Danse de Saint-Guy sur le rythme ‘Big Bang’

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Danse de Saint-Guy sur le rythme ‘Big Bang’

1er août 2025 (16H05) – Comme j’ai déjà dû le faire à plusieurs reprises, je dis une fois de plus que j’ai vécu plusieurs crises majeures, menaçant de conduire  à l’affrontement suprême, durant les années de Guerre Froide. Mais tous comptes faits, – peut-être l’ai-je déjà dit ? Dans tous les cas, je confirme, – celle qui m’a laissé à terme la plus profonde impression sans m’avoir frappé sur le moment (elle fut longtemps tenue secrète) fut celle de 1983-1984. J’en ai repris quelques éléments dans une page récente de ce journal, le 19 septembre 2023, rappelant l’événement autour d’un exercice de simulation de guerre nucléaire de l’OTAN, du nom de code de ‘ABLE ARCHER’, en novembre 1983. Reagan l’avait fait annuler en dernière minute, ayant appris par divers canaux l’état d’esprit des dirigeants soviétiques, qui tremblaient d’une trouille indicible en craignant vraiment une attaque nucléaire occidentale sous couvert de l’exercice.

« Le président Reagan déclare dans ses mémoires, sans se référer aux rapports des services de renseignement britanniques ou à ABLE ARCHER, qu'à la fin de 1983, il avait été surpris d'apprendre que “de nombreuses personnes au sommet de la hiérarchie soviétique avaient véritablement peur de l'Amérique et des Américains” et que “de nombreux responsables soviétiques nous craignaient non seulement en tant qu'adversaires, mais aussi en tant qu'agresseurs potentiels susceptibles de leur lancer des armes nucléaires lors d'une première frappe”. [...]

» Mais une enquête plus approfondie sur l'attitude des Soviétiques, envoyée à la Maison Blanche au début de 1984 par le directeur de la CIA William Casey, basée en partie sur les rapports de l'agent double Gordievsky, eut un effet beaucoup plus grand. Après avoir lu le rapport, Reagan sembla d'une gravité inhabituelle et demanda à [son conseiller] McFarlane : “Pensez-vous qu'ils y croient vraiment ? ...Je n’arrive pas à croire qu’ils pourraient le croire vraiment [que nous pourrions attaquer], – mais c'est une chose à laquelle il faut penser”... »

A cette époque, on ne plaisantait pas avec la possibilité d’une guerre nucléaire, que ce soit le vieux Reagan, où les vieux Secrétaires Généraux du PC de l’URSS (avant le Gorbatchev de 1985) qui se succédaient au pouvoir les uns après les autres pour mourir de gâtisme dans l’année. Quelle différence avec aujourd’hui, où l’on est encore plus gâteux, mais cette fois du côté US. Les vieux ont tous perdu la mémoire des crises d’antan, et ils ont remplacé l’angoisse du vieil âge par l’hyper-frénésie et l’enfièvrement du vieil âge rajeunie aux stéroïdes  et emporté par le paroxysme du simulacre et de l’illusion. On attendait Trump pour liquider Biden, on a eu Trump pour multiplier Biden... Qui dirait qu’on a gagné au change ? Un Raymond Devos eût bien résumé l’affaire...

A nouveau ce texte du 19 septembre 2023 :

« Cette fois, comme en URSS en 1980-1985, il y a quelque chose d’autre, quelque chose en plus (ou “en moins”, si l’on veut)...

» Ce quelque chose n’est pas explicable rationnellement ; il s’agit d’intuition fondamentale, d’“intuition haute”, – vous l’avez ou vous ne l’avez pas, vous y croyez ou vous n’y croyez pas, – du constat d’une pression supérieure qui règle tout, oriente les arrangements entre politiciens un peu marrons vers des impasses, fait capoter les ententes tactiques habituelles entre copains-coquins, etc., une de ces choses mystérieuses et infiniment puissantes que je désigne notamment comme “un événement d’en-dessus de nous”. Ce qui domine tout et convoque toute la perception possible, comme en URSS pendant ces années décisives, c’est la sensation incertaine mais très puissante de la décadence finale, l’impression de se trouver emporté dans un flux supérieur qui organise la chute qui importe.

