Coup de gong

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Coup du gong

18 octobre 2022 (16H35) – Mettons de côté les diverses choses dont est marquée la situation en Ukraine, les diverses offensives et contre-offensives, les attaques de missiles et de drones, les barrages d’artillerie, etc., et constatons que les deux principaux et véritables acteurs (Russie et USA) restent tout de même dans une sorte de réserve. Les américanistes s’agitent beaucoup, parlent beaucoup, font des coups bas comme ils affectionnent (NordStream), menacent comme ils ont coutume de faire et principalement leurs alliés (l’Arabie), ordonnent à leurs divers vassaux et employés (SecGen OTAN, SecGen ONU, etc.),  de s’agiter dans le même sens, et bien entendu ils accumulent les sottises et les maladresses selon leur coutume. La routine, quoi, souligné de spasmes réguliers de dizaines de $milliards décidés par la Maison-Blanche en armements et autres mignardises pour Mister Z.

Les Russes, eux, ont donc fixé et accompli dans toutes les formes requises et glorieuses la (ré)intégration des pays du Donbass dans la Mère-Patrie, accompagnant la mesure de mobilisation. Pour nous tous, c’était le cri de guerre ! A partir de là, tout allait changer et le tonnerre gronderait ! Mais cela est-il vraiment le cas ? Après tout, les frappes missiles/drones peuvent aussi bien des ripostes, des avertissements qu’une préparation. Choisissons la dernière option, parce qu’en fait il y a d’autres indices, d’autres agitations. Ainsi nous avise-t-on qu’il y a affectivement quelque chose en préparation :

« Depuis le 15 octobre, plusieurs signaux forts laissent entendre qu’après une semaine de frappes sur l’Ukraine, la Russie et son alliée biélorusse pourraient lancer une nouvelle offensive aéroterrestre »,

écrit Sylvain Ferreira dans ‘Veille Stratégique’ ; puis, après avoir énuméré divers données et déplacements opérationnels :

« Si tous ces éléments ne constituent pas la preuve irréfutable que les Russes vont lancer une nouvelle phase offensive aéroterrestre dans les jours qui viennent, ils doivent être pris au sérieux par le gouvernement ukrainien et ses soutiens otanesques, et ce d’autant que l’Ukraine est toujours la cible d’attaques de missiles et de drones contre ses infrastructures énergétiques, ferroviaires et militaires depuis lundi dernier, et sans interruption. »

Une observation le vient alors à l’esprit : les deux principaux acteurs sont en position, chacun d’une façon différente certes, selon leurs habitudes et leurs conceptions si différentes de la même guerre qu’ils mènent, et tout se passe comme s’ils semblaient (je parle là, surtout, d’un point de vue psychologique) se préparer pour quelque chose, – et je laisse vagabonder mon esprit, ajouter “pour une certaine date”.

Aussitôt me vient à l’esprit, au même d’ailleurs, la date du 8 novembre 2022, comme vous le savez élections de mi-mandat aux USA où l’on dit que pourrait s’exprimer un certain mécontentement de l’électeur pour l’engagement US en Ukraine. Vous savez bien que cette date est même dans l’esprit étincelant de l’excellent ‘Ol’White Joe’, qui insiste tant pour avoir une offensive victorieuse à Kherson d’ici la mi-novembre pour réchauffer le cœur de l’électeur du Dakota du Nord et récompenser son attente, et rencontrer ses espérances, après qu’il aurait voté démocrate :

« ... Et il se pourrait bien que le réel souci de l’administration Biden pour le temps qu’il fera à Kherson à la mi-novembre ait moins à voir avec les conditions propices à une offensive qu’avec l’état d’esprit des électeurs US le 8 novembre... »

Ainsi, l’idée est-elle que les deux côtés attendent le 8 novembre pour agir, dans un sens ou l’autre, d’une façon ou l’autre. Car il est bien difficile de comprendre ce que signifierait pour l’un ou l’autre, une victoire pour l’un ou l’autre camp, par rapport au comportement qu’on doit suivre sur le terrain... Et il importe de ne pas oublier que le nouveau Congrès (éventuellement à majorité républicaine) n’entrera en fonction qu’au début janvier 2023, tandis que l’actuel Congrès le restera jusqu’au 23 décembre de cette année.

Par exemple, si, en cas de victoire républicaine qui lui promettrait un Congrès difficile sinon complètement empêcheur de danser en rond, il prenait à Biden l’idée d’introduire avant la fin décembre 2022 une unité US en tant que telle, bannière au vent, sur le territoire ukrainien, pas nécessairement au contact mais bien visible comme telle ? Et les Russes, que feraient-ils de tout cela, s’ils avaient déjà lancé l’offensive dont Ferreira croit distinguer la préparation ?

Si je m’attarde à cette question qui suppose, d’une façon générale, une intervention active du président-gâteux, je crois que c’est justement parce qu’il est gâteux. La Dementia Senile se caractérise notamment par l’exercice et la constante pression, absolument butée, entêtée furieusement, tenace et cabocharde de quelques idées fixes. Parmi les idées fixes de cette vieille crapule peloteuse de Biden, on peut me croire qu’il y a l’Ukraine en bonne place, et l’Ukraine de Mister Z certes ; pour lui l’Ukraine, source somptueuse de corruptions et de revenus divers, et de simulacres de grands succès politiques (notamment du temps de sa vice-présidence, avec l’aide du fiston Hunter). Pour lui, mon Dieu, c’est ce que les bons chrétiens nomment “une Cause”, quelque chose qui mérite d’être défendue becs et ongles. Il pourrait défier et se battre férocement avec un Congrès récalcitrant pour pousser les feux toujours plus loin et plus fort.

Je sais bien que tout cela n’est pas très géopolitique mais les conséquences pourraient bien l’être, et bien plus que dans le cas d’un simple déclencheur géopolitique normal. Notez d’ailleurs, et fort bien s’il vous plaît, que, sans parler de l’Ukraine bien sûr, j’écris cela, non seulement pour la Russie et les USA sur le champ de bataille de l’Ukraine et alentours, mais peut-être bien aussi pour la cohésion intérieure de la Grande République.