L’Art Contemporain (AC) de l’autodestruction

Ouverture libre

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 2852

L’Art Contemporain (AC) de l’autodestruction

• Articles du 16 février 2021. • Une démonstration éblouissante et parfaitement constitutionnaliste de la façon dont les démocrates de la Chambre des Représentants ont piraté et désintégré les principes fondamentaux de la Grande République dans la seconde mise en accusation de Trump. • Pour l’auteur, un des meilleurs constitutionnalistes de l’architecture de l’État de Droit que prétendent être les USA, les démocrates ont pulvérisé le Droit d’une façon si radicale et si partisane qu’on peut parler d’autodestruction. • Contributions : dedefensa.org et Jonathan Turley.

C’est une démonstration éblouissante que fait Jonathan Turley dans sa dernière chronique où il fait de la crétinerie courante de la postmodernité une œuvre majeure de l’A.C. (Art-Contemporain). Il décortique la démarche pseudo-légaliste, en fait illégaliste absolument, du procès en destitution de l’ex-président Trump avec un brio exceptionnel, atteignant ainsi au cœur d’un processus qui détruit l’entièreté de l’esprit de la chose, – l’illégalité totalitaire de l’action des sociétaux-progressistes crétins du parti démocrate pris de démence haineuse.

L’extrémisme du sentiment des démocrates, leur haine absolument extraordinaire de Trump, constitue un cas tout aussi extraordinaire d’autodestruction puisqu’elle détruit l’architecture légaliste fondamentale du système de l’américanisme en réduisant le droit de cet État de Droit à une caricature barbare et invertie de lui-même. En authentifiant avec une puissance extraordinaire (surpuissance de leur ‘haine extraordinaire’) cette architecture vitale pour ce pays et ce système, ils atteignent à sa destruction complète (et donc autodestruction).

(Équation constante de notre appréciation de l’Effondrement du Système [GCES] : surpuissance = autodestruction.)

Turley trouve ainsi une image parlante, une analogie cinématographique (hollywoodisme) qui renvoie au style le plus crépusculaire et le plus pessimiste (mais ô combien réaliste) du cinéma hollywoodien dans une de ses échappée hors du simulacre pour toucher au réalisme de la tragédie (hors-bouffe pour ce cas) de l’américanisme ; une citation de dialogue qui, selon lui, synthétise « les mêmes caractères de l’‘innocence perdue’, du ‘cynisme exacerbé’ et du ‘désir désespéré’ [de] ce genre de film » qui caractérise le film ‘noir’

(Nous mettons entre guillemets et en italique ce terme parce qu’il est utilisé en français par le langage cinématographique hollywoodien [à partir des ‘romans noirs’ et des ‘films noirs’ français]. Il reflète à merveille le sentiment désespéré et profondément pessimiste de la période des années 1930 et de la Grande Dépression. D’abord littéraire avec des  écrivains comme Hammet et Chandler, le style noir s’imposa à partir de 1944 et 1945 avec des films comme ‘Le Faucon Maltais’ et ‘Le grand sommeil’, des réalisateurs comme Hawks et Huston, et le célébrissime couple Bacall-Bogart. Il perdure aujourd’hui [L.A. Confidential d’après Ellroy, qualifié de neo-noir] et constitue un constant rappel de la face sombre de l’américanisme, qui est en fait sa vérité profonde illustrée par la tragédie de la Grande Dépression, jamais dissipée. La référence est donc totalement, plus que jamais et à jamais, d’actualité.)

La citation que propose Turley est parfaitement illustrative de la situation US actuelle, du fait de la folie wokeniste des démocrates, et complètement accordée à notre équation surpuissance-autodestruction. Cette citation est une réplique de Rita Hayworth dans ‘Gilda’, de 1946 : « Regardant son ancien amant, elle lui dit : « “Je te hais tellement que je me détruirais moi-même pour t’emporter dans ma chute”. » Regardant Trump et le traitement que les démocrates ont fait à Trump dans cette deuxième procédure de destitution, c’est parfaitement la réplique d’Hayworth qui vient à l’esprit ; et si la procédure de destitution est ratée (une deuxième fois), c’est tout à fait logique parce que la haine n’a jamais prétendu être un sentiment positif et victorieux ; c’est bien un sentiment de mort, et c’est bien d’autodestruction qu’il s’agit…

