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1064310 septembre 2020 – Cela fait déjà un certain temps que l’on parle, avec l’épisode actuel de troubles-USA baptisé par nos soins et pour notre facilité Grande-Émeute 2020 , d’une version US de la “révolution de couleur” (‘color revolution’). Nous écrivions, le 23 juin 2020 :
« Cela n’empêche pas certains commentateurs (Tom Luongo) de voir dans CHAZ-CHOP une réplique du Maidan de Kiev, pour avoir la peau de Trump selon la recette d’une bonne vieille “révolution de couleur” »
Avec Trump au pouvoir, ou même se rapprochant du pouvoir, l’évocation d’un ‘coup’ a été régulière et sans la moindre dissimulation. On chronique les origine de cette perspective en remontant au 12 décembre 2016 (« CIA-WaPo versus Trump : un ‘Silent Coup’ assourdissant »), et même au le 3 décembre 2016 (« La tentative de ‘coup’ contre Trump se poursuit »), et même encore plus loin, au 17 octobre 2016 (« Washington D.C. : coup d’État en marche »), avant son élection et pour prévenir son élection certes. Cette extraordinaire possibilité pour les USA, parangon du légalisme, de l’État de Droit et tout le Saint-Frusquin, est devenue depuis 2016 un sujet de discussion, d’analyse, de reportage, de perspective détaillée et de conversations dans les salons, sans la moindre dissimulation.
Et l’on peut dire “depuis 2016” (sans discontinuer), car la chasse au ‘coup d’État’, prenant de plus en plus l’allure d’un “révolution de couleur”, avec quelques intermèdes sur l’une ou l’autre tentative de destitution, cette chasse n’a plus cessé. Disons qu’elle a atteint un nouveau palier le 25 mai dernier avec la mort de Georges Floyd et le développement de ce que nous nommons la ‘Grande-Émeute2020’. Nous avons ainsi la plus stupéfiante, la plus bruyante, la plus éhontée et complètement à ciel ouvert, affirmation de la recherche d’une “révolution de couleur”. Cette perspective a pris, ces derniers jours, avec des déclarations publiques, des interviews, etc., un caractère stupéfiant par son affirmation publique détaillée.
Faut-il quelques exemples ? Il en faut, pour se donner le temps de vraiment réaliser ce qui est en train de se passer, et “en train de se passer” aux Etats-Unis d’Amérique, au cœur du noyau, de la matrice de l’American Dream.
• “Si Biden ne l’emporte pas très nettement, cela provoquera de très graves violences”, – ou si l’on veut, cette adresse aux citoyens : “Votez Biden, ou gare...”. Ainsi le Washington Post ‘menace-t-il’ dans un article du 4 septembre, – aucun autre mot n’est possible, et l’interprétation des ‘tweeteurs’ va évidemment dans ce sens : « WaPo is using threats of violence to interfer in an election. » Cette intervention du grand journal de Washington est absolument sans exemple ni précédent ; et, ; bien entendu, elle s’appuie sur les prospectives pessimistes du TIP (voir plus loin, mais déjà-vu dans nos colonnes, pas encore sous ce nom, le 11 août 2020).
• L’intervention de Sanders, via Politico, est également un fait extraordinaire, compte tenu de la position du personnage, de son engagement, de l’image qu’il véhicule dans la marge du parti démocrate et au Sénat, de l’espèce de position (par ailleurs complètement faussaire, sans rien pour nous étonner) de représentant d’une gauche “socialiste raisonnable mais néanmoins socialiste” au sein du parti démocrate, tout en étant sous l’étiquette d’‘indépendant’. Sanders est l’archétype de l’illusion de “l’empire de la communication” que sont les USA, l’illusion ‘progressiste-raisonnable’. Il peut effectivement illustrer des courants importants, mais c’est pour les trahir au bout du compte. Il n’empêche et tant pis si on le regrette : il a un statut et donc une légitimité. De ce fait, son intervention dans Politico, comme témoin et acteur d’un processus dont le but est l’élimination de Trump quoiqu’il arrive et par ‘presque-tous’ les moyens est extraordinaire pour sa liberté prise avec la légalité constitutionnelle.
