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De l'homme-dieu au peuple-dieu

Article lié : L’axe crisique du monde a basculé

Denis Monod-Broca

  11/12/2023

J’ai lu le terme de shohisme, il y a quelques années, sous la plume de Rony Brauman si je me souviens bien. Ni le terme ni l'idée qu'il exprime n’ont jamais été repris à ma connaissance par quiconque, wikipedia ne le connait pas, et je n’ai pas l’impression que Rony Brauman lui-même, si c’est bien lui qui l’avait imaginé, l’ait à nouveau utilisé.
C'est un mot terrible, au sens immédiat, univoque, un mot trop fort comme on dit d’un épice qu’il est trop fort pour être digeste : du monde chrétien est en train de naître une nouvelle religion (une nouvelle idéologie), le shohisme, sans même qu’il s’en rende compte.
Après la mort du Christ, le christianisme a fait du Juif Jésus un homme-dieu, ressuscité avant l’Ascension.
Après la Shoah, extermination du peuple juif, le shohisme fait du peuple juif un peuple-dieu, ressuscité sous l’espèce de l’Etat d’Israël.
« Auschwitz, Golgotha du monde moderne » avait dit Jean-Paul II, lui, après sa visite du camp d’Auschwitz. Autre façon d’exprimer le même constat.
La foule de Jérusalem voulut, et obtint de l’occupant romain, la mort de Jésus, accusé de vouloir être le roi des Juifs.
Jésus était innocent. Son seul tort fut, on le sait, de rappeler à ses coreligionnaires ce que disait leur religion, c’est-à-dire, en résumé, comme le dit Hillel le sage à un disciple pressé : « Ce qui est détestable à tes yeux, ne le fais pas à autrui. C'est là toute la Torah, le reste n'est que commentaire. »
Les hommes, ni les foules, n’aiment la vérité, surtout si elle contient un reproche à leur égard.
Bien qu’innocent, il fut crucifié. Ce fut la Passion.
L’horrible supplice de la crucifixion était courant dans l’empire romain. D’innombrables innocents le subirent. Seul celui de Jésus de Nazareth eu le retentissement que l’on sait. La raison d’un tel retentissement planétaire ne laisse pas de place au doute : ce supplice si injuste a été  voulu par une foule juive, c’est-à-dire par une foule parmi laquelle se trouvaient des hommes qui, très vite, se rendirent compte de ce qu’ils avaient fait. Ces quelques hommes-là avaient été entrainés par la foule et son climat d’hostilité unanime, auquel même Pierre céda, mais ils se reprirent. Ils connaissaient  la Loi de Moïse. Sans doute se rappelèrent-ils les paroles et les actions de celui qu’ils avaient supplicié. Ils se rendirent compte de l’horreur de ce qui s’était passé, la mise à mort d’un parfait innocent par une foule devenue folle et dont ils avaient fait partie.
Il y eut alors scission, scission irréductible, Juifs devenant chrétiens d’un côté, Juifs restant juifs de l’autre. Chacun ne pouvant que choisir son camp.
Les uns voyant en Jésus le Messie attendu, fil de dieu et dieu lui-même, les autres ne voyant en lui qu’un homme ou un prophète.
Il y eut pendant quelque temps concurrence entre les deux prosélytismes, le juif et le chrétien, puis, au début du IVe siècle, Constantin se convertit et favorisa le développement du christianisme.
