Notes sur la sécurité en Europe, en 2010

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Notes sur la sécurité en Europe, en 2010

Le dossier le plus insaisissable aujourd’hui dans les affaires internationales est celui de la sécurité européenne. C’est aussi le plus improbable et certainement l’un des plus pressants. C’est certainement l’un des plus embarrassants et l’objet des jugements les plus contrastés. Enfin, dernier paradoxe de tous ces jugements paradoxaux qui ne déparent pas notre époque, il est bien probable que ce dossier auquel personne n'a apporté beaucoup d'attention jusqu'à ces dernières semaines sera l’un des grands dossiers de 2010.

Stricto sensu, un document existe, qui rend assez difficile que la chose soit ignorée par ceux qu’elle embarrasse: la “proposition Medvedev”, faite en juin 2008 par le président Medvedev s’adressant à tous les pays concernés par cette question de la sécurité européenne, qu’on retrouve quasiment parmi les membres de l’Organisations de Coopération et de Sécurité en Europe (OSCE). Ce premier acte a été confirmé par la transmission à tous les pays concernés d’un projet de traité, le 30 novembre 2009, par le président Medvedev aux pays impliqués, prolongeant et explicitant sa fameuse proposition.

Les réactions ont été assez diverses et contrastées. Les différents pays et organismes se sont mis à étudier le projet. On peu admettre, par exemple, que l’Allemagne lui sera favorable, puisque les services diplomatiques allemandes ont aidé leurs collègues russes à rédiger la mise au propre du projet de traité, pour qu’il soit plus dans les normes formelles de leurs collègues occidentaux.

Pourquoi une (nouvelle) architecture?

@PAYANT La question pourrait se poser de savoir pourquoi l’Europe aurait besoin d’une nouvelle architecture européenne. La réponse viendrait assez naturellement: parce qu’elle n’en a pas. La sécurité européenne dépend aujourd’hui de divers accords et structures dépassées, alors que l’UE a été incapable de mettre en place une structure de sécurité européenne stricto sensu. Quelle est cette “architecture” ?

• L’OTAN, bien entendu, qui est devenue un facteur de déséquilibre et de désordre puisque sa fonction essentielle était d’exister en fonction d’une autre structure ou d’une autre masse supposée menaçante (l’URSS et son glacis est-européen, puis le Pacte de Varsovie). La disparition de cet “autre” a déséquilibré l’OTAN qui est devenue une masse en mouvement incontrôlable, absorbant de nouveaux Etats sans aucune cohésion stratégique – à moins que la recherche de l’excitation de la Russie soit perçue comme un axe de “cohésion stratégique”. Qui plus est, manipulable à souhait comme l’on sait, l’OTAN s’est trouvée de plus en plus entraînée vers des missions extra-européennes (Afghanistan) qui, par nature, n’ont rien à voir avec une architecture européenne.

• Le traité FNI de décembre 1987 entre les USA et l’URSS fait partie de l’architecture de sécurité européenne en fixant une situation d’armistice nucléaire approximative. L’“esprit” du traité, surtout, est important, mais c’est un esprit qui date de 1987, qui concerne deux puissances dont l’une en tant que telle a disparu, et l’autre n’est pas européenne. L’esprit s’est donc perverti et fonctionne aujourd’hui comme un facteur de paralysie.

• L’OSCE (qui couvre toute l’Europe et au-delà avec l’adjonction de puissances non-européennes impliquées) n’est pas une organisation “architecturale”. C’est une organisation de contrôle (notamment) d’une architecture européenne dont on constate par ailleurs qu’elle est dépassée. Son contrôle est donc faussé, éventuellement faussaire, et ouvre le champ à des manœuvres et à toutes les manipulations – tout cela involontairement, à cause de la réalité européenne elle-même et non à cause de l’Organisation.

Par contraste avec l’Europe, d’autres continents réputés inorganisés ou fractionnés, comme l’Asie et l’Amérique du Sud, mettent en place au contraire des organisations régionales qui ont des aspects structurants largement supérieures à la masse de structures dont dispose l’Europe. En essence, des organisations comme celles des pays d’Amérique du Sud, de l’ASEAN avec les rapports extérieurs avec la Chine, voire de l’Organisation de Coopération de Shanghai, disposent de la souplesse et de la capacité d’adaptation dont manque la pléthore d’organisations européennes.

La responsabilité de l’américanisme

Nous parlons de “responsabilité de l’américanisme” plus que de “responsabilité de l’Amérique” (des USA), tant le pouvoir washingtonien, en complète déliquescence, a perdu toute capacité de contrôle de lui-même. Après avoir laissé se dérouler l’élargissement de l’OTAN sans aucune stratégie préconçue et contrôlée à cet égard, il a laissé se dérouler une stratégie “privatisée” de déstabilisation de “l’extérieur proche” de la Russie dont on connaît bien les composants. Ils vont des “révolutions de couleur” à l’initiative du réseau anti-missiles BMDE, dont l’historique suffit pour définir cette entreprise de déstabilisation et de déstructuration.

