jc
05/10/2025
Complément sur les langues vernaculaires et sur l'universalité langage mathématique.
1. Le mathématicien Alain Connes a fait une conférence sur le sujet lors du colloque de la rentrée 2018 au collège de France (1). Il y propose un intéressant test "thomien" pour rentrer en communication avec des extra-terrestres. Pourquoi thomien ? Parce que le triangle central est "structurellement stable" en ce sens qu'il reste équilatéral lorsqu'on déforme le triangle quelconque initial en un autre triangle quelconque.
Pour Thom les phonèmes du langage universel sont les sept singularités élémentaires structurellement stables (que l'on retrouve partout dans la nature, pas seulement sur notre planète Terre) : pli, fronce, queue d'aronde, papillon, ombilic elliptique, ombilic hyperbolique, champignon -alias ombilic parabolique- que l'on trouve dans les bois comme un certain jour au-dessus de l'île de Bikini.
2. J'ai maintes fois rappelé ici cette citation de Thom, citation qui ne prend sens que si l'on se rappelle que la théorie des catastrophes est une théorie de l'analogie :
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."
Thom s'y limite à la nature, à l'homme et aux sociétés, mais il aurait pu rajouter les espèces vivantes… et aussi le langage.
Nous savons tous que nous, en tant qu'individus, sommes appelés à disparaître. Il en sera de même de l'espèce humaine et du langage humain.
Il me paraît clair que l'augmentation assez vertigineuse et chaotique des mots devenus parfois étymologique simples éléments de langage sortis des portes dérobées du pouvoir, est un "signe des temps" qui annonce la mort de notre langue française, et qu'un vigoureux effort de retour aux sources, de étymologique, rajeunissement s'impose sous peine d'en faire une langue morte. Car il en va de même pour les langues comme pour les religions : elles disparaissent quand il n'y a plus personne pour les parler ou y croire !
Nous savons tous que nous, en tant qu'individus, sommes appelés à disparaître. Il en sera de même de l'espèce humaine et du langage humain. Car ce sont fondamentalement les mêmes dynamiques qui agissent dans le vieillissement :
"(...) On peut définir la Dynamique comme l'étude des actions (différentiables) du temps dans un système ; en fait, la Dynamique n'est rien d'autre qu'une théorie générale du vieillissement. Qui pourrait nier qu'il ne s'agisse là d'un problème essentiel ?"
Ainsi, lorsque PhG part d'un mot, d'un titre et qu'il nous "pond" un article, ce sont fondamentalement les mêmes dynamiques qui agissent que lorsque l'œuf fécondé et couvé se différencie progressivement pour finalement éclore en oisillon, il prend soin de ne pas descendre tout schuss vers la fin de l'article mais de ralentir au maximum l'instant d'arriver à l'article de la mort, mais de descendre à son rythme :
« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. » (2)
(1) https://www.youtube.com/watch?v=zmT8MHMIOLg (30' à 32'15, et plus si intéressé).
(2) https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu
jc
05/10/2025
PhG : "Jamais cette façon de voir le conflit ukrainien, pourtant absolument évidente, ne nous avait frappé le moins du monde, tout occupés à suivre et enquêter avec énormément de difficultés sur ce que nous donnait l’information plutôt qu’à théoriser à ce propos."
Conceptions de Joseph de Maistre, rappelées par Steiner comme l’un des plus grands logocrates de nos langues ex-civilisatrices (1) :
«Il existe un accord ontologique entre les mots et le sens parce que toute parole humaine est l’émanation immédiate du ‘logos’ divin. » [...] « Maistre fit valoir la congruence essentielle existant entre l’état du langage, d’un côté, la santé et les fortunes du corps politique de l’autre. En particulier, il découvrit une corrélation exacte entre la décomposition nationale ou individuelle et l’affaiblissement ou l’obscurcissement du langage : “En effet, toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage”… »
Maistre rappelle donc que le langage a une fonction primordiale dans la cohésion sociale, car il permet de communiquer.
Pour René Thom le langage a une autre fonction :
"L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets pour les mettre en bouche. Il a mieux à faire : aussi, va-t-il « penser » c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques : les concepts." ;
et il insiste d'autre part sur l'importance de sa structure :
"Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, détient dans sa structure les clés de l'universelle structure de l'Être."
