On a le nucléaire facile

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On a le nucléaire facile

• Les trotskistes sont aux côtés de Poutine ! • C’est vrai et pas tout à fait faux puisque ‘WSWS.org’ dénonce l’invraisemblable campagne en cours au sein de notre courageuse civilisation pour se rire du bluff poutinien (avertissement du danger d’une guerre nucléaire) et nous assurer à tous qu’on peut très bien, après tout hein, faire campagne et libérer l’Ukraine-Russie à coups d’armes nucléaires. • Le plus remarquable de ces temps étranges est que nos élites peuvent être encore plus bêtes et plus simulacres que ce que leur miroir et nos sarcasmes nous renvoient d’elles.

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Dans ce texte de ‘WSWS.org’ débarrassé des habituels préjugés trotskistes fleuris et ornementaux, donc un texte fort bien fait, la tendance nouvelle (?) de l’Occident-compulsif à éventuellement passer au nucléaire contre la Russie est soigneusement décortiquée. Il ne manque pas d’éléments pour alimenter la thèse, qui commence par des détails sur l’état de la question de l’envoi de groupes de l’OTAN en Ukraine et se termine par la floraison sur la façon de faire du nucléaire sans avoir l’air d’y toucher, ou y touchant avec des pincettes, ou sans pincettes après tout, – car après tout, le nucléaire, c’est comme du vous et moi !

C’est ici le cas de parler des remarques de Fiodor Loukianov à lui empruntées pour le texte sur le départ de Nuland, et qui concerne cette « élite dirigeante d’aujourd’hui [...] qualitativement différente des générations précédentes »... La chose avait commencé sous Clinton, l’homme du « It’s economy, stupid », pour lequel la question de la sécurité nationale n’était pas essentielle, et par conséquent pas essentielle non plus la question du nucléaire. On se permettra de repasser, redoubler le même jour, l’extrait du texte de Loukianov tant il éclaire d’un jour sinistre l’inéluctabilité absolue de la catastrophe.

« La première est qu’il semble que les désaccords au sein de la communauté d’Europe occidentale, aggravés par l’augmentation générale de l’incertitude, soient résolus par une augmentation des tensions, au lieu de les réduire. Le simple fait de réduire l’intensité de l’hystérie de la “menace russe” mettra immédiatement au jour de nombreuses contradictions qui sont actuellement étouffées. Ainsi, l’establishment préfère une escalade vers la Russie à la détente.

» Deuxièmement, l'idée, qui gagne en popularité dans notre pays, selon laquelle pour sortir du cercle vicieux, il faudrait que les élites occidentales soient effrayées par l’Armageddon nucléaire et qu'elles retrouvent ensuite leur volonté de négocier, pourrait avoir le résultat exactement opposé. L’élite dirigeante d’aujourd’hui est en effet qualitativement différente des générations précédentes. Tout d’abord, elle croit en une sorte de dogme sur l’infaillibilité de l’Occident, c’est-à-dire la certitude que toute déviation du canon idéologique et politique établi après la guerre froide sera une véritable catastrophe pour le monde. Et puisque tout compromis avec la Russie constituerait un tel recul, il faut l’empêcher à tout prix...

» Nous entrons dans une période dangereuse. »

Effectivement pour la “période dangereuse”. Les Russes l’ont diablement compris. Après le texte de Loukianov, RT.cm passe un nouveau texte (de Sergei Poletaev) sur le danger de  l’emploi du nucléaire qui viendra en complément enrichissant du texte de ‘WSWS.org’ (on voit bien que les poutiniens et les trotskistes sont faits pour s’entendre !). Titre et sous-titre de Poletaev, qui nous rappelle par ailleurs toutes les incroyables analyses-bidon des âmes-otanesques sur les armées russes depuis février 2022 :

« L’“expertise” occidentale sur le conflit ukrainien pourrait conduire le monde à une catastrophe nucléaire

» Les experts sont complètement déconnectés de la réalité, – c'est pourquoi leurs points de vue représentent un danger pour l'humanité. »

Que peuvent faire les Russes ? Question à 64 $trillions. Hypothèse : selon les circonstances, ils peuvent envisager des interventions de démonstration pour convaincre le public de la capacité destructrice des armes. Certains, aux USA, avaient conseillé de faire un essai atomique de démonstration au large du Japon, avant de passer à Hiroshima-Nagasaki. Conseil rejeté, notamment parce que les USA avaient très-très peu d’armes atomiques et écartèrent le “gaspillage” pour le travail sérieux (200 000 morts, plus ou moins, etc.). D’autre part, on sait aujourd’hui l’effet optique et psychologique d’une arme nucléaire et une explosion de démonstration renforcera la certitude assurée de nos “experts” et brillants dirigeants que l’on peut s’en servir comme l’on se sert d’un M-777 ou d’un si efficace ‘Abrams’. Alors, quoi ?

