Bras d’honneur de Bibi à BHO, – et BHO qui ne prend plus de gants

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On peut effectivement croire que le “dialogue” USA-Israël est d’ores et déjà entré dans une phase de franche canonnade. Les deux pays, écrit Tim Reid, du Times de Londres ce 29 mai 2009, sont “verrouillés” dans «their most bitter disputes for decades». Bibi Netanyahou a brutalement rejeté la demande du président Obama d’arrêter la construction d’implantations de colons juifs sur la rive occidentale. La riposte, comme on dit, ne s’est pas faite attendre, – par la voix glacée d’Hillary Clinton, madame la Secrétaire d’Etat, faisant défiler une suite d’affirmations d’une fureur à peine rentrée à l’encontre du premier ministre israélien.

«Mrs Clinton, using the bluntest public language towards Israel for years, said that when Mr Obama met Binyamin Netanyahu, the Israeli Prime Minister, in Washington a fortnight ago, he had been “very clear” that there should be a stop to all building and expansion of settlements.

» “He [Obama] wants to see a stop to settlements — not some settlements, not outposts, not ‘natural growth’ exceptions,” Mrs Clinton declared — a reference to Israel’s insistence that new construction was necessary to accommodate the growth of families already living in existing settlements.

»Mrs Clinton, whose husband Bill failed to forge a Middle East peace deal during his presidency, added: “That is our position. That is what we have communicated very clearly.” The aggressive tone towards Israel marked a rare rebuke from Washington towards one of its closest allies. It appeared to reflect a decision by Mr Obama to try to change the behaviour of Mr Netanyahu’s Government.»

Tout cela est calculé, calibré, mesuré au millimètre, – soit, mais justement... Il y a une volonté manifeste, du côté US, de réagir avec la plus extrême fermeté. Le ton de l’algarade dépasse désormais le sujet, même si ce sujet est le brûlot idéal pour le développement de telles algarades. On s’arrêtera surtout à cette volonté arrêtée, pour l’instant affirmée de la plus claire des façons, de ne rien faire pour apaiser la querelle, – on parle du côté US.

Quelles sont les positions? Du côté israélien, Netanyahou est peut-être habile, mais il est lui-même bloqué dans un gouvernement de la droite extrême, allié à des partenaires qui sont à l’extrême droite de cette droite extrême. C’est dire si les sourires contraints de Washington, le 18 mai, ont fait place à des affirmations brutales, à un rejet sans compromis des demandes US. Du côté US, on accepte l’épreuve de force, ou plutôt on fait d’une querelle une épreuve de force. C’est une tactique comme une autre, sans aucun doute, sauf qu’on n’est pas habitué du tout à la voir pratiquée par un gouvernement US et que c’est peut-être plus qu’une tactique.

Le démarrage au quart de tour de l’affrontement, du côté US, traduit bien cette “antipathie” que les Israéliens ont ressentie chez Obama, autant qu’une réelle exaspération en général de l’appareil de sécurité nationale US vis-à-vis d’Israël; on croirait que l’administration Obama n’attendait qu’une occasion pour durcir spectaculairement sa ligne. Hillary n’a pas hésité une seconde à traduire l’exaspération de son président, au point qu’on peut se demander si elle-même ne la partage pas. Il y a donc quelque chose d’épidermique dans ces rapports en cours de dégradation entre l’administration Obama et Israël, mais aussi cette irritation épidermique traduisant une hostilité US qui a une certaine profondeur et qui est assez générale, dont on pouvait relever les signes avant-coureurs avant même qu’Obama soit “aux affaires”, et même avec une certaine inspiration de l’ancienne administration dans ses derniers jours. Dans cette affaire, justement, il y a des questions de calculs extrêmement précis, mais il y a aussi une espèce d’attirance vers la confrontation. On commence à envisager l’hypothèse que l’affaire est très sérieuse et que, en la circonstance, les Israéliens, malgré leur hostilité viscérale pour Obama qui les fait se focaliser sur un seul personnage, ou à cause d'elle après tout, ont mal mesuré la profondeur du changement en cours à Washington.

D’ores et déjà, on sent poindre les arguments fondamentaux, qui sont du type de la souveraineté nationale, chez les Israéliens. (On sent cela dans l’attitude de parlementaires de la Knesseth vis-à-vis des pressions US concernant le JSF.) Les Américains, de leur côté, pourraient ressortir leurs arguments de sécurité nationale. Quelle peut être l’action de l’énorme Lobby pro-Likoud (AIPAC) de Washington? Elle pourrait s’avérer moindre que ne l’espèrent Netanyahou et compagnie, si la querelle s’envenime encore. C’est alors que Washington parlera à son tour de souveraineté nationale, et l’on a déjà eu un commencement de surprise en voyant les démocrates au Congrès faire un accueil assez réservé à Netanyahou. L’enfermement israélien dans l’extrémisme, alors que Washington commence à en avoir plus qu’assez de ce conflit israélo-palestinien et commence à le montrer sans ambages, est une position qui va s’avérer de plus en plus délicate à tenir; d'autre part, Netanyahou qui est “bloqué” dans cette position...

Entre Israël et les USA d’Obama, il y a une mécanique de détérioration des rapports qui s’est mise en route, qui dépasse peut-être les intentions des acteurs, qui peut conduire à des tensions d’un type jamais vu encore.


Mis en ligne le 29 mai 2009 à 17H09

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