De l'or pour les braves

Faits et commentaires

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 619

De l’or pour les braves


1er février 2003 — Jim Lobe, l’excellent commentateur du Committe Against the Present Danger, signale dans un article du 28 janvier la lettre que les néo-conservateurs (extrême-droite interventionniste US) ont fait parvenir au président GW Bush le 23 janvier, pour lui suggérer une très forte augmentation du budget de la défense (DoD). Le chiffre avancé est de $70-$100 milliards en plus.


« To rebuild, transform, and man our military adequately for its many missions and responsibilities, defense spending will need to be increased by an additional $70 to $100 billion. This would bring defense expenditures to 3.8% - 4.0% of GDP in 2007. Less than a nickel on the dollar for American security in the 21st century is cheap at the price. We urge you, Mr. President, to make it a legislative and budgetary priority to increase defense spending to these levels over the next few years in order to ensure that the security challenges we face are met. »


Cette démarche ne peut surprendre. On avait déjà signalé cette tendance, dès la fin de septembre dernier, lorsqu’un des dirigeants de Wall Street proposait une telle augmentation. Depuis, et d’une autre façon, la question est redevenue d’actualité, la crise coréenne révélant les faiblesses des forces armées US ; là-dessus, le néo-conservateur Max Boot, choisissant le même argument (l’argument coréen), plaidait pour l’augmentation budgétaire, et l’on retrouve sa signature au bas de la lettre à GW Bush.

Cette fois, les neocons lient spécifiquement cette augmentation budgétaire aux futures tâches qui attendent l’Amérique : la Corée du Nord, l’Iran, la Chine, the axe of evil s’étant enrichi d’un joli poisson chinois de taille considérable. Là aussi, argument sans surprise, comme est sans surprise cette montée de la tension qu’on relève ainsi, cette hystérie des ambitions géopolitiques et des moyens qui s’y rapportent. Une logique de la “fuite en avant” conduit ces gens, se retrouve chez GW, et même parfois chez Blair lorsque l’agacement devant les critiques de ses parlementaires le pousse à annoncer que la Corée du Nord est “la prochaine sur la liste”, et après ce sera “et ainsi de suite” (« We stop when the threat to our security is properly and fully dealt with »). Voici ce que Lobe nous dit de ce passage de la lettre :


« The letter enumerates the challenges that U.S. power must address, noting that the ouster of the Taliban in Afghanistan was "an essential first step" and that "an overwhelming military coalition (is) now ready to end the threat of Saddam Hussein's regime in Iraq."

» "Removing Saddam is but the first step toward reconstructing a decent government in Iraq and carrying out your strategic vision for the Middle East. Other rogue states remain a major problem. Indeed we now confront the two-war scenario: Even as we deploy forces for war against Iraq, North Korea has abrogated its agreement to terminate its nuclear weapons development and threatens war if it is not appeased. The third member of the 'axis of evil,' Iran, has likewise stepped up its nuclear efforts."

» It notes that the stabilization of Afghanistan remains to be secured, while "the war is also carrying U.S. troops across the border into Pakistan." In addition, Washington has committed itself "to a long-term military presence in Central Asia," while attacks in Bali and in the Philippines "show how this war has spread to Southeast Asia."

» The letter to President Bush goes on to note that "In East Asia, China, as your own administration says, is 'pursuing advanced military capabilities that can threaten its neighbors'--our democratic allies--and derail its own internal political and economic modernization. With U.S. troops stretched as they are, it is a serious question of whether we could respond adequately to a Korean crisis or a sudden confrontation in the Taiwan Strait." »


Dans l’état d’esprit actuel, il y a toutes les chances pour que ce conseil d’augmentation du budget soit entendu, que l’administration GW considère une telle augmentation. Ce bon accueil vaut pour la “bulle” virtualiste washingtonienne. Pour le reste, c’est différent, et il y a beaucoup de considérations qui sont autant d’obstacles : une telle augmentation augmenterait vertigineusement le déficit budgétaire US ; la poursuite des “conquêtes” bushiste après l’Irak suppose que la guerre irakienne soit déclenchée comme prévu, se passe bien, que l’après-guerre soit à mesure et ainsi de suite ; enfin, il n’est pas sûr que les militaires eux-mêmes soient preneurs d’une telle augmentation qui aura surtout pour effet de les mettre complètement dans les mains des extrémistes washingtoniens par le bviais de nouvelles aventures dans lesquelles on les lancerait.

Enfin, dernier point à signaler, que Lobe ne manque pas de mettre en évidence, la présence parmi les signataires des désormais habituels proches de Lockheed Martin (LM), ce qui fait de LM, de façon indirecte, un conseiller particulièrement éclairé de la stratégie d’emploi des armes que cette société contribue vastement à concevoir et à produire. Chaque jour nous montre un peu plus ce phénomène de l’inter-conexion intime entre l’administration GW Bush et les lobbies chargés de l’influencer.

Voici le détail que donne Lobe des principaux signataires de la lettre, avec fonctions et affiliations : « In addition to Kristol, Decter, Podhoretz, and Kagan, other signers included several neoconservative academics, including Kagan's father, Donald, and Eliot Cohen, whose most recent book, Supreme Command, was reportedly at the top of Bush's reading list this summer; former senior Lockheed executives Thomas Donnelly and Bruce Jackson; former CIA director R. James Woolsey; a number of AEI associates; the head of the Committee for the Liberation of Iraq, Randy Scheunemann; former Defense Secretary and Carlyle Group director, Frank Carlucci; Christian Right activist Gary Bauer; Center for Security Policy chief Frank Gaffney; and Chris Williams, described by the Weekly Standard as Rumsfeld's "right-hand man" during his first year at the Pentagon. »

Donations

Nous avons récolté 1620 € sur 3000 €

faites un don