L’Eurovision a tout de même de l’intérêt (cette année)

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L’Eurovision a tout de même de l’intérêt (cette année)

Il y a une affaire divertissante et instructive autour du Grand Concours de l’Eurovision qui, outre la constance de sa très-médiocre qualité artistique en général, nous présente cette fois une dimension politique marquée et très significative. Nous parlons de l’édition 2017, qui a acquis une dimension politique intéressante, démontrant que la mort de la politique par incohérence puis démence et néantisation, est parvenue faire s’enfuir nombre de ses composants pour qu’ils aillent infester d’autres domaines jusqu’alors assez immunisé malgré divers incidents. Aujourd’hui, certains événements non-politiques par définition sont d’abord clairement et outrageusement politiques avant de se réaliser plus ou moins pour ce qu’ils sont originellement, tant bien que mal. Il s’agit d’événements de type entertainment dans le sens le plus large du mot, allant du spectacle aux sports.

Cette fois, c’est le concours Eurovision qui se trouve dans une tempête sérieuse, et une fois n’est pas coutume ce n’est pas contre les Russes mais pour une affaire russe et contre les Ukrainiens. Il s’agit du refus  des ukrainiens d’accorder un visa d’entrée à Yulia Samiolova, chanteuse russe choisie pour représenter la Russie au concours qui a lieu en Ukraine. A l’affaire elle-même, qui transgresse toutes les règles du concours, s’ajoute le fait qui charge la chose d’un fort poids affectif que Samiolova, affectée dans sa jeunesse d’une grave maladie (une amyotrophie spinale) , est paralysée des jambes et se déplace en chaise roulante. L’Ukraine justifie son refus par le fait que Samiolova a chanté en Crimée au cours des trois dernières années, sans visa pour entrer en Crimée selon la narrative ukrainienne que la Crimée fait partie de l’Ukraine et constitue de ce fait un précédent inadmissible dans la situation européenne depuis 1945 et depuis 1989-1991. (Cet argument, à l’ombre de l’indépendance du Kosovo proclamée le 17 février 2008 à la suite d’un processus manipulé de bout en bout par le bloc-BAO et quelques faux-nez de l’ONU, en dépit de la résolution 1244 affirmant l’intégrité territoriale de la Serbie et établissant ainsi un précédent, si l’on s’en tient au strict plan du droit international, qui rend la position de l’Ukraine et du bloc-BAO pour le moins sujette à la contestation.)

Il se trouve, circonstance exceptionnelle que, cette fois, il existe un ensemble important dans la direction du Concours et chez les autres participants pour juger inacceptable la position de l’Ukraine, ce qui représente une première depuis début 2014 (coup de force de Kiev). En effet, jusqu’à maintenant, dans quelque enceinte que ce soit où l’organisation et la conception sont de l’origine du bloc-BAO, tout conflit entre Russie et Ukraine tournait inévitablement aux dépens de la première. Les circonstances de cette affaire dépassent le cadre habituel de ce Concours qui est devenue une institution dans l’architecture des activités de tous ordres touchant tous les domaines qui s’est mise en place selon les critères de la globalisation, selon la vision générale du globalisme. L’Eurovision est un exemple institutionnel, non seulement de la qualité souvent médiocre des chansons, mais surtout de leur caractère multiculturel à dominante globaliste, également avec la domination quasi-hégémonique de la langue anglaise [anglosaxonisation] malgré la diversité des langues des pays engagés, tout cela selon une présentation qui renvoie constamment aux langages et aux “valeurs” du globalisme. Tout cela montre la volonté d’universalisation et de nivellement globaliste qui y règne.

Par conséquenct, ce “tout cela” est confronté à un conflit interne qui compromet d’une façon préoccupante malgré l’apparente légèreté du cas, l’ordre globaliste puisque les autorités de l’Eurovision semblent dans l’obligation de mettre en accusation l’Ukraine, ce pays-phares et ce symbole de la réussite de la globalisation et du globalisme contre la Russie. Alexander Mercouris décrit avec précision ce conflit constituant un exemple de plus des difficultés que rencontre aujourd’hui le globalisme, même dans des circonstances institutionnelles où sa prééminence devrait être verrouillée. (Dans TheDuran.com, le 1er avril 2017.)

