L'Afghanistan, de la marionnette à la bête noire

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L'Afghanistan, de la marionnette à la bête noire

Ceux qui ont la mémoire assez longue se rappellent de l’installation de Hamid Karzai comme président d’un Afghanistan passé sous la coupe des USA. C’était en 2002 et il ne faisait aucun doute que l’Afghanistan allait suivre au doigt et à l’œil les consignes de Washington par l’intermédiaire de la “marionnette” Karzai, qui présentait toutes les garanties de servilité pour les USA et de manipulation par les USA, y compris des liens d’affaires et de corrption avec le business US. Tout cela (notamment les liens de corruption) n’est certainement pas faux, mais cela ne suffit plus. Par conséquent, l’on dut très vite déchanter, concluant par conséquent que les marionnettes n’étaient plus ce qu’elles avaient été (voir le 22 mai 2005 et le 24 août 2007). Aujourd’hui, Washington n’a pas de plus grand adversaire en Afghanistan que Karzai, à un point où certains envisagent un retrait US sans l’accord d’occupation du contingent US habituel.

“Coaché” par sa bureaucratie-Système qui l’a complètement dissous dans ses exigences, le secrétaire à la défense Hagel ne cesse de tempêter contre Karzai. Jason Ditz, d’Antiwar.com, observe, ce 31 janvier 2014 : «Secretary of Defense Chuck Hagel expressed growing frustration about the Karzai government’s refusal to sign the Bilateral Security Agreement (BSA), saying they “can’t just keep deferring and deferring” because it’s screwing up Pentagon plans. The BSA would keep US troops in Afghanistan “through 2024 and beyond,” and US officials have repeatedly demanded President Hamid Karzai sign the pact, though he has insisted he won’t do so until after the April election that ends his term in office. Hagel claimed Karzai’s position on the BSA “changes constantly” and that he isn’t sure what the Afghan president’s current position is. In every public statement for months, Karzai has said he won’t sign the deal.»

La tension est à son comble. Karzai suspecte publiquement les USA d’être derrière des attentats présentés comme des attaques terroristes, et que lui, Karzai, juge être manipulés par les USA pour miner son pouvoir (voir AFP/Defense News, le 28 janvier 2014). Le sénateur Levin, puissant président de la commission des forces armées et du Sénat US et absolument partisan, selon les consignes du Pentagone, du maintien d’une forte présence US en Afghanistan (donc au moins de l’accord BSA que Karzai refuse), suggère que Washington “laisse tomber” Karzai et s’arrange avec son successeur issu des élections du 5 avril 2014. (Le président Karzai ne peut se représenter et il y a onze candidats, dont Quayrum Karzai, frère cadet de Hamid.) Il n’est pas évident que les USA puissent trouver, ni même s’offrir le candidat idéal, tant leur statut est déconsidéré en Afghanistan, – et puisque les marionnettes ne sont plus ce qu’elles étaient.

Mais le fait le plus remarquable, sans doute, est qu’un sentiment d’échec et de fatalisme s’insinue dans certains commentaires US, sur cette possibilité que les USA évacuent l’Afghanistan à la fin de 2014 sans accord de stationnement d’un contingent US. C’est l’interprétation que donne The Moon of Alabama, le 27 janvier 2014, d’un article du New York Times du 26 janvier 2014, où l’hypothèse du retrait des bases CIA du pays est évoqué à cause du manque de troupes pour les protéger, impliquant que les troupes US restantes seraient insuffisantes pour cette tâche. Justin Raimondo estime (ce 31 janvier 2014) qu’Obama lui-même est convaincu qu’il faudra finalement retirer l’essentiel des forces US d’Afghanistan, à part quelques éléments résiduels pour des missions strictement limitées :

«One paragraph into the foreign policy section Obama had already begun touting his record of making good on his promises to withdraw American troops from combat zones in Iraq and Afghanistan. Citing the (doubtful) possibility that a security agreement with the government of Afghan President Hamid Karzai will be signed, he warns us – almost apologetically – that “a small force of Americans could remain in Afghanistan with NATO allies to carry out two narrow missions: training and assisting Afghan forces, and counterterrorism operations to pursue any remnants of al Qaeda.” He didn’t add: “Sorry about that, folks,” but you could hear it in his tone...»


Mis en ligne le 31 janvier 2014 à 11H16