Toutes les arguties stratégiques à propos du BMDE relèvent d’un autre monde, qui n’est pas le nôtre, qui est celui de la relation publique et de la publicité idéologique. S’y attarde qui veut pour en débattre; nous avons d’autres sujets de préoccupation plus urgents. L’essentiel est bien le résultat, qui fut de fournir un foyer de déstabilisation et de déstructuration qui acheva de réduire l’architecture européenne à une bâtisse de conception dépassée dont il s’avérait désormais qu’elle était rongée par les termites de la déstabilisation.

La décision US d’abandon du BMDE a acté a posteriori cet effet déstabilisant du BMDE en abandonnant le système dans sa forme contestée mais n’a, en aucune façon, offert un axe ou un projet de réparation des débats causés. Elle n’a fait que mettre à nu les conditions de fragilité et de vétusté d’une architecture de sécurité européenne semblant correspondre à des années 1980 qui seraient revenues aux années 1970.

Le rôle essentiel de la crise géorgienne

Quoi qu’on pense de l’événement, et dans quelque sens qu’on le place et qu’on l’oriente, la crise géorgienne a joué un rôle essentiel dans la réalisation, soit de la fragilité, soit de l’incompatibilité avec son époque de la situation de la sécurité européenne – qu’on n’ose désigner comme un “système”, tant, comme on l’a vu, elle se définit plutôt comme un bric-à-brac d’organisations d’autres temps et d’autres situations. Le “bric-à-brac” a joué à plein durant cette crise, en montrant le désordre général causé sur l’instant par cette crise, avant des initiatives pour la résoudre, ou du moins stopper son expansion.

La crise géorgienne fut le premier événement d’un conflit d’Etat à Etat, de nation à nation engageant une puissance majeure (la Russie), en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Tous les conflits, guerres et autres qui eurent lieu dans cet intervalle avaient été le résultat d’actions de systèmes (comme la Hongrie en 1958 et la Tchécoslovaquie en 1968) ou d’effets d’explosions internes ou de systèmes, ou de guerres civiles avec leurs conséquences externes (ex-Yougoslavie, de 1990 à l’épisode du Kosovo de 1999, ainsi que les conflits locaux résultant directement du démembrement de l’URSS).

Cet événement nouveau fixa d’une façon dramatique la déstabilisation du système approximatif né de la Guerre froide, entamée par la force des événements avec le démembrement de l’URSS et l’explosion de l’ex-Yougoslavie, poursuivie selon une volonté effectivement déstabilisatrice par la poussée de l’OTAN et de la subversion “humanitariste” et “privatisée” (“révolution de couleur”) qui l’accompagna. Surtout, elle couronna l’axe fondamental de déstabilisation de l’ordre militaire existant en Europe que constitua le projet BMDE.

En un sens, la crise géorgienne eut l’effet paradoxalement vertueux de faire entrer dans les esprits l’existence d’une problématique de la sécurité en Europe. Le choc fut assez vite oublié par les systèmes de communication à cause de l’enchaînement presque immédiat de la crise financière de 15 septembre 2008, qui en détourna aussitôt l’attention, mais son effet fut profond. L’abandon du BMDE par les USA en septembre 2009 fut l’événement qui ramena les esprits au problème de la sécurité européenne et fit prendre conscience des effets du choc de la crise géorgienne.

Des positions diverses et variées

Nous décrivons tout cela, toutes ces estimations de “choc” et de “prise de conscience” nullement en fonction de ce qui fut dit et fait sur le moment – au moment de la crise géorgienne et au moment de l’abandon du BMDE. Il nous semble qu’on peut développer cette analyse aujourd’hui en constatant l’évolution des positions et des perceptions après le second acte du processus de la proposition Medvedev que fut la remise d’un projet de traité aux principales parties concernées, le 30 novembre 2009. L’événement agit comme un révélateur.

Les réactions à la remise de ce document ont été assez surprenantes. Les commentaires, assez vagues et épisodiques, depuis juin 2008 et la première annonce de Medvedev, consistaient à dire: “Pourquoi chercher à changer quelque chose, la situation actuelle est satisfaisante”. C’est en général la position des activistes atlantistes et anti-russes. A côté de cela, on observera que les Russes eux-mêmes ne se sont pas pressés de préciser leur proposition de juin 2008, comme s’ils y croyaient eux-mêmes assez peu. Depuis le 30 novembre 2009, par contre, on constate une montée assez remarquable de réponses, officielles ou officieuses, et de commentaires, allant dans un sens assez favorable et constructif.

