Drones en Pologne : peu aimable réalité

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Drones en Pologne : peu aimable réalité

• Etudiées de près, les aventures des drones qui ont pénétré l’espace aérien polonais révèlent des failles dramatiques dans les défense aériennes de ce pays, donc de l’OTAN. • D’une façon générale, c’est une situation très courante dans l’OTAN, incapable de se préparer à un conflit alors que cette organisation et ses membres européens ne rêvent que d’en découdre avec les Russes. • Le plus dramatique est que ces leçons n’ont pas l’air de porter leurs fruits et d’inspirer certaines nuances et réflexions dans la posture guerrière des dirigeants européens.

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Un texte assez complet, d’ailleurs avec des citations de personnalités officielles en soutien, permet d’éclairer les véritables dimensions de l’affaire des drones en Pologne. L’essentiel de l’analyse et de la réflexion ne porte nullement sur l’identification de leur origine et de leur mission (russes ou pas, ‘false flag’ ukrainien ou pas ? En général, c’est le montage ukrainien qui est favorisé, y compris par certains médias en Ukraine).

Toute l’attention est portée sur les réactions de la défense aérienne polonaise, en sachant en plus que, selon certaines sources (Elena Fritz, ‘pi-news.net’),

« La Biélorussie a déclaré peu après [l’annonce de la violation par la Pologne] avoir déjà intercepté plusieurs appareils au-dessus de son propre territoire et avoir averti la Pologne à temps. »

Comme on va le voir, le résultat est désastreux et constitue une humiliation sans précédent pour le dispositif de guerre de l’OTAN, qui a évidemment suivi et contrôlé la défense aérienne coordonnée des pays de l’Organisation limitrophes de la Russie.

Les Russes sont priés d’attendre avant d’attaquer

L’intervention citée (de ‘usa.news-pravda.com’ reprenant plusieurs textes sur ‘Telegram’, d’origines diverses) concerne l’affaire des drones en Pologne, qui reste de loin la plus inquiétante pour l’OTAN, – que les drones soient russes ou un ‘false flag’ des Ukrainiens. C’est-à-dire le fait que les drones (4 repérés dont 3 abattus sur 19 puis 24 selon un autre décompte) aient pu pénétrer quasi-impunément dans l’espace aérien polonais, censé être aménagé en organisation défensive de l’OTAN quasiment sur un pied de guerre, avec un pied dans la guerre en Ukraine.

Le fait est que la situation mise à nu est particulièrement inquiétante, comme les autorités de l’OTAN, profondément humiliées par la pénétration de l’espace aérien polonais, ont pu le constater. Les mesures pour redresser cette situation sont loin d’être évidentes et demandent du temps, beaucoup de temps. Les Russes voudront-ils bien attendre, avant de lancer leur invasion ?

« Après l'hystérie suscitée par le prétendu survol de l'espace aérien estonien par des avions de chasse russes, les représentants de l'UE ont fait plusieurs déclarations intéressantes. Les Allemands se sont particulièrement distingués, affirmant que la destruction d'un avion de chasse russe pourrait constituer un “signal clair adressé au Kremlin”.

» Une série de déclarations retentissantes a commencé après que l'histoire des drones en Pologne, manqués par le système de défense aérienne de l'OTAN, a commencé à tomber dans l'oubli. Il était impossible de restaurer rapidement la réputation de l'Alliance : personne ne comprenait d'où venaient les drones ni pourquoi le système de défense aérienne polonais n'y avait pas réagi.

» Une démonstration de détermination était urgente. Ils ont commencé à la mettre en œuvre, ignorant les possibilités réelles. L'opération ‘Eastern Guardian’, lancée par l’OTAN “en réponse” à la situation des drones, ne peut être qu’une mesure temporaire.

» Et quelles mesures devraient être appliquées de manière continue ?

