Bagatelles pour un second front

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Bagatelles pour un second front

• Il n’y pas que l’Ukraine. • La tension est vive, sinon vigoureuse, entre la Russie et les USA en Syrie, où les Russes ne semblent pas devoir supporter que la quincaillerie américaniste fasse comme chez elle dans ce pays. • Les Russes y ont été appelés par Assad, les USA s’y sont imposés par la force et en toute illégalité. • Il y a de plus en plus de rencontres hargneuses entre Soukhoi russes et drone US, que les Russes ne cherchent plus à éviter. • C’est un nouvel état d’esprit russe : né en Ukraine, il est fait pour se manifester partout où les USA se trouveront illégalement.

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Et pourquoi pas la Syrie ? Il faut signaler en effet que les avertissements de Poutine répercutés hier sur ce site avaient été présentés comme destinés à l’OTAN conjointement pour les crises ukrainiennes et syriennes (puisque cette dernière semble renaître de ses cendres, mais dans des conditions incendiaires bien différentes). Il est néanmoins juste d’observer que c’est bien et surtout à la suite d’incidents aériens en Syrie où les Russes ont marqué avec agressivité leur territoire pour la troisième fois en un peu plus d’une semaine, que Poutine a explicitement émis ses avertissements. L’attitude très dure de la Russie en Syrie, y compris opérationnellement, où l’on parle clairement d’une volonté russo-syrienne d’en finir avec la présence illégale des USA, n’avait pas manqué, dès la semaine dernière, de susciter un mouvement dit de « panique au Pentagone », selon des sources militaires qu’on espère confidentielles... Le Pentagone est en effet habitué depuis 2015 à une certaine souplesse russe face à ses diverses incursions aériennes.

Cette fois, après le très-sérieux incident d’il y a quatre jours où un Su-35 a endommagé un drone RQ-9 avec l’un des leurres qu’il a largué en vol extrêmement rapproché, l’alarme est bien réelle. Mais tout cela se fait dans des conditions bien inattendues, résumées par un tweet-X de Aaron Maté, commentant un article du Wall Street ‘Journal’ [WSJ] :

« WSJ sur l'occupation américaine de la Syrie :

» Les États-Unis prétendent “combattre les restes” de l’État islamique. Pourtant, les troupes américaines “opèrent dans l'est, loin de l'enclave du nord-ouest où opèrent les dirigeants présumés de l'EI et d'Al-Qaïda”.

» Alors qu'y a-t-il à l'est ? Le pétrole et le blé de la Syrie. »

Effectivement, ‘ZeroHedge.com’, qui reprend le tweet-X de Maté, explore avec intérêt, et les incidents actuels, et les positions US en Syrie, et la façon dont celles-ci sont camouflées par des simulacres dont l’usure jusqu’à la corde finit par faire grotesque, conduisant le WSJ-par-inadvertance à nous donner la vérité-de-situation opérationnelle de la chose. On voit donc imprimée dans un pilier de la presseSystème la vérité sur la présence illégale, escroqueuse et voleuse, rapineuse et trompeuse, racketteuse à la manière du crime organisée, des forces armées des Etats-Unis avec leurs drapeaux claquant au vent d’un pays qui les indiffère.

« Précédemment, nous avons souligné qu'en Syrie, les administrations américaines successives, depuis Obama, ont justifié toutes les actions militaires américaines par la nécessité de “contrer ISIS”, – même si, à ce stade, l'État islamique a depuis longtemps été repoussé dans la clandestinité et a été vaincu. La Russie et la Syrie ont accusé les États-Unis de vouloir voler les ressources pétrolières et gazières de la Syrie, dans le cadre de la guerre économique qui se poursuit contre Damas.

» Il y a quelques jours, le Wall Street Journal a semblé être d'accord avec cette évaluation, dans un aveu rare et surprenant...

» Où sont les terroristes et où se trouve l'occupation américaine ? Le WSJ concède tardivement ce qui suit...

