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2 août 2025 (17H15) – Est-il vraiment utile, sinon nécessaire, d’en parler ? Eh bien, avec Trump, c’est toujours oui. Il y a toujours dans chaque mot et chaque phrase (assemblage de plusieurs mots, formule également utilisée) un point qui vous arrête et vous interpelle, avec lequel vous pouvez envisager une digression philosophique qui nous éloigne du sujet abordé et qui semblerait un peu angoissant au courant de nos chères populaces réclamant justice, paix et égalité dans la force mais sans trop risquer (“Je place mes sous-marins lanceurs d’engins nucléaires [des SSBN] à bonne distance pour nucléariser Moscou, Poutine é Cie [et Medvedev”).
« Avec ses publications sur les réseaux sociaux, Donald Trump se comporte comme une adolescente droguée. Trump, aspirant à “the Art of the deal”, affole le monde en le plaçant au bord d'une guerre nucléaire et prend d'autres mesures que la Russie ne peut interpréter que comme une attaque des États-Unis contre la mère patrie. », écrit Larry Johnson qui a l’amabilité de prendre Trump au sérieux.
Comme nous ne vous le disions pas hier, – tout en le sachant déjà, bien entendu, parce que nous savons tout – Trump a réagi avec une considérable fureur à l’attaque de Medvedev. D’accord, Medvedev c’était des mots, d’ailleurs bien dans la logique de l’actuel “dialogue” (“Je te hais, moi non plus”) USA-Russie ; mais Trump, c’est aussi des mots qui vous annonce qu’il va “déplacer” deux SSBN plus près d’une des côtes de la -Fédération de Russie... Tiens, les voici, ces SSBN volant en profondeur, pour que nous n’y comprenions vraiment rien du tout, d’autant que c’est par le canal de RT.com et de toutes ces FakeNews insulteuse de la vertueuse Amérique-américaniste :
« Trump a annoncé sa décision sur sa plateforme Truth Social, condamnant les déclarations “hautement provocatrices” de Medvedev et affirmant que “les mots sont très importants et peuvent souvent avoir des conséquences inattendues”.
» “J'ai ordonné le déploiement de deux sous-marins nucléaires dans les zones appropriées, au cas où ces déclarations insensées et incendiaires seraient plus que cela”, a écrit le président américain.
... Et nous en arrivons même à solliciter l’avis de New York ‘Times’, pour parvenir, par une voix ô combien autorisée, à tenter d’expliquer à Trump que ce qu’il a dit est très difficilement compréhensible sinon totalement incompréhensible, que c’est tellement étrange pour ne pas dire stupide, – à part le fait qu’il fait parler de lui et agite des spectres terribles d’une hypothétique guerre nucléaire dont il dénonce par ailleurs l’horrible capacité d’anéantit le monde. L’homme est inarrêtable autant qu’inénarrable dans ses plus sublimes contradictions qui en font un isolationniste-globaliste.
« Le New York Times tente de comprendre les motivations de l'ordre de Donald Trump de redéployer des sous-marins nucléaires.
« “Étant donné que les mouvements de sous-marins nucléaires comptent parmi les manœuvres [stratégiques] les plus secrètes du Pentagone, il sera probablement impossible de savoir si M. Trump redéploie réellement les sous-marins ou s'il cherche simplement à faire bonne impression. »
(... Et d’ailleurs, il sera certainement impossible à monsieur Trump de savoir si ses SSBN sont réellement redéployés, en admettant qu’il aiut réellement donné cet ordre et qu’on l’ait réellement réceptionné du côté de l’US Navy.)
Ce qui nous ramène finalement à cette phrase de Trump comme suggestion pour définir une situation par définition indéfinissable : « les mots sont très importants et peuvent souvent avoir des conséquences inattendues. » En effet, dans cette affaire de sous-marin, seuls comptent les mots de Trump dans le brouhaha général de sensationnalisme qu’on a relevé. Quelle que soit l’importance de sa tâche et le bien-fondé de sa position, Medvedev ne dispose pas du pouvoir suprême nécessaire, au contraire de Trump, – outre qu’il intervient, dans le message qui a déclenché l’ire de Trump, à propos de système défensif (le système ‘Parimètre’, qui déclencherait une riposte automatique en cas d’attaque de décapitation réussie contre la Russie), au contraire des SSBN dont parle Trump qui sont clairement et radicalement offensifs. Il (Medvedev) tient d’ailleurs, dans la dynamique générale russe de cette crise, une position provocatrice dont l’effet est “protégé” et contenu par cette absence de pouvoir suprême. Les mots de Medvedev, dits d’ailleurs avec l’accord implicite de Poutine (Medvedev dit tout haut ce que Poutine pense tout bas-tout bas, sans jamais le montrer), n’ont aucune portée propre et s’insèrent parfaitement dans une action dialectique tactique de la Russie vis-à-vis des USA et de l’Occident-plaintif.
Que Trump ne comprenne pas cela et se laisse prendre à ce jeu attaque-riposte joué au niveau dérisoire et presque enfantin des messages sur tweeterX constitue un cas fascinant de complète irresponsabilité stratégique, où la politique la plus importante est décidée selon l’humeur narcissique et les réactions épidermiques de la seule importance de l’instant, agissant comme un “potentat”, – ce mot, venu du latin médiéval “potentatus” défini ci-après (voir Google) comme sans intention ni coloration politique ou idéologique, donc effectivement libre de toute règle de conduite, d’efficacité et de responsabilité. Il dispose de toutes les responsabilités jusqu’à la suprême par excellence, sans assumer aucun des effets qui découlent de leur application.