Les positions varient évidemment selon les pays et les organisations. Il ne fait pas de doute que l’Allemagne, la France et l’Italie sont particulièrement intéressés, que le Royaume-Uni ne l’est guère sinon pour saboter l’initiative à son avantage et comme à son habitude; que l’Union européenne, après avoir ignoré la chose, commence à découvrir qu’elle existe; que même l’OTAN, dont on attendait une fin de non-recevoir, assure, par la voix de son secrétaire général dont on sait que les relations avec la Russie sont un axe de son action personnelle, qu’elle examine le document d’un œil bienveillant.

Plus que de positions précises, il s’agit là d’un “climat” qu’on découvre, et qu’on découvre finalement plus favorable à l’étude d’une nouvelle architecture européenne de sécurité qu’on pouvait le penser. D’une certaine façon, c’est une surprise, mais plus une surprise de procédure qu’une surprise politique. Notre explication tient en ce que les directions politiques sont aujourd’hui habituées à penser à si court terme qu’elles ne spéculent plus sur les projets à long terme. Bien entendu, lorsqu’un de ces projets leur est présenté, elles sont obligées de réagir. Le “climat ” général de ces réactions telles qu’on les a observées permet d’observer deux choses:

• Le “choc” de la crise géorgienne a laissé des traces et a convaincu nombre d’esprits qu’il fallait chercher de nouvelles situations où cette sorte de conflits pourrait être évitée. En filigrane, il y a aussi l’idée, en Europe, qu’il devient un peu risqué de dépendre pour de graves crises de certaines directions irresponsables, mises en place par des processus de manipulation et d’influence eux-mêmes irresponsables. On parle ici de la Géorgie et de sa direction actuelle.

• Les relations avec la Russie doivent être modifiées, améliorées, transformées. Il devient de plus en plus essentiel de passer d’un climat de confrontation dont on tenterait de se démarquer par telle ou telle initiative qui resterait isolée à un climat de coopération sur lequel on s’appuierait pour développer “telle ou telle initiative” qui ne serait alors plus isolée mais s’inscrirait dans un processus structuré.

L’intéressante absence américaine

Dans ce rapide et succinct tour d’horizon des positions appréciées des uns et des autres, on aura remarqué l’absence des USA. A part un accueil ouvert au document Medvedev de fin novembre, l’administration Obama s’est signalée par une absence de réaction à cette proposition. Il n’y a guère de ces commentaires officieux, de ces “fuites” préméditées vers la presse qui permettent à une administration US de faire savoir son sentiment d’une façon un peu plus élaborée que les seules réactions formelles.

Dans les milieux communautaires européens, le sentiment d’évaluation de la position US confirme cette impression, qui est celle de se trouver devant une administration US sans véritable position, voire sans réel intérêt immédiat pour la proposition russe – mais cela, sans s’y opposer de quelque façon que ce soit. L’impression est que les Américains semblent évoluer comme si cette question n’est en rien leur priorité. Pour eux, la priorité des relations avec la Russie, c’est la signature de l’accord START-II et la bonne marche de la coopération russe vis-à-vis de la crise afghane (notamment, l’établissement et le bon fonctionnement de la voie d’approvisionnement de l’OTAN par la Russie, vers l’Afghanistan, éventuellement son élargissement notamment avec des autorisations de transit aérien).

Il nous semble que cette position US est assez explicable. Les divers et énormes problèmes intérieurs que rencontre cette puissance, les suites de la crise du 15 septembre 2008, l’attention presque exclusive portée à la guerre en Afghanistan, mobilisent toute l’attention de Washington. La situation en Europe est un cas de second plan pour les USA, d’ailleurs bien caractérisé par la “politique russe” de l’administration Obama, qu’on peut effectivement définir comme une politique de désengagement.

Il n’empêche que la situation pourrait changer et devenir tendue si la frange de droite de l’échiquier politique washingtonien réagissait poussé par ses liens lobbyistes et autres avec les directions installées en Europe de l'Est par les “révolution de couleur” et les réseaux anti-russes correspondants. La réaction récente du Congrès dans l’affaire Mistral, ainsi qu’une lettre de six sénateurs républicains à l’ambassade de France pour demander d’abandonner ce projet de vente, augurent dans ce sens. Cela pourrait conduire à des tensions à Washington même (entre partisans et adversaires du traité), voire entre Washington et les pays européens.

L’intéressante présidence kazakh de l’OSCE

Il est évident, d’autre part, qu’une organisation manque dans notre nomenclature des réactions et des attitudes vis-à-vis de la proposition de traité de Medvedev. La cause en est simplement qu’elle occupe naturellement la place centrale de cette situation, en 2010, puisque c’est en son sein que devraient avoir lieu d’éventuelles négociations sur la proposition Medvedev.