Sans perdre un instant sa position personnelle, Turley va jusqu’au fond de la plaie fatale, il la gratte jusqu’à l’os, dans une démonstration éblouissante qui caractérise le sort de l’Amérique aujourd’hui. S’il ne dit pas ce constat (analogie du “sort de l’Amérique aujourd’hui”), il nous semble assuré qu’il le pense avec une force considérable. Son constat est également assuré, devant la faute catastrophique (au sens complet et mythique de la catastrophe). Il est résumé froidement et irréversiblement par ce propos où il nous dit qu’il ne peut se concevoir, sinon à vouloir sa propre mort (autodestruction), de sacrifier un édifice fondamental de valeurs qui font office de principes structurants (pirouette américaniste, autre débat souvent conduit ici) d’une société qui s’estime être ‘de Droit’, à un sentiment de haine aussi catastrophique lui-même :

« …J’ai voté contre lui [Trump] lors de deux élections et j’ai régulièrement dénoncé ses actions et sa rhétorique, y compris son discours du 6 janvier. Cependant, je chéris nos valeurs plus que je ne le déteste. […] [Eux, comme] ‘Gilda’, ils sont prêts à détruire leurs valeurs pour détruire Trump. »

Turley passe en revue toutes les fautes, tous les abus, toute l’indolence extraordinaire de l’attitude des démocrates, – atonie, aboulie, apathie du caractère au profit du déchaînement de l’affectivisme résultant d’une absence complète de jugement et d’une perception faussée par l’affect de la démence, accouchant une haine extraordinaire qui conduit à l’autodestruction de la non-politique du style ‘noir’. La légèreté incroyable avec laquelle les parlementaires démocrates traitent les ‘valeurs’ fondamentales sur lesquelles s’appuie le système de l’américanisme dont ils dépendent, font effectivement douter de leur santé mentale, et justifier l’analyse selon laquelle leur perception se trouve sous le joug d’une influence maligne, sinon satanique, la force de la haine menant nécessairement à l’autodestruction.

(Notre propos ici, sans remonter au fond du débat, est bien qu’il s’agit de ‘valeurs’ puisqu’il s’agit du système de l’américanisme, c’est-à-dire du Système ; il ne s’agit pas de principes, mais notre tentation de parler de principe est dans la volonté de donner la mesure de la force des ‘valeurs’ au nom desquelles Turley parle. La puissance du verbe de Turley dans la conduite de sa critique fait parfois penser que ces ‘valeurs’ ont la force des principes, même si elles sont en fin de compte la trahison de leurs fondements. Cela, dans tous les cas, nous fait regretter que Turley n’ait pas été un juriste du temps de l’empire de Rome : il eût été l’un des plus grands, et là parfaitement à l’aise avec de réels principes.)

Il y a dans cette superbe diatribe de Turley, et malgré qu’il soit paradoxalement du parti qu’il dénonce, un immense chagrin à côté de la force remarquable de la critique. Turley ne dit rien de moins que « Pleure, ô mon pays bien-aimé ». Il s’adresse là à tous les crétins, à tous les souffreteux du caractère, à toutes les âmes frelatées et gorgées de drogues diverses, tous.tes ceux.elles – comme l’on dit inclusivement chers postmodernes fascinés par votre propre crétinerie d’entonnoir psychiatrique, – qui ne peuvent faire autre chose que s’aligner sur les consignes affectivistes d’un Satan qui mène le bal à un rythme endiablé. C'est une sorte de « Java du Diable » mise au goût du jour, jusqu'à la mort.

Turley, à sa grande peine mais en respectant son devoir et les termes de son contrat intellectuel, ne fait rien d’autre que de nous dévoiler les voies et moyens, non pas de la crise du système de l’américanisme car nous sommes au-delà du bruit et de la fureur qui caractérisent les crises, mais de son effritement accéléré, comme la matière corrompue par la pourriture se désagrège, se désintègre et se dissout. Les nouvelles à attendre de l’Amérique, – tous les crétins d’Occident, du secrétaire général de l’OTAN à la présidence française sont aux aguets, polissant leur posture d’asservissement, – sont catastrophe pure, sottise achevée, esprits fermés et âmes corrompues, – et surtout, la haine, encore la haine et toujours la haine. Il s’agit d’ailleurs bien d’autodestruction car, comme ‘Gilda’ au fond d’elle-même, nous savons bien que leur haine d’une intensité si grande, va à eux-mêmes, ce qu’ils sont devenus, les destructions qu’ils ont accomplies, la corruption qu’ils ont semée ; ils se haïssent eux-mêmes en ressentant inconsciemment leur emprisonnement satanique, et ainsi leur désir d’autodestruction se comprend-il...

