Le “Manchurian President”, ou la dissolution

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Le “Manchurian President”, ou la dissolution

5 décembre 2015 – Tout le monde se rappelle ou connaît, ou doit découvrir le thème de The Manchurian Candidate (le livre, les deux films) (*), et je me rappelle que l’un ou l’autre avait évoqué la chose pour le candidat Obama... Je ne sais s’il fut un Manchurian Candidate mais je me demande s’il n’est pas un “Manchurian President”.

Manchurian Candidate, c’est presque devenu une expression symbolique ou imagée du langage courant, pour désigner un “candidat” (un homme politique lancée dans l’arène, etc.) dont l’esprit conformiste-Système est implicitement décrit par le symbole d’un emprisonnement par une force extérieure, d’une manipulation par des forces puissantes, à peine occultes le plus souvent lorsqu’on utilise l’expression, dans ces temps de déliquescence d’une civilisation peuplée de tant et de diverses entreprises de manipulation, et de l’estime à mesure qu’on porte à nos élites. Mais il y a aussi une part de mystère dans le thème du Manchurian Candidate, et je dirais même que c’est l’essentiel alors que l’usage qu’on en a fait récemment est plutôt polémique et d’un “complotisme” très peu élaboré. Moi, c’est dans ce sens du mystère que je voudrais développer l’hypothèse du Manchurian President, avec d’autant plus de justification que je considère qu’Obama est toujours un mystère, qu’il l’est sans aucun doute pour moi, qu’il l’est sans doute en général, – cela signifiant que je tiens ce questionnement sur le président des États-Unis comme une sorte de vérité-de-situation qui n’est pas négligeable.

Ce qui m’a inspiré et poussé à cette interrogation, puis à cette réflexion pour le Journal dde.crisis, ce sont les remarques/paraphrases faites par le colonel Pat Lang, rapportant des déclarations d’Obama, les paraphrasant, appréciant de quelques mots son comportement, tout cela repris dans le texte du 3 décembre sur L’hyperimpuissance en mode-turbo. Je rappelle ici les principales remarques de Lang qui m’ont frappé, Lang qui a la langue dru mais qui ne l’a pas à n’importe quel propos, je veux dire pas d’une manière irresponsable et pour le seul usage de la polémique...

« Our colleague David Habakkuk remarked here that LTG Flynn and the DIA encountered in Obama's Borgist administration an “impenetrable narrative.” [...] Do he and his Borgist crew not understand that these Islamist forces seek a Syria in which their varied visions of a Sunni Islamic future are triumphant and in which religious minorities are reduced to dhimmitude.  Is this what the emperor of us all thinks is a desirable outcome in Syria? [...] SWMBO listened to that and remarked that this man knows nothing of war. I agree. [...] His attitude.  His imperial majesty displayed the now familiar petulant disdain for all who dared question him.  The atmosphere was the kind of thing one sees in meetings in which a teacher tries to contain his patronizing of students.  His reference to the UK as “the Brits” was painful to hear. »

Ce qui est impressionnant dans ce que dit Lang, et qui rejoint beaucoup d’observations, d’impressions, d’appréciations, etc., c’est l’image de cette espèce de “forteresse de la communication” où s’est enfermé ce président, avec l’aide de son équipe “à-la-Borgia” dit Lang, et la forteresse constituée selon une expression que j’imagine venir du Général Flynn qui a tenté de la percer sans succès pendant deux ans,  d’une “narrative impénétrable”. On peut trouver de plus en plus d’analyses qui illustrent cette situation, notamment chez Robert Parry qui s’est fait une spécialité de mettre à jour cette situation. (Voir son article tout récent du 2 décembre où il analyse les incroyables écarts de langage et de considération d’Obama vis-à-vis des Russes, et notamment des Russes victimes du terrorisme, sans montrer le moindre intérêt pour les vérités-de-situation que le vaste appareil de puissance à sa disposition, ainsi que ses contacts internationaux, lui permettraient d’éventuellement découvrir.)

