Le vide plein à ras-bord du Texas

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Le vide plein à ras-bord du Texas

1er février 2024 (10H45) – Il est manifeste que la crise Texas-D.C. a été mise (sans surprise) en très bonne part sous le boisseau, complètement en-dessous, par la presseSystème dont les reportages se caractérisent par la recherche d’une sorte de “sensationnalisme du vide” jouant sur l’absence totale de mots, de phrases, d’acteurs, d’événement et de perturbation atmosphérique ; il n’est même pas besoin de respirer dans leurs reportages qui ne paraissent pas... Rien que de très normal dans un univers démocratique où le réalité est un des tiroirs secrets du bureau style Art-Contemporain présenté dans soin modèle ‘PostVérité’. A ce niveau de vide, on suit donc la crise au gré des événements... (Mais le fait est qu’il y en a.)

D’autre part, la presse dissidente est assez dispersée sur cette question parce que la “dissidence” n’a pas une position unanime. Dans certains cas, la crainte de la possibilité de désintégration ou de sécession, (éventuellement alimentée par des forces extérieures hostiles comme le péril jaune ou les Russes toujours communistes), prend le pas sur l’hostilité à l’administration Biden. Enfin, il faut aussi signaler qu’il n’y a pas depuis 2-3 jours d’évolutions officielles spectaculaires entre Washington D.C. et Austin, Texas, sans que la moindre avancée vers un arrangement soit signalée ; on constate simplement le développement naturel de la crise....

Mais il y a la presse en réseau des Russes, essentiellement ‘SputnikNews’, – beaucoup plus que RT.com, très frileux sur cette question. ‘SputnikNews’ consulte régulièrement son équipe de dissidents US dont il a fait des collaborateurs extérieurs réguliers. Il s’agit notamment des commentateurs fameux pour leurs sources au sein de la communauté de sécurité nationale US dont ils sont souvent issus, et leurs analyses par conséquent, souvent membres ou très proches de l’honorable  groupe VIPS (Johnson, Ritter, Macgregor, en plus des Sachs, Madoff, etc.). On les lit et on les entend tous les jours sur l’Ukraine, sur Israël, sur la Mer Rouge, sur leurs sites autant que sur des réseaux à très forte audience (le TCN de Carlson sur tweeterX avec son audience colossale,  ‘Judging Freedom’ du Juge Napolitano, dont l’audience dépasse celle de CNN).

SputnikNews’ fait dire à ces gens ce qu’ils n’ont pas le temps, – ni peut-être un penchant excessif, comme on l’a remarqué plus haut, – d’écrire sur leur site à propos de cette subcrise, ou de l’évoquer dans les tables rondes où les questions internationales comme l’Ukraine et le Moyen-Orient sont absolument prioritaires.

Note de PhG-Bis : «  C’est bien l’un de ces cas où il faut “slalomer” pour paradoxalement suivre sa ligne. Ce n’est pas un changement d’opinion et de choix érigé en vertu, mais un changement de jugement par modification des situations, de perceptions et de positions des autres. Il s’agit d’une sorte de “slalom” d’opinions, – ou, PhG répète sarcastiquement son paradoxe (ce type est imbuvable) : “il faut continuellement négocier et effectuer des virages dans notre mission de communication, pour continuer droitement, comme une flèche suivant sans faillir notre ligne”. »

Soft civil war’ pour folie présidentielle

Hier 31 janvier 2024, ‘SputnikNews’ a donc publié un de ces articles, principalement avec Larry Johnson qui nous a apporté des informations très intéressantes. Johnson parle surtout d’un énorme convoi de poids lourds qui pourrait rassembler au bout du compte rassemblant jusqu’à presque un million d’unités (!), dont l’objectif est de se rassembler en un écran le long de la frontière Sud. Johnson base son intervention sur la crainte exprimée par certains dans cet énorme convoi de l’infiltration d’agents du FBI cherchant éventuellement à provoquer des heurts du type du 6 janvier 2021 tendant à discréditer l’opération pour justifier une intervention des forces fédérales (certains pourraient y voir un remake, en 50 ou 100 fois plus importants du ‘Freeedom Convoy’ canadien de janvier-février 2020).

