Nuland-Fuck et la politique US : Fuck, Fuck, Fuck...

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Nuland-Fuck et la politique US : Fuck, Fuck, Fuck...

Victoria Nuland, qui s’occupe des affaires européennes au département d’État, donc de l’Ukraine, de la distribution de McDo et de la démocratie en marche, nous révèle la substance de la politique étrangère de l’“indispensable nation” : Fuck, Fuck, Fuck...

(Après tout, c’est mieux que celle que McCain la prenant à son compte en suggérant in illo tempore de l’étendre à l’Iran : Bomb, Bomb, Bomb... Il faut savoir, pour compléter le dossier, que ces diverses politique, “Bomb, Bomb, Bomb” et “Fuck, Fuck, Fuck”, sont parfaitement adaptées à la chanson des Beach Boys, nouvel hymne national du département d’État, “Run, Run, Run”.) Non, sans rire, il est vrai que Victoria Nuland, désormais connu comme Victoria Nuland-Fuck (VNF pour les copains et la NSA), fait preuve de modération par rapport à McCain ; elle n’a jusqu’ici, à notre connaissance d’auditeur innocent, conseillé qu’à la seule union européenne, et seulement d’aller se faire fuck. (VNF est une fille formidable. On en a déjà beaucoup parlé dans la séquence actuelle, depuis l’arrivée de Kerry : voir le 28 mai 2013 et le 12 décembre 2013 notamment.)

La circonstance est joyeuse et extrêmement roborative. En effet, il est probable que la NSA serait innocentée dans cette affaire, sauf dans sa notoire et séduisante incompétence, d’avoir réussi à ne pas protéger la communication entre VNF et l’ambassadeur des USA à Kiev, Geoffrey Pyatt, qui d’ailleurs acquiesce absolument, en grand diplomate de la lignée des Keenan et George Marshall, avec la fuck politic de VNF. Cela dit, on apprend ce qu’on savait déjà, que le poids lourd et champion du monde Vitali Klitschko est le “top dog” de la subtile diplomatie US, mais un peu trop demeuré pour l’instant pour être envisagé pour le poste de Premier ministre. La diplomatie US se le réserve sans doute pour la fonction suprême qui ne saurait tarder, pour en faire une de ses nouvelles marionnettes. (Cela lui réussit si bien : voyez Karzaï.)

Le DVD de l’affaire est partout, bien entendu. Il est, comme on dit, massivement viral sur les réseaux. Il n’apporte, absolument rien de nouveau sur les méthodes et les intentions, ou les “plans”, du département d’État vis-à-vis de l’Ukraine. Il est même surprenant de voir à quel point tout cela correspond aux hypothèses développées par la presse antiSystème depuis des semaines, à croire que la diplomatie US s’inspire des intentions qu’on lui prête pour établir la chose qu’on nomme “sa politique”, histoire de prouver qu’elle reste riche puisque, comme dit le bon sens, on ne prête qu’aux riches.

On emprunte à Russia Today, ce 6 février 2014 les principaux détails de cette conversations et des diverses réactions US, – y compris la réaction indignée de la Maison-Blanche accusant la Russie de pratiques déloyales d’écoute et de surveillance, – au point où l’on pourrait penser que les USA vont enfin réagir et se mettre eux aussi au travail vital d’écoute et de surveillance de leurs terribles adversaires, par exemple en créant une agence à cet effet (on suggère le nom : National Security Agency, cela sonnerait bien). Le même porte-parole semble d’ailleurs considérer que cet enregistrement est finalement une bonne chose, une fameuse opération avec l’aide du Ciel, une preuve pour les “gentils” : les Russes sont donc bien impliqués en Ukraine, c’est bien sûr, puisque c'est eux qui ont fait le coup des écoutes, c’est bien sûr, – et il serait temps, là aussi, c’est bien sûr, que les USA s’y mettent, ripostent enfin contre ces interférences majeures dans la souveraineté nationale des autres et aillent eux-mêmes jusqu'à interférer. (C’est le KievPost qui, le premier a révélé l’affaire : voir le 6 février 2014.)

«The four-minute video - titled ‘Maidan puppets,’ referring to Independence Square in Ukraine’s capital - was uploaded by an anonymous user. The origin of the recording is not clear. The video was first reported in the Kyiv Post. The US State Department did not deny the authenticity of the video and stressed that Nuland had apologized for the “reported comments.”

»The conversation is mainly focused on Ukraine’s government and President Viktor Yanukovich's offer last month to make opposition leader Arseniy Yatsenyuk the new prime minister and Vitaly Klitschko deputy prime minister. “I don’t think that Klitschko should go into the government. I don’t think it is necessary. I don’t think it is a good idea,” a female voice – allegedly Nuland – said. “In terms of him not going into the government, just let him stay out and do his political homework,” a male voice – believed to be Pyatt – replied. “In terms of the process moving ahead, we want to keep the moderate democrats together,” he said.

»As Nuland sees it, Ukrainian opposition leader Arseniy Yatsenyuk should be in charge of the new government and Klitschko would not get along with him. “It’s just not going to work,” she said. Nuland added that she has also been told that UN chief Ban Ki-moon is about to appoint the former Dutch ambassador to Kiev, Robert Serry, as his representative to Ukraine. “That would be great I think to help glue this thing and have the UN glue it and you know, f**k the EU,” she said in apparent reference to their differences over policies. “We've got to do something to make it stick together, because you can be pretty sure that if it does start to gain altitude the Russians will be working behind the scenes to try to torpedo it,” Pyatt replied.