Les Russes disposent néanmoins d’armes qui peuvent être conventionnelles aussi bien que nucléaires ou à capacité nucléaire très variables, et qui peuvent faire des dégâts réels sur des territoires nationaux non-ukrainiens si la guerre s’étend, sans causer de pertes civiles directes significatives mais en imposant l’image de ce que serait une utilisation maximale.

• Il y a les nouvelles torpilles sous-marines qui peuvent exploser sur un fond marin au large d’une zone côtière et déclencher un tsunami ; son intensité sera selon la force de la charge nucléaire utilisée.

• Ils ont surtout des missiles hypersoniques, par exemple type ‘AvantGard’, qui peuvent causer d’énormes dégâts à un objectif militaire (une base, par exemple) sans charge nucléaire, par le simple choc de l’énergie cinétique, et encore plus avec une charge conventionnelle. Les Iraniens avaient obtenu un tel effet dissuasif avec leur tir de missiles sur des bases US, suite à l’assassinat du général Soleimani, en janvier 2020.

Quoi qu’il en soit, certes, la remarque de Loukianov reste plus que jamais absolument vrai :

« Nous entrons dans une période dangereuse. »

Ce que confirme donc le texte de ‘WSWS.org’, sous le titre (modifié pour des raisons  technico-esthétiques) « Les USA et l'OTAN risquent une guerre nucléaire en se préparant à attaquer la Russie », et signé de façon solennelle par le comité de rédaction du site.

dedefensa.org

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Au risque de la guerre nucléaire

Face à la détérioration de la position militaire de l’Ukraine et aux avancées significatives des forces russes, les puissances de l’OTAN menacent d’une escalade massive de la guerre avec l’envoi direct de troupes de l’OTAN sur le territoire ukrainien et des frappes contre les infrastructures et les villes russes.

Après un retrait d'Avdiivka, les forces ukrainiennes se replient à nouveau. Au milieu de pertes massives, l'armée ukrainienne ne peut pas recruter de remplaçants sur le front. «Zelenski est dans l'impasse sur la façon d'enrôler plus de troupes au fur et à mesure que les forces russes avancent», titrait dimanche le New York Times.

La semaine dernière, les membres des gouvernements de quatre membres de l'OTAN – la France, le Canada, les Pays-Bas et la Lituanie – ont déclaré qu'ils envisageaient d'envoyer des troupes de combat pour combattre la Russie en Ukraine. Puis, vendredi, les médias russes ont publié une discussion divulguée entre les chefs militaires allemands sur l'utilisation d'armes allemandes à longue portée pour frapper la Crimée. En même temps, le gouvernement britannique a avoué avoir envoyé un «petit nombre» de troupes en Ukraine.

Cette escalade irresponsable de la guerre procède sans aucune explication publique de ce que prévoit l'OTAN, encore moins de reconnaissance franche des conséquences potentiellement catastrophiques de l’envoi de forces en Ukraine et d’attaques contre la Russie.

Rejetant l'avertissement explicite lancé la semaine dernière par Poutine, qui a déclaré qu’une intervention directe de l'OTAN en Ukraine pourrait conduire à l'usage d'armes nucléaires, les dirigeants et les médias de l'OTAN se moquent du danger et affirment que Poutine fait du bluff.

Rien ne justifie une telle complaisance. L'administration Biden et ses alliés européens sont engagés dans un jeu de roulette russe nucléaire incroyablement téméraire.

Oubliant apparemment qu’au début de la guerre, en février 2022, ils déclaraient que l’intervention directe de l'OTAN signifierait une troisième guerre mondiale, les dirigeants impérialistes disent à présent que la Russie ne ripostera pas, même face à une attaque directe. De plus, même s'il existe la possibilité d'une contre-attaque massive, ils déclarent que l'OTAN ne doit pas être dissuadée par ce danger.

Un argument avancé dans les médias et par les think-tanks est que l'OTAN a commis une faute en exprimant son inquiétude quant à l'escalade de la guerre en Ukraine vers une guerre nucléaire avec la Russie.