L’Eglise avait gagné.
Les Juifs, eux, se dispersèrent à nouveau de par le monde
C’est là une description simplifiée de cette période cruciale, pour en faire ressortir les grands traits, à la manière d’une caricature.
Avec la reconnaissance par l’empire et l’accès au pouvoir temporel, l’Eglise, défenseur des persécutés, devint persécutrice à son tour. Elle transmit fidèlement à travers les siècles le message christique mais, bien souvent, trop souvent, en s’abstenant de mettre en application les principes qu’elle professait, ou en les trahissant purement et simplement.
A l’inverse le peuple juif, sans les professer en tant qu’issus du message christique, les mit en application, ces principes. Mosaïques ou christiques, il s’agit des mêmes principes, on le sait bien. Jésus, Juif pieux, les rappela à ceux qui les avaient par trop oubliés, à la manière des prophètes qui l’avaient précédé. Parfois il les explicite jusqu’à leurs conséquences extrêmes : aimer son prochain, c’est aimer tous ses semblables, donc c’est aussi aimer ses ennemis, donc c’est même et surtout aimer ses ennemis :
Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux : car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.… Matthieu 5.44
Le peuple juif, ostracisé, pourchassé, persécuté pendant des siècles et des siècles, subit son sort sans jamais prendre les armes.
Il incarnait par là-même la vérité judaïque et christique de non-vengeance, de non-violence, d’amour du prochain.
De même que la foule de Jérusalem voulut la mort de Jésus, les foules européennes voulurent l’extermination du peuple juif. Elles l’obtinrent, avec l’Allemagne nazie dans le rôle du bourreau.
Les hommes, ni les foules, n’aiment la vérité, surtout si elle contient un reproche à leur égard. La vérité incarné par le peuple juif était insupportable. Ce fut la Shoah.
Mais les auteurs du crime et leurs complices réalisèrent presqu’aussitôt, de par leur culture judéo-chrétienne, l’horreur de ce qu’ils avaient fait.
Et à nouveau il y a scission, scission irréductible, Judéo-chrétiens devenant shohistes d’un côté, judéo-chrétiens restant judéo-chrétiens de l’autre. Impossible de ne pas choisir son camp.
Le shohisme a un Temple, l’Etat d’Israël, il a un clergé, les élites sionistes américaines et européennes, il a un credo, le « droit de se défendre » d’Israël, il a un mot pour désigner ceux qui refusent son crédo, les hérétiques donc, « antisémites ».
Et c’est ainsi qu’Israël, qui se voulait le refuge du peuple exterminé, est devenu exterminateur à son tour, réitérant l’erreur de l’Eglise du Persécuté devenue persécutrice.
L’enseignement biblique est renié une deuxième fois, aussi bien par ceux qui sont étiquetés « chrétiens » ou « judéo-chrétiens » que par ceux qui sont étiquetés « juifs ».
Que va-t-il nous arriver ?
Qui reprendra le flambeau ?
Qui, quelle nation, quel peuple, saura incarner à son tour la vérité judaïque et christique, vérité anthropologique universelle, de non-vengeance, de non-violence, d’amour du prochain, seule voie pour un monde vivable ?
« Tu ne tueras pas » : soit nous comprenons cette parole, soit c’en est fait de nous.
 