Dans cette affaire, le Diable-Orange, The-Donald, n’était qu’un paratonnerre après avoir été un « cocktail-Molotov humain ». Ils l’ont liquidé de la place centrale qu’il occupait, il n’y a plus de paratonnerre. Trump, bouffon hyperactif à mille-fonctionnalités au service de l’Effondrement (GCES), va investir dans la production d’éclairs et de tonnerre (une multi-$milliards ‘Thunder-Lightning Trump Tower’) ; la voie est décivement tracée par la destruction incontrôlée du paratonnerre. (‘Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font’ : mais le Seigneur, à l’instar du Diable, se marre, c’est-à-dire qu’il en rit déjà.)

Le titre du texte du Turley (du 15 février 2021) disait ceci : « Mutual Destruction: How Trump’s Trial Became A Tale Of Constitutional Noir ». Nous nous sommes permis de le modifier en nous référant à la fameuse doctrine de la Guerre Froide, développée par le secrétaire à la défense McNamara, doctrine extraordinairement bien nommée selon l’acronyme MAD (‘fou’ en anglais) : Mutual Assured Destruction. Nous y sommes : “MAD is the name of the game’.

dedefensa.org

_________________________

 

 

Destruction Mutuelle Assurée

Vous trouverez ci-dessous ma chronique dans The Hill sur le second procès Trump et sur la façon dont les valeurs fondamentales sont rapidement devenues un facteur élément étranger à l’objectif de ce processus constitutionnel.  Le chaos final déclenché par le député Jaime Raskin (D., Md) n'a fait que mettre en évidence les irrégularités procédurales et juridiques d'un procès qui semble de plus en plus détaché des valeurs comme le droit à un procès équitable.

Voici la chronique :

Dans le film ‘Gilda’ de 1946, Rita Hayworth a prononcé ce qui est sans doute la meilleure synthèse du film ‘noir’. Regardant son ancien amant, elle lui dit : « Je te hais tellement que je me détruirais moi-même pour t’emporter dans ma chute ». Ainsi, Hayworth rendait l’autodestruction positivement séduisante. Cette phrase m’est venue à l'esprit alors que je regardais les ‘managers’  [NdlR : députés démocrates chargés de présenter la mise en accusation de la Chambre] et les sénateurs démocrates écarter systématiquement les valeurs fondamentales qui définissaient autrefois les procès équitables, – et les valeurs américaines, – selon la Constitution.

Lorsque l’avocat de la défense de Donald Trump a objecté que son client n’avait pas bénéficié d'un procès équitable à la Chambre, les ‘managers’ ont haussé les épaules et déclaré que le procès équitable n'était pas nécessaire. Lorsque la défense a objecté que le discours de Trump du 6 janvier était protégé par le Premier amendement, la Chambre a raillé l’argument en affirmant que la liberté d'expression est non seulement inapplicable mais aussi « frivole » dans une mise en accusation. Rien, semble-t-il, n’est si sacré qu’il ne puisse être écarté lorsqu’il s’agit de Trump. À maintes reprises, il est clairement apparu que son procès portait sur le verdict et non sur nos valeurs constitutionnelles.

Même lorsque l’acquittement était pratiquement assuré, aucune place n’était faite aux bagatelles constitutionnelles telles que la liberté d'expression ou le droit à un procès équitable. Il n'y avait qu'une seule question, – celle qui a guidé nos médias et notre politique pendant quatre ans : Trump. Pendant tout ce temps, certains d'entre nous ont objecté que les interprétations juridiques extrêmes et la couverture biaisée détruisaient nos valeurs juridiques et journalistiques. Cela ne répondait en rien à un engagement pour Trump : j’ai voté contre lui lors de deux élections et j’ai régulièrement dénoncé ses actions et sa rhétorique, y compris son discours du 6 janvier. Cependant, je chéris nos valeurs plus que je ne le déteste.

C'est pourquoi le deuxième procès de mise en accusation de Trump s'est déroulé sous la forme d’un film ‘noir’, présentant les mêmes caractères de l’‘innocence perdue’, du ‘cynisme exacerbé’ et du ‘désir désespéré’ que ce genre de film, surtout lorsque les ‘managers’ de la Chambre ont rejeté toute procédure régulière habituelle dans la mise en accusation. Indiscutablement, la Chambre aurait pu tenir au moins deux jours d’audiences et mettre Trump en accusation avant qu’il ne quitte ses fonctions. Elle savait que le Sénat ne tiendrait pas de procès avant la fin de son mandat, et elle avait donc jusqu’au 20 janvier pour le mettre en accusation. Elle l’a fait le 13 janvier.