Mais l’exemple certainement le plus exceptionnel est le cas du Transition Intergrity Project (TIP, dont il fut question pour la première fois le 11 août 2020), aujourd’hui fameux à Washington D.C. bien qu’il se présente en général sous le sceau du secret. Le TIP fait savoir partout qu’il s’occupe (pourquoi ?) de tout dans cette phase cruciale de la transition, de novembre 2020 à janvier 2021. Le TIP rassemble des démocrates et des républicains antiTrump, et il a déjà fait des simulations extrêmement pessimistes sur des scénarios de la transition.
Le TIP est notamment présenté en grands détails par la journaliste Whitney Webb, qui est classée nettement à gauche. Selon Webb, le TIP doit être apprécié comme « le plan pour le chaos si Trump gagner l’élection », plan tel qu’élaboré par les personnalités d’influence de l’establishment plutôt de tendance globaliste.
• Le quasi-porte-parole du TIP, le colonel Lawrence Wilkerson, explique que finalement son groupe, – c’est-à-dire, la plupart des membres de ce TIP qui sont dans cette dynamique insurrectionnelle, – a pour rôle de gérer la révolution venue d’une remarquable conjonction d’événements dont, paraît-il, on ne sait précisément l’origine ; et tout cela donne quelque chose dans ce genre, selon Wilkerson : « Et donc vous avez cette combinaison d’événements. Mais encore une fois, je veux dire que c’est de cette façon que démarrent des événements comme 1917 et la Russie, comme 1979 à Téhéran, et comme 1789 en France. C’est ainsi que ce genre de choses commence. Nous devons donc faire très attention à la façon dont nous traitons ces événements. Et cela m’inquiète parce que nous n’avons pas une personne très prudente à la Maison Blanche. »
D’où vient donc « cette combinaison d’événements » ? Qui a mis les USA dans la position de la France de 1789 ? Qui sinon principalement toute cette constellation de vedettes de l’establishment dont Wilkerson est, d’une façon incroyablement étrange, le porte-parole volubile et convaincu ?
• En perspective, Wilkerson présente un parcours incroyable et finalement symbolique de l’atmosphère enlevée de “D.C.-la-folle”, ayant d’abord radicalement rompu avec la ligne centriste-extrémiste (!) après avoir été chef de cabinet de Powell (2001-2005), pour s’opposer aux guerres perpétuelles et à l’establishment, pour se retrouver aujourd’hui comme moteur d’une initiative de l’establishment et continuant à prétendre, au cours de son interview, qu’il a une position de réformateur radical. Pour un peu, on lui laisserait sa médaille d’antiSystème, largement méritée et gagnée il y a quelques années, jusqu’en 2015 lorsqu’il lui arriva de dire : « Pour arrêter l’Empire, une puissante minorité, sinon une majorité des citoyens US doit se dresser ... pour dire “Ca suffit”. Cela signifie-t-il une révolution ? Cela se pourrait. Cela se pourrait bien... ».
Mais effectivement, ces contradictions qu’on pourrait juger apparentes ou macvhinées, ne relèvent-elles pas, elles aussi, de la schizophrénie dans laquelle barbote “D.C.-la-folle” depuis 2016 ?
Prenant un peu de distance, il faut apprécier précisément ce que signifie la formation du Transition Integrity Project, qui regroupe les noms les plus prestigieux et les plus influents de l’establishment. (Même le vieux Kissinger, précipitamment sorti de la naphtaline, en fait partie !) c’est une organisation secrète dont tout le monde parle et qui s’affiche complaisamment, sous le manteau dont les pans sont largement ouverts.