@J.C. Cousin

Article lié : Les Lumières de l'ombre

jc

  06/12/2023

I. Thom et Dieu.

"Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre. Il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."

"(...) que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde ? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant ? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange : peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois Sa création achevée."


II. Thom et le vitalisme.

Je suis convaincu que Thom est vitaliste, bien qu'il ne le laisse pas apparaître trop ouvertement. Quelques citations en ce sens ( https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf ) :

"C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique."

"(...) on pourrait rapporter tous les phénomènes vitaux à la manifestation d'un être géométrique qu'on appellerait le champ vital (tout comme le champ gravitationnel ou le champ électromagnétique) ; les êtres vivants seraient les particules ou les singularités structurellement stables de ce champ ; les phénomènes de symbiose, de prédation, de parasitisme, de sexualité seraient autant de formes d'interaction, de couplage entre ces particules… La nature ultime dudit champ, savoir s'il peut s'expliquer en fonction des champs connus de la matière inerte, est une question proprement métaphysique ; seule importe au départ la description géométrique du champ, et la détermination de ses propriétés formelles, de ses lois d'évolution ensuite."

"(...) car la vie, c'est bien connu, s'entre-dévore."

"Il ne m'est pas évident qu'en dernière analyse on ne puisse identifier les comportements dynamiques de la nature inanimée avec des comportements intentionnels ou psychiques d'entités convenablement définies."

"L'hypothèse réductionniste devra peut-être un jour être retournée : ce sont les phénomènes vitaux qui pourront nous expliquer certaines énigmes de la structure de la matière ou de l'énergie. Après tout, n'oublions pas que le principe de la conservation de l'énergie a été exprimé pour la première fois par von Mayer, un médecin…"

"L'étude récente de diverses enzymes (le lysozyme, par exemple) a montré l'aspect éminemment morphologique de bien des réactions enzymatiques ; on voit les molécules se palper, se pincer, se tordre, se déchirer presque comme des êtres vivants ; il ne faut pas s'en étonner ; dans la mesure où une réaction biochimique reflète un incident local d'une compétition spatiale entre différents régimes, les contraintes topologiques imposeront à ces incidents locaux de simuler les catastrophes globales de la morphogenèse sur l'espace-temps R⁴."

"Une plante n'est autre chose qu'un déferlement de la terre en direction de la lumière et la structure ramifiante des tiges et des racines est celle d'un cône d'éboulis."

"(...) la science veut construire la vie à partir de la mécanique, et non la mécanique à partir de la vie."

"De même qu'on commence à se rendre compte que le génome des Eukariotes est très différent de celui des Prokariotes, parce qu'il ne remplit pas les mêmes fonctions, on pourrait bien un jour s'apercevoir que ce ne sont pas les molécules qui font la vie, mais au contraire la vie qui façonne les molécules."

"La synthèse entrevue des pensées « vitaliste » et « mécaniste » en Biologie n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé."

"(...) l'animé sait exploiter les régularités naturelles pour stabiliser des connexions qui dans le monde inanimé seraient accidentelles, non génériques. Il y a donc là (en principe) une possibilité formelle de caractériser l'état de vie, problème qui jusqu'à présent a défié la pensée biologique."

"(...) pour réellement théoriser la biologie, il faut faire du rêve une fonction biologique, ce qui introduit l'imaginaire au cœur même de la dynamique biologique. Cet imaginaire serait alors consubstantiel au concret biologique, à la réalité biochimique. Nous verrons que tel pourrait bien être le cas."

"Un problème majeur de l'Embryologie est d'expliquer la simulation précise des grandes lois physiques par la morphogenèse biologique. Comment, par exemple, s'imaginer la formation du cristallin ? Il est difficile d'échapper à l'idée qu'il y a dans la matière vivante une intelligence implicite de ces grandes lois à simuler."

Trou noir de la pensée

Article lié : L’“eschatologie opérative” de la Russie

Denis Monod-Broca

  06/12/2023

Les prophètes ne sont des Madame Soleil qui prédisent l'avenir. Ils sont des gens qui voient la réalité telle qu'elle est, des gens qui disent la vérité.

Jérémie, le prophète, s’adresse à Israël en des termes qui n’ont pas pris une ride. En de longues « jérémiades », il reproche à Israël d’avoir oublié son dieu et d’adorer toutes sortes d’idoles de bois et de pierre.
L’idole que les suprémacistes israéliens adorent aujourd’hui est une idole de papier, la torah. 
Drame des drames, drame au carré : ils idolâtrent le livre qui prescrit de ne pas idolâtrer !
Comment sortir de ce trou noir de la pensée ?

On voit mal Macron faire référence à Jérémie dans un discours. Pourtant que cela aurait de sens !  quel retentissement cela aurait !

Qu'on aimerait que la France soit capable d'une telle lucidité et qu'elle ose rappeler au monde ce que le savoir universel doit à l'Ecriture !

Comme dirait l'autre, "je vais un rêve"...

