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• Retournement effectué avec une adresse courante par le ‘neocon’ qui se cachait à peine dans le secrétaire d’État Rubio. • Cela s’est passé lors de la réunion américano-ukrainienne de Genève. • Conséquence : Trump qui n’en finit pas de se faire arnaquer par les ‘neocon’ déguisés en populistes trumpistes (Bolton et Pompeo lors de l’administration Trump 1.0) en est réduit à envoyer, une fois de plus en urgence, Witkoff à Moscou. • “Plus ça change, plus c’est la même chose”, dit le proverbe que les Américains ont adopté dans sa langue d’origine...
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Cet article de Daniel McAdams, de l’Institut de la Paix de Ron Paul complètera utilement l’article de Larry C. Johnson en nous décrivant comment le secrétaire d’État Marco Rubio, qui se confirme tranquillement comme un ‘neocon’ pur jus, a kidnappé le “plan de la paix-28” de Trump pour le “néoconiser” en “plan de la paix-19”. (Mais aujourd’hui, on parle de 22 points à la suite de l’intervention de Trump : se douterait-il de quelque chose ?)
Manœuvre classique avec Trump qui ne cesse d’être berné par ceux qu’il place à des postes de responsabilité et qui savent manœuvrer habilement pour lui polaire et le tromper. McAdams nous présente donc, – lui-même ne se fait aucune illusion et d’ailleurs s’en réjouit, on verra pourquoi, – une situation sans la moindre chance que des négociations aboutissent et que les Russes devront aller jusqu’à la victoire totale.
Là-dessus et avant de poursuivre, nous faisons une remarque introductive. Cet article de McAdams est publié sur le site ‘Consortium.News’, qui est un site d’une gauche classique, c’est-à-dire indépendante et qui ne s’est jamais compromise avec les horreurs et les trahisons de corruption du parti démocrate. Il est notable et significatif qu’un site de cette orientation publie en première page, comme article-vedette, un travail de l’adjoint direct de l’ex-député Ron Paul, un libertarien très à droite, d’une parfaite probité (son fils Rand est sénateur du Tennessee et se trouve en querelle avec Trump pour ses critiques contre les guerres extérieures). C’est un signe qu’il existe une convergence évidente entre la droite et la gauche hors-système (antiSystème), – et le paradoxe est que c’est un président qui se dit antiSystème qui les réunit contre lui, à cause de ses erreurs, de ses faiblesses et de ses incontinences intellectuelles.
Dans tous les cas, cet épisode, déjà détaillé dans les péripéties extérieures des divers “plans de paix”, mérite d’être examiné pour ce qu’il nous dit du fonctionnement, ou plutôt des dysfonctionnements de l’administration Trump. Les développements depuis l’article de McAdams montrent bien qu’il règne une profonde mésentente à l’intérieur de l’administration, entérinée par Trump lui-même, – lequel semblerait commencer à s’apercevoir de quelque chose (une réponse à la question ci-dessus ?).
« Le président américain Donald Trump a rejeté les propositions de rencontre ukrainiennes cette semaine, après deux jours d'efforts intenses de la part des pays d'Europe occidentale pour obtenir une place à la table des négociations de paix en Ukraine. Ce n'est que lorsque l'accord de paix sur le conflit sera “dans sa phase finale” que Trump accordera à Vladimir Zelenski l'audience que ce dernier et ses soutiens ont tenté d'obtenir par le biais de ce que Moscou a qualifié de “diplomatie du mégaphone”.
» La fuite, mardi, par les services de renseignement américains, de conversations téléphoniques entre responsables russes a également suscité une mise en garde de la part d'un haut conseiller du Kremlin quant à d'éventuelles luttes intestines aux États-Unis, susceptibles de compromettre tout progrès.