» Effectivement, le blocage politique plus ou moins surmonté pour un coup de plus, contourné pour quelques temps avant d’y retomber, règne depuis trente ans aux États-Unis, après l’ère Reagan et l’intermède Bush-père qui a suivi. Les évènements extérieurs, en empilant les constructions et les simulacres et se référant de moins en moins à la réalité, – un peu de cette vérité-de-situation si vous voulez, pour un instant qui revigore ! – ont décisivement fabriqué un environnement complètement faux, insupportable à force de l’empilement des mensonges. Finalement Trump d’un côté, le wokenisme et le sociétal-progressisme de l’autre n’ont fait que donner une vie contrainte et une apparence brinquebalante de logique d’affrontement à une rupture si profonde et définitive qui déchire le pays et installe la dernière scène de l’effondrement. »

Dead Hand” & “Walking Dead

Je me disais et répétais cela en méditant un texte de Scott Ritter de ce 31 juillet, sur sa chaîne ‘Telegram’. Il nous rappelait l’affrontement féroce entre Trump et Medvedev d’il y a quelques jours sinon jusqu’au jour même encore, sur tweeter-X et sur ‘Telegram’, où les deux dirigeants avaient échangé des paroles qu’on eut jugées, en d’autres temps, absolument terrifiantes, et qui eussent envoyé directement au cimetières un Andropov ou un Tchernenko, voire un Reagan. On voit que l’échange, qui porte sur une matière tragique, est aussi sarcastique qu’emphatique, – donc avec ce zeste de tragédie-bouffe qui est bien la marque de l’époque, – mais comment faire autrement avec un Trump ? Quant au Kremlin (Poutine), même flegme qu’à l’habitude.

« Ces derniers jours, une nouvelle passe d’armes s’est ouverte entre Dmitri Medvedev – ex-président russe et actuel vice-président du Conseil de sécurité – et le chef d'État américain Donald Trump. Ce dernier l’a accusé d’avoir franchi une “ligne dangereuse” après un échange musclé avec le sénateur Lindsey Graham (inscrit sur la liste des terroristes et extrémistes).

» Dans un message publié sur Telegram, Dmitri Medvedev a estimé que si ses propos déclenchaient une réaction aussi nerveuse de la part du président américain, c’est que la Russie avait raison de rester fidèle à sa trajectoire.

» “Quant à ‘l’économie morte’ de l’Inde et de la Russie et au fait de s’aventurer ‘en terrain dangereux’, qu’il se souvienne de ses films préférés sur les zombies, ainsi que du danger potentiel d’une “Dead Hand” qui n’existe pas dans la nature”, a-t-il écrit.

» Cette réponse sarcastique s’inscrit dans une escalade verbale commencée le 29 juillet... » [...]

» Le Kremlin, pour sa part, a réagi sans émotion à ce durcissement de ton. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, Moscou prend acte des déclarations de Donald Trump mais souligne que l’économie russe fonctionne toujours, malgré une avalanche de sanctions. La Russie, affirme-t-il, a développé une forme d’immunité à ces pressions extérieures et continue de juger ces mesures illégitimes. »

Les détails qui sont donnés dans le texte de Ritter s’attachant très sérieusement à l’échange Medvedev-Trump, qui se réfèrent aux techniques les plus meurtrières de la guerre nucléaire, – ces détails sont effrayants, – du moins, selon un jugement raisonnable de ces autres temps dont le “style” a disparu depuis longtemps dans les agitations de nos simulacres-bouffe..

« Alors que la rhétorique s'intensifie, nous devons rester conscients des conséquences.

» L'échange de mots virulents entre le président Trump et l'ancien président Medvedev souligne à quel point la détérioration des relations entre les États-Unis et la Russie est devenue dangereuse.

» Les menaces proférées ne sont pas vaines.