Réponse à JC

Article lié : Les Lumières de l'ombre

Jean-Claude Cousin

  06/12/2023

Pour moi Dieu n'existe pas. En revanche un principe EST, c'est tout simplement ce qu'on appelle LA VIE : cela pourrait donner à penser que la VIE qui n'a pas de volonté unique propre est l'agrégation de toutes les vies qui sont dans l'univers, y compris les astres qui, à mon avis sont des êtres vivants qui naissent, vivent et meurent comme tous les êtres vivants. C'est ce qu'on appelle l'éternité, car ce processus se renouvelle en permanence, il n'a ni début, ni fin, selon des règles qui lui sont intrinsèques, et qui sont les Lois de la Nature. Ce que certains philosophes nomment la spiritualité n'est qu'un aspect d'un ensemble cohérent et non fractionnable, un aspect plus ou moins développé selon la complexité de l'être considéré.
On peut donc admettre que "Dieu" tout en étant infini en espace et en temps n'est qu'un nom pour tout cet ensemble, un nom pour lequel les notions "de bien et de mal" ne sont que des adhésions plus ou moins correctement suivies des Lois de l a Nature. A cette aune on peut comprendre que "les religions" ne sont que des arrangements de certains humains, par exemple (ou de tous autres échafaudages spirituels dans l'Univers) plutôt redondants avec le fait que TOUS les êtres de l'Univers sont reliés entre eux, simplement de façon plus ou moins lâche. Après tout, on commence à comprendre, dans les milieux scientifiques, que toute manifestation énergétique est à la fois un ensemble d'ondes (essentiellement) et de particules qui en sont les points forts, ce qu'un homme intelligent dont j'ai oublié le nom appelait "des particlondes", et où a sa place la "matière noire" dont, il faut bien dire, on ne sait pas encore grand-chose.
Revenons aux principes fondamentaux de ce qu'on appelle "la morale". Au niveau de l'écriture, ils ont été énoncés par Zarathoustra, ce qui n'est pas si jeune, et comme tout ce qui est fondamental ils n'ont pas pris une ride : c'est d'ailleurs ce qui explique la résistance profondément outragée des sains d'esprit vis-à-vis de personnages pervers, "contre Nature", qui tentent de tout démolir en accélérant le processus entropique auquel s'oppose depuis toujours la Vie. Ce sont, en quelque sorte, de “diaboliques” anti-Lois de Carnot, des destructeurs de Mondes, la pire chose possible. Tout est possible, dans l'Univers, y compris des éléments aberrants qui s'attachent à le détruire. Rassurons-nous : de tous temps des éléments contraires aideront à rétablir l'équilibre, même si au départ il est difficile d'appréhender à la fois leurs motivations et les moyens qu'ils vont employer. L'Univers est tellement complexe, qu'aucun élément de celui-ci ne saura expliquer comment il procède.
.
Cela pourrait même amener cet Univers à laisser s'auto-annihiler l'un de ses éléments (il y en a des milliards de milliards) afin de maintenir l'Unité générale. Sur cette minuscule Terre, que sommes-nous, sinon un élément vraiment infime de l'ensemble ? Malgré tout, parce que la VIE est sacrée, cette destruction ne pourra s'opérer que s'il n'y a vraiment aucune solution. Clifford Simak en avait donné un aperçu dans son ouvrage "Au carrefour des étoiles" dont je ne saurais trop encourager à la lecture. Un homme inspiré.

Le temps chez les Anciens Grecs

Article lié : Les Lumières de l'ombre

jc

  05/12/2023

À propos du Big Now et de l'Éternel Présent.

Les Anciens Grecs distinguaient l'aïon, le kairos et le chronos.

Aïon : temps de l'éternel présent, (temps de Beckett dans "En attendant Godot": "temps qui passe, immobile"), temps de l'attente d'évènement (stand by).
 
Chronos : temps où il se passe quelque chose, temps de l'action, voire de l'agitation (Merkel traitait Sakozy de petit lapin Duracell).

Kairos : intervalle de temps bimodal, en général bref, qui assure la continuité de la liaison entre temps aïon et temps chronos, temps du "j'y vas-ti, j'y vas-ti pas" ( https://www.youtube.com/watch?v=HJI3EYaFGCE ) (je sens confusément -tel Rantanplan- que nous sommes dans ce temps-là).

