RapSit-USA2021 : AOC versus Zuckerberg?

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RapSit-USA2021 : AOC versus Zuckerberg?

Il va nous falloir vite-fait réviser notre narrative de l’événement épouvantable qui a secoué le monde le 6 janvier, cette ‘attaque’ incroyable de puissance, de machiavélisme et de vilenie. En effet, l’inattendue mais toujours prête AOC (Alexandria Ocasio-Cortez, membre fondatrice du Squad) lance un pavé dans ce qui fait office de marigot (‘swamp’) à ‘D.C.-la-folle’  en dénonçant, comme principal machiniste logistique et de communication de l’‘attaque’, Mark Zuckerberg et son réseau colossal Facebook.

Depuis le 6 janvier, AOC accusait essentiellement Parler.com pour ce rôle, et elle avait exigé que les GAFAM démolissent ce site de fascistes à peine dissimulés. Cela fut fait, comme l’on sait (en attendant peut-être un retour). Eh bien, c’était pour rien, pour ce pauvre Parler qui dominait tout le monde en fréquentation et en inscriptions. En effet, AOC a appris des choses, et elle change son accusation d’épaule ! Peut-être va-t-elle demander aux GAFAM de liquider Facebook, c’est-à-dire de commencer à s’auto-liquider ? Tout cela est extrêmement sérieux, autour de “l’événement épouvantable qui a secoué le monde le 6 janvier”.

(Il faut entendre les ‘meilleurs’, et-de-loin, ‘spécialistes’ français des Etats-Unis, parler de cette ‘attaque’, comme ils parlent de la huitième merveille du monde qu’est soudainement devenu Biden-Saint. On se sent à la fois bien compris et bien défendus par cette belle culture si-française et débordante de moraline nietzschéenne... Fin de la parenthèse.)

Enfin, que s’est-il passé, pour AOC ? Par ailleurs, il s’agit d’une chose sérieuse et des plus intéressantes, puisque venu à l’origine du sacro-saint New York Times même si cela est repris par l’infâme Infowars.com (« CIVIL WAR: AOC Blames Facebook, Not Gab Or Parler, For Capitol Hill Protest »).

« Comme l’a rapporté le New York Post, Ocasio-Cortez a affirmé que le fondateur et PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, “fait partie de ce problème [de la responsabilité du 6 janvier]”. Elle a ajouté : “Et Mark Zuckerberg et Facebook portent une responsabilité partielle pour les événements de mercredi, point final”.
» Notant que Zuckerberg a dîné avec Jared Kushner et d’autres proches de Trump, Ocasio-Cortez a reproché à Zuckerberg d'avoir “dîné avec des sympathisants des suprémacistes blancs”.
» “Ils ont traité ce type de radicalisation différemment, c’est-à-dire avec très peu de sévérité”, a-t-elle ajouté.
» Ocasio-Cortez a également affirmé que Facebook s’était allié avec des partisans de la suprématie blanche, comme le prouve leur confiance dans The Daily Caller, fondé par Tucker Carlson mais maintenant séparé du présentateur de Fox News.
» Elle a ensuite affirmé que Zuckerberg et Facebook connaissaient à l’avance les détails de la manifestation du Capitole, et que la fermeture du compte Facebook du président Trump est un exemple de ‘damage control’.
» “Actuellement, ils font autant de ‘damage control’ que possible”, a-t-elle déclaré vendredi. “Mais ils savaient”, a-t-elle dit. “Et non seulement ils savaient, mais ils ont laissé faire”. »

Ce qui est sérieux et intéressant, c’est d’apprendre que Zuckerberg entretient, parmi ses mauvaises fréquentations, des relations avec Kushner, gendre de Trump. Or l’on sait peut-être que c’est sans doute, que c’est certainement Kushner qui a dissuadé Trump de prendre un compte sur le site Gab, après avoir été interdit de compte sur Facebook, comme nous le présentions le 15 janvier 2021 :

« C’était notamment le cas de Gab.com qui espérait bien, comme on l’a lu avant-hier, accueillir Trump parmi ses utilisateurs. Un texte de The Hill concernant les manœuvres de Kushner et la décision de Trump de ne rien faire, et d’accepter de ne plus avoir de moyen de regrouper ses partisans, est confirmé par Torba (CEO de Gab) lui-même, dans son tweet où il signale la source : “Je peux confirmer cette information.” Cela donne notamment ceci :
» Jared Kushner a détourné  [Trump] de l’idée de rejoindre les plateformes des réseaux alternatifs Parler et Gab après avoir été interdit de Twitter, selon un rapport de CNN.
» Kushner et le chef de cabinet adjoint Dan Scavino se seraient opposés à d’autres aides, comme le chef du personnel Johnny McEntee, pour que Trump ne rejoigne pas d’autres plateformes de médias sociaux, a déclaré un conseiller extérieur et un fonctionnaire de l’administration à CNN. »

