La Knesseth se démocratise en l’honneur du JSF

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Les questions de l’armement, de l’achat de systèmes US lié à l’aide considérable des USA à Israël, constituent des sujets tabous en Israël, – off limits, dirait-on, pour toute interférence du pouvoir politique légitime. C’est le domaine des forces armées israéliennes, de leurs liens avec le Pentagone, c’est-à-dire le domaine de la sécurité nationale par excellence échappant au contrôle de ce qu'on nomme “le processus démocratique”. Pour cette raison, la nouvelle ci-dessous est exceptionnelle.

On la trouve notamment dans le Jersusalem Post du 27 mai 2009. Il s’agit d’une décision de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesseth d’examiner, dans un état d’esprit particulièrement suspicieux et agacé, le cas du JSF et d’Israël. Une journée sera consacrée à la chose. C’est l’un des membres de la Commission, Nahman Shai, qui a demandé et obtenu cette séance spéciale. Dans sa déclaration, on relève l’affirmation que le JSF, s’il est acheté par Israël aux conditions actuellement présentées par Washington, absorbera toute l’aide militaire US à Israël (sans précision de durée); c’est une indication implicite selon laquelle le Pentagone tendrait à lier la bonne marche de cette aide militaire à la commande du JSF par les Israéliens…

«Shai, a former IDF spokesman, called on the IAF and Defense Ministry to adopt a policy of transparency on their procurement plans. On Tuesday, the Post revealed a report prepared for Congress that claimed the JSF program was years behind schedule and would likely cost more than initially predicted. […]

«“This is a deal worth several billion dollars, and the Knesset should be involved in the decision-making process in an oversight capacity,” Shai said. “This deal will use up all of the foreign military aid we get from the US, and it is important that we be involved in ensuring that the right decision is made.” […] “They are not letting us put our systems in the aircraft, and this is a real punishment, since our advantage has always been to have our own systems inside,” Shai said. “The question then becomes, what is the difference between our plane and the one the Egyptians or the Saudis will get?”»

Cela ne s’est jamais produit. Jamais la Knesseth ne s’est emparé pour un fait d’enquête d’une éventuelle commande israélienne d’un programme militaire US. Cette nouveauté assez peu ordinaire est évidemment due aux conditions extraordinaires que font apparaître les négociations entre les USA et Israël concernant l’achat de 75 JSF pour un coût, estimé aux dernières nouvelles, de $15 à $20 milliards; il y a aussi le cas des restrictions absolument radicales mises par les USA à l’usage et à l’utilisation du JSF par les Israéliens (comme par les autres acheteurs non-US), avec l’interdiction d’intervenir dans la maintenance avancée et la réparation de fonctionnement de l’avion. Tout ce qui est avionique est du seul domaine d’accès des techniciens US, ce qui représente une restriction de souveraineté nationale pour un système de cette importance qui est évidemment sans précèdent.

La question qui se pose à ce point est de voir jusqu’où va aller cette intrusion du pouvoir légitime israélien dans une affaire qui lui est normalement absolument interdite. Quoi qu’il en soit de l’absence de précédent à cet égard, et compte tenu de l’absence de précédent également pour tout ce qui touche au JSF, il n’est pas impossible de voir, en Israël, une évolution comparable à celle qu’on a vue notamment en Hollande, au Danemark, éventuellement en Norvège, avec l’intervention du corps législatif pour réclamer (et obtenir en bonne partie dans les cas hollandais et danois, peut-être norvégien) une attitude beaucoup plus ferme vis-à-vis du JSF.

Dans le cas israélien, les mauvaises relations établies entre les USA et Israël depuis l’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche pourraient encore aggraver la situation. Il y a, dans les jugements de Shai («The question then becomes, what is the difference between our plane and the one the Egyptians or the Saudis will get?»), l’accusation implicite, ou potentielle, que les USA traitent Israël d’une manière de moins en moins privilégiée, y compris pour l’armement. Même si les deux faits (exigences sur le JSF et arrivée d’Obama) n’ont objectivement aucun lien, il est très possibles qu’une polémique politique et parlementaire à Tel Aviv, et les mauvaises relations BHO-Netanyahou, finissent par établir de facto ce lien. On conviendra que l’aspect déstructurant du programme JSF, désormais sur tous les liens d’alliance et de sujétion des alliés des USA avec les USA, est de plus en plus avéré. Il est possible que le Diable, dont on s’apercevrait qu’il est le véritable concepteur du JSF, en rit déjà…


Mis en page le 28 mai 2009 à 13H48