur non seulement mensonges mais encore hallucinations quant à sa face interne ?
Ou bien ne sont-ils au fond que les jouets de forces internes à la société russe, qu’ils essaient d’utiliser et de contrôler à la fois, mais contre lesquelles en vérité ils ne font en fait pas le poids ?

Je ne sais.
 
Et c’est sur cet aveu que je dois terminer, avec mes remerciements à Philippe Grasset pour son travail et l’originalité de sa pensée.
 

A propos de sondages - Réponse à Alexis Toulet

Rose-marie Mukarutabana

  08/11/2015

Alexis Toulet,
Vous évoquez des “forces internes à la société russe”: il me semble que vous tenez là la réponse à votre étonnement. Il me semble que ce sont ces forces-là qui produisent cette vision du monde russe que vous jugez “hallucinée et déformée”. Les débats télévisuels russes sur le mariage homosexuel qui vous ont tant effrayé ne sont probablement pas le résultat de la manipulation des “petites gens” par la propagande de Poutine, mais l’expression des convictions de la majorité des russes.
Au demeurant, ce ne sont pas les petites gens qui qui occupant les plateau de télévision, et par ailleurs, les Russes passent pour etre le peuple le plus éduqués des pays de l’OCDE: plus de la moitié ont un diplome universitaire, ce qui suppose qu’ils sont au moins aussi capables de suivre “des arguments plus solides” que les Francais, par exemple. Ce n’est donc pas une question d’ignorance ou de manipulation: la société russe semble avoir une vision de la vie qui differe de celle que vous jugez juste. Sur ce plan, Poutine est en symbiose avec comme ses compatriotes, et il ne s’en cache pas. Au contraire, il s’emploie  à defendre ces valeurs traditionnelles que vous décriez.
Cependant, il convient de souligner que sur le mariage homosexuel, - pour reprendre l’exemple que vouz citez, - à part l’Europe de l’ouest et l’Amérique du nord, le reste de l’humanité est du meme avis que les Russes, sur cette question comme sur bien d’autres “valeurs traditionnelles”: ce sont les idées et les pratiques de cette partie “euro-atlantique” de la terre que le reste du monde juge choquantes. Car pour la grande majorité de l’humanité, le mariage homosexuel relève d’une vision du déformée et proprement hallucinée de la famille et de la société humaine.
Ajoutons que les sociétés qui tiennent à ces valeurs traditionnelles et qui sont constamment agressées par un occident qui s’acharne à  les détruire, se réjouissent de constater qu’un pays aussi puissant que la Russie mène la résistance. A ce titre, tous ces grands ensembles culturels considerent que la position de la Russie par rapport au « Système » est tout à fait claire et affirmée - "L'espoir Poutine", comme ce titre d'une conférence du Professeur Yvan Plot. https://www.youtube.com/watch?v=9-mcp3WF-Cg
Vouz y entendrez un autre son de cloche sur ces "siloviki" que vous accablez tant, ainsi qu'un témoignage direct sur l'ancrage de cette fameuse vision "traditionaliste" dans la mentalité du peuple russe dans son ensemble, notamment sur - tiens donc! - le "mariage pour tous".