GW mérite-t-il d’être destitué s’il attaque la Syrie ?

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GW mérite-t-il d’être destitué s’il attaque la Syrie ?


15 avril 2003 — Une crise extrêmement grave couve au sein de l’establishment washingtonien. Un signe indubitable, c’est cette déclaration de Lawrence Eagleburger, faite le 13 avril à la BBC, et retranscrite dans un article de The Independent, d’ailleurs d’une façon assez anodine. (C’est le site Common Dream qui a mis en exergue cette partie de l’article de The Independent, qui se trouve en fin d’article, et cela nous a alertés bien sûr.)

Eagleburger, ancien adjoint de Kissinger au département d’État (et actuel associé de Kissinger dans Kissinger Associates, cabinet de consultants), ancien secrétaire d’État pour un temps très court sous Bush-père, ne fait rien moins que suggérer qu’en cas d’attaque de la Syrie, GW Bush devrait être soumis à une procédure d’impeachment (destitution). Voici le passage :


« Lawrence Eagleburger, who was US Secretary of State under George Bush Snr, told the BBC: “If George Bush [Jnr] decided he was going to turn the troops loose on Syria and Iran after that he would last in office for about 15 minutes.In fact if President Bush were to try that now even I would think that he ought to be impeached. You can't get away with that sort of thing in this democracy.” »


Après la querelle au sein de la droite conservatrice, que nous avons signalée par ailleurs, cette déclaration de Eagleburger confirme la possibilité que les projets d’attaque de la Syrie déclenchent une crise intérieure très sévère à Washington. Nous ne lions pas les deux événements ; nous voulons simplement montrer combien ces projets inspirés par les néo-conservateurs soulèvent des réactions extrêmement vives dans différents milieux du monde politique US. Eagleburger n’a rien à voir avec les “paléo-conservateurs” qui sont attaqués par les néo-conservateurs pour refuser leur soutien à la politique agressive de GW, et accusés d’anti-patriotisme pour cela. Il se trouve que des milieux politiquement très différents réagissent dans le même sens, et c’est le signe de la gravité du fait même (l’attaque projetée de la Syrie), et cela commence à déstabiliser tout le monde politique américain.

L’intervention de Eagleburger ne peut être considérée comme faite à la légère. On pèse ce genre de parole. Eagleburger est un homme du sérail, de l’establishment, qui reste proche de Kissinger et, indirectement, de Bush-père. Ce qu’il dit n’est pas loin d’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, y compris Kissinger sans doute, — y compris Bush-père peut-être ? Un autre point à suivre, dans ce contexte, que nous avons déjà commenté mais qui prend désormais une résonance singulière, c’est la position de Rumsfeld. Le secrétaire à la défense est certes un ultra-faucon mais il reste assez proche des milieux où gravitent des gens comme Eagleburger. Y a-t-il rupture entre lui et eux, ou, au contraire, y a-t-il une possibilité que la position des uns influe sur la sienne ?

Cette question générale à Washington est un point absolument essentiel. L’ultime rempart contre le déchaînement de la politique expansionniste et agressive de l’actuelle direction, — un président de faible personnalité complètement sous influence d’un groupe d’extrémistes — c’est effectivement la situation du monde politique washingtonien. Une crise peut freiner la politique expansionniste, et même renverser la position des néo-conservateurs. Elle peut aussi, — et c’est là un autre risque considérable, — conduire à une crise grave, voire à une crise de régime et du système à Washington.