Obama-Sherman et sa “terre brûlée”

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Obama-Sherman et sa “terre brûlée”

C’est manifestement Infowars.com qui a trouvé la meilleure illustration en plaçant le visage d’Obama sur la fameuse photo du général Sherman en uniforme nordiste, avec sa chevelure à la diable, nettement hérissé et le général-massacreur des armées du Nord comme tombé du lit pour massacrer du Sudiste ; avec cette chevelure un peu comme la mode postmoderne du cheveu hérissé, – ou “look hérissé”, ou “spiky hair”. Le montage est fait pour illustrer d’une façon symbolique la “politique de la terre brûlée” (scorched earth) qui fit la grandeur morale et la gloire humaniste du général nordiste, avec sa “Marche vers la Mer” de Atlanta à Savannah, à propos de laquelle il précisait respectueusement à son supérieur (Grant) qu’il ferait “hurler la Géorgie”. C’est cette politique, très dans le style américaniste par ailleurs, que semble conduire le président Obama vis-à-vis de son successeur Trump...

« ...Obama’s destructive behavior is the same tactic Civil War General Sherman used in his March to the Sea in which he systematically destroyed everything in his path to psychologically destroy the South. »

... C’est dire qu’il s’agit, encore une fois, de quelque chose de la rubrique “jamais-vu” pour une transition entre deux présidents. Même les plus hostiles jusqu’ici (par exemple Hoover et Roosevelt en 1932-1933) n’ont jamais approché ce degré d’affrontement personnel, cette guerre directe qui existe entre Obama et Trump. Infowars.com évoque essentiellement le vote (abstention, non-veto) des USA à l’ONU, qui a très fortement perturbé les relations USA-Israël, ou plutôt Obama-Israël. (Alexander Mercouris analyse longuement cette intervention d’Obama, le 28 décembre, comme “cadeau de Noël empoisonné d’Obama à Trump.) Dans TheDuran.com, Adam Garrie résume, ce même 28 décembre, les différentes initiatives prises par Obama, qui constituent des gênes éventuelles pour Trump, et l’on voit qu’il y a bien plus que ce vote de l’ONU qui est d’abord une sorte de médaille en chocolat que s’attribue à elle-même la gauche progressiste-sociétale aux USA, qu’il y a d’autres initiatives bien plus gênantes pour la suite :

« It’s not even January and Barack Obama has done more to try and embarrass, stifle and make difficult, the Presidency of his successor, than any outgoing US leader in recent memory.

» Here are just some of the things he has done:

» –Wave any limitations of delivery of weapons to terrorists in Syria. This directly contradicts Donald Trump’s stated desire to work with Russia against the common terrorist enemy. Obama wants to destroy Assad, Trump wants to eliminate radical Islamic terrorists.

» — Supporting a UN resolution aiming to create a privately funded inquiry into war crimes in Syria. The sponsors of such an investigation, all of whom are anti-Russia and anti-Assad, will likely reach a conclusion they have already decided upon. This is designed to weaken Donald Trump’s appeal for US-Russian cooperation amongst Americans traditional European and Arab ‘allies’.

» – Continuing to blame Russia for hacking an election. Russia never hacked the election. Yet Obama continues with threats to punish Russia over something that all of the experts say Russia did not do. Obama is yet again emboldening elements of the US Deep State who already salivate at the idea of derailing Trump’s ‘mission reconciliation’.

» — Abstaining from the UN Security Council resolution condemning Israel’s settlement building on the occupied territories. Here, Obama is showing that he is using the Israel-Palestine conflict as a domestic political football. He’s well aware that Trump wants to bring both sides to the table and that instinctively Trump is pro-Israel, though in the way he actually handles the situation, I believe he might surprise many on both sides. So instead of allowing Trump to approach the matter with a clean slate, he has muddied the waters.

» This churlish approach to democracy is disgraceful. Obama has shown his true colours and they aren’t kind or gentlemanly. »

La politique de “la terre brûlée” d’Obama n’est pas la conséquence de la seule agressivité du président-sortant, mais également un réflexe de son évidente arrogance, et de l’humiliation que cette arrogance de l’homme a dû subir ces dernières semaines, depuis l’élection du 8 novembre, où il est apparu que Trump prenait en main le pouvoir avec une rapidité tout à fait exceptionnelle. On sait que Trump a pris très rapidement les affaires en mains, par des canaux impossibles à contrôler, et alors qu’Obama se trouve à la fois discrédité par sa fin de mandat, par une politique par ailleurs trop hésitante pour lui avoir fait de véritables amis à part les zombies-Système de l’UE et les fous antirussistes de Washington D.C., et enfin par son impuissance technique venue du fait qu’un président sortant se voit complètement abandonné, dans ses derniers mois et ses dernières semaines, par son personnel de haut niveau et de niveau moyen qui cherche à se recaser, rendant son pouvoir inopérant... Ainsi notions-nous, dès le 27 novembre, concernant l’activité de Trump par rapport à celle d’Obama :

