Fuck the bannière étoilée

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

   Forum

Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 4998

Fuck the bannière étoilée

5 juillet 2020 – Hier c'était le vrai-4 juillet, je veux dire celui de l’Amérique véridique d’aujourd’hui, celui qui ferait un sinistre pendant au titre du film d’Oliver Stone (‘Born a Fourth of July’) pourtant lui-même d’un contenu bien crépusculaire et cruel, – et alors, aujourd’hui, ce serait ‘Dead a Fourth of July’... Cette fois, ce n’est plus un ancien combattant du Vietnam amputé des deux jambes et devenu contestataire, mais bien d’un pays qui se révèle tel qu’il fut, simulacre complet, avec l’‘identité’ de ses citoyens à mesure.  

Mais je reviens un peu en arrière avant d’aller au vif... Le 2 juillet, RT.com donnait une nouvelle concernant la Ligne Nationale de Football (NFL), stupide et couarde comme toutes les institutions en place aux USA actuellement, qui aurait envisagé, pour plaire au BLM (Black Live Matter) et surtout être dans la ligne du dévastateur PC (Politiquement-Correct), de faire jouer au lieu de l’hymne national au début de chaque match, un “hymne national Noir” (*) : « La rumeur selon laquelle la Ligue nationale de football prévoit de jouer l’‘hymne national noir’ avant le premier match de la prochaine saison n’a plu à personne, les gens considérant que cela est source de division ou que cela ne va pas assez loin pour lutter contre le racisme. »

Mais le contenu du texte n’est pas tant ici le centre de notre intérêt, qu’un contexte utile pour introduire une remarque d’un lecteur de ce même texte qui nous semble parfaitement juste, qui rencontre absolument ce que nous pensons de l’‘identité américaine’, cette sorte d’‘Objet Fuyant Jamais Identifié’ comme quasiment inexistant et pour moi simulacre de simulacre, comme il était décrit par exemple dans ce texte du 6 janvier 2012 sur « Le paradoxe d’Appomattox ».

(Plus encore pour nos circonstances en-cours et illustrations de crise, – comme il est remarquable que tout y mène aujourd’hui aux USA, – le texte met en scène la rencontre des généraux Grant et Lee en avril 1865 pour la capitulation du second, alors qu’aujourd’hui les statues des deux [même Grant !] volent en éclats sous les attaques d’une populace en colère qui a décidé d’“annuler” “toute culture” [“Culture Canceled”], et finalement “annuler” également le passé dans son entièreté.)

Le lecteur-commentateur se nomme Sergio Wagel et il écrit à propos de cette controverse sur l’hymne national : « Ce qui apparaît clairement ici, c’est le peu de substance que possède l’‘identité américaine’. Il s’agit essentiellement d'un ensemble de postures et de symboles fantomatiques (l’hymne national, le drapeau, l'histoire politiquement correcte ; même la Constitution n’est qu’un symbole) ; on y ajoute une constante et prédatrice course au suprémacisme social et financier, et un consumérisme exubérant. La société américaine a toujours été maintenue dans un tel état de ségrégation de tous les groupes, d’une façon telle que les réalités de la vie des différents groupes sont totalement étrangères les unes aux autres. Il est certain que ce problème ne peut pas être résolu par des postures encore plus fantomatiques ou par le renversement de statues. »

... Cette longue introduction pour vous conduire à la description de la façon dont fut fêté ici et là aux USA, le 4 juillet 2020. Selon  le même RT.com, qui reste le grand réseau le plus sûr pour les informations, le reste étant un amoncellement puant de presseSystème figée dans ses grossiers simulacres, l’un des sommets de cette célébration fut la combustion furieuse d’un certain nombre de bannières étoilées sur la place (renommée grâce à la diligence de la maire de D.C. Black Live Matter Plaza) qui se déploie sous le regard de la Maison-Blanche : « ‘F**k the American flag’: WATCH BLM protesters stomp on & BURN US flag outside White House (VIDEO). »

On ajoutera que la scène de désacralisation des bannières étoilées fut également marquée par des affrontements surtout verbaux, parfois avec quelques bousculades et horions, entre BLM de diverses tendances, des membres du Parti Communiste US, de divers gauchistes et Antifa, “anars” & Cie. Ainsi était déployé le spectacle de l’Amérique d’aujourd’hui, qui ne fait que nous jouer, et rejouer, et surjouer “le roi est nu”, puisque cette mise à nu nous restitue la profonde vérité-de-situation des USA depuis l’origine, avec ces deux composants : le désordre par absence anarchique d’unité et le grossier simulacre qu’est l’identité américaine signalant l’impuissance de créer une identité américaine.

Ces gestes qui étaient il n’y a pas si longtemps l’objet de terribles polémiques et de réactions indignées devant une telle désacralisation, et même d’actions en justice à la suite d’actions policières, sont devenus aujourd’hui la norme des USA, – le ‘New Normal’, en l’absence d’ordre, de police, d’autorité, etc. Le ‘New Normal’ semble être aux USA le paroxysme d’une nouvelle normalité qui parcourt toute la ‘civilisation occidentale’ (ditto, le bloc-BAO), avec la France bien placée, comme suite de l’étrange et finalement extraordinaire conflagration que fut pour les structures du Système (« Déstructuration des structures déstructurantes ») la crise-Covid19.