Il semblerait alors assez juste d’observer qu’Obama nous a quittés depuis un certain temps, complètement absorbé et satisfait par sa “narrative impénétrable”, avec sa Garde Prétorienne faite de communicants divers, proliférant et pullulant, et de quelques Gardiennes suffisamment hystériques (Samantha Powers, Susan Rice, etc.) mises aux postes-clef avec pour consigne d’effrayer l’imprudent qui tenterait de franchir le pont-levis de la communication faussement abaissé pour faire croire que le président nous écoute comme on écoute le monde, comme les Indiens écoutent les Esprits dans la Grande Prairie, comme Bob Dylan écoute la réponse dans le vent (“Blowing in the wind”).

Qui est donc cet homme ? Quel Mystère l’habite et l’enveloppe plutôt, après tout, qu’être lui-même un mystère ? Il est vrai, je l’avoue, que cette expression découverte dans le texte de Pat Lang, – sa “narrative impénétrable”, – cette expression ne cesse de me fasciner et c’est bien elle qui me pousse à m’attacher à ce sujet de savoir qui est cet Obama finalement... Cette expression a une grande allure, elle contient un pouvoir considérable d’exciter l’imagination et d’en offrir des images, elle parvient à solidifier le fluide parfait qu’est la communication, à transformer les incertaines bulles sonores des narrative en énormes blocs de pierre qu’aucune armée au monde ne saura jamais percer, et le tout formant cette “narrative impénétrable” qui semblerait être la forteresse ultime faite de toutes les forteresses du monde. “Il semblerait alors assez juste d’observer qu’Obama”, – pour reprendre expressément l’expression employée plus haut, – n’a nul besoin de “nous quitter” parce qu’en fait il me semble bien qu’il ne nous a jamais rencontrés.

Après des années d’observation, de supputations, d’hypothèses à son égard, et alors qu’il approche de la fin constitutionnelle de son existence historique (dans moins d’un an), j’en viens de plus en plus à conclure que cet homme est profondément doué pour l’inutilité la plus complète de quelque activité que ce soit. Il a un charme évident, un remarquable talent d’orateur, un superbe contrôle de soi, le sens de l’humour et celui de la répartie, le mouvement enveloppant et le geste plein de grâce ; il donne la sensation de tout apprendre et de tout comprendre d’un même élan, comme en passant, donc de disposer d’une belle intelligence utilitaire ; certains le trouvent également arrogant, distant, dédaigneux et presque indifférent mais un poète vous dirait que les grands hommes sont comme ça, que la grandeur de leur destin leur impose cette attitude, que ces défauts sont des vices de seigneur... Effectivement, Obama entretient à grands frais une cour de poètes libéraux et progressistes qui ne cessent de chanter ses louanges et de faire de ses attitudes les plus insupportables le signe de vertus aussi extraordinaires que dissimilées ; certes, laissez donc parler les poètes, il leur arrive de voir les choses derrière les choses.

Mais au-dessus de tout, – certes, vous l’attendez je l’espère, ce “mais” inévitable, qui ne peut faire que venir à cet endroit de l’observation, pour disperser tout le reste en poussière et réduire à une poussière tout cette vaste mobilisation d’observations nuancées et sophistiquées, – au-dessus de tout il y a cette immense, cette écrasante vérité-de-situation que cet homme est vide, désespérément vide, inéluctablement vide. Obama n’est qu’une enveloppe, une sorte de “bulle” humaine, magnifiquement ornée et qui s’est cadenassée elle-même, presqu’avec jubilation et avec une sûreté de soi arrogante absolument inimitable, dans cette “narrative impénétrable”. C’est alors que nous entrons évidemment dans l’hypothèse du Manchurian President, qui implique une exploration complexe et la prise en compte de règles et de formes de pensée inhabituelles.