C’est “une organisation secrète” dont le but est d’“assurer la transition” en envisageant les cas de possible troubles/guerre civils, – “possible” dans tous les cas d’issue de l’élection, victoire de Biden, victoire de Trump ou blocage ! Les scénarios sont terriblement détaillés, sans rien craindre des hypothèses les plus épouvantables, selon les résultats obtenus dans des simulations in vivo, mais bien entendu complètement antiTrump comme le veut désormais la tradition largement établie de l’establishment, et tout cela également à ciel ouvert et au vu et au su de tout le monde puisque sous le sceau du secret. Ainsi, comme le précise Webb, à partir d’un document diffusé sans la moindre restriction par le TIP :
« Dans le scénario d’une “nette victoire nette de Trump”, Joe Biden, – rôle tenu dans la simulation par John Podesta, directeur de campagne d'Hillary Clinton pour 2016 et chef de cabinet de l'ancien président Bill Clinton, – refuse de concéder sa défaite et convainc “trois États ayant des gouverneurs démocrates, – Caroline du Nord, Wisconsin et Michigan, – de demander des recomptages”. Ensuite, les gouverneurs du Wisconsin et du Michigan “envoient des listes électorales séparées pour annuler celles envoyées aux Grands Électeurs par le corps législatif de l’État”, dans une tentative d’annuler la victoire emportée par Trump.
» Ensuite toujours, “la campagne Biden encourage les États de l'Ouest, en particulier la Californie mais aussi l'Oregon et Washington, collectivement désignés sous le nom de ‘Cascadia’, à faire sécession de l'Union à moins que les républicains du Congrès n'acceptent un ensemble de réformes structurelles”. Par la suite, “sur les conseils de l'ancien président Obama”, la campagne Biden présente les réformes suivantes :
» • Donner le statut d'État à Washington D.C. et à Porto Rico ;
» • Diviser la Californie en cinq États “pour mieux représenter sa population au Sénat” ;
» • Exiger des juges de la Cour suprême qu’ils prennent leur retraite à 70 ans ;
» • Éliminer le Collège électoral ;
» En d’autres termes, ces ‘réformes structurelles’ impliquent la création de nouveaux États-Unis avec 56 États, les nouveaux États devant assurer une majorité perpétuelle aux démocrates, puisque seules les zones à majorité démocrate (DC, Porto Rico et Californie) se voient attribuer le statut d’État. »
Il ne fait aucun doute que la constitution et l’action du TIP, sous l’impulsion des démocrates soutenus par l’establishment, cela va sans dire, constituent une démarche stupéfiante si l’on y pense d’une façon mesurée avec l’expérience de ce qu’était et devrait être la vie politique à Washington D.C. Cette façon de développer et d’institutionnaliser une démarche qui constitue en tous points et de toutes les façons un ‘coup d’État légal’, pendant institutionnel de ce qui serait une colour revolution aux couleurs de la bannière étoilée, est complètement dévastatrice et déstructurante pour le système de l’américanisme.
Personne n’a pourtant l’air de vraiment s’inquiéter de cette situation, de quelque côté qu’on se tourne. On pourrait dire que c’est paradoxalement la marque de la victoire de Trump : ce personnage improbable, entre “meilleur vendeur du monde” et star de la téléréalité, a réussi, par les conditions qu’il a imposées, à ‘trumpiser’ la vie politique à Washington D.C. Les démocrates, aveuglés par une haine qui reste toujours stupéfiante à observer, suivent cette voie sans le moindre souci du sens des responsabilités. Encore bien plus que Trump, homme de l’extérieur peu intéressé par la machinerie politique, les démocrates portent le fardeau de la responsabilité de cet incroyable gâchis. Ils s’en fichent.
Devant ce spectacle, dans cette occurrence, le difficile travail du commentaire politique devient une sorte de course à l’énigme. A cet égard, les USA, par leurs excès en tous sens, sont une fabuleuse illustration d’effondrement crisique de cette étrange époque.
La schizophrénie mentionnée plus haut et souvent signalée à propos de tel ou tel propos, de la part de tel ou tel personnage, se retrouve dans les commentaires les plus ‘professionnels”, selon notre jugement, ceux sur lesquels nous avons l’habitude de nous appuyer sans nécessairement les partager, mais simplement parce que leurs structures et leurs dynamiques sont satisfaisantes, et leur développement d’une fermeté évidente.