Une audience aurait donné à Trump une occasion formelle de répondre à l'accusation portée contre lui ; personne n'a jamais été mis en accusation sans une telle possibilité. Elle aurait permis de convoquer des témoins (dont beaucoup s’exprimaient déjà en public), afin de créer un dossier, même minimal, pour le procès. Pourtant, la Chambre a refusé, puis a refusé pendant plus de quatre semaines d’appeler une douzaine de témoins avec des preuves directes pour créer un dossier, même après sa mise en accusation pour une destitution-surprise.

La Chambre aurait donc pu suivre une procédure régulière de base, mais elle a choisi de ne pas le faire simplement parce qu’elle n’y était pas spécifiquement obligée. Lorsqu’il a été interrogé à ce sujet au Sénat, un ‘manager’ de la Chambre a tourné en dérision l’idée que Trump devrait bénéficier d’une procédure plus régulière. Le député Ted Lieu a déclaré : « Trump bénéficie de toutes les procédures qui lui sont dues ». Une réponse effarante puisque Trump n’en a bénéficié d’aucune à la Chambre. Il fut un temps où refuser une procédure régulière aurait été horrible. Même si vous pensez qu’une procédure régulière n’est pas nécessaire dans une mise en accusation, elle est légalement prévue. Nous n’accordons pas une procédure régulière aux gens seulement lorsque nous le devons.

C’est comme la décence, la civilité et d’autres valeurs de cette sorte. Elles ne sont pas respectées parce qu’elles sont obligatoires, mais parce qu’elles sont justes. Il s’agit d’une valeur qui nous définit et définit nos actions. En outre, il s’agit d’un processus qui conforte la Constitution. Nier une valeur constitutionnelle fondamentale pour la défendre revient à brûler une maison pour vérifier sa sécurité en cas d’incendie. Qu’importe, la position de la Chambre fut qu’un président peut être mis en accusation et jugé sans qu’il y ait de procès-verbal ni d’audience, ni d’enquête ni de témoins.

Puis il y a la question de la liberté d’expression. La défense de Trump a fait valoir qu’il est intrinsèquement mauvais de mettre en accusation un président pour un discours qui est protégé par le premier amendement. Les responsables de la Chambre ont cité une lettre de professeurs de droit jugeant l’argument « frivole », même si certains de ces professeurs pensent tout de même que le discours de Trump peut effectivement bénéficier de la jurisprudence de cas tels que ‘Brandenburg vs. Ohio’.

Admettre la mesure où ce langage serait considéré comme protégé par les tribunaux est tout à fait adéquat pour déterminer s’il doit être traité comme une violation constitutionnelle aux fins de mise en accusation. Tout comme les tribunaux mettent en balance les effets des poursuites pénales contre les conséquences sur le principe de la liberté d'expression, le Sénat doit trouver un  équilibre similaire dans un procès de destitution. Même si vous pensez que le premier amendement [liberté d’expression] ne s’applique pas dans un cas d’incitation, vous devez d’abord déterminer s’il s’agit d’une incitation ou d’un exercice de la liberté d’expression. Pourtant, dans leur lettre qui suit une logique circulaire, les professeurs ont déclaré que « le premier amendement n’est pas considéré » dans les procédures de mise en accusation. Du moins, pas dans un procès de Trump.

On a demandé aux ‘managers’ de la Chambre des Représentants pourquoi ils n'avaient pas présenté un cas avec des éléments d'incitation spécifiques énoncés par la Cour suprême. Jamie Raskin, le chef des ‘managers’, a déclaré que cette affaire et Trump constituent un cas unique d’« incitation présidentielle », concept défini par des spécificités très mal définies. En d’autres termes, il n’est pas nécessaire de prendre en compte la définition de l’incitation. Dans une telle logique, la Chambre aurait pu mettre en accusation Trump pour violation de la loi sur les espèces en danger et dire qu’il n’est pas nécessaire que cette accusation concerne une espèce en danger.

Ce procès en destitution reflète notre âge d’enragement. Pendant quatre ans, des personnes ont revendiqué une totale impunité malgré qu’elles aient ignoré les normes juridiques ou journalistiques. Elles ont affirmé que les attaques contre la liberté d’expression, contre le droit à un procès équitable ou contre l’objectivité des médias sont une démarche digne d’éloges puisque c’était contre Trump. On peut être désormais adulé pour avoir écarté de telles valeurs dans le but d’avoir sa tête. Il y a quelques années, un tel procès aurait été considéré comme faussé du fait de l’absence de preuves directes, d’une procédure régulière ou de normes claires. Mais il s’agit il s’agit du procès de Trump, et il est alors permis à beaucoup de considérer que c’est Trump qui le définit et non pas leurs valeurs. Comme ‘Gilda’, ils sont prêts à détruire leurs valeurs pour détruire Trump.

Jonathan Turley