Ainsi se confirme-t-il de plus en plus que se trouvent, dans le cercle le plus intime de Trump, des personnages qui jouent des jeux divers et également troubles. Kushner est certainement le plus caractéristique et le plus marqué de ces personnages qui semblent porter la trahison du double jeu comme une double peau, lui qui fut l’un des conseillers les plus proches de Trump pendant ces quatre années à la Maison-Blanche. On voit là combien le président US a été d’une considérable faiblesse durant sa présidence par ses choix essentiels de son entourage pour conduire sa politique ; ou dit autrement comme dans le texte référencé en décrivant son attitude : « l’extraordinaire aveuglement et la naïveté grossière du président dans la constitution de son équipe politique ».

Quant à Zuckerberg et à l’union sacrée des GAFAM, il y a évidemment beaucoup à dire, dans tous les cas et d’une façon générale que les jeunes gens de Silicon Valley ont parfaitement assimilé les us & coutumes, et mœurs générales de l’establishment, à la fois de ses mandarins, comme de ses ‘adversaires’ (Trump), comme de ses ‘rebelles’ (AOC) et ainsi de suite. Il faudra voir ce que Dorsey, qui côtoie Derrida, aura à dire. Quant à Bezos, il a toujours, en partenariat avec la CIA, le Washington Post, et bien peu de préoccupations de cohérence. Dans un climat où des personnalités diverse s’expriment dans des conditions chaotiques permettant les positions les plus originales et les plus improbables dans le genre du comique troupier, comme celle de ce professeur d’université estimant que c’est du racisme insupportable et méritant condamnation de ne pas comprendre les accents les plus incompréhensibles et de ne pas admettre le langage des drogués et des gangs divers des rues africaines-américaines comme équivalant celui de Shakespeare, ou comme cet ancien cadre dirigeant de Facebook estimant qu’il faut interdire les TV conservatrices, – dans ces conditions, donc, voilà que le CEO de Parler, brutalement déplateformé par Amazon, annonce que son réseau va peut-être revivre (grande nouvelle, donc !) ; et parlant à propos de l’action d’Amazon contre Parler, Matze décrit la façon dont la chose s’est passée, ou plutôt parle-t-il de l’esprit de la chose...

« John Matze a déclaré dimanche à Fox News qu'il avait été complètement surpris par la façon dont son site a été brutalement et instantanément déplaformé : “Amazon nous disait en gros, comme si tout était normal : ‘Oh, on ne voit aucun problème matériel. Non, il n'y a aucun problème’. Vous savez, ils l’ont joué avec beaucoup de nonchalance. Et donc nous avons alors essuyé par surprise, sans avertissement, les 8 et 9  [janvier], leur coup mortel ; vous savez, nous n'avions aucune indication réelle que c’était, vous savez, que c’était mortellement sérieux.” »

Dans cette crise incroyablement grave et sérieuse, ces acteurs essentiels montrent, comme le dit Matze, une certaine « nonchalance », voire une « nonchalance » certaine. Tous ces gens, en général jeunes et considérablement nouveaux-riches, font des choix qui sont dans le comportement et l’expression de couleurs et de tons bien divers comme d’ailleurs ‘la diversité’ les y autorise ; ils ont une ligne de conduite aussi droite qu’une route de montagne dans la cordillère des Andes, dont les lacets serviraient à déterminer où commence et surtout où s’arrête la ‘liberté d’expression’ qui devient alors un concept étrange, une sorte de blockbuster hollywoodien mis en scène par les Marx Brothers. Pendant ce temps, les discours sur la grandeur et la solennité de l’Amérique se succèdent au Congrès et devant les caméras de télévision, et sur les plateaux-TV, jusques et y compris, et surtout, dans les salons parisiens.

La tragédie-bouffe qui ne cesse de se radicaliser, est pourtant plus bouffe que jamais et de plus en plus bouffe, comme si effectivement tragédie et bouffe marchaient côte-à-côte au lieu d’évoluer, comme on aurait pu le croire, en vases communicants un aspect (la tragédie) se développant finalement aux dépens de l’autre (le bouffe). Autre trouvaille des Marx Brothers.

 

Mis en ligne le 18 janvier 2021 à 09H45

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