Il me paraît très clair que du point de vue "aptitude à la "communication" comme du point de vue "aptitude à penser ", la détérioration catastrophique de la langue française a déjà fait des ravages.
Le rôle primordial du langage dans la structuration d'une société me suggère la considération suivante. J'espère que le hard power pratiqué jusqu('ici dans les conflits internationaux (Trump étant pour moi un exemple caricatural) fera rapidement place au soft power d'une guerre sur le tapis vert avant qu'un crétin inconscient appuie sur un bouton rouge. Les français se souviendront peut-être alors que leur langue fut un temps la langue diplomatique véhiculaire en Europe et qu'elle eut jadis des négociateurs de talent (2).
Je rappelle que pour Thom : "il faut regarder tout concept comme
un être amiboïde, qui réagit aux stimilu extérieurs en émettant des
pseudopodes et en phagocytant ses ennemis.", et que c'est un mécanisme lamarckien qui est à l'origine des néologismes ( c'est l'ambiguîté des concepts qui provoque la naissance des mots nouveaux (4)
Dans ce cadre soft, la techtonique des plaques géopoliliques pourrait jouer en faveur des langues indo-européenes (3), en particulier en Eurasie (rapprocher de l'Inde la grande Europe de l'Atlantique au détroit de Behring) ...
Il reste à trouver une langue vernaculaire pour se mettre autour de la table. Le langage mathématique, la langue des dieux pour jouer ce rôle ?
Depuis Galilée qui, le premier, mit en équation la chute des corps, il apparaît de plus en plus difficile de nier le rapport entre mathématique et réalité.
Wikipédia : Concevant les pensées comme des combinaisons de concepts de base, Leibniz théorise la caractéristique universelle, une langue hypothétique qui permettrait d'exprimer la totalité des pensées humaines, et qui pourrait résoudre des problèmes par le calcul grâce au calculus ratiocinator, anticipant l'informatique de plus de trois siècles.
Thom : "Selon de nombreuses philosophies Dieu est géomètre ; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
[ Pour moi l'informatique géométrique est à naître (je ne vois pas comment), et je suis convaincu que l'IA actuelle est tout au plus une Information Artificielle dont le but est de déapprendre aux peuples à penser -pour mieux dépenser…- (comme le GPS lui désapprend à s'orienter). ]
(1) https://www.dedefensa.org/article/lia-tuant-le-logocrate-ou-le-sauvant
(2) Je pense à Louis XI et à Talleyrand
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_indo-europ%C3%A9ennes
(4) Cf. glossaire;dde, visiblement élaboré par un logocrate !
Jack V.
04/10/2025
L'expression "tigre en papier" a été introduite par Mao Zedong en référence aux USA. Je me souviens qu'à l'époque la presse française avait rétorqué que "le tigre en papier a des dents atomiques".
On peut dire cela de la Russie d'aujourd'hui et même que ces dents atomiques sont aussi hypersoniques.
Jack V.
23/09/2025
Ceux qui ont deviné de le destin de Netanyahou en capitaine obsédé et d'Israël, son équi page exalté et préparé au pire, ont déjà quitté le vaisseau condamné.
Pour le capitaine du Pequod israélien, peu importe les risques et les avertissements, il n'est déjà plus de ce monde, un peu comme son compère Zelensky, et ira jusqu'au bout de son obsession, peu importe le prix à payer parce qu'il est déjà dans un combat eschatologique dans lequel il vaut mieux être détruit qu'être perdu.
Tous aux canots !!!
Pao
19/09/2025
En synthèse. Il y a dans le monde plus de bombes atomiques que de villes à partir de 50 mille habitants à raser au sol. Il est à craindre que l’atome supersonique soit tenu comme unique recours contre les noisettes hypersoniques.
https://aipri.blogspot.com/2025/09/latome-ravage.html
BD
18/09/2025
Paraît-il que le Christianisme englobe et transcende le judaïsme, et que notre civilisation est plus exactement Hélléno-Chrétienne. C'est-à-dire alliant la raison grecque à la compassion chrétienne.
jc
12/09/2025
Le jeu.