Voici d’abord un panorama de la situation politique en fonction des dernières informations venues du camp démocrate. Le texte est de WSWS.org, et par conséquent il faut mettre de côté les inflexions marquant l’idéologie des commentateurs trotskistes. Cela donne ceci, dans un extrait de ce texte, où l’on distingue tout de même certains signes de la schizophrénie inévitable dont nous parlons plus loin, plus en détails :
« Biden se présente comme “l’homme du centre” dans les conditions d’une situation de guerre civile qui se développe. Sa campagne n’offre rien pour faire face à la catastrophe sociale à laquelle sont confrontées des masses de gens. Le fait que les démocrates embrassent ouvertement la violence militariste — accueillant dans le cadre de leur “coalition” les principaux architectes de la guerre en Irak — permet même au fasciste Trump de se poser en adversaire du “complexe militaro-industriel”.
» Les Démocrates sont avant tout opposés à l’idée de soulever des questions qui portent atteinte aux intérêts économiques et financiers de l’élite au pouvoir. Un article publié lundi dans le Washington Post a donné une indication des politiques sociales que le Parti démocrate poursuivrait si Biden était au pouvoir. En se référant aux propositions économiques publiées par la campagne Biden, qui consistent en des réformes timorées, fruit de discussions avec l’aile «Sanders-Warren» du parti, le Post a écrit:
» “Mais lors d’appels privés avec les dirigeants de Wall Street, la campagne Biden a clairement indiqué que ces propositions ne seraient pas au cœur du programme de Biden. Ils ont essentiellement dit : ‘Écoutez, c’est juste un exercice pour satisfaire les partisans de Warren, et ne lisez pas au-delà’, a expliqué un banquier d’investissement, faisant référence aux partisans progressistes de la sénatrice Elizabeth Warren (D-Mass.). Le banquier, qui a parlé sous couvert d’anonymat, a déclaré que le message avait été transmis lors de plusieurs appels.”
» Le parti démocrate, malgré toutes ses dénonciations de Trump, ne fait aucune mention du caractère essentiellement fasciste des politiques qu’il mène. Il convient de rappeler que même si Trump a perdu les dernières élections par trois millions de voix, la réponse immédiate du Parti démocrate a été de proposer sa collaboration. L’élection, a déclaré Obama, a été une “mêlée intra-muros” entre les deux camps d’une même équipe.
» Si les démocrates devaient perdre le 3 novembre, ou même s’ils devaient gagner, la réponse ne serait pas différente. Ils tendraient immédiatement un rameau d’olivier à Trump et au parti Républicain. »
La schizophrénie dont nous parlons apparaît dans deux exemples de ces commentaires de confiance pour nous, et cette schizophrénie n’est pas une pathologie mais bien une nécessité de la description. Elle apparaît nettement lorsqu’on compare des extraits de ces textes qui sont rapprochés et comparés l’un à l’autre.
• Dans le même texte de WSWS.org, on rapproche ainsi deux extraits qui décrivent la situation générale. Le titre lui-même annonce déjà la schizophrénie de la situation : « L’élection de la guerre civile », mélangeant un processus légal et une situation de troubles déchaînés ; et l’on peut alors lire dans deux passages situés à quelques paragraphes de distance :
1) d’un côté, l’image d’une direction fracturée et déchirée dans un affrontement jusqu’auboutiste, où le terme “extraconstitutionnel” qui est un terme de guerre civile est utilisé (et si le passage concerne le seul Trump, on a bien vu combien l’atmosphère guerrière et furieuse prévaut également du côté démocrate) : « En utilisant un langage sans précédent dans l’histoire américaine, Trump cherche à créer les conditions, quelle que soit l’issue du 3 novembre, dans lesquelles il émergera comme le leader d’un mouvement extraconstitutionnel de droite. »
2) D’un autre côté, il y a le business as usual du pouvoir américaniste, avec ses deux partis (y compris Trump) comme blanc-bonnet et bonnet-blanc, et faits pour s’entendre au bout du compte : « Si les démocrates devaient perdre le 3 novembre, ou même s’ils devaient gagner, la réponse ne serait pas différente. Ils tendraient immédiatement un rameau d’olivier à Trump et au parti Républicain. »
• Donnons un autre exemple, plus court mais tout aussi significatif et révélateur. Il vient de Moon of Alabama, ou MoA [dans la traduction du Sakerfrancophone] et conclut une rapide analyse où le même passage du même texte du Washington Post a été cité, signifiant par-là que la signification de ce passage fait l’unanimité des commentateurs. Donc MoA conclut :
« Bien sûr, les politiques d’une présidence Biden sembleraient plus polies et présentables que les manières rustres de Trump. C’est la principale raison pour laquelle l’establishment de Washington rejette Trump et soutient Biden.