» Trump a néanmoins chargé l'envoyé spécial Steve Witkoff de rencontrer le président russe Vladimir Poutine à Moscou afin de discuter du plan de paix ukrainien en cours d'élaboration. Le président américain a déclaré que ce plan avait été “affiné” grâce aux contributions des deux parties, après quatre jours de surprise et de division en Europe occidentale. »
“Lequel semblerait commencer à s’apercevoir de quelque chose”, écrivons-nous ? De quel Trump parlons-nous ? Ce n’est pas la première fois que l’on s’embrouille à ce propos, comme le notait avec beaucoup d’humour et à un propos pas tellement différent, ‘Komsomokskaïa Pravda’...
« Je voudrais féliciter nos collègues de ‘Komsomokskaïa Pravda’ pour leur titre, parce que c’est le titre le plus brillant dans la presse de notre pays : “Sept Trump pour une semaine”... » (Pechkov, porte-parole de Poutine)
Le caractère (le narcissisme), l’esprit (réduit à l’immédiat), la perception (télévisuelle) et les travers de Trump (dont une inculture par total désintérêt des choses, des destins et des desseins) sont tels qu’il lui semble inimaginable qu’un ordre donné par lui, en général extrêmement vague et jamais documenté, ne soit pas aussitôt exécuté aussi parfaitement qu’il le désire. Il se retrouve alors, pour le cas qui nous occupe, très vite avec la seule chose précise qu’il ne voulait pas : un refus très probable des Russes et une brouille de plus avec l’ami Vladimir Vladimirovitch. Il envoie donc aussitôt Witkoff, qui a pourtant participé à la rencontre de Genève et qui n’a rien fait pour affirmer haut et fort ce que Trump ne voulait pas, – mais le savait-il seulement lui-même, et connaît-il assez les Russes et la diplomatie pour l’imaginer ? Nous avons un large espace rempli d’échecs et de voyages inutiles pour en douter. Toutes ces occasions sont autant de démonstration de l’incapacité de Trump de réellement diriger son administration, et même à expliciter précisément ce qu’il veut.
Même un Douguine, qui a mis beaucoup d’espoir dans la venue de Trump et dans ce que sa venue contenait de promesses pour l’évolution favorable du mouvement qu’il préconise, est conduit à reconnaître avec amertume et tristesse :
« ...Contrairement à son image d'homme rude, Trump ressemble à un vieillard ré-infantilisé, dépourvu de toute stratégie. Chacune de ses déclarations et actions successives contredisent les précédentes.
» Ce qui est absolument certain, c’est qu’on ne peut rien négocier sérieusement avec lui. »
Il est évident qu’un tel homme est une proie facile pour les ‘neocon’, dont Rubio fait évidemment partie au sein du troupeau largement majoritaire au Congrès pour aller à la mangeoire régulièrement remplie par le complexe militaro-industriel et les courroies de transmission du Mossad. Les ‘neocon’ ne cessent d’être de plus en plus destructeurs, de plus en plus nihilistes, et en général de plus en plus aveugles à tout maniement de la logique et de la mesure selon une stupidité radicale et égale à leur volonté de destruction. Ils mentent donc, flagornent, encensent et abusent de Trump sans aucun souci de leur légitimité et du respect des hiérarchies. Qui pourrait les arrêter si Trump reste perdu dans ses fantasmes ? Mais, au bout du compte, tiens, on s’aperçoit de quelque chose.
Cela conduit McAdams à observer :
« ...Nous sommes revenus aux querelles interminables des voix éternellement illusionnées qui, même face aux récents progrès rapides de la Russie, croient que l'Ukraine est en train de gagner... »
...Et cela fait dire à Poutine, avec un air d’“après tout” fataliste et tristement ironique, puisque, justement, il est train de gagner, lui :
« Et globalement, cette évolution nous convient , car elle permet d'atteindre les objectifs de l'opération militaire spéciale par la force, par la confrontation armée. »
C’est-à-dire qu’il est bien probable que Poutine accueillera Witkoff avec un sourire un peu contraint à défaut d’autre chose, il peut ramener comme souvenir le spectacle des probables premières neiges sur Moscou.
