Le sens du déluge

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Le sens du déluge

20 octobre 2022 (20H40) – Implosion du pouvoir partout roule le même grondement. Ce qui tient jusqu’ici la substance d’une société, et qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, ressemble à autant de tête d’une hydre roulant au pied d’une guillotine à multiples couteaux. Et encore parlons-nous de toutes les sortes de désintégration du pouvoir, soit en train de disparaître, emporté par ‘La marée du soir’, soit en train de morpher en un pouvoir de crise qui forme la coulisse d’un pouvoir de guerre...

... Car savez-vous que Liz Trus, qui a passé 44 jours à Dowding Street en tant que Première Ministre de plein droit puisse songer à ces quelques phrases que l’on dit être extraites d’un feuilletions fameux sur ‘The Game of Thrones’, ou bien est-ce d’un poète inconnu qui se ornait pour Shakespeare un soir de trop-boire :

« Tout homme qui doit dire “Je suis le Roi” pour faire croire qu’il l’est n’est pas un vrai Roi.

» Nous avons eu des rois vicieux et nous avons eu des rois idiots, mais je ne crois pas que nous n’ayons jamais été assez maudits pour avoir un idiot vicieux pour roi

» Le pouvoir réside là où les hommes croient qu'il réside. Il est devenu un simulacre, une ombre indécise sur un mur tombé en ruines... »

... Ou bien préfère-t-elle cette exclamation d’un parlementaire conservateur dont la tâche écrasante est de trouver un Premier Ministre de plus :

« Quatre Chanceliers de l’Échiquier, trois ministres de l’Intérieur, deux rois et maintenant trois Premiers Ministres en un seul putain de mois ! »

Le Royaume-Uni, ce symbole de stabilité, de sûreté de soi, de certitude historique, de grandeur qui semblait je vous l’assure dépasser l’éternité même des civilisations, pays de Galveston, de Disraeli, de Churchill, ... J’en remets un peu trop, vous semble-t-il ? Soit... Eh bien, c’était pour dire : badaboum, badaboum, c’est-à-dire que Dieu joue au bowling et il a fait un ‘strike’ monumental sur l’Angleterre...

Et tout cela vaut pour le reste, où tout, absolument tout a pris place dans une roue colossale qui tourne et tourne dans un infernal tintamarre, et  broie toutes les structures pourries et piquées de sinistres asticots mangeant les cadavres. Au ‘Festin des vermines‘ figure cette déclaration du chef de la minorité républicaine de la Chambre qui annonce que, si son parti remporte les élections du 8 novembre, il s’emploiera à réduire jusqu’au quasi-néant l’aide financière jusqu’ici dispensée à l’Ukraine par le Senile Dementia résidant à la Maison-Blanche, – tandis que Biden continue à bégayer qu’il poursuivra sa politique et que le chef du parti de Zelenski au parlement ukrainien nous confie être “choqué” par la position des républicains.

Pendant ce temps, sur l’une et l’autre rives du Dniepr, on médite les paroles du commandant en chef des forces de l’Opération Militaire Spéciale russe, le général Armageddon, investi de tous les pouvoirs, qui a fait évacuer les civils de Kherson pour mieux déployer ses troupes face à une possible gigantesque bataille, tandis que règnent désormais sur les quatre régions intégrées à la Russie la Loi Martiale, et un état s’alerte de sécurité moyenne dans d’autres régions russes de la frontière. Il n’y a plus grand’chose pour empêcher une extension colossale de la bataille d’une Russie raffermie et décidée contre une “alliance” plongée dans le chaos le plus complet, et un État ukrainien transformé en une entité terroriste selon certains, – comme l’explique le très-aimable ancien ministre slovaque de la justice Stephan Harabin :

« “Pas seulement moi, mais le monde entier qui accepte la vérité, sait qu'en 2014, il y a eu un coup d'État terroriste anticonstitutionnel en Ukraine. […] Il y a un régime terroriste nazi de Bandera au pouvoir à Kiev, qui possède les attributs clairs d'une organisation terroriste en termes d'activité nazie produite jusqu'à présent et d'action terroriste spécifique à l'égard de la population civile”, a-t-il indiqué.

» Selon M.Harabin, l’Ukraine “a clairement été repositionnée comme une organisation terroriste” qui finira exactement de la même manière que “son homologue parallèle Daech en Syrie”. »

Sur quelles espérances s’appuieront désormais des soldats ukrainiens placés là où ils se trouvent par l’arbitraire d’un “pouvoir” qui est le reflet d’une lointaine Senile Dementia, – car je vous l’assure, moi, rien ne le fera céder et cela nous amènera encore plus loin dans le déferlement du déluge en lui faisant toucher l’Amérique elle-même...

« Si je m’attarde à cette question qui suppose, d’une façon générale, une intervention active du président-gâteux, je crois que c’est justement parce qu’il est gâteux. La Dementia Senile se caractérise notamment par l’exercice et la constante pression, absolument butée, entêtée furieusement, tenace et cabocharde de quelques idées fixes. Parmi les idées fixes de cette vieille crapule peloteuse de Biden, on peut me croire qu’il y a l’Ukraine en bonne place, et l’Ukraine de Mister Z certes ; pour lui l’Ukraine, source somptueuse de corruptions et de revenus divers, et de simulacres de grands succès politiques (notamment du temps de sa vice-présidence, avec l’aide du fiston Hunter). Pour lui, mon Dieu, c’est ce que les bons chrétiens nomment “une Cause”, quelque chose qui mérite d’être défendue becs et ongles. Il pourrait défier et se battre férocement avec un Congrès récalcitrant pour pousser les feux toujours plus loin et plus fort. »

Heureusement, plus au Sud on négocie comme si c’était la civilisation qui continuait. Une équipe de fonctionnaires US dirigée par une nommée Rosenberg, qui “travailla” la Syrie et la Libye en 2010-2012 est à Ankara et à Ryad pour poser ce simple acte de la négociation : cessez votre dérive accélérée vers la Russie, vers les BRICS, vers l’OCS, sinon... “regime change !” “color revolution !”... Toujours les mêmes lance-pierres pour lutter contre la tempête, voilà le pouvoir du ‘Collective West’.

La Russie, elle, réduit et, peut-être, fermera nombre de ses représentations diplomatiques dans les pays du ‘Collective West’. « Les diplomates russes dans ces pays ne sont pas traités comme des êtres humains », explique Lavrov ; d’ailleurs, ils n’y ont plus rien à faire tandis que d’autres représentations, vers le ‘Grand Sud’ notamment, doivent être renforcés à cause du travail et des contacts  qui se multiplient.

Tant de choses pourraient encore être dites sur ce pouvoir qui coule entre les doigts, comme du sable. L’énumération serait fastidieuse alors qu’il importe d’abord de saisir le sens du phénomène, de le peser, de le considérer avec respect. “Mais ça n’a pas de sens !”, s’exclame Macron ; signe qu’il y en a un, formidable, écrasant, emportant tout dans son déluge.

Car le vrai sens, c’est celui-ci : tout ce qu’on annonce désormais depuis des années, qui depuis 9/11 (certains même, diraient avant), qui depuis la crise de l’automne 2008, se poursuit irrésistiblement. On a déjà écrit GCES, pour Grande Crise d’Effondrement du Système. Cette expression-là ou une autre, tout conduit au même égout où s’entassent et sont charriées dans un indescriptible désordre les restes d’une civilisation en décomposition.