» Mais on peut certainement s’attendre à ce qu’une présidence Biden, remportée lors des élections, ou grâce à un schéma de révolution de couleur bien planifié par les Démocrates, soit à droite de la politique de centre-droit mise en œuvre par Barack Obama. Cela vaut aussi bien pour les questions de politique intérieure que pour la politique étrangère.
Ce qui nous frappe dans cette conclusion, – sans qu’une seconde cela soit une critique, – c’est la présence, quasiment inévitable, de la référence à une ‘révolution de couleur’ au milieu d’une conclusion raisonnable et mesurée sur ce que pourrait être la politique d’un Biden gagnant (« ...on peut certainement s’attendre à ce qu’une présidence Biden, remportée lors des élections, ou grâce à un schéma de révolution de couleur bien planifié par les Démocrates »). Mesure-t-on la dichotomie ahurissante existant entre la description d’une situation ou une administration Biden met en place sa politique, avec ses habituelles sales coups et trahison, tout cela dans les manœuvres furtives et dissimulées des couloirs bien ordonnés de Washington où résonnent les discours pleins de pompe d’une grande démocratie apaisée, et la soudaine irruption du désordre et de l’anarchie violente d’une ‘révolution de couleur’, même “bien planifiée” ?
Il nous faut absolument nous répéter encore et encore, à propos de ce verdict (et pas diagnostic) de schizophrénie : nous ne sommes pas ici pour faire reproche aux textes de cette schizophrénie, mais pour observer que la simple description de la situation conduit à installer un spectacle extraordinairement schizophrénique, parce que la situation est elle-même pure schizophrénie. Si l’on veut tenter de rester dans un commentaire, disons ‘sérieux’ ou raisonnable, ou rationnel, on ne parviendra qu’à donner une seule des deux narrative qui se côtoient étroitement dans cette situation américaniste. (Si nous devions faire une remarque critique sur cette sorte de commentaire, c’est de ne pas constamment rappeler cette schizophrénie à laquelle il est contraint par les événements extraordinaires que l’on sait.)
Le fait est que, devant cette situation aux USA, la raison est prise de panique et emportée par le vertige. Elle tente bien de présenter une de ses productions ‘rationnelles’ dont elle a le secret largement éculé en élaborant un commentaire sur la situation politique mais elle ne peut éviter la schizophrénie, parce que cette schizophrénie est inévitable, comme un fait et nullement un diagnostic. Cette schizophrénie n’est pas une pathologie des acteurs mais bien un caractère fondamental des événements dont les acteurs humains veulent encore paraître les maîtres d’œuvre alors qu’ils n’en sont plus que les jouets et les pantins.
Cette cohabitation du ‘normal as usual’ et de la GC4G (voyez la “Guerre Civile de 4ème Génération”) est absolument fascinante, comme une sorte de ‘new normal’ qui défierait toute normalité de parvenir à le définir, qui défierait la raison elle-même et, finalement, lui signifierait son insignifiance mesurée et son impuissance avérée. L’élection présidentielle USA2020 est celle de la défaite de la raison dans sa prétention d’être nécessaire et suffisante pour découvrir les mystères du monde en donner l’explication qui convient.
Il ne nous reste plus qu’à suivre les événements en tentant de les décrire complètement, sans en rien oublier. Eux seuls connaissent le secret de l’aventure, parce qu’ils en sont les producteurs directs, sans avoir à consulter les acteurs Sapiens-Sapiens devenus figurants incohérents.
Pendant ce temps, – ayons une pensée pour elle, – l’Europe, non pas face à l’événement américaniste mais plutôt adossée à lui sans en rien vouloir savoir, enquête avec minutie, comme les Dupont-Dupond, sur le couple Navalny-Novitchok. Picasso aura pu en faire un tableau qui aurait bien valu son Guernica.