Je suis convaincu que les Anciens Grecs (même les atomistes?) ne considéraient pas le temps comme une succession d'instants (de Big Now), mais comme un continu.

Il a fallu en effet attendre le calcul infinitésimal et Descartes pour associer un nombre à chaque instant, aligner tous ces instants sur une droite et décréter que celle-ci représentait le temps (et l'espace 1D). (Ce n'était pas la façon de voir d'Aristote, pour qui un segment de droite n'était pas composé de points mais seulement de sous-segments. Le point seul, isolé, n'existait pas en acte, mais seulement en puissance, et aspirait à l'acte en se dédoublant en deux points, l'un adhérant à gauche, l'autre adhérant à droite.)

Ces notions remises en mémoire je me suis replongé dans l'article (pour moi difficile) "Structure et fonction en biologie aristotélicienne" (que l'on trouve dans "Apologie du Logos") où les temps aïon et chronos jouent le rôle clé dans le fonctionnement d'une fonction. Les quelques citations permettent de se faire une idée de la façon -pour le moins originale!- dont Thom les utilise:

- "Il est de l'essence de la fonction de fonctionner… même si parfois la fonction ne fonctionne pas. de e point de vue le terme fonction se rapproche linguistiquement de la forme du gérondif (le "doing" anglais). On peut métaphoriquement se représenter le concept de fonction par une fronce d'hystérésis associée à l'opposition de deux temps : un temps "atemporel", une éternité vide d'évènements, ce que les Anciens Grecs appelaient aïon; et un temps qualitativement spécifié, chronos, celui qui est porteur d'évènements catastrophiques, et où se déroule l'exécution d'actes." ;

- "On peut réduire la fronce à un cycle périodique centré en un point qu'on appellera l'âme de la fonction." ;

-  "On admettra qu'il existe une position de l'animal considérée comme position centrale ou "de repos". C'est la manifestation de l'aïon." ;

- "L'aïon est l'état normal du muscle, le chronos l'état contracté" ;

- "Chez les vertébrés supérieurs le centre organisateur, l'âme de la fonction circulation est le cœur." ;

- "L'hémoglobine est en un certain sens l'âme de la fonction respiratoire." ;

- "La vie étant considérée comme une fonction (...) [c'est] l'aïon [qui] est l'ego, et la peau [qui] qui présente par suite le caractère essentiel de l'aïon. Les flux fonctionnels (...) sont de l'ordre du chronos. (...) Les flux d'entrée et de sortie nécessitent des orifices nécessaires à la circulation de ces flux (bouche, anus, yeux, nez, etc.). (...) Il en va de même en technique : les murs et toits d'une maison doivent être percés de portes et de fenêtres. La subordination ontologique du chronos à l'aïon se voit dans le fait que l'aire totale des orifices est petite par rapport à celle de la paroi." .
 

Article lié : Les Lumières de l'ombre

Jean-Claude Cousin

  04/12/2023

Je cite ici le titre d'un ouvrage de 1945 écrit par Gustave Cohen. Le Moyen Âge, ce sont les cathédrales, dont chacune mérite un livre. Mais c'est aussi le lumineux Abélard, qui eut la chance immense de rencontrer une dame aussi lumineuse nommée Héloïse.
.
Arriva le "temps des (re)découvertes", arrive un certain Descartes qui prétendit tout (re)découvrir par le raisonnement, qui est pourtant bien faible. C'est au point que Blaise Pascal tenta de raccrocher les lecteurs avec son argument du Pari. Argument qui, pour moi, ne tient pas la route puisque, volontairement, je pris la peine de le retourner afin de continuer ma route sans la présence, au-dessus, d'une divinité tutélaire et bien lourde. La spiritualité s'en passe avec ravissement, elle permet de considérer avec plus d'amitié nos pairs les humains. Qu'ils soient chargés d'une chasuble d'or, ou à peine vêtus d'un t-shirt rapiécé.
.
Ce monde est le nôtre. Il est imparfait, certes, mais c'est le nôtre. Pour conclure il y a cinquante ans j'avais créé un diaporama, où la dernière phrase était :
« Et si les autres êtres pensants, cachés derrière les années-lumière, le permettent, nous élargirons ce monde…. jusqu'aux étoiles ! »