[ Ce qui suit est une lecture qui se veut thomienne de l'article du jour. ]
Thom accorde une très grande importance au jeu, qu'il considère aux frontières du pouvoir humain* :
"En permettant la construction de structures mentales qui simulent de plus en plus exactement les structures et les forces du monde extérieur – ainsi que la structure même de l'esprit –, l'activité mathématique se place dans le droit fil de l'évolution. C'est le jeu signifiant par excellence, par lequel l'homme se délivre des servitudes biologiques qui pèsent sur son langage et sa pensée et s'assure les meilleures chances de survie pour l'humanité." ;
et le véritable mathématicien est pour lui un joueur "qui ne bourdonne pas dans le vide" :
"On sait que vers l'âge de dix-huit mois, le nouveau-né commence son babillage; il prend conscience de ses possibilités articulatoires, et -disent les spécialistes- forme à cette époque les phonèmes de toutes les langues du monde. Les parents lui répondent dans leur propre langue, et, peu de temps après, le bébé n'émet plus que les phonèmes de cette langue, dont quelques mois plus tard, il maîtrisera le vocabulaire et la syntaxe. Je verrais volontiers dans le mathématicien ce perpétuel nouveau-né qui babille devant la nature; seuls ceux qui savent écouter la réponse de Mère Nature arriveront plus tard à ouvrir le dialogue avec elle, et à maîtriser une nouvelle langue. Les autres ne feront que bourdonner dans le vide -bombinans in vacuo. et où, me direz-vous, le mathématicien pourrait-il entendre la réponse de la nature? La voix de la réalité est dans le sens du symbole."
Thom va même jusqu'à écrire (je ne connais pas le contexte) ce qui suit qui, pour moi, rapproche la mathématique d'un art sacré :
"Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètre, il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
* : Thom a écrit un article éponyme qui figure dans la deuxième édition revue et augmentée (1980) du livre "Modèles mathématiques de la morphogenèse".
[ PhG signale -et m'apprend- que le jeu de go fut, pendant un temps récemment révolu (fin XIXème), considéré en Chine comme un art sacré que l'élite dirigeante se devait de pratiquer.
Pour moi la mathématique est une discipline analytique qui doit être étudiée au même titre que la dialectique et la rhétorique : il s'agit d'une discipline -le terme est pour moi adéquat- car elle apprend à exiger de se convaincre soi-même# avant d'espérer convaincre les autres. Je ne sais pas quelle est la place des mathématiques dans la formation de l'élite dirigeante chinoise actuelle, mais je sais qu'à Sciences Po et à l'ENA elle est quasiment nulle, et que les mathématiques enseignées à l'école polytechnique (certains énarques en viennent) ne sont pas des mathématiques analytiques (au sens ci-dessus), mais essentiellement seulement des mathématiques utiles pour l'ingénieur (qui ne font autorité que dans des débats techniques marginaux).
# : Pour moi la mathématique telle que Thom la conçoit exige une forme d'intelligence introspective totalement hors de portée de l'intelligence artificielle. ]
—————
Philippe Grasset : "• Une démonstration des différences stratégiques et culturelles fondamentales entre les USA et la Chine au travers de la pratique de deux jeux qui résument ces stratégies : les échecs et le jeu de go. • Il s’agit du champ géopolitique, mais également du champ culturel et civilisationnel. (...) La dimension stratégique de ces deux jeux est un fondement conceptuel de très grande importance, renvoyant aux activités politiques les plus essentielles, dont la stratégie comme art de la guerre ou de la non-guerre pour remporter la guerre : les échecs est ce jeu bien connu dans le monde occidental et le Go, ou “jeu de go”, peut être pris comme son équivalent sinon plus en importance, en Chine." ; "l’OCS, (...), une alliance “de convergence” qui pourrait (...) dessiner une sorte d’amorce de jeu de go métapolitique."
Andrés Berazategui : "Derrière les stratégies des États se cachent des actions rationnelles. Cependant, contrairement à ce que prétend généralement la sagesse conventionnelle occidentale, la rationalité n'est pas universellement la même pour toutes les nations: les cultures conditionnent les mentalités et, par conséquent, les processus décisionnels.".