Ainsi ‘Consortium.News’ a-t-il publié, le 26 novembre , cet article de McAdams qui fait ce triste constat.
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« Qui se couche avec les chiens se réveille avec des puces ; qui se couche avec les néoconservateurs se réveille avec des guerres », dit Daniel McAdams. Tel est le principe du plan en 28 points de Trump pour mettre fin à la guerre russo-ukrainienne.
Ainsi va le plan de paix en 28 points du président Trump pour mettre fin à la guerre russo-ukrainienne. Révélé en fin de semaine dernière, ce plan a d'abord reçu un accueil prudent, mais empreint d'un optimisme mesuré, à Moscou.
Il ne s'agissait guère d'un basculement spectaculaire en faveur de la position russe. Nombre de points du plan relevaient de l'invraisemblable, voire du bizarre.
Par exemple, l’idée que le président Donald Trump serait couronné en une sorte de « tsar de la paix » supervisant l’accord, et que la Russie accepterait d’utiliser ses avoirs saisis pour reconstruire l’Ukraine.
Il y a ensuite l'option selon laquelle la Russie devrait accepter une zone « tampon » démilitarisée occupant une bonne partie de Donetsk (qui ferait elle-même partie “de facto” de la Russie, mais pas de jure – et serait donc soumise aux aléas de la politique électorale occidentale).
Et bien sûr, il y avait la partie où les États-Unis partageraient les “bénéfices” de la reconstruction de l'Ukraine financée par la Russie.
Très trumpien, très bizarre.
Néanmoins, ce plan imparfait (du point de vue de l'acceptation par la Russie) a fait l'effet d'une bombe atomique sur les néoconservateurs américains et leurs homologues européens. Le plan de paix de Trump était « entièrement dicté par Poutine », nous apprend avec enthousiasme le quotidien britannique The Independent .
Oui, voilà à quel point les grands médias occidentaux sont propagandistes. Et voilà qu'on en revient au Russiagate et aux accusations selon lesquelles Trump serait la marionnette de Poutine – ou du moins son simple porte-parole.
Sur le plan politique, la chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a bien résumé le niveau d'illusion qui règne au sein de l'élite européenne :
« Nous n'avons entendu parler d'aucune concession de la part de la Russie. Si la Russie voulait vraiment la paix, elle aurait pu accepter un cessez-le-feu inconditionnel depuis longtemps. »
Oui, Kaja “Sun Tzu” Kallas. L'histoire militaire nous enseigne que toute armée qui remporte des victoires rapides sur le champ de bataille fait périodiquement des pauses pour faire des concessions au camp perdant. Autrement, ce serait injuste, et tout le monde ne recevrait pas de trophée.
L'exigence du président Trump selon laquelle le président par intérim ukrainien, Zelenski, devait accepter les conditions avant Thanksgiving sous peine de voir l'aide militaire et de renseignement américaine interrompue a semé la panique chez les Européens et les faucons américains.
Il semblerait que Trump en ait finalement eu assez de jouer les Hamlet après que le cadre qu'il avait présenté en Alaska en août ait été approuvé par la Russie, puis abandonné par Trump lui-même après avoir été vertement critiqué par lesdits Européens et néoconservateurs américains.
Cette fois, bon sang, Trump allait enfin prendre ses responsabilités et mettre fin à un conflit près d'un an après avoir promis de le régler en 24 heures.
Et puis Rubio est entré.
La leçon que Trump 2.0 n'a pas retenue de Trump 1.0, c'est que le personnel est la véritable politique, surtout avec un président qui semble se désintéresser des détails et se désintéresser des processus complexes. Trump 1.0 a été plombé par des néoconservateurs comme John Bolton et Mike Pompeo, entre autres.
Même le colonel Douglas Macgregor, entré en jeu au quatrième quart-temps à deux minutes de la fin pour tenter une passe “Hail Mary” et nous sortir d'Afghanistan, a été plaqué derrière la ligne de mêlée par Robert O'Brien, le dernier conseiller à la sécurité nationale de Trump et néoconservateur irréductible.
