L’hypothèse d’une guerre Europe-USA…

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Comme nous le signale “Anamorphose” sur le “Forum” en date du 2 mars, la présence de l’hypothèse d’un conflit Europe-USA comme thème d’enquête sondage sur le site observabilis.com est un de ces “petits faits” qui signalent des changements importants dans la perception d’une situation et dans l’orientation des engagements profonds qui s’en dégageront.

Pour rappel, le message de “Anamorphose” du 2 mars: « Les mentalités évolueraient-elles ? En tous cas il est intéressant de relever qu'à la question “Croyez-vous possible que l’Europe puisse dans un avenir plus ou moins proche entrer en conflit frontal avec les USA, conflit qui pourrait prendre la forme d’une guerre?”, 55,56% des internautes aient répondu “Non, impensable” mais que 44,44% d'entre eux aient répondu “Oui, probablement”. Aurait-on imaginé 44% de réponses positives il y a 5 ou 10 ans? Près d'une personne sur deux qui croit à la possibilité d'un conflit armé avec les U.S.? C'eût été impensable.

» Cela dit, deux remarques 1) le sondage est toujours en cours et les chiffres risquent d'évoluer encore très fortement et 2) le nombre des ‘votants’ n'est pas mentionné : l'échantillon n'a donc peut-être pas grande valeur statistique d'autant qu'il comporte un biais (tout le monde ne va pas sur le site qui l'organise).

» Mais n'est-il pas déjà intéressant, tout simplement, que l'on s'avise de poser une telle question? Elle aussi aurait été impensable il y a cinq ou dix ans... »

(A signaler qu’à cette heure, le sondage a évolué dans le sens : “57,69% Non, impensable,

42,31% Oui, probablement”. Nous ne vous dirons pas l’option que nous avons choisie dans notre vote pour parvenir à la lecture des résultats : secret d’isoloir.)

Il est manifeste qu’une telle question était absurde, sacrilège, pas sérieuse, etc., et finalement sans intérêt il y a seulement cinq ans. (Qu’on se rappelle le scandale dans les années soixante à l’énoncé de la dissuasion française qui envisageait une stratégie “tous azimuts”, c’est-à-dire n’excluant aucune option d’antagonisme, — y compris, in fine, avec les USA.) Le seul fait qu’elle soit posée, effectivement, mesure l’évolution des esprits à l’encontre de la fascination qui a existé pendant un demi-siècle pour tenir le lien avec les Etats-Unis comme au-dessus des contingences historiques. (Rappelons que cela ne fut pas toujours le cas dans notre époque “moderne” [depuis la Grande Guerre]. Dans la période 1927-1929, l’hypothèse de conflit conventionnel de haut niveau qui était la plus envisagée était un conflit Angleterre-USA pour la maîtrise des mers.)

C’est moins la crédibilisation de l’hypothèse du conflit lui-même qui est intéressante que la crédibilisation de l’idée d’antagonisme au sens le plus large (sans nécessairement en venir aux mains). C’est une “désacralisation” relevant de la psychologie, voire de la psychanalyse. Il nous paraît assuré que le malaise des dirigeants européens face à la politique américaine depuis cinq ans, et les pensées profondes de certains d’entre eux qui ne sont jamais dites publiquement, tiennent effectivement plus à cette dimension psychologique/psychanalytique qu’à une simple réévaluation politique.


Mis en ligne le 3 mars 2006 à 14H10