A ce moment, l’hypothèse évolue comme ceci : certes, Obama était bien un Manchurian Candidate, comme ils le sont tous d’une certaine façon et plus ou moins, c’est-à-dire des candidats qui doivent se vider de toute substance étrangère au destin auquel ils sont promis, pour enfin s’aligner en fin de parcours sur la narrative officielle qui, de toutes les façons, se charge de tous. Mais il faut savoir que la “narrative impénétrable” qui protège Obama n’a pas nécessairement à voir avec la narrative officielle ; non pas qu’elle la concurrence, qu’elle la met en cause, simplement elle n’est absolument pas du même domaine et n’implique que la protection d’un destin personnel. Il en résulte que le Manchurian Candidate qui devait, après son parcours initiatique pendant la campagne, se transformer en président-conforme, s’est réfugié dans sa “narrative impénétrable” comme dans une forteresse et s’est transformé en Manchurian President, prolongeant au-delà du contrat prévu cette situation de vide qu’implique, disons le Manchurian Character. Cela me conduit à penser sans trop forcer la logique, je veux dire comme assez naturellement, que cet homme complètement, immensément vide, est un homme complètement indifférent à des choses telles que la vérité, – et précisément, à la vérité elle-même. Il s’en fout, littéralement. Il n’est certes pas un menteur puisqu’il ne veut rien connaître de la vérité et qui ignore totalement le concept de vérité ne peut par conséquent connaître celui de mensonge... Il est indifférent à cette sorte de chose, et tout notre blabla, en vérité, n’est rien de son affaire. En ignorant la vérité comme font les présidents-conformes, il ne s'est pas sali les mains à mentir comme c'est le privilège d'un Manchurian President.

Quel est donc son Mystère qui me pousse à voir en lui une sorte de Manchurian President, pénétré et emmené par des forces obscures et extérieures, – d’autant plus et précisément parce que le vide de lui-même y invite, comme l’on sait que la nature a horreur du vide, et la politique tout autant ? J’ignorais encore pourquoi mais, arrivé à ce point de ma réflexion dont j’avoue qu’elle est d’abord une rêverie onirique, Obama me fit également penser à ce héros mystérieux, incertain, fantasmagorique et dépositaire de certains secrets qui l’emprisonnent et le conduiront à la dissolution de soi, le “héros par défaut” dirais-je du roman fantastique fameux, notamment dans les milieux de l’ésotérisme qui connut un regain d’intérêt et d’activité au début du siècle précédent, le roman L’Autre Côté, écrit en trois mois, en 1908 par Alfred Kubin, d’abord connu comme dessinateur du genre fantastique et ésotérique et dont le rumeur de ces choses-là fit souvent une sorte de sombre illuminé ou, pour les plus optimistes, d’initié cédant par instants de dépression au désespoir. Wikipédia nous résume le livre de cette façon enlevée. (J’aime mieux me décharger sur une autre source que moi-même pour résumer ce livre, dont je garde un souvenir à la fois confus, effaré, effrayé par moment, sinon angoissé, de toutes les façons nécessairement hors de la mesure rationnelle, de toutes les façons irracontable, – et pourtant, ce livre tout empreint d’une tension qui vous fait penser qu’il y a réellement quelque chose d’unique là-dedans. De là cette idée qu’une recension télégraphique par cette source plutôt neutre à cet égard fait mon affaire pour cette occasion.)

« Le roman raconte le voyage entrepris par le personnage principal, un dessinateur, vers l’“Empire du rêve”, un pays créé de toutes pièces aux confins de l'Asie par le multimillionnaire Patera. La capitale, “Perle”, ville étrange et crépusculaire en dehors de l'espace et du temps, apparaît d'abord au dessinateur comme une source d'inspiration bienvenue. Mais après la mort de sa femme, il voit ce lieu fantastique se métamorphoser au fur et à mesure que sa fascination pour lui augmente. La deuxième partie du livre raconte l'effondrement de l’“Empire du rêve”, qui sombre dans le cauchemar. »