Suivent quelques citations thomiennes (commentées entre crochets) concernant certains mots-clé apparaissant dans les citations ci-dessus :
1. Concept
1.1 "Il faut au contraire concevoir que tout concept est comme un être vivant qui défend son organisme (l'espace qu'il occupe) contre les agressions de l'environnement, c'est-à-dire, en fait, l'expansionnisme des concepts voisins qui le limitent dans l'espace substrat : il faut regarder tout concept comme
un être amiboïde, qui réagit aux stimuli extérieurs en émettant des pseudopodes et en phagocytant ses ennemis."
1.2 : La pensée conceptuelle est une embryologie permanente."
[ Il m'apparaît très clairement que le rôle du joueur de go consiste essentiellement (exclusivement ?) à phagocyter l'ennemi. A contrario il me semble que le joueur d'échecs cherche essentiellement à percer les lignes ennemies pour en éliminer le roi. Pour moi la pensée occidentale est clairement une pensée conceptuelle.
Depuis quelques années déjà j'ai pris l'habitude de genre (attribuer un genre) aux concepts que je rencontre. Pour moi percer est masculin et entourer est féminin. (Thom associe des verbes à chacune de ses catastrophes élémentaires, la plus simple étant associée au verbe être. Il associe les verbes percer et entourer à la plus compliquée, qui est la catastrophe ombilic parabolique, à la base de ses modèles de formation des organes sexuels.)
La pensée chinoise fondamentalement féminine ? La pensée occidentale fondamentalement masculine ?
2. Rationalité (et logique)
2.1 "Le rationnel, au fond, n'est qu'une déontologie dans l'usage de l'imaginaire."
2.2 "L'imaginaire a cette caractéristique d'abhorrer les frontières nettes, les objets bien délimités dans leur apparence. Quoi de plus concret qu'une pierre, forme saillante permanente s'il en fut ? C'est pourquoi la pensée rationnelle (la logique en est une forme extrême) s'efforce de ramener la propagation des prégnances à des constructions combinatoires de formes saillantes : réduire l'imaginaire au symbolique, tel est son idéal, réduire toute propagation à une construction de solides, comme l'enfant avec un jeu de cubes (et le démiurge du Timée n'en était pas si loin)."
2.3 "La théorie des catastrophes m'a réellement donné la clé d'un mode de pensée qui m'a permis de voir les choses sous un angle qui échappe, apparemment, à la manière standard de voir les choses. Essentiellement parce qu'on fait un saut dans l'imaginaire – mais un saut contrôlé : le saut doit être contrôlé. (...) Le contrôle de l'imaginaire c'est, je crois, l'essence de la rationalité."
2.4 : "La classe engendre ses prédicats, comme le germe engendre les organes de l'animal. Il ne fait guère de doute (à mes yeux) que c'est là l'unique manière de théoriser ce qu'est la Logique naturelle."
( Pour Thom la logique naturelle est embryologique. )
[ La citation 2.2 me paraît particulièrement bien adaptée au jeu de go. Et il me paraît difficile de contester que l'organon aristotélicien joue un rôle fondamental dans la logique occidentale. Quid de la logique chinoise ? ]
3. Stratégie (et intelligence)
3.1 "... pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse."
3.2 "[L'intelligence] c'est la capacité de s'identifier à autre chose, à autrui."
[ La citation 3.1 me semble particulièrement bien adaptée au jeu d'échecs par identification du joueur avec son roi, dont il s'agit de sauver la peau (quitte à sacrifier ses propres pions, chevaliers, fous, tours et reine). Cette identification ne peut être une bonne stratégie que si l'adversaire a la même. Le problème ne se pose pas au jeu de go qui indique que le facteur permanent auquel s'identifier ne peut être que l'adversaire lui-même (dont il s'agit de discerner les intentions).]
4. Champ
[ Je ne sais pas quel sens PhG attribue à ce mot dans les citations ci-dessus. Je commence par champ de bataille, échiquier (au jeu d'échec), tablier (au jeu de go). Il apparaît aussitôt une différence qui me paraît essentielle : initialement l'échiquier est garni alors que le tablier est vide.
