9/11, notre « jour de gloire est arrivé... »

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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9/11, notre « jour de gloire est arrivé... »

21 septembre 2016 – Loin de moi l’idée de faire de l’ironie macabre et vulgaire à propos d’un “incident de santé” qui reste, réduit à lui-même, une triste nouvelle pour la personne qui en est affectée. Alors, s’il s’agit du « jour de gloire est arrivé... », il n’a rien à voir avec l’incident qui reste bien, pour diverses raisons qui lui sont propres, dans cette rubrique de ce « Day That Will Live in Infamy ». Reste que les deux, justement, restent liés, parce que, après tout, à chacun son 9/11...

Ce jour-là, donc, l’“incident de santé” d’Hillary Clinton montra à ceux qui voulaient bien prendre le soin de regarder que la “presse alternative”, ce qu’on appelle dans ces colonnes la presse antiSystème, n’était pas dans cette affaire les “complotistes” lunatiques que la presse-Système en avait fait dans des termes d’une violence sans la moindre retenue, selon un rythme paroxystique et un volume quantitatif extrême. La démonstration fut éclatante, parce que l’“accident de santé”, déjà lui-même objet de beaucoup de dissimulions et de narrative trompeuses, montra avec un éclat dramatique que la préoccupation de la presse-antiSystème à cet égard n’était en rien déplacée ; parce que cette démonstration eut toute la force a contrario de la puissance maléfique du déni diffamatoire exprimé auparavant par la presse-Système. (Dans le climat actuel qui n’implique aucune mesure, aussi bien dans la guerre de la communication que dans le déroulement lui-même des événements, bien d’autres polémiques, toujours ouvertes, pourraient évoluer dans le même sens ces prochaines semaines.)

Il s’agit donc d’une victoire considérable du crédit de la presse-antiSystème aux dépens de la presse-Système, en même temps qu’un symbole extrêmement puissant du renversement en cours de la qualité et du crédit des informations accessibles par un système de la communication de plus en plus ouvert hors des normes du Système. (C'est le très-fameux et très-glorieux “effet-Janus” du système de la communication.) Cette “victoire” a été reconnue comme telle par certains acteurs qui précisent eux-mêmes n’avoir pas pris part à la campagne sur la santé de Clinton, ni y trouver le moindre intérêt pour des raisons personnelles. C’est le cas de Adam Garrie, auteur du nouveau site TheDuran.com lancé par le commentateur Alexander Mercouris qui jouit d’une haute réputation. (Garrie : « Not so long ago, I wrote a piece proclaiming my lack of interest in the health or apparent lack thereof, of Hillary Clinton. ») Je vais prendre la liberté de reproduire cet article, qui n’est pas si long, qui est en anglais certes mais qui peut être aisément compris même par ceux qui n’ont qu’une connaissance approximative de la langue. (Les autres, – ceux très rares des lecteurs de dedefensa.org qui n’ont aucune connaissance de l’anglais, –  peuvent soumettre la chose à Google : ils auront un charabia épouvantable mais assez tout de même pour comprendre, et le sens et la mesure sinon la réserve dans le ton de ce texte, et la conclusion fondamentale qui s’en dégage.) Le texte de Gurrie date du 12 septembre 2016, donc sur TheDuran.com.

« Not so long ago, I wrote a piece proclaiming my lack of interest in the health or apparent lack thereof, of Hillary Clinton. I stand by every word of that piece. Simultaneously, I am reminded of when Lenin said “The capitalists will hang on the rope that we sell them”. In this sense, the developing news about the now official statements of Hillary Clinton’s ill heath are a vindication for both the writers and readers of new media (insultingly called alternative media by some including Clinton), who have dared to question Hilary Clinton’s health.

» Whilst I am both a reader and writer of new media, I did not engage in this discussion. I am personally proud of not doing so, though I fully respect those who have done so in a sensible and factual manner and today I congratulate them on their public vindication.

» I celebrate this fact not because I wish Mrs. Clinton any personal ill health; I would never wish ill health on anyone. Where she said of the execution of Gaddafi ‘we came, we saw,  he died’, I would prefer to instead say, ‘I saw, I understood, I wish you well personally…albeit I hope that international justice holds you to account for your war crimes and I hope the next President of the United States is Donald Trump’.

» The reason I am celebrating is because the media sources who dared to question more (credit to RT where it is due for the phrase) in spite of every insult in the Western book being thrown at them, have now been vindicated and vindicated on of all days,  the 11th of September, a day in history which has prompted millions the world over to question more of their governments. The fact that there are questions surrounding the health of Hillary Clinton can no longer legitimately be called any of the following: A conspiracy theory ; A right-wing conspiracy ; Kremlin propaganda ; Trump propaganda

» It is now a fact. I have no idea if Hillary Clinton’s deceptive media team read the Duran, but if they do I shall say this: I am saddened when any human being is ill and frail. Whilst her record may prove otherwise, the woman called Hillary Clinton is a human being and I wish her a full physical recovery from her now public ailment(s).