Le “personnage principal”, dessinateur comme Kubin, retrouve en fait en Patera un ami du temps d’avant, peut-être un compagnon d’étude (et c’est pour cela que Patera l’a fait contacter pour le faire venir dans son “Empire du Rêve”). Installé dans l’“Empire”, le dessinateur met bien du temps à pouvoir rencontrer, convoqué par lui, l’“Empereur du Rêve”. Puis ils se revoient et nous-mêmes, lecteurs, rencontrons enfin l’“Empereur”. D’abord assuré de sa puissance, de ses ambitions, impressionnant jusqu’à prendre des dimensions gigantesques aux yeux du conteur, Patera change peu à peu, se transforme de plus en plus vite, impose sa vision grandiose, ses ambitions de transmutation du monde, et l’on comprend évidemment que ces changements et ces transformations accompagnent, rythment ou provoquent les changements et les transformations de “l’Empire du Rêve” ; mais bientôt, toutes ces incantations et ces visions terribles commencent à prendre une vilaine tournure. Subrepticement puis de plus en plus évidemment, le rêve grandiose se transforme en cauchemar épouvantable dans le sens d’une déstructuration et d’une dissolution d’abord subreptices elles-mêmes, puis de plus en plus visibles et accélérées. Les lignes se défont et se brisent, les perspectives deviennent molles, le sol ferme devient spongieux et mouvant, les formes solides et équilibrées se déconstruisent dans une sorte d’effondrement marécageux, le paysage lui-même, les rivières, les montagnes suivent le même processus, la géographie et l’espace du lieu sont transformés en une sorte de bouillie monstrueuse, en un nœud épouvantable qui mélange toutes les références du monde en un chaos presque silencieux, presque collant, dont l’on n’arrive plus à se dépêtrer. Le personnage de Patera lui-même subit cette sorte de transformation, il devient spatialement insaisissable, gluant et caoutchouteux, déformé dans tous les sens, évoluant vers une sorte d’entropisation molle, monstrueux et inexistant à la fois, écrasant et presque invisible tout ensemble... Ainsi évolue l’étrange “atmosphère” du livre qui ne cesse d’accélérer son rythme, de faire défiler les évènements de plus en plus rapidement, jusqu’à la disparition, entropisation achevée dans une sorte d’apocalypse molle, de “l’Empire du Rêve”... (On se dit que Dali aurait pu illustrer d’une étrange façon hyperréaliste ce livre de Kubin.)

Voilà donc la deuxième image qui me vient pour donner une représentation qu’on jugera onirique du président Obama. Ainsi se trouvent rassemblées les images du Manchurian President et de l’“Empereur du Rêve”, et il me faut maintenant accoler, intégrer ces deux représentations en une pour achever la représentation en forme de parabole de ce personnage qui n’a finalement jamais été parmi nous, – mais dont, je crois, la mission ésotérique, ou bien maléfique si l’on veut une appréciation, mais maléfique dans un sens très ambigu (comme lui-même) qui peut-être compris selon une inversion vertueuse, était effectivement de ne jamais être parmi nous. Candidat effectivement vide selon la loi du genre aux USA (Manchurian Candidate), il est effectivement resté vide durant sa présidence (Manchurian President), protégé de toute incursion de l’extérieur par sa “narrative infranchissable”. Sa politique a donc été de ne rien faire qui puisse être perçue, interprétée, compris comme une politique, au contraire laissant aller toutes les forces à l’œuvre des centres de pouvoir lancées dans la production effrénée, par leurs antagonismes et leurs nihilismes, d’un désordre débouchant sur un hyperdésordre ou sur le Grand-Désordre actuellement dominant. Laissant aller ainsi, il a laissé faire en sorte que sa non-politique par indifférence et vide conceptuel a produit l’aggravation et le “pire en pire”, ou la “politique de l’idéologie et de l’instinct” se transmutant en politique-Système. Son Manchurian Character est resté, conduisant au bout de sa logique nihiliste en faisant en sorte que le vide initial reste vide constant

Subiste et insiste la question à laquelle nul ne peut répondre mais que nul ne peut écarter : ce vide du Manchurian President succédant au Manchurian Candidate répondant au minimum syndical de l’élection US est-il un hasard, – qui peut croire au hasard encore, aujourd’hui ? – ou bien une impulsion de ces forces extérieures que nul humain, en vérité, n’est capable ni de contrôler ni d’appréhender, et de plus que bien peu de sapiens n’osent précisément tenter d’identifier, et qui sont aujourd’hui l’essence même de notre destin ? Poser la question... Obama, lui, l’“Empereur des Rêves”, n’a jamais du répondre à cette sorte de questions dans les vingt ou trente, ou je ne sais combien, conférences de presse qu’il a données lors de sa présidence ; la presse-Système est bien trop respectueuse pour imaginer l’audace iconoclaste d’une telle question.