Idéal de puissance, idéal de perfection

Article lié : Les Lumières de l'ombre

jc

  04/12/2023

Je viens de poster un commentaire sur un autre site. Je le poste ici,  car je le trouve tout-à-fait en rapport avec "Les Lumières de l'ombre". (Comme d'habitude, je radote…)

Qu'est-ce qui nous pousse à progresser ? Je n'ai pas de réponse.
Qu'est-ce qui nous tire à progresser ? Je vois l'idéal de puissance et l'idéal de perfection.

Pour moi l'idéal de puissance (idéal plutôt masculin?) c'est typiquement d'imiter la nature avec l'intention de faire mieux qu'elle pour la dominer (idéal des Lumières?) : soufflets pour imiter les poumons, pompes pour imiter le cœur, ordinateurs pour imiter le cerveau.

Où nous mène cette production d'artefacts ? Voici à ce sujet deux métaphores biologiques de mon maître à penser :

"Il est typique de voir que la cellule immortelle, la cellule procaryote, comme disent les biologistes, la cellule qui vit par elle-même, en principe ne fabrique pas d'artefacts. En tous cas je ne vois pas ce qui pourrait jouer le rôle d'un artefact dans la physiologie d'une cellule. Et de même tous ses instruments, ses outils, ses organes sont tous réversibles. On peut se demander de ce point de vue si l'apparition de l'artefact n'est pas quelque chose qui est fondamentalement lié au caractère multicellulaire, au caractère composé des organismes, et si donc cette prolifération des artefacts n'est pas le premier symptôme de la mort."

Quant à l'idéal de perfection (idéal plutôt féminin?), je laisse encore la parole à mon maître à penser :

"On sera frappé par l'abondance des interprétations sémantiques extraites du vocabulaire de la couture : pli, fronce, fente, poche, aiguille… Après tout, si la couture est restée une activité traditionnellement féminine, c'est que sans doute, la confection des vêtements est chez l'Homme le stade ultime de l'Embryologie…" ;

"(...) il y a une certaine incompatibilité entre l'immortalité de l'individu et les possibilités évolutives ultérieures de l'espèce. La mort serait alors le prix à payer pour préserver toutes les possibilités de perfectionnement futur de l'espèce.";

à J.V. Uexkull  (Théorie de la signification) :

"Le mécanisme de n'importe quelle machine, telle une montre, est toujours construit d'une manière centripète, c'est-à-dire que toutes les parties de la montre -aiguilles, ressorts, roues- doivent être achevées pour être ensuite montées sur un support commun.
Tout au contraire, la croissance d'un animal, comme le triton, est toujours organisée de manière centrifuge à partir de son germe; d'abord gastrula, il s'enrichit ensuite de nouveaux bourgeons qui évoluent en organes différenciés.
Dans les deux cas il existe un plan de construction; dans la montre, il régit un processus centripète, chez le triton un processus centrifuge. Selon le plan, les parties s'assemblent en vertu de principes entièrement opposés." ;

et, pour terminer, je rajoute ici une citation thomienne que je n'ai pas faite aux "Lumiéreux" de l'autre site, mais que j'ai très souvent faite ici :

"Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe [de Porphyre] on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."
 

Mondialisation et globalisation : une fausse distinction

Article lié : Retour au réel, en direct, sans filet, comme si vous y étiez...