« Le convoi de camionneurs “Take Our Border Back” traverse les États-Unis jusqu'au Texas. Son objectif affiché est de mobiliser des dizaines de milliers de camions afin d'empêcher les migrants illégaux de franchir la frontière sud du pays.

» Mais certains militants conservateurs craignent que le rassemblement ne se transforme en une configuration du type du 6 janvier s'il est infiltré par des agents et des provocateurs du FBI. Ils ont appelé les agences fédérales américaines à rester à l’écart du mouvement.

» “Oui, je pense que ces personnes qui se rassemblent dans ce convoi doivent vraiment s'inquiéter du fait que le FBI va absolument infiltrer des agents, des informateurs et des activistes à l'intérieur”, dit à Sputnik Larry Johnson, officier du renseignement à la retraite de la CIA et responsable du Département d'État. “Cette organisation veut collecter des informations, mais aussi être en mesure d'essayer de créer une situation qui justifierait ensuite une intervention fédérale”.

» Johnson a également attiré l'attention sur le moment choisi pour le rassemblement. Plus récemment, les autorités texanes, qui ont mené l'opération ‘Lone Star’ pour empêcher l'afflux de clandestins dans l'État, ont “annexé” une section de la frontière américano-mexicaine, empêchant les agents de la patrouille frontalière fédérale d'y accéder. »

Johnson décrit les enjeux de la bataille, qu’il considère comme un affrontement totalement accepté par l’administration Biden, sinon provoqué par elle, par ses positions d’extrême laxisme qui conduisent automatiquement les gouverneurs (Abbott pour le Texas), à réagir à l’extrême et à prendre des mesures propres pour protéger leur État de l’“invasion”. Il s’agit donc réellement d’une “guerre civile douce” (‘soft Civil War’), comme Luongo parle de “sécession douce”, dans la mesure où la position désespérée de l’administration Biden et de Biden dans les présidentielles n’aurait la possibilité d’être renversées dans l’opinion publique que si un conflit très important de légitimité entre Washington et tel ou tel État aboutissait à une victoire de Washington et nous ferait retrouver pour l’ardent visage de Joe Biden les yeux de plus en plus marqués par la presbytie de Chimène.

Auparavant, lorsqu’un président était en danger pour sa réélection, on provoquait une guerre extérieure-bidon qu’il n’aurait bien entendu aucune peine à emporter ou à mater, renversant la défaveur du public (voir le film ‘Des hommes d’influence’). Aujourd’hui, ce système ne marche plus, parce que les guerres sont partout et les USA ne cessent d’accumuler erreurs monstrueuses et déculottés grotesques en ayant du mal à comprendre de quel conflit l’on parle. On en est donc à provoquer la même manœuvre au niveau intérieur, au risque d’une désintégration des USA, pour tenter de se rattraper des catastrophes extérieures, – avec en plus, les conséquences intérieures également catastrophiques des pressions idéologiques extrémistes dans le pays, du type-wokenisme.

 « “L'équipe Biden pourrait faire cela [infiltration de provocation du FBI] pour se présenter comme la plus puissante”, a supputé Johnson. “Vous savez, à l'heure actuelle, ce qui se passe, c'est un peu un débat politique, mais c'est aussi l'image d'une administration Biden faible. Ils considèrent donc cette confrontation comme un moyen d'affirmer qu'ils sont aux commandes, qu'ils ont le plus de pouvoir. Et je pense que c'est très stupide. Les chiffres dont on parle à propos de ce convoi approchent presque le million de camions. Si c'est vrai, c'est énorme et cela va vraiment avoir un impact. Mais ce que nous voyons dans la couverture médiatique de cet événement, tout comme la couverture médiatique de ce qui se passe en France, en Allemagne et en Pologne avec les agriculteurs, c'est que les médias essaient de l'ignorer. Ils essaient de ne pas en parler. Je suppose qu'ils croient que s'ils l'ignorent, le problème disparaîtra”. »

L’info ‘Abracadabra’ de la presseSystème

Ce qui est particulièrement intéressant dans les remarques de Johnson, ce sont celles qu’il fait sur les médias de la presseSystème, qui valent d’ailleurs aussi bien pour les courants de manifestations des agriculteurs en Europe...