« Les précisions de DEBKAFiles nous permettent surtout d’avoir également et éventuellement une idée plus claire de l’importance et de la forme du rôle que doit jouer le général Flynn, le nouveau directeur du NSC et conseiller spécial du Président (Trump) pour les questions de sécurité nationale ; et ces précisions, si elles se confirment, nous donnant par avance une idée de l'importance de ce rôle pour la politique extérieure et de sécurité nationale, pour l’instant in absentia de tout nouveau (nouvelle ?) secrétaire d’État. (Cette absence prendra un certain temps, même si un secrétaire d’État était rapidement nommé, et au-delà de l’entrée en fonction officielle de l’administration parce que l’approbation du Sénat est nécessaire à cette fonction pour qu’elle soit pleinement exercé, tandis que la fonction de directeur du NSC et conseiller du Président n’est soumise à aucune approbation et ne dépend que de la décision du Président.)

» “Unlike most US president elects, Donald Trump is not waiting to be formally sworn into office on Jan. 20. DEBKAfile’s exclusive military and Washington sources reveal that he has already plunged unannounced into managing America’s military role in the conflicts in Syria and Iraq. His national security adviser Lt. Gen. Michael Flynn is secretly in close touch  with the Head of the Russian Security Council, Nikolai Patrushev, as well as President Tayyip Erdogan of Turkey and Jordan’s King Abdullah. Their covert discussions are preparing the ground for a combined assault on the Islamic State’s bastions in Iraq and Syria shortly after Trump moves into the White House. Their plan of operation would also involve the regular armies of Turkey, Jordan, Iraq and Persian Gulf nations...” »

Ces différentes situations mettent l’accent sur les inconvénients politiques pouvant aller au pire du délai important entre l’élection du nouveau président et son entrée en fonction (autour de deux mois et demi). Cette question de forme juridique fait partie des paradoxes des États-Unis, toujours présentés comme la torche même de la modernité et de l’avancement progressiste, et reposant en fait sur des structures archaïques qui n’ont pas changé depuis l’origine. Une première modification dans ce délai considérable fut décidée après l’élection de 1932, rapidement mentionnée ci-dessus. On a déjà rappelé le cas le 4 septembre 2016, à partir d’un texte initial du 5 septembre 2009 rapportant la situation d’effondrement de l’Amérique entre novembre 1932 et mars 1933 (le 5 mars, jour de l’inauguration de Roosevelt) : « C’est à la suite de cet épisode tragique que le délai entre l’élection et la prise de pouvoir fut réduit, par un amendement constitutionnel, de quatre mois à un peu plus de deux mois, – du premier mardi de novembre au 20 janvier. (Au départ, l’énorme délai entre l’élection et la prise de pouvoir était du aux très grandes distances du territoire des USA à la fondation du pays, en regard des moyens de transport disponible d’une part, au caractère décentralisé initial de l’organisation d’autre part.) Tout de même, l’actuel délai reste très suffisant pour permettre des dérapages et des conflits extrêmement graves si les deux présidents sont en désaccord, comme l’étaient Hoover et Roosevelt en novembre 1932-mars 1933, – avec Hoover refusant de prendre certaines mesures que demandait Roosevelt avant le 4 mars 1933. » 

Constatant les dangers de cette situation, Adam Garrie suggère que cette disposition anachronique soit modifiée par Trump, dès son élection : « The only way such things can be prevented in future election cycles is to do the following:  Hold the US Presidential election on 8th December rather than 8th November, and swear in the new President on the 2nd January. It will mean some people will have to work a bit over Christmas, but frankly people prepared to work for the President of the United States have more important things to do than deck the halls. This ought to be something Trump considers. He has personally been the victim of Obama’s vendetta, and with a Republican majority in both Houses of Congress and with the Republicans controlling a majority of state governments, he has the opportunity to rectify this antiquated aspect of American democracy. »

... Mais cette logique réformiste va dans les deux sens, et elle est en général repoussée par une sorte d’attitude similaire qui est le refus du changement des structures politiques. Si Garrie estime ce délai anachronique, c’est essentiellement parce qu’il permet à Obama de manœuvrer comme il le fait et parce que Garrie est un adversaire d’Obama ; on trouvera dans l’autre sens un Michael Moore jugeant le Collège Électoral comme un élément constitutionnel complètement anachronique et qu’il faut supprimer, notamment sinon essentiellement parce qu’il a permis à Trump de l’emporter alors qu’il avait moins de “voix populaires” que Clinton sur l’ensemble des USA.