Les néoconservateurs sont des destructeurs. C'est leur seul point fort.
L'arrivée de sang neuf en la personne de Dan Driscoll, secrétaire à l'Armée et allié du vice-président Vance – qui a remplacé Keith Kellogg, envoyé spécial de Trump totalement incompétent – laissait entrevoir que la faction réaliste, tapie dans l'ombre de l'administration Trump, aurait enfin sa chance.
Puis, le tapis a été retiré. À nouveau.
Rubio s'est envolé pour Genève afin de panser les plaies des « dirigeants » européens déterminés à combattre les Russes jusqu'au dernier Ukrainien.
Politico nous dévoile la suite des événements dans un article intitulé « Rubio change de cap dans les négociations de Trump sur l'Ukraine après une semaine de chaos ».
« Avant l’arrivée de Rubio en Suisse, on avait surtout l’impression que le vice-président JD Vance, par l’intermédiaire de son ami proche Driscoll, menait les négociations. À la fin du week-end, Rubio avait pris les rênes car les discussions étaient devenues plus souples », a déclaré un responsable.
Le terme « flexibilité » signifie que nous sommes revenus à la case départ, avec un retour à la position Kellogg/Euro selon laquelle le camp qui gagne une guerre devrait unilatéralement geler les opérations militaires en faveur du camp perdant.
Politico a poursuivi :
« La participation de Rubio aux négociations a permis une plus grande flexibilité de la part des Américains, ont déclaré quatre personnes au fait des discussions. Rubio a indiqué aux journalistes dimanche soir que l'objectif était simplement de finaliser les discussions « dès que possible », et non pas avant Thanksgiving.
Cette perte d'élan et cette destruction du sentiment d'urgence signifient que nous sommes revenus aux querelles interminables des voix éternellement illusionnées qui, même face aux récents progrès rapides de la Russie, croient que l'Ukraine est en train de gagner – ou pourrait gagner avec quelques centaines de milliards de dollars supplémentaires – la guerre contre la Russie.
Oubliez les toilettes en or. Soudain, on n'en parle plus.
Au final, tout ce théâtre ne change pas grand-chose. Comme l’a déclaré le président Poutine lui-même lors d'une réunion avec son conseil de sécurité nationale (via MoA ) :
« Soit les dirigeants de Kiev manquent d'informations objectives sur l'évolution de la situation sur le front, soit, même s'ils en reçoivent, ils sont incapables de les évaluer objectivement. Si Kiev refuse de discuter des propositions du président Trump et de dialoguer, alors eux et leurs instigateurs européens doivent comprendre que ce qui s'est passé à Kupyansk se reproduira inévitablement dans d'autres secteurs clés du front. Peut-être pas aussi vite que nous le souhaiterions, mais inévitablement.
« Et globalement, cette évolution nous convient , car elle permet d'atteindre les objectifs de l'opération militaire spéciale par la force, par la confrontation armée. »
En d'autres termes, la Russie est disposée à atteindre ses objectifs par la négociation, ce qui permettrait de préserver des vies et des infrastructures, notamment en Ukraine. Mais elle est également prête à poursuivre son offensive militaire pour atteindre ces mêmes objectifs. Et les fantasmes de guerre contre la Russie, tels que ceux de l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, ne changeront rien à cela.
Marco Rubio est un piètre Kissinger, et Kissinger était déjà suffisamment mauvais. À un moment donné – et ce moment est peut-être déjà passé –, les Russes vont conclure, à juste titre, qu'ils n'ont aucun partenaire de négociation aux États-Unis, toujours dominés par des individus comme l'ancien sénateur de Floride, dont la passion première est le changement de régime au Venezuela et à Cuba.
Quoi qu'il en soit, Trump devrait être sacrément vexé que Marco ait mis des bâtons dans les roues de ce qui aurait été un record mondial, sans précédent, universellement salué, comme rien de ce que le monde a jamais vu, la résolution de NEUF guerres dès sa première année au pouvoir !