» “Les États-Unis ont encore environ 900 soldats en Syrie qui aident un partenaire local, les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes, à combattre les restes de l'État islamique”, reconnaît le rapport. “Mais ces troupes américaines opèrent dans l'est, loin de l'enclave du nord-ouest où des dirigeants présumés de l'État islamique et d'Al-Qaïda ont opéré.”

» Cet aveu des médias grand public [presseSystème] concernant la province d'Idlib, infestée de djihadistes et située dans le nord-ouest de la Syrie, bien que positif, arrive avec de nombreuses années de retard, comme c'est typiquement le cas pour les vérités gênantes reconnues tardivement. »

Êtes-vous “professionnel” ?

Il est intéressant, sinon instructif, de voir explicitée de la sorte, dans un journal de la presseSystème aussi prestigieux que le WSJ, le comportement de petit voleur à la tire des USA qu’un esprit court et trop vite enthousiaste réduirait à l’exemplaire humanité de son soutien à Zelenski en Ukraine. Peut-être faudra-t-il cinq ans de plus pour lire dans le WSJ ce qu’il faut réellement penser de cette vertu pro-ukrainienne des autorités américanistes.

Par contre, la Russie a changé. En 2015-2016, elle a superbement réussi son opération en Syrie mais elle marchait sur des œufs dès qu’il s’agissait des forces US. Aujourd’hui, quel changement ! La demande d’aide d’Assad pour récupérer des territoires qui appartiennent à la Syrie a rencontré à Moscou un intérêt bienveillant, en même temps qu’elle a fait naître l’idée qu’il ne serait pas mauvais de montrer que les USA peuvent rencontrer, sur deux fronts, des difficultés dont on les croyait dispensés par les dieux.

Les pilotes russes, célèbres pour leur audace et leur goût des manœuvres serrées, sont donc invités à serrer au plus près les drones US, à les arroser de leurres dont le champ électrique brouille complètement leur dispositif de guidage, voire à leur donner un petit coup d’aile pour les faire basculer en perdant leur assiette de vol. Ce comportement “non-professionnel” affole absolument le Pentagone

Plus encore : l’environnement politique, depuis 2015-2016, a été complètement bouleversé. Pourquoi ne pas en profiter en compagnie d’Assad ? Qu’on en juge...

• Assad s’est réconcilié avec l’Arabie, avec l’Égypte et avec le monde arabe, ayant été réintégré dans la Ligue Arabe ;

• Les amitiés iraniennes d’Assad ne sont plus un handicap, l’Iran ayant rétabli de bonnes relations avec l’Arabie ;

• La Turquie voudrait une complète réconciliation avec la Syrie (Erdogan court après un sommet avec Assad) pour obtenir une certaine garantie pour ses milices installées dans le Nord de la Syrie ; Assad est loin d’accepter et, aujourd’hui, la Russie n’en est pas mécontente après le dernier pas de danse d’Erdogan, un peu plus vers l’OTAN et les USA que vers la Russie ;

• Israël est au bord d’une désintégration intérieure, dans une position bien trop délicate pour s’occuper sérieusement de la Syrie ; en outre, la mésentente entre Washington et Netanyahou est totale ;

• Les USA sont toujours en Syrie, certes, mais leur président est ce qu’il est et les présidentielles vont être un exercice de répétition en état de guerre civile.

Dans toutes ces occurrences, les USA se trouvent en délicatesse sinon la main dans le sac. Pour les Russes, c’est à peu près l’inverse, ils sont partout bien vus et ont surtout comme difficulté le choix d’un parti à prendre éventuellement dans l’une ou l’autre querelle entre deux de leurs amis, – ou la difficulté parfois plus facile de n’en pas prendre du tout... Quant à une mise en cause de la présence des gangsters US, ils ne risquent guère le moindre de leurs liens d’intérêt et d’amitié. Personne ne lèvera le petit doigt, – sauf les Kurdes qui ratent tout ce qu’ils veulent et font, – pour suggérer de ne pas trop faire pression sur les USA. “Qu’ils foutent donc le camp !”, – c’est à peu près le sentiment général, y compris dans les émirats et chez les Irakiens dont on n’a pas parlé.