Sebastien Antoine

  03/12/2023

Les français cultivent ces deux termes de mondialisation et de globalisation, ce qui peut conduire à penser, comme le fait PhG 2, que la mondialisation serait un simple terme géographique, une sorte d'atlas de la « respiration naturelle » du monde, alors que la globalisation serait un projet de transformation du monde. Cela ferait de la mondialisation le pendant, social, politique et culturel de la globalisation économique UK-US, plus ou moins éloignée ou opposée à cette dernière, ce qui est un non sens dans une théorie générale socio-économique. Cette ambiguïté se retrouve chez les géographes francophones pour qui la mondialisation évoque in fine l’avènement du « territoire-monde » et d’une « société-monde »*. On note la rupture avec Braudel qui parlait d’économie-monde, sans y inclure, dans ce monde, ni le social ni le culturel,  et qui n'a jamais utilisé ce terme de mondial-isation, lequel traduit bien un devenir, une transformation.

*http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/notion-a-la-une/mondialisation-globalisation

Maintenant il faut payer...

Article lié : Stratégie du temps de guerre : Russie, Ukraine, Israël, USA

__Dont Acte2

  28/11/2023

... pour lire Orlov in extenso :  
https://boosty.to/cluborlov/posts/08228efd-0793-45a8-ac47-de97a7917ce8
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 Bien sûr, toute peine mérite salaire, mais ça peut devenir rapidement limitant…
 

Du Golgotha à Auschwitz

Article lié : Du bon usage de l’Ukraine

Denis Monod-Broca

  28/11/2023

Tout critique du sionisme est traité d'antisémite, autrement dit d'hérétique.
Israël est saint, le nier est un blasphème.

L'Occident chrétien est porteur d'une nouvelle religion (d'une nouvelle idéologie), le shohisme, successeur du christianisme, comme le christianisme fut le successeur du judaïsme.
La Russie résiste à cette nouvelle idéologie comme le judaïsme résista au christianisme.

Mais où est donc passé le dieu d'amour et de miséricorde dont Moïse entendit la voix sortir du buisson ardent ?

Le savoir anthropologique contenu dans la bible est renié, les idéologies, ces idôlatries modernes, ont le champ libre;

Qui reprendra le flambeau ? 

Que faire de cette analyse de M. K. BHADRAKUMAR disant le contraire

Article lié : La corrida Xi-Modi et ‘Bufalo’-Joe

Nicolas Piot

  26/11/2023

datant d'il y a seulement quelques jours, est il possible que les choses se renversent à une telle vitesse, sur la base de quelques rencontres des uns et des autres?

https://www.indianpunchline.com/india-us-are-on-pathway-to-contain-china/

On retrouve souvent une certaine convergence d'analyse entre toutes ces personnes régulièrement citées sur dedefensa, mais là il semble qu'ils aient des perspectives diamétralement opposées non?

Le but de la technologie moderne

Article lié : ‘Nakba’ ou le ‘fanatisme technologique’

jc

  18/11/2023

C'est la production d'artéfacts (cf. Wikipédia).

Thom (René) :

"Il est typique de voir que la cellule immortelle, la cellule prokaryote,comme disent les biologistes, la cellule qui vit par elle-même, en principe ne fabrique pas d'artefacts. En tous cas je ne vois pas ce qui pourrait jouer le rôle d'un artefact dans la physiologie d'une cellule. Et de même tous ses instruments, ses outils, ses organes sont tous réversibles. On peut se demander de ce point de vue si l'apparition de l'artefact n'est pas quelque chose qui est fondamentalement lié au caractère multicellulaire, au caractère composé des organismes, et si donc cette prolifération des artefacts n'est pas le premier symptôme de la mort."

Satanique et diabolique

Article lié : Dissonances sionistes

jc

  17/11/2023

Ce sont pour moi deux notions différentes.

Le mensonge, le mauvais sens (voire le non-sens) sont diaboliques, par opposition à la vérité et au bon sens qui sont symboliques (cf. les étymologies). Et, dans l' "élite" occidentale actuellement au "pouvoir", j'ai tendance a voir beaucoup de diablotins (il y en a même qui ont la tête de l'emploi!) et bien peu de symblotins.