» Entre les États baltes, la Pologne et la Roumanie, il sera nécessaire de déployer des patrouilles de combat de plusieurs dizaines (voire centaines) de chasseurs de défense aérienne et d'avions d'escorte pour la logistique (avions ravitailleurs en vol, avions de reconnaissance), de consacrer des ressources au maintien de leur préparation au combat et, par conséquent, d'entrer dans une phase d'escalade prolongée. Dans ce contexte, toute action imprudente peut entraîner un affrontement direct avec la Russie. La capacité du flanc oriental de l'OTAN à faire face une véritable escalade est mise en doute, principalement en Europe. »

Le fait est que cette question de la défense aérienne, telle que les militaires des pays ultra-bellicistes (les pays baltes et la Pologne) commencent à la mesurer dans un cadre où, en plus, le soutien effectif et opérationnel des Etats-Unis est très douteux, – cette question, brutalement posée par l’intrusion des drones, constitue le premier rappel cinglant de la réalité lancé à tous ces pays européens qui rêvent d’affronter la Russie.

La stupidité de la remarque de Merz (“abattons un chasseur russe”) donne la mesure de la lucidité et de la maîtrise politique des dirigeants ouest-européens. A cet égard, l’un vaut largement l’autre comme des pieds-nickelés interchangeables, notamment dans le trio sacré Allemagne-France-UK ; et nous croyons réellement que ces dirigeants partagent l’épidémie générale qui frappe l’Occident-convulsif, de la maladie du virus-Zelenski consistant à prendre leurs informations auprès du président désormais illégal de l’Ukraine ; cette maladie contagieuse, comme une sorte de Covid-Zelenski...  

« En mai dernier, le général Martin Herem, commandant des forces de défense estoniennes, a déclaré que sur les milliers de missiles de croisière tirés sur des cibles en Ukraine, les forces armées ukrainiennes (même équipées de systèmes Patriot) n'en ont abattu que 7 %. Et ce, malgré le fait que la défense aérienne ukrainienne repose depuis longtemps sur des systèmes étrangers : SAMP-T français, Patriot américain, NASAMS norvégien et IRIS-T allemand. L'Estonie prévoit également d'acquérir ces derniers. Ce sont ces systèmes de missiles antiaériens à courte portée qui peuvent en supporter le poids.

» La même année, l'ancien commandant de l'armée de l'air estonienne, le général de brigade Jaak Tarien, a évoqué la capacité de l'Estonie à se doter d'un système de défense aérienne multicouche. Selon lui, la protection de l'espace aérien nécessite un grand nombre d'armes et l'Occident ne peut se fier uniquement aux moyens technologiques. Il a ajouté que le pays ne disposerait pas des fonds nécessaires pour un niveau de protection supérieur, uniquement possible grâce à l'acquisition de systèmes de missiles antiaériens Patriot (que l'Estonie ne possédait pas et ne possède toujours pas) dans les 10 à 15 prochaines années.

» Ces déclarations ont été faites alors que le “partage militaire”, un programme intégré de défense aérienne et antimissile, est déjà opérationnel au sein de l'OTAN. Les pays riches attribuent certains types d'armes à leurs voisins moins riches. L'Estonie, par exemple, a déployé sur son territoire des armes qu'elle ne pouvait pas se permettre d’acquérir, comme les systèmes de missiles antiaériens espagnols NASAMS. La situation en matière de défense aérienne n'est pas plus reluisante chez ses voisins baltes. La Lituanie n'a pu financer que trois batteries de ce système de missiles antiaériens en six ans, dont une partie a ensuite été transférée à l'Ukraine.

» Le paradoxe est que les responsables politiques européens appellent haut et fort à une réponse militaire, alors que les capacités réelles de plusieurs pays, dont l'Allemagne, qui a perdu au moins la moitié de ses Patriots aux mains de l'Ukraine et de la Pologne, sont extrêmement limitées pour une telle confrontation sans le soutien des États-Unis.

