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365016 janvier 2016 – Exercice courant chez les très-grands de ce monde qui se jugent soudain concernés par les soubresauts de l’empire qu’ils exercent sur le monde puisque le monde est leur empire : retenir son souffle, profiter du répit du week-end pour se préparer au pire. Le pire est l’ordinaire du siècle. Par chance, ce week-end sera plus long d’un jour aux USA parce que lundi c’est le MLK (Martin Luther King) Memorial Day ; c’est une chance de plus donnée au souffle. Dans son style inimitable, WSWS.org annonce à ses lecteurs qu’effectivement le pire se prépare : « Global stocks plunge amid fears of a new financial crisis. » Il est complètement indéniable que la semaine fut épique, avec les soubresauts du géant chinois qui se produisent désormais sur un rythme semestriel-trimestriel, et cette même semaine où j’ai appris de la plume de divers experts que les prix très-bas du pétrole était une catastrophe capable d’entraîner le pire, au même titre que les prix très-haut du même, comme on nous le répéta durant la décennie précédente jusqu’à la démonstration presque-parfaite d’une “crise haussière” du prix du pétrole précédant de trois-quatre semaine, ou préparant je ne sais plus, l’effondrement de septembre 2008.
Je n’avais pas prêté grande attention à ces soubresauts d’une puissance incroyable, ni même à la chute de Wall Street d’hier qui permit à certains d’y voir un Black Friday annonciateur d’un de ces terribles “cygnes noirs” (Black Swan), qui est désormais l’expression affectionnée pour “modéliser” artistiquement l’ombre lugubre de la catastrophe imminente. L’habitude, sans doute, dans le cas de cette inattention... Le tumulte est si considérable de tous les côtés que l’on tend l’oreille qu’on ne parvient plus à distinguer la crise qu’il faut privilégier pour la journée courante. Le rythme de ce début 2016 est considérable de rapidité et d’emportement ; l’on dirait de notre temps courant qu’il est endiablé comme l’on dit d’un énorme 4x4 qu’il s’est ensablé, alors que le moteur s’emballe dans un bruit terrible, que les roues motrices tournent folles dans le sable, sans que rien de la machine hurlante ne bouge sinon la projection de jets de sable et de folie.
L’on ne peut plus rien se saisir de quoi que ce soit qui ait la moindre allure de la stabilité et de l’harmonie ; alors l’on flotte, et l’on se laisse porter au gré des bourrasques. La folie tourne et tourne, enroulée dans un tourbillon d’ivresses et d’angoisses diverses, mais tout cela répété avec une constance, une insistance, un entrain roboratifs, pour qu’enfin l’on parvienne à la “Spéciale Dernière”, au Grand Tout enfin catastrophique. Chacun, nous nous trouvons emportés comme dans une sorte de Java du Diable, comme si Trenet l’avait remise au goût du jour de la postmodernité...
« Un jour le diable fit une java
« Qu’avait tout l'air d'une mazurka
« Valse à trois temps, il ne savait pas
« Ce qu'il venait de composer là
« Aussitôt la terre entière
« Par cet air fut enchantée
[...]
« Le mal gagna, c'est trop affreux
« Il lui fallait pour son empire
« Jusqu'au pôle Nord et la Terre du Feu
« Mais le plus terrible ravage
« Fut dans le monde des banquiers
« Où la grande java sauvage
« Fit des victimes par milliers
« “Un, deux, trois, quatre
« Un, deux, trois, quatre”
« Hurlaient New York et Chicago
« L'or se vendit au prix du plâtre
« Et le cigare au prix du mégot
« Puis un jour tout devint tranquille
« On n'entendit plus de java
« Dans les champs et dans les villes
« Savez-vous pourquoi?
« Parce que le Diable s’aperçut
« Qu'il ne touchait pas de droits d’auteur
« Tout ça c’était de l’argent de foutu
« Puisqu’il n’était même pas éditeur
[...]
« Allez, remportons notre musique
« Et retournons en enfer »
“Retourner en enfer” ? Allons, ce n’est en rien nécessaire... Le diable n’a nul besoin de retourner en enfer puisqu’il y est déjà. Il lui suffit de se retirer dans sa maison de campagne, quelque part dans l’Engadine de Nietzsche ou dans la somptueuse Transylvanie, une sorte de château un peu dans le style-Dracula. Il y passe un week-end pour se remettre, et même un week-end de trois jours avec le MLK Memorial Day, lui aussi pour bien retenir son souffle ; ensuite il avisera, histoire de voir ce que les sapiens-banksters vont faire de sa java.
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