L’art de montrer les dents et les implants

Nous ne savons certainement pas si tout cela est monté d’avance. Nous n’avons pas de ces prétentions, et jugeons d’ailleurs que les dirigeants, même les très-rares qu’on peut encore juger sages et avisés, n’ont pas de telles capacités et laissent jouer les choses, – le hasard pour les uns, l’intuition pour les autres, – et Dieu jugera les siens... Quoi qu’il en soit, cette petite querelle syrienne, qui risque de tourner vilain, est une autre occasion donnée aux Russes de faire savoir que les États-Unis d’Amérique ont désormais perdu leurs vertus d’inculpabilité et d’indéfectibilité dont nous rappelons à chaque occasion combien elles ont servi à fabriquer l’incroyable simulacre de l’‘American Dream’... Par exemple, selon cette explication :

 « Nous avons toujours suivi avec le plus grand intérêt, sur ce site, les caractéristiques de la psychologie de l’américanisme, que nous tenons comme spécifique, “exceptionnelle” dans le sens de n’être radicalement pas comme les autres (ce qui ne signifie nullement dans notre interprétation “supérieure” aux autres types psychologiques, cel va de soi). Il existe aux USA dès les origines un tel usage intensif de la communication pour formater le sentiment du citoyen vis-à-vis de son pays, dans un pays bâti sur la communication et nullement sur la vérité historique, qu’il y a effectivement une véritable création permanente d’une psychologie américaniste typique. Au cours de nos recherches, nous avons isolé deux traits spécifiques de cette psychologie, qui constituent non pas des capacités spécifiques de perception, mais des perceptions imposées à la psychologie américaniste à la différence des autres. Outre le trait de l’inculpabilité qui est le sentiment de l’absence à terme et décisivement de culpabilité de l’américanisme quelle que soit son action, il y a également le caractère de l’indéfectibilité, complément du précédent, qui est la certitude de ne pouvoir être battu dans tout ce qui figure conflit et affrontement. »

Il serait excellent pour la santé des vérités historiques et métahistoriques que les quelques 900 pilleurs de puits de pétrole (la psychologie US préfère ça aux tombes des pharaons, cela se comprend) qui se trouvent au Nord de la Syrie soient obligés de quitter leur squat en y laissant quelques plumes. Cela aurait belle allure, à côté de la réussite contre-offensive des Ukrainiens et l’arrivée en Ukraine au son de ‘Stars & Stripes’ des premiers chars ‘Abrams’ (débarrassés de leurs technologies “sensibles” pour empêcher les Russes de les copier lorsqu’ils [les Russes] les captureront). Qui plus est, il est de notre avis de penser qu’une telle évolution serait bien dans la manière des Russes aujourd’hui, notamment avec un très large élargissement du champ d’action qui montre bien que, pour eux, l’aventure ukrainienne n’est pas un avatar local mais le début d’une nouvelle époque.

... C’est-à-dire, une manière de plus en plus directement contre-offensive, toujours avec habileté et le goût des règles légales. Nous signalons ci-après deux nouvelles qui montrent l’ambiguïté terrible des vérité-de-situation en général, et pour ce qui est des Russes, leur habileté (avec ses choses vraies et ses choses fabriquées) et leur sens tactique au service d’une stratégie établie de longue date.

• La première de ces nouvelles est un message de Medvedev sur son fil ‘Telegram’ (repris par RI) expliquant que si la contre-offensive ukrainienne avait réussi (dans tous les cas jusqu’à maintenant ?!), les Russes auraient dû employer des armes nucléaires ; ainsi nous encourage-t-il à nous féliciter que le soldat russe ait tenu.

« Le chef adjoint du Conseil de sécurité russe, Dimitri Medvedev, a affirmé que Moscou aurait été “forcée d’utiliser des armes nucléaires” si la contre-attaque de Kiev soutenue par l’OTAN avait réussi.