Dans le champ géopolitique il me semble plus utile d'être un bon joueur d'échec qu'un bon joueur de go lorsque le champ de bataille est garni, et c'est l'inverse lorsqu'il est dégarni. La façon dont la Chine place ses pierres en mer de Chine, le long de la route de la soie et en Afrique et refuse de s'opposer frontalement aux USA suggère fortement que les stratèges chinois jouent plus au go qu'aux échecs. ]
5. Métapolitique
Il est tentant d'étudier les notions de champs géopolitiques, culturels et civilisationnels dans le cadre de la notion thomienne générale et abstraite de champ morphogénétique (un temps appelée chréode, en référence à l'embryologiste Waddington), notion unificatrice qui permet d'oser des analogies entre des situations dynamiques à priori sans rapport entre elles :
5.1 "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés" (et des espèces, Thom l'écrit ailleurs).
5.2 "L'histoire est fondamentalement non aporétique., parce qu'elle est essentiellement descriptive. C'est seulement lorsqu'elle soucie de théoriser en tant que matériau de la sociologie# qu'elle rencontre des problèmes : ainsi du rôle de l'individu dans le devenir historique" (Apologie du logos, p.481)
# " L'aporie fondatrice de la sociologie est l'opposition entre la permanence de la société -en particulier la structure du pouvoir- et la fluence continuelle des individus qui fait problème. ]
[ Je suis régulièrement Dedefensa depuis maintenant plus de dix ans. J'ai acquis la conviction que l'intuition haute de PhG lui souffle que l'influence de l'individu sur le devenir historique est nulle. Pour moi Thom ne dit pas autre chose en 5.1, 5.2 et #, apportant ainsi de l'eau au moulin de PhG pour qui il y a bel et bien une métahistoire commune par delà la diversité apparente des histoires des évolutions des espèces, de l'homme, des sociétés, des civilisations, des cultures, etc. ]
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Appendice.
Pour certains occidentaux la mathématique a une prétention à l'universalité -et Thom est parmi ceux qui défendent le plus fermement cette position impérialiste#-. En parcourant l'article de Wiki sur les mathématiques chinoises (où j'apprends que la mathématique était l'un des six arts sous la dynastie Zhou) j'ai été étonné de voir que les chinois ne savaient résoudre qu'un cas très particulier du théorème de Pythagore (théorème de Gougu) alors que les grecs savaient à la même époque résoudre le cas général.
La Chine peut-elle devenir un grand pays des mathématiques ? Réponse du mathématicien médaillé Fields d'origine chinoise Shing-Tung Yau : http://www.chine-info.com/static/content/french/RegardsurlaChine/Soci%C3%A9t%C3%A9/2022-11-17/1042853330185101312.html
[ Pour moi, au flair et rien qu'au flair, la pensée chinoise est une pensée fondamentalement féminine, alors que les mathématiciens occidentaux qui comptent sont tous des hommes, à l'exception notable d'Emmy Noether, saluée non seulement par ses pairs mais aussi par Albert Einstein en personne. Mais une lacanienne m'a dit un jour que la pensée thomienne était féminine… ]
# Cf. l'article "Logos phénix", qui figure dans la deuxième édition de "Modèles Mathématiques de la Morphogenèse".
Jean-Claude Cousin
11/09/2025
L'Ouest est exactement dans la direction indiquée, bien tartiné de beurre de cacahuète, de saindoux et de marmelade British…. miam…
Pas étonnant qu'il nous mette le gras pain dessus !
Charles Besnainou
09/09/2025
Et si la Grande Crise Divine était simplement l'expression de la dialectique DU PASSAGE de la QUANTITÉ dans la QUALITÉ...
Ch.
Nicolas Piot
07/09/2025
Pour moi effectivement les Russes jouent aux échecs, dans le sens où la force des pièces compte bien sûr et la supériorité numérique est un avantage, mais la position reste primordiale et on peut mettre mat un adversaire en supériorité numérique.
Et il y a il me semble à mon petit niveau d'échecs une forte notion de Judo/aikido aux échecs où on tente d'attirer l'adversaire dans des pièges en l'attirant à attaquer quelque part pour au final le mettre dans une position de faiblesse. On lui montre une pièce bien tentante à prendre, qui l'amènera à sa défaite. Et on perd souvent quand on est trop enferré dans son plan sublime, et qu'on perd de vue ce qu'est en train de manigancer l'adversaire.
Mais pour moi, les américains jouent au monopoly beaucoup plus qu'aux échecs : jeu très basique où celui qui gagne est celui qui aura réussi à acheter le plus de terrains, et construit des hôtels pour faire payer les autres.