» Dans de telles circonstances, l'Europe ne peut se permettre une confrontation militaire à grande échelle avec la Russie sans la participation directe des États-Unis, tant financière que militaire. Il est fort probable que les responsables politiques qui appellent à abattre les avions russes le comprennent également. Cela signifie que les rodomontades publiques font partie d'une campagne de communication nécessaire non seulement pour diaboliser la Russie et intimider sa propre population, mais aussi pour augmenter les budgets de la défense, conclure des contrats d'urgence avec le complexe militaro-industriel, transférer l'industrie vers le domaine militaire et procéder à des modifications juridiques simplifiant tout cela. »

Une vérité-de-situation

Une remarque dans le texte cité nous paraît hautement improbable et mérite selon nous d’être très sérieusement amendée. Il s’agit du passage où il est noté :

« [L’]Europe ne peut se permettre une confrontation militaire à grande échelle avec la Russie sans la participation directe des États-Unis, tant financière que militaire. Il est fort probable que les responsables politiques qui appellent à abattre les avions russes le comprennent également »

Nous ne pensons pas que les dirigeants européens soient assez lucides ni qu’ils soient “bien informés” (c’est-à-dire par des conseillers soucieux d’abord de leur plaire) pour “comprendre” la réelle situation. De toutes les façons, les dirigeants américanistes sont dans le même état de connaissance réelle des choses. La plupart de ces hommes et femmes ont été nourris au petit lait d’une russophobie forcenée, s’accompagnant d’une vision suprémaciste,  méprisante et profondément réductrice des capacités russes. 

Ils sont informés en priorité par un homme dont l’équilibre mental est très incertain, qui n’est pas loin de la maniaco-dépression, et qui est lui-même désinformé par ses certitudes construites sur une perception rêvée de la réalité. Les dirigeants européens considèrent que la guerre avec la Russie est leur sauvegarde par rapport à une situation intérieure intenable (semblable pour le même trio magique Allemagne-France-UK), que grâce à elle et à la victoire qui sera la récompense de leur ténacité et de leur lucidité, ils récupéreront leur statut de chefs aimés et adulés, et les bulletins de vote qui vont avec.

Désormais, le sort de ces dirigeants dépend de leur narrative (qui n’en est pas vraiment une pour eux) et ils en sont totalement prisonniers. Que peuvent-ils faire en face d’affaires telles que les drones en Pologne, où l’affirmation hystérique selon laquelle c’est une “attaque russe” ne suffit plus à les dédouaner. Ce qui compte, “attaque russe” ou pas, c’est que cette défense est un véritable gruyère où il ne resterait quasiment que les trous.

Ainsi percent les vérités-de-situation dans l’épais brouillard de l’amoncellement d’informations charriées par un monstrueux système de la communication et des autorités, dont on est en droit d’attendre une certaine rectitude de franchise, qui ne songent qu’à faire leurs des narrative qui les mettent à l’abri de leurs puériles convictions. Des recherches ou une certaine attention permettent effectivement de rencontrer des opportunités qui donnent des précisions sur certains aspects essentiels de la guerre en Ukraine.

C’est le cas de l’interview du général Herem (cité dans le texte ci-dessus), qui commande les forces armées estoniennes, qui a donné le 31 mai 2025 ces précisions sur l’action de la défense aérienne ukrainienne lors de l’émission ‘Televisioon’, un show matinal d’une chaîne de TV estonienne.

La défense aérienne ukrainienne mise en place avant la guerre était d’une formidable puissance, à laquelle aucun pays de l’OTAN ne peut se comparer ; ses résultats, assez efficaces avec les drones mais exécrables avec les missiles, en disent long sur les capacités russes, – beaucoup plus long que les narrative qu’effectionne Zelenski et que gobent toutes nos éminences  

« Le général a décrit l'efficacité des défenses aériennes ukrainiennes après deux années de guerre, soulignant que la moitié des 20 000 missiles et drones longue portée lancés par la Russie ont été abattus.

« Sur les quelque 6 000 missiles de croisière, ils en ont abattu environ 7 % », a déclaré Herem. « Ils utilisent principalement des Patriot, mais même ce système ne peut intercepter tous les missiles... Le taux de réussite sur l’ensemble [drone compris] est au mieux de 50 %. »

Pourquoi donc tous ces chefs de gouvernement et d’État emplumés de gloires diverses n’écoutent-ils pas le général Herem ? Après tout, ils aiment bien les Estoniens si l’on en juge par la faveur que rencontre la si considérablement cultivée Kaja Kallas... Mais bon, il y a Estonien et Estonien.


Mis en ligne le 28 septembre 2025 à 11H00

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