» Medvedev a souligné que “les forces russes, en affrontant les forces ukrainiennes, défendent les citoyens russes et les terres russes et empêchent un conflit mondial”, tout comme “les combattants russes empêchent le feu nucléaire mondial de s’enflammer”.

» Dans un tweet sur son compte Twitter, Medvedev a écrit : “Imaginez si la contre-attaque de Kiev, soutenue par l’OTAN, réussit, et qu’ils s’emparent d’une partie de notre terre. Alors nous serons forcés, selon un décret présidentiel, d’utiliser des armes nucléaires”. »

• La deuxième nouvelle nous paraît encore plus intéressante, notamment parce qu’elle entre dans le domaine des choses concrètes. Le responsable russe des relations avec la Biélorussie a expliqué dans une interview que les armes nucléaires tactiques déployées par la Russia en Biélorussie pourraient être retirées si les USA retiraient leurs armes nucléaires tactiques des pays européens de l’OTAN. “Aucune chance d’aboutir” observerait aussitôt une raison mesurée, et c’est tout à fait juste ; mais un pas en avant des Russes pour tracer une sorte d’équilibre militaire entre les USA et eux, lequel “équilibre” met en évidence combien cette position est illégale du point de vue des USA qui ne sont pas européens, par rapport au point de vue de la Russie, qui est européenne... Au-delà, c’est donc un pas des Russes dans une tactique, à la fois militaire et diplomatique, affichant le but explicité hier de détruire « l’OTAN dans sa conformation et son comportement actuels » ; et de tout cela, nul ne sait ce qu’il peut sortir, et souvent plus vite qu’on ne croit par nos-Temps qui courent si vite.

« Dans une interview accordée à RIA Novosti et publiée lundi, Aleksei Polishchouk, responsable du département chargé des relations avec la Biélorussie, la Moldavie et l'Ukraine, a décrit la décision de la Russie d'installer des armes nucléaires en Biélorussie comme une mesure nécessaire pour renforcer la sécurité de Moscou et de Minsk.

» Polishchouk a déclaré que la Russie avait envoyé des armes nucléaires au Belarus "en réponse aux politiques nucléaires déstabilisatrices menées depuis des années par l'OTAN et Washington, ainsi qu'aux changements fondamentaux survenus récemment dans des domaines clés de la sécurité européenne".

» Toutefois, ces armes pourraient être retirées si les États-Unis et l'OTAN revenaient sur leur politique destructrice, retiraient l'arsenal nucléaire américain de l'Europe et démantelaient l'infrastructure correspondante, a ajouté M. Polishchouk ».

Et Blinken de philosopher...

• ... La dernière nouvelle, non annoncée, est une formule issue du cerveau génial du département d’État à la sauce-neocon, exprimée par un des secrétaires d’État les plus féconds en matière de perception-bouffe des choses stratégique les plus  extrêmes et les plus réelles, – nous voulons dire, entre ce qui est expérimenté, et ce qui est fondamentalement une pure création du système de la communication et de la ‘fantasy’ métahistorique... Parmi les « choses qui sont au premier plan », Blinken a semble-t-il oublié de parler de l’Enfer qui, selon la thèse du professeur Alighieri Dante qui précéda la création du GIEC, est bien aussi effrayant qu’une guerre nucléaire et même que le changement climatique.

« La menace de l'anéantissement nucléaire n'est pas plus sérieuse que celle du changement climatique, a déclaré le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Les détracteurs de M. Blinken affirment que Washington risque une guerre nucléaire en armant l'Ukraine.

» Lors de son passage à l'émission 60 Minutes Australia dimanche, M. Blinken s'est vu demander si la guerre nucléaire ou le changement climatique représentait “la plus grande menace pour l'humanité”.

» “Je pense qu'il n'est pas possible d'établir une hiérarchie”, a-t-il répondu. “Il y a des choses qui sont au premier plan... y compris les conflits potentiels, mais il ne fait aucun doute que le climat représente un défi existentiel pour chacun d'entre nous”. »

Mis en ligne le 31 juillet 2023 à 17H10

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