«Se plier au chantage nucléaire de Poutine rend la guerre nucléaire plus probable», dit Peter Dickinson de l'Atlantic Council, un think-tank américain. «L'Ukraine a souvent dénoncé le bluff de Poutine, exposant la vacuité des fanfaronnades nucléaires du dictateur russe.» Il a conclu, «Si l'Ukraine refuse de se laisser intimider par le chantage nucléaire de Poutine, on ne peut pas en dire autant de l'Occident ... La peur occidentale d'une escalade est le grand obstacle.»

En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung écrit que la menace russe d'utiliser l’arme nucléaire «ne sera pas réalisée. Pas même si, comme cela arrive régulièrement, des missiles de croisière américains et britanniques attaquent des cibles militaires dans le territoire ukrainien annexé par la Russie, y compris la Crimée.» L'Institut Lowy, un think-tank pro-OTAN australien, dit: « La question clé est de savoir si l'Occident appellera le bluff de Poutine ou cédera à sa posture nucléaire à enjeux élevés, une décision qui façonnera l'issue du conflit.»

En affirmant publiquement que Poutine ne fait que bluffer, l'OTAN l'incite à réagir de manière agressive et à dénoncer son erreur de calcul.

Tout en affirmant haut et fort que la Russie ne répondra pas, les stratèges américains et européens évoquent la possibilité d'une escalade nucléaire. Le New York Times a commencé à publier dimanche une série d'articles d'opinion extraordinaires sous le titre «Au bord du gouffre», axé sur «la menace des armes nucléaires dans un monde instable».

Le journaliste qui dirige cette série, W.J. Hennigan, l’a lancée avec une chronique, «Le bord», qui commence par déclarer: «S'il semble alarmiste d'anticiper les conséquences horribles d'une attaque nucléaire, considérez ceci: les gouvernements des États-Unis et de l'Ukraine ont planifié ce scénario depuis au moins deux ans.»

À l'automne 2022, écrit-il, «une évaluation par le renseignement américain a estimé à 50 pour cent les chances que la Russie lance une frappe nucléaire pour arrêter les forces ukrainiennes si elles violaient sa défense de la Crimée». Il ajoute qu’avant, «l'administration Biden avait demandé à un petit groupe d'experts et de stratèges, une ‘Equipe tigre’, de concevoir un nouveau ‘playbook’ nucléaire».

En annonçant la campagne présidentielle du Parti de l'égalité socialiste, le dirigeant national du SEP (États-Unis), David North, a déclaré : « Les puissances de l’OTAN ont dit plusieurs fois que la menace du feu nucléaire ne les dissuaderait pas de poursuivre la guerre. Ainsi on normalise le recours délibéré aux armes nucléaires tactiques et stratégiques, rejeté pendant des décennies comme étant synonyme de folie, mais à présent traité de composante légitime de la stratégie géopolitique impérialiste».

La guerre est poussée à une échelle beaucoup plus grande et plus sanglante. Tout cela se fait dans le dos de la population, en s'appuyant sur la désinformation. Lundi, l'État allemand a menti de manière flagrante, affirmant qu'une convocation d'urgence de l'ambassadeur allemand au ministère russe des Affaires étrangères n'avait rien à voir avec les discussions divulguées sur les missiles allemands ciblant la Crimée.

La classe dirigeante ment, car elle veut être libre de mener à bien ses complots militaires. Il y a déjà une large opposition parmi les travailleurs et les jeunes à l'escalade militaire. Selon les sondages, 68 pour cent des Français et 80 pour cent des Allemands s'opposent à l’envoi de troupes européennes en Ukraine combattre la Russie que propose Macron. Dans la mesure où des masses de gens aux États-Unis et dans tous les pays de l'OTAN prennent conscience de ce qui se passe, cette opposition va s'accroître.

Le World Socialist Web Site dénonce la conspiration de l'impérialisme otanien pour entraîner l'humanité dans une catastrophe nucléaire. Il faut ôter le pouvoir à ces fauteurs de guerre. Leurs actes menacent de détruire la civilisation humaine. Il faut organiser des manifestations de masse dans tous les pays pour exiger le retrait total des forces de l'OTAN d'Ukraine et la fin immédiate du conflit. Il faut lier ceci au développement d'un mouvement anti-impérialiste dans la classe ouvrière internationale, contrant la barbarie capitaliste avec le programme de la révolution socialiste mondiale.

Déclaration du comité de rédaction du WSWS

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