Propos d’antiSystème

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Propos d’antiSystème

11 juin 2016 – A propos du texte du 09 juin 2016 sur l’“amour fou” entre Israël et la Russie, et plus précisément des cinq commentaires (à l'heure où j'écris) dont le premier exsude en quelques courtes phrase une sympathique estime pour notre site, je m’attache au cinquième de madame Anne Guerrier qui développe un problème particulièrement intéressant. On trouvera un passage de ce texte sur lequel porte ma “réponse” à ce commentaire. (Je signale, mais c’est une autre affaire, que je comprends très bien le sens de son analyse des relations entre Israël et la Russie, mais qu’elle n’est pas tout à fait la mienne, – mais cela est une autre histoire, quoiqu’elle ait été effleurée dans l’un ou l’autre texte précédent...)

« Je suis complètement d'accord avec votre propos sur la nécessaire fluidité mentale dont doivent faire preuve ceux qui cherchent à interpréter le réel (je n'appelle pas ça être anti-Système car la pensée agile doit être prête à tout intégrer, y compris le Système lui-même. On ne doit être anti rien à priori la connaissance n'est pas anti ni pour quoi que ce soit, et il se peut que nous découvrions que nous faisons en réalité partie d'un métasystème… ). Nous devons être prêts à réviser nos catégories constamment. Il s'agit de mouvements tactiques face à ce que vous appelez le bloc BAO, qui est en plein désarroi et de ce fait dangereux. Israël risque la destruction rapide et intégrale sous des missiles russes, et le sait. Si la Russie est attaquée par les USA (en réalité il ne s'agit pas des USA mais d'une faction à l'intérieur de ceux-ci) ou un quelconque satellite, Israël sera instantanément détruit par la Russie... »

Il y a une partie de ce passage que je voudrais encore mieux cerner, qui permettra de mieux comprendre le sens du terme antiSystème par le commentaire (“commentaire du commentaire”) que je voudrais introduire. Il s’agit de ce passage : « [J]e n'appelle pas ça être anti-Système car la pensée agile doit être prête à tout intégrer, y compris le Système lui-même. On ne doit être anti rien à priori la connaissance n'est pas anti ni pour quoi que ce soit, et il se peut que nous découvrions que nous faisons en réalité partie d'un métasystème... » J’anticipe un peu sur un très prochain (j’espère) Glossaire.dde sur “l’antiSystème”. Dans ce texte, il sera rappelé que l’expression telle qu’elle est utilisée sur ce site avait été proposée pour la première fois, sous sa forme orthographique courante, le 10 décembre 2010, sous le titre : « Des antisystèmes” aux “antiSystème” ». (Le terme “antisystème” fut employé pour la première fois d’une façon explicite le 8 décembre 2009, l’expression “anti-système” le 24 juillet 2007, selon notre moteur de recherche du site dedefensa.org.)

Dans Glossaire.dde, on donne une rapide explication de l’orthographe employée, ainsi que de l’origine du terme : « Voici donc le terme, important d’“antiSystème” : nous le tenons comme invariable, nous ne nous embarrassons nullement de tiret (anti-Système) et nous tenons comme condition sine qua non que le “S” de Système est une majuscule parce qu’il s’agit “du Système”, de “notre Système”, du seul et unique, né du “déchaînement de la Matière”… Nous parlons ici, à ce point, de la “fonction antiSystème”, et nullement de l’“être antiSystème”, c’est-à-dire l’“antiSystème” dans sa première phase (“phase Ron Paul”). »

J’ignore exactement quand la chose fut précisée, mais elle le fut très rapidement : l’antiSystème, qui est d’abord conçu comme une “fonction”, peut évidemment être trouvée au cœur même du Système, et nous voilà d'accord avec notre lectrice ; il peut se trouver chez des personnes, dans des situations, chez moi-même si je suis au sein du Système, etc., dépendant tous du Système, nés du Système, etc. (par exemple, « Un antiSystème nommé John McCain », le 23 mai 2011). Il est évident dès le premier jour que l’antiSystème “doit être prêt à intégrer le Système”, puisque souvent il en est, presque de sa chair même si j’ose dire, – mais encore plus que cela : selon les conceptions qu’on retrouve dans le site, et qui sont miennes bien entendu, l’antiSystème ultime est le Système lui-même puisque sa surpuissance engendre nécessairement sa propre autodestruction.

Par contre, bien entendu puisque le constat découle de ce qui précède, je suis en désaccord avec madame Anne Guerrier, – quoique je fais l’hypothèse que cela soit essentiellement une question de nuances de langage et du domaine envisagé, – sur le fait qu’on ne doit pas être “anti” quelque chose a priori. Pour moi, l’antiSystème est une fonction absolue, aussi absolu qu’est le Système, et il n’y a aucune connaissance à attendre d’elle, et par conséquent l’“anti” est quasiment ontologique. Cette fonction antiSystème est ce qu’elle est, un outil de destruction du Système, en elle-même sans la moindre nuance. La connaissance, bien entendu, est du côté de ce que la lectrice nomme “fluidité mentale”, que j’appellerais pour mon classe la souplesse infinie du jugement, qui fait qu’on doit développer une constante recherche de la circonstance, de la décision, de la personne, etc., où la fonction antiSystème s’applique.

Ma conviction intime, sinon ma foi, est que le Système est l’opérationnalisation du Mal par l’intermédiaire du “déchaînement de la Matière”. C’est un absolu. La fonction antiSystème est également un absolu où l’orientation “anti-” est bien entendu fondamentale, vertueuse, de l’ordre du principe même. C’est sa seule raison d’être, encore une fois son être, son ontologie.