Le Kazakhstan prendra la présidence de l’OSCE le 1er janvier 2010. Ce pays a déjà annoncé qu’il faisait de la proposition Medvedev l’axe central de sa présidence et qu’il comptait organiser un sommet sur cette question dans le courant de l’année. Les Russes sont bien entendu ravis de cette perspective et, après quelques péripéties, il semble bien que ce sentiment favorable soit de plus en plus partagé, y compris par l’organisation elle-même.

Il y a là un concours de circonstances intéressant, par rapport à l’évolution qu’ont pris les relations internationales sous la poussée des conceptions humanitaristes occidentalistes. Une source proche de la Commission européenne, qui suit l’évolution de cette situation, a ainsi évalué l’évolution de l’OSCE par rapport à cette affaire: «Tout le monde attend avec terreur la présidence du Kazakhstan, tant ce pays a une affreuse réputation au niveau des droits de l’homme et de la démocratie. Du coup, la question d’un grand sommet en 2010 sous la présidence kazakh, sur la proposition Medvedev, avec l’énorme effet médiatique qu’on en attend, devient une perspective séduisante et détournant l’attention de la situation kazakh, de la présence au sein de l’OSCE d’un pays de si mauvaise réputation, au profit d’une initiative si sérieuse et importante…» Et notre source conclut avec ironie: «Du coup, la proposition russe, qui était perçue avec réserve parce que la Russie n’est guère appréciée, notamment pour ces mêmes questions humanitaristes – mais tout de même pas au niveau du Kazakhstan! – devient quelque chose de très intéressant, et la Russie elle-même est appréciée avec plus de chaleur.»

Il s’avère donc que les voies de la sécurité européenne, d’une éventuelle nouvelle version, sont impénétrables à l’image de celles du Seigneur. Ce n’est pas pour nous étonner.

2010 et ses perspectives

L’année 2010 devrait donc être intéressante. Il semble apparaître que la proposition Medvedev venue de l’appel déjà lointain de juin 2008 et accueillie avec si peu de considération au départ a pris une certaine extension dans les perspectives qu’elle implique. Une illustration de cette évolution se trouve dans les déclarations du parlementaire allemand Karl-Georg Wellmann en visite à Moscou le 22 décembre 2009, dont nous avons signalé les conceptions que lui inspire la proposition Medvedev.

L’événement crée la perspective. Les conditions particulières qui entourent cette proposition, son flou initial, le peu d’intérêt des USA pour elle, etc., conduisent à penser qu’il s’agit en fait d’un “document ouvert”, qui peut conduire, ou ouvrir la voie à des orientations très nouvelles et presque de rupture avec la situation présente. Cela dépendra sans aucun doute de la situation générale qui régnera lors de la préparation de la conférence et lors du sommet, si ce sommet a effectivement lieu.

Nous sommes dans une situation potentielle où la dynamique de l’évolution se crée d’elle-même et nullement selon les plans des uns et des autres. Ce qui est remarquable avec la proposition Medvedev, c’est le contraste entre la vision fermée, sceptique, négative qu’on en avait avant que ne survienne la proposition de traité, et les réactions qui sont aujourd’hui en train de dépasser le stade de la bienveillance pour atteindre le stade de la création spéculative à partir du document.

Il ne fait pas se dissimuler que les enjeux sont essentiels, à partir du moment où la chape de conservatisme de la situation post-Guerre froide renouvelant le schéma de la Guerre froide est ébranlée. Outre ceux des relations avec la Russie, d’une sorte d’unification de la sécurité paneuropéenne qui comprendrait la Russie, notamment contre des pressions extérieures, comme l’évoque Wellmann, il y a évidemment l’enjeu de la question fondamentale des relations euro-atlantiques, c’est-à-dire entre l’Europe et les USA. Il est impossible de donner des indications précises sur les possibilités d’évolution parce que ce point dépend d’une raison limitée à la connaissance, plus ou moins bonne, plus ou moins interprétée, des faits actuels. L’essentiel se trouvera dans les conditions générales sur lesquelles nous n’avons aucune maîtrise, les pressions psychologiques des événements en cours (ceux qui seront en cours en 2010), l’évolution psychologique qui se sera faite entretemps devant les possibilités d’évolution qui apparaîtraient.

S’il s’agit d’un réarrangement de la sécurité européenne qu’on peut juger nécessaire, il s’agit aussi d’un réarrangement qui n’est nullement écrit d’avance, ni contrôlé. Là aussi, comme dans toutes les autres situations générales qu’on observe, et face à un immobilisme évidemment stérile d’un système en crise, toutes les possibilités et toutes les surprises peuvent surgir d’une façon inattendue. L’intérêt premier de l’initiative Medvedev est qu’elle donne la possibilité à de telles surprises de se manifester.