Car à quoi servit son vide ? S’imagine-t-on qu’il fut une neutralité, une absence, une sorte de “coup pour rien” comme s’il n’avait pas existé ? Le vide qu’est le président Obama, si plein de brio et d’intelligence de communication, s’est matérialisé dans une situation qui permit et permet toujours à une tendance étrange, maléfique bien entendu, de se développer ou de poursuivre son développement, cela permettant de laisser aller la situation toujours plus loin, toujours plus grave, toujours plus catastrophique ... On l’accusa souvent d’être une “marionnette” alors qu’il est en fait l’extrême jusqu’à l’inversion d’une marionnette, une non-marionnette, immobile et impavide, faite pour ne pas bouger, ne pas agir, enfermée dans la “narrative infranchissable” et son arrogance d’“Empereur du Rêve” assistant imperturbablement à sa propre dissolution, à sa propre réduction à une matière molle et informe autant qu’infâme, accomplissant sa mission extraordinairement ambigu de laisser se développer sans frein la surpuissance, comme s’il s’agissait effectivement de transformer l’“Empire du Rêve” en un nouvel Empire de Rome, et cela jusqu’à l’extrême jubilatoire de l’autodestruction de l’“Empire du Rêve”. Obama-Patera a rempli son contrat, ne nous en déplaise à nous, les commentateurs, qui ne détestons rien tant que d’avoir à tout expliquer en n’expliquant rien.

... Question du journaliste (extrait d’une plaisanterie courante depuis deux-trois ans) devenu audacieux au soir précédant le premier mardi du mois de novembre 2016, jour des présidentielles aux USA, où bourdonnent et résonnent les rumeurs d’un coup de force militaire d’une part, d’une sécession de certains États de l’Union d’autre part, devant la calamité qu’offre l’un et l’autre des deux candidat qui s’affrontent demain : “Quel effet cela vous fait-il d’être le dernier président noir des États-Unis ?” Réponse ambigu, naturellement : “Que voulez-vous dire par cette question ? Le dernier parce qu’on n’élira plus jamais un Noir à la présidence des États-Unis ? Ou bien le dernier parce que les États-Unis n’existeront plus jamais à cause du premier président noir des États-Unis ?” Une dernière pirouette et il se confirme en forme de conclusion qu’Obama, dit-BHO, a rempli son mandat jusqu’au terme.

 

Note

(*) Le film initial The Manchurian Candidate est au départ un roman de Richard Condon, – d’ailleurs accusé plus tard de plagiat de plusieurs livres remontant à 1936 et au-delà, – prenant le cas d’un ancien militaire capturé par les Nord-Coréens, ou plus largement par une “conjuration communiste” à l’occasion d’une capture durant la guerre de Corée, et subissant un intense “nettoyage de cerveau” qui le prive de toutes ses conceptions, positions et opinions personnelles, et ainsi prêt à être investi par des injonctions venues de l’extérieur selon des mots et formules-clef ouvrant l’accès de son cerveau à ces injonctions extérieures. Le livre devint un film du même nom en 1962 (en français Un crime dans la tête), puis d’un remake en 2004 (mêmes titres anglais et français). Dans ce dernier et second cas, le conditionnement du cerveau est cette fois effectué à l’occasion de la guerre en Irak, et devenant le fait d’une cabale impliquant l’armée US et une multinationale US, Manchurian Global, effectuant des recherches expérimentales sur les nanotechnologies. On observe que l’“ennemi extérieur” est devenu l’“ennemi intérieur” ou bien, c’est selon, l’“ennemi globalisé”.