Ah tiens, ce n'est pas l'ex métier de Trump ça? construire des hôtels? A gaza beach par exemple!
Ou bien celui qui gagne, c'est celui qui a construit 800 bases militaires partout dans le monde. Ca pourrait ressembler à du Go dans la notion d'encerclement et d'occuper l'espace, mais c'est du monopoly.
Boyan Drenec
05/09/2025
Voilà un article qui m'a donné un large sourire !
jc
01/09/2025
PhG : "Ce que nous propose cette situation de GrandeCrise, c’est un tableau extrêmement pragmatique, et non pas réaliste, – la différence entre les deux mots est énorme, "
Thom :
"La Science moderne# a eu tort de renoncer à toute ontologie en ramenant tout critère de vérité au succès pragmatique. Certes le suxxès pragmatique est une source de prégnance, donc de signification*. Mais il s'agit d'un sens immédiat, purement local. Le pragmatisme -en ce sens- n'est guère que la forme conceptualisée d'un certain retour à l'animalité. Le positivisme** a vécu de la peur de l'engagement ontologique. Mais dès qu'on reconnaît aux autres l'existence, qu'on accepte de dialoguer avec eux, on s'engage ontologiquement. Pourquoi ne pas accepter alors les entités que nous suggère le langage ? Quitte à contrôler les hypostases abusives, c'est là la szule manière d'apporter au monde une certaine intelligibilité**. Seule une métaphysique réaliste*** peut redonner du sens au monde." (Dernier paragraphe de "Esquisse d'une sémiophysique", 1988)
# Pour Thom la Science moderne est un torrent d'insignifiance…
* : Il est certain que le succès pragmatique est une source de sens ; mais c'est un mode inférieur d'intelligibilité, à peine supérieur à l'assentiment provoqué par la prégnance du conditionnement pavlovien dans le monde animal ; l'intelligibilité humaine requiert une comparaison plus globale des différents modes d'intelligibilité, ceux en vigueur dans le langage et dans les autres disciplines de la science : elle requiert de sortir de la situation locale considérée pour prendre en compte les modes les plus généraux de compréhension. On aborde donc là le domaine de l'analogie ; ce faisant, on touche à l'autre côté, le versant philosophique de l'interface science-philosophie." ;
** : "En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la théorie des catastrophes permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera : i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification ; ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée."
*** : Thom qualifie de minimale celle qu'il propose (ES, bas de p.13).
Remarque : Trump est pour moi typiquement un animal politique pragmatique (au sens de Thom).
Auguste Vannier
28/08/2025
Le technologisme est la conséquence du scientisme, cette croyance irrationnelle dans la toute puissance de la rationalité scientifique oubliant que l'activité scientifique est fondée sur le doute et la conscience de l'aspect provisoire de ses résultats. Le technologisme est en fait la croyance dans la toute puissance de la technique comme application d'une science toute puissante. Une croyance au carré donc!
Technoscientisme me paraît plus approprié pour caractériser les avatars de certains programmes de développement du CMI US, dopé par une puissance financière qui permet toutes sortes de "folies rationnelles" (genre F35)...
Michel Guex-H.
28/08/2025
Petit clin d'oeil dans cet univers morose…
On racontait autrefois qu'à l'École de chimie de l'Université de Lausanne il y avait dans le local où se trouvaient les éléments minéraux une étiquette "Souffre et Potasse" désignant les éléments en question.
Un étudiant avait ajouté un "f" à soufre (les jeunes générations sont-elles en mesure de comprendre ?)
Michel Donceel
27/08/2025
C'est, et de très loin, le point de vue le plus pertinent qu'on ait pu voir jusqu'ici.
Après l'avoir lu, et cogité à ce qui se passe pour l'heure en Occident, du point de vue énergétique, on ressent la force de l'évidence.
L'Occident global, peuples largement inclus, est pris dans la folie du côté obscur de la force.
Qu'on appelle cela « satanisme » n'est pas faux.
Le satanisme procure les rituels et engendre les sacrifices humains nécessaires à son entretien, comme à Gaza.
Nous sommes de tous côtés englués dans une énergie stagnante, desséchante, qui tire de nous toute joie et toute énergie vitale.
En être conscients nous permet déjà de résister.
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