Alors que je vois le satanisme comme la face cachée du théisme, sans aucune connotation négative comme c'est le cas pour Dr. Jekill et Mr. Hyde ; c'est "simplement" l'opposition du Yang et du Yin, du Ciel et de la Terre, du Masculin et du Féminin.

Pour moi ce qui est en train de se passer -en rapport avec les positions de Douguine et de Crooke ?- c'est, progressivement, la mise en lumière du Yin et la mise à l'ombre du Yang, et c'est pour cette raison que je ne donne pas cher de la peau de "nos" trois "grandes" religions monothéistes. Fin d'un Kali-Yuga et début d'un Satya-Yuga ?

J'aime bien le formules de Michel Maffesoli, pour qui nous sommes à la fin d'une époque individualiste, rationaliste et progressiste et pour qui nous rentrons dans une époque dominée par le tribalisme, l'affectivité et l'instant présent. Passage d'un temps chronos qui s'accélère en rétrécissant l'espace (Kali-Yuga), et retour à un temps aïon où l'humain a le temps de prendre son temps et où l'espace s'agrandit (Satya-Yuga). (cf. par exemple : Sud Radio: Michel Maffesoli : "c'est tout simplement la fin des Lumières")

"On voit une étoile briller longtemps après sa mort." ;

"Il faut être attentif au roi* clandestin de l'époque".

* qui, pour moi, est une reine (voire une déesse).

@ PhG : cela va de soi

Article lié : Dissonances tactiques

jc

  16/11/2023

PhG : "Pardonnez au fou errant, qui écrit plus vite que son ombre et qui jongle avec le "cela va de soi" pour se faciliter la vie.".

Ce qui va de soi pour vous ne va pas nécessairement de soi pour moi.

Ce qui nous sépare ou nous rassemble -ma position n'est pas encore fixée- concerne le rôle de la matière. Ce qui est clair pour Guénon (la Matière c'est le Mal) ne l'est pas nécessairement pour vous (on s'en aperçoit dans la conclusion du tome II de "La Grâce de l'Histoire" qui laisse entendre que l'on découvrira votre position dans le tome III), et ne l'est certainement pas pour moi.

Sans passer complètement du coq à l'âne, je m'intéresse actuellement à la pensée de Lacan. Ne parlant pas du tout le lacanien j'ai été heureux de trouver un site résumant de façon intelligible l'indispensable à savoir sur le nœud borroméen en seulement quatre minutes (temps de lecture indiqué sur le site…) : https://nospensees.fr/le-noeud-borromeen-en-psychanalyse/ .

Un mot m'a accroché : inconnaissance. Où ? Dans la phrase suivante :

" Le réel. Il s’agit de ce qui ne peut pas être représenté par des images ou par le langage, c’est-à-dire l’impensable, l’inconnaissable. Il se différencie de la réalité dans laquelle nous retrouvons la manière dont nous comprenons le monde et qui s’inscrit dans un registre symbolique et imaginaire ; le réel, lui, manque de sens."

Je ne suis pas d'accord avec la chute ("le réel lui, manque de sens"). Pour moi le réel a un sens qui est le bon sens ; et ce dont manquent cruellement "nos" élites c'est justement de ce bon sens-là.

Des gardiens de l'intelligible, des gens qui, comme vous, savent différencier une narrative d'une vérité de situation, c'est ça qu'il nous faut dans cette étrange époque.

Pour JC

Article lié : Dissonances tactiques

Philippe Grasset

  13/11/2023

D'accord, j'aurais pu écrire:

"Nous sommes dans une époque métahistorique, sans stratégie humaine" ; ou bien mieux,



J'aurais dû écrire:

"Nous sommes dans une époque métahistorique, DONC sans stratégie humaine"



Pardonnez au fou errant, qui écrit plus vite que son ombre et qui jongle avec le "cela va de soi" pour se faciliter la vie.