Au reste, l’affrontement purement politique reste de pure communication, même si des décisions de politique, notamment extérieure, sont prises par Obama, sans que pourtant nul ne se soucie vraiment de penser qu’elles puissent avoir un réel impact. Ainsi de l’épisode des dernières vingt-quatre heures... Trump tweeta dans la nuit du 28 au 29 décembre : « Doing my best to disregard the many inflammatory President O. statements and roadblocks. Thought it was going to be a smooth transition – NOT! » (à peu près : “Fais de mon mieux pour ne pas m’arrêter aux attaques incendiaires et aux obstacles semés par le président Obama. Dire qu’il présentait cela comme une transition apaisée, – MAIS PAS DU TOUT !“). Cela fut suivi d’un coup de téléphone mielleux d’Obama, en vacances à Hawaïi, hier matin, en réaction au tweet accusateur de la nuit, pour confirmer au contraire que la transition était très “smooth” – avec une conversation qui fut présentée par Trump dans un commentaire rapporté indirectement, comme “very, very nice”, – mais cette indication ne figurant pas, elle, en tweet. Si l’on décrypte le langage tweeté de Trump, – je tweet, je ne tweet pas, – le président-élu-et-confirmé, s’il n’aggrave pas les choses avec une politesse prolongée, entend tout de même laisser dominante l’empreinte de son mécontentement du comportement qu’il juge agressif du président Obama.

Ainsi, même si “l’affrontement purement politique reste de pure communication”, même si les décisions politiques, et de politique extérieure surtout, d’Obama semblent être comme si personne ne se souciait vraiment “de penser qu’elles puissent avoir un réel impact”, le climat n’en continue pas moins à se détériore. Contrairement à ce qu’écrit Garrie, même si le Congrès est partout à majorité républicaine, il n’est nullement, mais vraiment nullement acquis que la majorité républicaine soutiendra le président Trump. Les sénateurs jumeaux McCain-Graham, tous deux hyperinfluents (et incompréhensiblement hyperinfluents) dans la majorité républicaine du Sénat et dans la presse-Système, et tous deux en balade dans les pays baltes pour organiser la prochaine guerre contre la Russie, ont bruyamment applaudi à la décision d’Obama de livrer des armes aux rebelles syriens dits-“modérés” ; à celle d’instituer un processus onusien pour développer une enquête (“sur fonds privés”, où Soros mettrait son obole) sur les “crimes de guerre en Syrie”, évidemment russes ; à celle d’accélérer l’enquête sur la manipulation évidente, et d’origine évidemment russe, des élections présidentielles.

Par contre, pas un mot des deux jumeaux républicains sur l’abstention US dans le vote contre Israël. On évite les sujets qui fâchent, ou qui compliquent les choses par rapport au “legs” du président-qui-s’en-va car on n’a qu’un seul et unique but : mettre des bâtons dans les roues de la politique russe de Trump. Ce que fait Obama avec sa politique “à-la-Sherman”, c’est moins compliquer directement la tâche de Trump qu’armer jusqu’aux dents les républicains anti-Trump et donc antirusses, c’est-à-dire essentiellement les jumeaux McCain-Graham. Le “legs” d’Obama, comme dans tous les cas d’hubris et de vanité, c’est “après moi le désordre encore pire qu’avec moi”, c’est-çà-dire le désordre chez le vainqueur, variation de “la discorde chez l’ennemi”. Le grand “legs” d’Obama, sa plus intense satisfaction, ce serait le blocage définitif du pouvoir après son départ, lui qui a su si bien faire pour détraquer systématiquement et progressivement la mécanique de ce pouvoir. Entretemps, il passe l’un ou l’autre coup de téléphone sucré à Trump, directement du golf de Hawaii où il triomphe, bien au-delà des dix-huit trous.

Effectivement, Obama a quelque chose de Sherman... Quant aux jumeaux monstrueux, ils ont quelque chose de ces enfants naturels de l’antirussisme qui rêvent de ravager la Russie, y compris à partir de la Géorgie de l’ancienne Union (Soviétique), comme Sherman sut si bien ravager la Géorgie de la Confédération (des États d’Amérique). Tout cela n’est certes que du symbole multiplié par la communication mais finalement c’est elle (la communication) qui décide du sort de batailles, et pour ce cas, la transition Obama-Trump prend le chemin d’une relance de l’affrontement développée autour de l’élection, par des voies différentes, avec des acteurs différents, mais toujours selon les mêmes lignes diaboliquement obsesssionnelles. Trump est élu et confirmé, mais il est moins accepté que jamais par ses pseudo-pairs et il sera à la Maison-Blanche comme dans un camp retranché planté en plein cœur d’un territoire hostile, ennemi, vindicatif, hargneux, lui-même plus que jamais dénoncé comme l’homme des Russes...

 

Mis en ligne le 29 décembre 2016 à 15H56