» Le président Trump est fasciné par la solution israélienne “Nasrallah” : une décapitation planifiée par les dirigeants et une perturbation des cadres intermédiaires pour provoquer l'effondrement rapide d'un gouvernement/système.

» Cette solution a été testée – et a échoué – en Iran.

» Mais Trump est conseillé par des russophobes qui croient que les États-Unis peuvent mettre en œuvre avec succès un tel plan contre la Russie.

» Ce plan commence par des sanctions, comme tous les plans de ce type.

» Il se termine par une frappe de décapitation contre Moscou.

» La conversation imaginaire de Trump avec Poutine, où le second est menacé de « bombarder pour virer la merde de Moscou », est révélatrice de la pensée de Trump à cet égard.

» La frappe de décapitation privilégiée est effectuée à l'aide de bombardiers B-52 lançant des missiles de croisière, accompagnés de missiles Trident lancés depuis des sous-marins de classe Ohio opérant au large des côtes russes, ce qui permet une trajectoire de vol plus plate et un temps de vol plus court.

» Le commentaire de Medvedev sur la “Dead Hand” indique que la Russie est parfaitement au courant des plans de Trump.

» La “Dead Hand”, ou système ‘Périmètre’ pour les Russes, est un mécanisme/plan de sécurité de longue date qui garantit une riposte nucléaire de grande envergure au cas où une nation serait assez imprudente pour tenter une frappe de décapitation.

» Ce système remonte à l'époque soviétique, lorsqu'un régiment spécial de missiles SS-20 était équipé de dispositifs de transmission radio au lieu d'ogives. Ces missiles étaient lancés, diffusant des codes de lancement qui enverraient toutes les armes nucléaires stratégiques vers leurs cibles, même en cas d'élimination de Moscou.

» Ce n'était pas théorique : dans mon livre « Le Désarmement à l'époque de la Perestroïka », j'explique comment les Soviétiques ont transféré cette capacité au système SS-25 après l'élimination du SS-20 en vertu du traité FNI.

» Aujourd'hui, cette mission est assurée par un régiment spécial de missiles SS-27 (RT-2PM2 «Topol-M»).

» Le ‘Périmètre’ comporte d'autres composants.

» L'évocation de Medvedev rappelle, sans ménagement, à Trump et à ses stratèges, qu'envisager une frappe préventive de décapitation contre la Russie est suicidaire.

» J'espère que ce message sera bien compris.

» Sinon, l'image du “Walking Dead” [‘Mort-vivant’ ou zombie] utilisée par Medvedev sera l'avenir des États-Unis et du monde. »

Un tel pseudo-dialogue eût été absolument impensable en 1983-84, vous le comprenez, à cette époque où chaque côté prenait soin de la santé de l’autre côté pour éviter toute réaction inconsidérée. Aujourd’hui, c’est le déchaînement des fous, – américanistes pour  150%, je le concède la mort dans l’âme, – lâchés en liberté dans les rues des cités bourgeoises où chacun brique sa nouvelle 4x4 pour des vacances au bord de l’eau, au soleil, en sirotant une boisson locale et exotique, atteignant enfin au bonheur suprême de la Fin des Temps. Le cocktail préféré se nomme “Dante sur le Potomac”.

Entre le Yi Jing et le Russiagate  sur stéroïdes

Non, sérieux, tout ça ?... Voilà bien le charme caractéristique de cette époque qui mériterait quelques comiques de l’absurde d’une dimension cosmique, comiques-cosmiques de l’absurde, – désormais interdits, cette sorte de rigolo, par la censure laïque et l’Inquisition globaliste. Faut-il tout craindre de ces altercations du genre des cours de récréation de l’école primaire, et portant sans rire sur le sujet de l’anéantissement nucléaire ? Peut-être bien mais sans doute pas, – « ptêt ben quy'ouyi, prtêt ben quy'non », selon certaines sources.