« Mais ce que nous voyons dans la couverture médiatique de cet événement, tout comme la couverture médiatique de ce qui se passe en France, en Allemagne et en Pologne avec les agriculteurs, c'est que les médias essaient de l'ignorer. Ils essaient de ne pas en parler. Je suppose qu'ils croient que s'ils l'ignorent, le problème disparaîtra”. »

Effectivement, la technique a marché avec l’Ukraine et l’Israël, – jusqu’à un certain point, on commence à s’en rendre compte... Mais il nb s’agissait pas de publier du vide pour  dire au lecteur : “il ne se passe rien”, mais d’invertir complètement la réalité pour aboutir à un simulacre acceptable sous la plume des plus grands auteurs du jour. On reconnaissait qu’il se passait quelque chose, mais on déformait le tout en une sorte de Quasimodo de la communication.

Mais aujourd’hui ? Tous les grands pays européens écrasés sous les convois de tracteurs, Bruxelles bloqué, et maintenant cette immense kermesse de poids lourds fonçant au rythme de « Rendez-nous le Texas !”. Il est difficile de nous faire croire qu’il n’y a pas de manigance de Biden, qui laisse pourrir la situation aux yeux et sous les huées de longues foules rassemblées le long du passage du convoi, État après Etat. Nous faire croire au bout du compte qu’il y aura une tentative de coup d’État ? C’est leur panique, comme dit Mercouris à propos de l’agression économique et financière incroyable de l’Union Européenne contre la Hongrie, qui ne veut pas voter les sanctions nouvelle-formule contre la Russie, – on synthétise l’intervention :

«  Ce n’est pas qu’ils sont ou ne sont pas les plus forts, c’est qu’ils paniquent absolument, avec comme obsession l’effondrement de leur politique antirusse si Trump arrive au pouvoir ! [...]

» Cela ressemble exactement, au niveau économique, à l’attaque de la Tchécoslovaquie par l’URSS au sein du Pacte de Varsovie en août 1968 ! [...]

» La Hongrie n’a qu’une solution : se durcir, aller devant les Nations-Unies pour dénoncer une agression contre elle ! »

Mais aux USA, cela risque d’être encore beaucoup, beaucoup plus serré. Un convoi de l’importance qu’on envisage ne passe pas inaperçu même si le New York ‘Times’ se contente de nous entretenir sur les maux qui peuvent naître de la teinture que certains emploient pour modifier harmonieusement la couleur de leur chevelure. Le côtoiement de l’extraordinairement dérisoire et de l’absolument sublime est la principale caractéristique de cette très-GrandeCrise.

Au bout du compte, il sera bien difficile d’éviter l’affrontement, parce que Biden court désespérément derrière un simulacre de victoire qui lui rendrait un peu de dignité entre ses écarts d’équilibre et se bégaiements obscènes ; parce que le gouverneur Abbott, qui a tous les républicains et le candidat Trump derrière lui, ne peut ni ne veut céder en aucune façon. Il y a, comme cela, des inéluctabilités du destin qui sont la marquent qu’entre la tragédie et le bouffe de la tragédie-bouffe, et après avoir fait du bouffe pendant des décennies, la tragédie est au bout de la route. Rien de plus normal : le destin est tragédie-même.

«  Johnson pense que les manifestations auront lieu quoi qu'il arrive et qu'elles attireront beaucoup d'attention sur les médias sociaux. Ce vétéran de la CIA estime que le mouvement suscité par la crise frontalière en cours aux États-Unis finira par contraindre l'administration Biden à faire marche arrière.

» “Je ne suis pas sûr que [Biden] dispose de suffisamment de troupes fédérales pour aller affronter les Texans et en particulier les membres de la Garde nationale du Texas...” »

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