»US State Department spokeswoman Jen Psaki declined to comment on the tape’s contents, but did not deny its authenticity. “I did not say it was not authentic,” she said, adding that Nuland had apologized to her EU counterparts for the reported comments. Meanwhile, White House spokesman Jay Carney alleged that the fact that it had been “tweeted out by the Russian government, it says something about Russia's role.”

»In the conversation, it sounds like the two officials are playing a game of chess; strategizing on how to put together the government of another country, RT’s Marina Portnaya said while commenting on the report...»

... Rien de nouveau, certes, tout est exactement conforme à ce que l’on supposait des activités diverses des USA. La politique US est aujourd’hui d’une surprenante et presque caricaturale prévisibilité, et cela, malgré le sarcasme, parce que, à notre sens, elle n’existe pas : elle est simplement l’enfant naturel du désordre que les USA enfantent, désordre lui-même enfanté par une précédente intervention née naturellement du désordre créé également et précédemment par les USA, dans un cycle sans fin. C’est pour cela que l’hypothèse sarcastique selon laquelle les USA font la politique à partir des actes et des intentions qu’on leur prête n’est sans doute pas très loin de la vérité, bien plus que les “plans” préparés minutieusement et de longue date, – on connaît notre jugement à ce propos. Cela dit, le fait que tout cela soit exposé au vu et à l’entendu de tout le monde représente un vilain impair de communication, dont la NSA usera comme d’un bon argument pour demander un budget supplémentaire : la vertu passant par la bonne réputation à laquelle tout le monde fait semblant de croire (à la vertu et à la bonne réputation) lorsqu’il s’agit des USA prend une fois de plus un direct en pleine poire.

Cela dit, Nebojsa Malic, expert interviewé par RT, a tout à fait raison  : les USA, à l’image de la très sémillante VNF, ne s’excuseront pas pour leur ingérence ; au contraire ils l’affichent et ils l’afficheront, et ils la poursuivront à mesure, et VNF en premier certes.

«“What she hasn’t apologized for is the plans to midwife a new government in Ukraine. In other words, she is apologizing for cussing up the EU, but she is not apologizing for trying to overthrow the government in Kiev, calling it popular democracy,” Malic said. “I don’t think anybody in the US establishment is sorry for what they are trying to do. I think they are very proud of it and they are going to pursue it.”»

Cette attitude relève moins d’une sorte d’hypocrisie ou d’une tactique délibérée, ou d'une arrogance suprématiste, ou de l'hybris enfin, – même si tout cela est présent à doses diverses, – que d’une conviction absolue, comme le suggère Malic. Nous avons depuis longtemps identifié ce qui, selon nous, constitue le moteur de l’attitude des USA dans ce sens, c’est-à-dire une psychologie spécifique qui oriente absolument la pensée, le jugement, l ‘orientation de l’action, etc., en recouvrant tout cela d’un onguent d’une moralité absolument impeccable et indestructible – dito l’inculpabilité et l’indéfectibilité (voir aussi le 7 mai 2011), comme fondements de cette psychologie. Il s’agit de l’incapacité absolue pour la psychologie américaniste de concevoir qu’elle puisse faire quelque chose de mauvais (de moralement mauvais), et l’impossibilité pour la même de concevoir que l’américanisme ne puisse pas être victorieux. (D'autre part, on peut aussi considérer que ces traits divers s'opérationnalisant dans la “conviction absolue” mentionnée plus haut n'est rien d'autre que l'hybris devenue partie intégrante de la psychologie. Cela n'étonnerait en rien, en offrant une interprétation complètement satisfaisante de l'essence même de l'américanisme et de tout ce qui en découle.)

Les USA vont donc continuer dans le même sens, à visage découvert, y compris celui de VNF, dans un remake de l’affaire syrienne, lui-même remake de l’affaire libyenne, lui-même remake de l’affaire irakienne, lui-même remake..., etc. L’expérience n’a aucune place dans ce comportement, parce que la vertu fondamentale et constitutive de l’américanisme n’a rien à faire des viles contingences des événements du monde. On ira jusqu’au bout tant que les circonstances le permettront, et même si l’on est défait comme en Irak, et si l’on est contraint à un arrangement comme en Syrie, on continuera à dire qu’on a fort bien fait et que c’est une réussite, et à réclamer le départ de l’Assad de circonstance. L’intérêt du cas ukrainien est de déterminer ce qui conduira à la catastrophe inévitable de cette politique, – la mauvaise humeur de l’UE, une réaction sévère des Russes, une crise majeure, un éclatement de l’Ukraine, ou pire, une Europe plongée dans le désordre, une installation au pouvoir du boxeur Klitschko avec la question subsidiaire de savoir combien de temps il lui faudra pour se transformer en Karzaï ukrainien pour ne pas perdre sa place, etc. VNF conclura par un “Fuck the Rest Of the World” et Hollywood lancera l’un ou l’autre blockbuster avec Chuck Norris dans le rôle de Klitschko et Scarlett Johansson-SodaStream dans celui de VNF, – ou bien, si les choses se mettent et parce qu'elle est plus sexy, dans le rôle de la Timochenko enfin libérée, dito “la princesse du gaz”, comme l'on surnomme Ioulia Volodymyrivna Tymochenko.

 

Mis en ligne ler 7 février 2014 à 6H51