Le chaos que nous connaissons, se doublant de l’absurde-bouffe et d’une sorte de nihilisme-néolithique, prête à rire en même temps qu’il suscite une angoisse intemporelle aux dimensions cosmiques et d’une insondable intensité. D’où l’extrême difficulté de porter un jugement, sinon le jugement de ne porter aucun jugement ? Nous vivons donc une époque qui semble avoir quitté les dimensions terrestres et les nécessités qu’elles imposent à la psychologie. Ajoutons aussitôt que la responsabilité de cette étrange situation est largement le fait de l’américanisme, – à au moins 120%-130%, je me répète, dans le partage de la dite-responsabilité...

RapSit-USA2025 : Obama En Majesté

Car pendant ce temps-là et alors que Trump continue à encaisser des questions type-‘cocktails-Molotov’ sur les frasques Epstein, se découvre de plus en plus vilainement les incroyables vérités que tous les complotistes de l’époque avaient évoquées concernant l’action de la bande Obama-CIA-Clinton pour saboter l’élection de Trump de 2016, avant qu’elle ait eu lieu, et après qu’elle ait eu lieu. Je ne dis pas que cette élection ne valait pas ça, vu le bonhomme, c’est-à-dire ‘The-Donald’ ; l’hyper-cool Obama, dans sa Grandiose Sagesse et sa Sainte-Cooltitude vénérées par les siens, pourrait bien avoir laissé tomber ce jugement quasi-divin, sous l’ombre à peine sudiste d’une réplique en terre rare du chêne non-racisé ayant servi à Saint-Louis pour “rendre justice et bonne justice”. Mais... Tout cela par rapport à la Constitution ? Et malgré que cette Constitution ait été rédigée par des Blancs obscènes-et-puants, oui, malgré cela ?!

Eh bien, la parole est au sénateur Grassley. Doyen du Sénat (94 ans et près de 50 ans de Sénat) et président sémillant de la très-puissante Commission Judicaire du Sénat, Grassley a rendu public une volée de documents de l’enquête Durham dissimulés pendant des années, à lui communiqués par le FBI rénové, lequel FBI  nous brandit cela suite aux conséquences directes et indirectes de l’action historique de la DNI, mon héroïque Tulsi Gabbard. Grassley a accompagné l’envoi d’une présentation nucléaire (voir Medvedev) qualifiant la chose de

« ‘weaponization’ [difficilement traduisible de la façon dynamique qui convient] politique causant des dommages critiques à nos institutions et constituant l’un des plus grands scandales politiques et de dissimulation [‘cover-ups’] dans l’histoire de notre pays... »

L’aspect le plus juteux de l’affaire est qu’à la bande désormais classique de la CIA, du FBI, du NSC, du DoJ du temps du gang Obama, s’ajoute désormais les frasques de la Reine-mère du simulacre, Hillary Macbeth-Clinton. Puisque la fête est complète, que la fête commence ! C’est-à-dire, fuites dans la presse, auditions à sensation au Congrès, révélations sur les liens entre Epstein et tout le monde, insultes et appel aux armes, inculpations, etc.

Juste pour dire, – ‘Just saying’– pour vous suggérer quelques éléments qui vous rendront encore plus difficile, ainsi qu’à moi-même d’ailleurs, la compréhension et le débrouillement de l’écheveau des multiples nœuds gordiens de cette magnifique opération dont le cher Zelenski aurait tant du s’inspirer pour une offensive jusqu’à Pékin en passant par Moscou :

« Jeudi, des documents récemment déclassifiés révèlent que non seulement la CIA a cru une évaluation des services de renseignement russes selon laquelle la campagne d'Hillary Clinton de 2016 prévoyait de salir Donald Trump en le liant au Kremlin, mais il est clair que le FBI a aidé la campagne Clinton à orchestrer le simulacre russe [Russiagate] pour détourner l'attention de son enquête sur ses e-mails. »

Qui douterait un instant que la guerre civile a d’ores et déjà commencé ? Ajoutez-là à la guerre nucléaire Trump-Medvedev et vous pouvez chanter à pleins poumons démocratiques « Tout va très bien, madame la ci-devant marquise ». Tout cela fera très chic et très regime change.