» I have always felt Hillary Clinton’s blood soaked record was more than enough to disqualify her from any leadership position. Because of this, my position on her candidacy for President of America has not changed. What has changed is a public vindication of new media who exposed this story long before it went mainstream. No one can now say ‘Putin did it’, no one can now say this is a conspiracy.

» I wish Hillary Clinton something she never wished the leader of the Libyan revolution, I wish her something she never provided for the American staff in Benghazi slaughtered in cold blood due to her malfeasance. I wish her a full physical recovery and wish that she can experience it whilst comfortably watching her television which shall report the inauguration of an imperfect but far preferable candidate for the Presidency of America: Donald Trump. »

... Là-dessus et pour compléter ce texte, on ne sera point surpris d’apprendre que la confiance mesurée statistiquement par Gallup des citoyens américains dans les médias (journaux, grands réseaux TV, etc., ce que nous nommons presse-Système) est tombée à 32%. Cela représente, et de loin, le chiffre le plus bas de toute l’histoire de ce type de sondage chez Gallup, – lancé en 1972 et poursuivi de façon irrégulière, puis annuellement depuis 1996). Le chiffre le plus haut se situe en 1976, et il est de 72%, dans la jubilation de confiance dans le “quatrième pouvoir” qui avait suivi le Watergate et les divers scandales l’accompagnant. (Il s’agissait alors, lorsqu’on connaît la vérité-de-situation du Watergate, d’un sommet de simulacre dans ce domaine, bien entendu, d’ailleurs parfaitement substantivé par ce que sont devenus les purs héros de cette aventure, – Bob Woodward, ex-espion de l’US Navy cajolé comme un des stars chroniqueuses du Système, Carl Bernstein, neocon bon teint, et le Washington Post, soutien aveugle jusqu’à la nausée des mêmes tendances neocons.)  L’effondrement de cette confiance (elle était encore à 40% en 2012, 2014 et 2015) est considérable chez les républicains (de 32% à 14% en un an) ; cela résulte évidemment du traitement fait par la presse-Système à Trump, et de la faveur de type déterminisme-narrativiste accordée à Clinton. On peut avancer qu’avec cette sorte de conduite, il y a une sorte de démarche suicidaire dans les grands médias de la presse-Système, dans la façon dont il pousse jusqu’à l’extrême et jusqu’à l’absurde leur soumission au Système ; et cela se répercutant dans l’autre sens en faveur de la presse-antiSystème.

***

... Si j’ai mis “notre” dans le titre (“notre « jour de gloire est arrivé... »”), c’est parce que je crois juste et approprié de mettre dedefensa.org dans ce “basket of deplorable”, comme dirait la candidate-Système. Nous non plus, comme Garrie, nous ne nous sommes pas passionnés à propos des thèses et explorations diverses sur la santé de Clinton ; non plus, d’ailleurs, que nous soyons très partisans des divers arrangements “complotistes” dont, paraît-il, la presse-antiSystème est friande. (Ce dernier point est assez éloigné de la vérité-de-situation du cas, la presse-antiSystème cultivant à l'intérieur d'elle-même des nuances et des tendances très différentes dans l’approche de l’information ; par ailleurs, et cela depuis 2014 et l’Ukraine [naissance du déterminisme-narrativiste], la presse-Système fait au moins autant usage que l’autre du “complotisme”, notamment comme argument pour pouvoir tenir dans les limites de ses narrative épouvantablement contraignantes par rapport à une description absolument mensongère du monde, et elle en fait usage particulièrement en accusant de “complotisme” la presse-antiSystème lorsque celle-ci développe l’une ou l’autre vérité-de-situation qui pulvérise la narrative en cours.)

Là n’est pas la question, bien sûr, de savoir si l’on utilise telle ou telle méthode (le pseudo-“complotisme” à propos de la santé de Clinton), comme je comprends la signification réelle du texte cité. Je croirais plutpot que ce texte célèbre la mise à découvert sinon à nue, dans un arrangement symbolique très puissant, de ce qu’est la candidate Clinton, archétype du candidat-Système, mangée jusqu’à l’os et jusqu’au cœur de sa psychologie par la corruption et l’ambition-hybris, et pourtant, et par conséquent soumise au Système aveuglément ; il s’agit d’un arrangement symbolique suprême parce que tout ce qu’expose Garrie se passe le jour de 9/11, à la cérémonie du quinzième anniversaire de l’événement mythique, sur les lieux même du mythe-simulacre, simulacre d’une métaphysique postmoderne... Tout cela a volé en éclats en même temps que la presse-antiSystème sortait couronnée de la gloire de sa bataille : ainsi doit-on voir l’événement, et nous en sommes, nous autres à dedefensa.org.