« Un potentat est une personne si puissante qu'elle n'est pas tenue de suivre les règles qui régissent les autres . Le terme “potentat” désigne généralement un roi ou un dictateur, mais on peut qualifier de potentat toute personne disposant d'un pouvoir quasi illimité. »
Ainsi Trump montre-t-il toute sa personnalité complètement arbitraire et liée à des satisfactions immédiates de ses humeurs et de ses traits de caractère les plus intimes. Assez justement, Medvedev s’est moqué de lui, de sa façon de réagir, de son côté “soupe-au-lait”, mais sans engager de défi géopolitique net, et il est assez probable qu’il n’ira pas trop loin à propos des sous-marins, passant à autre chose... Medvedev est ainsi passé à un exercice différent, en “jouant des mots” plutôt que “sur les mots”. Il veut utiliser à l’avantage de la Russie les caractéristiques de l’humeur de Trump qui sont formidablement amplifiées en pseudo-“actes politiques” par la technologie de la communication (« Les mots comptent... », – mais avec lui, dans un sens différent sinon contraire ou bien dans tous les sens sauf le bon, celui qu’il croit maîtriser veux-je dire).
On peut reprendre pour définir le rôle que Trump joue, – pour lui-même, pour son narcissisme transmuté en politique, nullement pour une cause idéologique, – par ces jugements de Karine Bechet-Golovko, mais en se distançant radicalement de l’habituelle appréciation de l’auteure qui fait de Trump “un instrument” (de la globalisation). Trump n’est nullement un “instrument”, il est lui-même, l’indomptable et l’introuvable, une personnalité, une certaine naïveté et une complète inculture, – mais qui deviennent, aussi vite qu’elles s’expriment, complètement incontrôlables.
« L’intérêt de la personnalité de Trump, pour les globalistes, résidait justement en cela : créer l’illusion. L’illusion qu’il s’agissait d’une alternative à la globalisation, en s’appuyant sur son capital politique acquis lors de sa première présidentielle contestée, des actions en justice et des attentats contre lui lors de la dernière campagne. L’illusion qu’il s’agit de négociation... La globalisation devait s’appuyer sur sa personnalité de businessman, lui-même répétant à tout vent qu’il n’a fait que ça toute sa vie : conclure des accords.
» Cette fuite en avant de la globalisation ne peut fonctionner que si l’illusion Trump fonctionne. Or, elle est en train de s’écrouler. Il va être intéressant de voir quel sera son sort politique à l’intérieur du système, une fois qu’il ne sera plus nécessaire. Les idoles chutent encore plus vite qu’elles ne sont hissées aux nues, puisque le rapport entretenu avec elles est irrationnel, affectif. On passe très vite de la passion à la haine, au dénigrement de ce qui a déçu. »
Effectivement pour notre compte, Trump n’est pas cet “instrument” que l’on écarte « une fois qu’il ne sera plus nécessaire ». Il n’est pas malléable, il n’est pas du type “taillable et corvéable à merci” ou citron à presser jusqu’à la dernière goutte qu’on jette au panier puis aux ordures une fois qu’il a servi. Justement, il n’a pas du tout servi, ni comme on attendait qu’il serve, ni comme il semblait logique qu’il servît. Il n’en a fait et n’en fait qu’à sa tête-folle, ou plutôt qu’à “ses mots”, dans le seul but de satisfaire ses humeurs et les convictions nées et manipulées par ses humeurs pour paraître des projets surprenants de grandeur et de puissance, qui ne peuvent être récompensés que par une sorte d’Hyper-Prix Nobel, un Prix Nobel de Tout. Il continuera comme cela, de plus en plus incontrôlable, posant un énorme problème constitutionnel à ce DeepState en lambeaux et à la globalisation qui s’abîme dans la vomissure de ses échecs, excitant la vindicte du public qui l’a élu, qui le maudit désormais, justement en en faisant “un instrument”-traître au profit du DeepState-globalisation alors qu’il n’est “instrument” que de ses humeurs...
Évoquant l’affaire des sous-marins qui marque si complètement son ignorance en matière de stratégie (personne ne sait, ou n’est censé connaître la localisation des SSBN de l’US Navy, Grands Dieux ! Donc ce ne peut être un argument de l’affrontement dialectique, tandis que les officiers commandant les SSBN en patrouille sont en droit de se demander si le président n’est pas à destituer pour incontinence stratégique), – évoquant donc cela, Tyler Durden de ‘ZeroHedge.com’ commente en fin d’article :
« Heureusement qu'il n'y a pas d’IA [pour les nuls : intelligence artificielle] autonome qui dirige le spectacle, alors nous pourrions avoir de vrais problèmes... »
C’est assez juste dans la théorie des critiques de la sorcellerie informatique, sauf que nous n’avons pas développé une IA à l’image de Trump, pour être Trump-à-la-place-de-Trump, et que nous sommes pas prêts d’en avoir une. Les fous, les génies et les mystiques sont des personnalités hors de la raison stupide de l’IA. Elle (l’IA) est trop stupidement rationnelle pour mettre la main sur une telle formule de cette sorte d’individus.