Tout cela est accompagné, je reviens là-dessus car l’on n’en a pas assez dit à ce sujet, sur la stupéfiante couardise des dirigeants-Système, en général accompagnée d’une abyssale connerie. J’ai à l’esprit, disant cela, cette intervention d’un de nos plus brillants esprits dans cette cohorte, le ministre-bouffe Castaner, lorsqu’il fait cet éloge patelin et presque stupéfié de l’affectivisme, – pourvu que cela soit dans le sens de la déstructuration et de la déconstruction, – sans s’apercevoir, le pauvre, que cela revient effectivement à la « Déstructuration des structures déstructurantes » ; donc, cela se comprend bien lorsque Bouffe-Castaner nous dit le 9 juin, face au terrible Bourdin alias-‘les-Français-veulent-savoir’, que les manifestations (il parlait “au fond” des seules manifs-BML de la marque ‘Antiracisme’) « ne sont pas [autorisées] dans les faits […] mais l’émotion mondiale, qui est saine sur ce sujet, dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent ». Ecce Homo, les Bouffes-Castaner en spectacle permanent...

Terrible époque, certes ! Guy Millière donne un texte au Gatestone Institute, où il se lamente de ces attaques lancées contre ce qu’il y a de plus sacré aux USA, contre l’archétype même du sacré que sont les USA eux-mêmes, terminant par cette objurgation finale...

(Avant que cela soit dit, j’observe benoîtement que Monsieur Guy Millière est, selon les termes mêmes du Wiki, un « essayiste néo-conservateur », mais french certes, qui n’a cessé de soutenir les USA et le système de l’américanisme depuis son adoration initiale pour Reagan, transmutée pour ce cas en adoration pour The-Donald. On voit où l’on se met les pieds gauches.)

« Dans un discours prononcé le 6 juillet 2017, le président américain Donald J. Trump a déclaré :
» “La question fondamentale de notre époque est de savoir si l'Occident a la volonté de survivre. Avons-nous la confiance en nos valeurs pour les défendre à tout prix ? ... Avons-nous le désir et le courage de préserver notre civilisation face à ceux qui voudraient la subvertir et la détruire ?"
» Bonne question. »

C’est vrai, ça, quelle bonne, si-bonne question... Voulons-nous défendre la civilisation de ‘nos valeurs’ et les ‘valeurs’ de notre ‘civilisation’ ? Le fric, Wall Street, la destruction du monde, l’hyper-individualisme, la désacralisation des âmes au profit des simulacres-bouffe (drapeaux, hymnes, grandes marques-Corporate et GAFAM, l’Art Contemporain, Hollywood et Disneyland, la bouffe-Bouffe à l’OGM, le F-35 et l’OTAN, le Boeing 737Max et Bolsanaro perdu dans la forêt amazonienne déforestée), – et par-dessus tout cela, la laideur, esthétique et psychologique, totalement, absolument triomphante ? Tout cela, suivant les consignes de Trump, en oubliant effectivement pourquoi ce brave homme est là... A ce propos, je vous dirais comme vous l’avez deviné que je préfère Orlov à Millière pour mettre en perspective le président Trump, sauf que j’y vois une bonne analyse à peine ironique, plutôt qu’une blague : « Une blague qui fait le tour des Russes ces jours-ci est que l’agent du Kremlin Donny Trump a reçu deux mandats présidentiels pour détruire l’Amérique et a réussi à le faire en un seul. »

Enfin, pour terminer et mettre les choses sacrées à leur vraie sacrée place, et rendre à Dieu ce qui est à Dieu... De plus en plus pour comprendre ce qui se passe, il importe de tenir ce cher virus-Covid19 comme la clef de tout, le Graal de la GCES, la divine surprise à laquelle nous devons tous rendre nos grâces. Covid est le plus efficace “fléau de Dieu”, superbement adapté à la postmodernité, incroyable fouteur de désordre, absolument déstabilisant, subtilisant pour faire s’effondrer le tout l’atout (trump) de cette house of cards, château en Espagne mais château de cartes qu’est notre civilisation-Système ; c’est-à-dire “fléau de Dieu” portant bien et foutrement bien plus sur la communication dont nous dépendons tous, que sur le jeu “de la vie et de la mort” que furent dans les temps anciens les versions obsolètes des “fléaux de Dieu”, avec les pandémies et virus du passé.

...“Fléau de Dieu” pour la civilisation-bouffe des sans-Dieu.

 

Note

(*) Avez-vous remarqué cette majuscule à ‘Noir’, pour une fois qui n’est pas une coquille du père PhG ?  ‘M’ à ‘Noir’ mais ‘B’ pour ‘Black’ pour la couleur locale, contre minuscule au ‘b’ de ‘blanc’, ou ‘w’ de ‘white’, selon l’orthographe révisée du New York Times, autre institution exemplaire de stupidité et de couardise avec l’hystérie en plus pour faire prendre la mayonnaise. Bref, ‘Les Précieux ridicules’, mais du type transgenre.

Du Figaro-Vox du 3 juillet 2020, interview de Charles Consigny :

FigaroVox.- « Vous vous êtes insurgé sur Twitter contre cette décision du New York Times d’écrire ‘Black’ avec une majuscule et ‘white’ avec une minuscule. Pourquoi ? »

Charles Consigny.- « Le simple fait qu’ils se posent cette question me paraît lunaire. Je pense que le New York Times, comme toute une partie de la gauche américaine et des médias américains, se sont perdus dans une espèce de dérive progressisto-autoritaire, autoritaro-progressiste, facho-progressiste, qui est inquiétante. Mais en même temps, il y a un côté comique: ils poussent la dévotion jusqu’au ridicule... »