« Though told by the Eurovision Song Contest organisers that Ukraine risks being banned from future competitions, and despite rumours that some participants are now considering boycotting the forthcoming Contest in Kiev unless Ukraine changes its stance, Ukraine still refuses to grant a visa to Russian contestant Yulia Samoilova to attend this year’s Contest.

» The political origin of the decision to refuse Samoilova a visa has now been made even clearer by a public statement of Ukrainian Foreign Minister Pavel Klimkin refusing any concessions to allow Samoilova to participate in the Contest.  So far as I can recall, it is unheard of for the foreign minister of any country to comment on such a question involving the Contest.  If the Ukrainian government were not involved one would expect statements of such a nature to be made either by Ukraine’s border control authorities or by the organisers of the Contest in Kiev.

» At this point I cannot help but note that some Western media outlets have reported that it was the Russians who rejected the idea that Samoilova compete in the Contest via satellite, without mentioning that the Russians only did this after the Ukrainian government had already signalled its rejection of the idea.

» Though the Western media (at least in Britain) has downplayed its reporting of this story, there is no doubt Ukraine’s intransigence over this issue has done it harm.  European Broadcasting Union (EBU) Director General Ingrid Deltenre – hardly someone who might be expected to be unsympathetic to Ukraine – has pointed this out in a letter to Ukrainian Prime Minister Volodymyr Groysman : “The current situation is causing anger amongst our Members – European Broadcasters across Europe – and we have received communication from a number of them criticizing the decision and considering to withdraw from the event.”

» It seems that Deltrene also pointed out in the same letter that Ukraine is doing its international reputation great harm because of the stance it is taking, and that no other country has ever prevented a Contest participant from taking part before.

» None of this appears to be cutting any ice in Kiev.  Given the extent to which ultra-right ‘activists’ with their pathologically anti-Russian views are making the running that is completely unsurprising.  It seems that the Ukrainian authorities are more concerned to appease them then they are to spare Ukraine the damage to its image this affair is doing it even amongst its friends. »

C’est un des premiers cas très publics et à forterésonnance de communication où le caractère si particulier de l’Ukraine, – répétons-le pour bien nous enconvaincre, un des fleurons des entreprises libératrices du bloc-BAO, – montre en même temps le désordre, la corruption, le népotisme, la puissance des organisations d’extrême-droite, qui caractérisent le fonctionnement vibrant de la démocratie dans la situation interne du pays. Toutes les pressions extérieures, notamment celles des pays de l’UE et de l’UE elle-même et, par entraînement de solidarité globaliste, celle des organisations US impliquées qui interviennent par automatisme bien qu’elles n’aient pas le moindre intérêt pour l’Eurovision dont elles ignorent sans doute l’existence, ne semblent pas devoir pour l’instant entamer la résolution de l’Ukraine. C’est un cas classique où une “marionnette“ du bloc-BAO, absolument subvertie par le bloc et elle-même totalement corrompue et sans la moindre attitude principielle, résiste avec fermeté à ses maîtres pour ne pas perturber ses proppres arrangements intérieurs, également faits d’impostures et de corruptions selon l’exemple du bloc-BAO, multiplié par le désordre intérieur. C’est un exemple de plus de la remarque que nous rappelons souvent, d’Immanuel Wallerstein (ici cité le 24 décembre 2015), qui pourrait être nommé “le théorême de Wallerstein” (“les marionnettes tiennent leurs tireurs de ficelles, et non l’inverse”)  :

« Nous sommes dans une époque marquée par l’inversion de l’influence comme l’observe Immanuel Wallerstein (“les marionnettes tiennent leurs tireurs de ficelles, et non l’inverse”) : “ Most analysts of the current strife tend to assume that the strings are still being pulled by Establishment elites... [...] This seems to me a fantastic misreading of the realities of our current situation, which is one of extended chaos as a result of the structural crisis of our modern world-system. I do not think that the elites are any longer succeeding in manipulating their low-level followers... [...] I think however that step one is to cease attributing what is happening to the evil machinations of some Establishment elites. They are no longer in control…” »

… Et ainsi pourrait-on arriver à cette situation horrible où un événement stratégique de l’importance de l’Eurovision, –grand événement de la stratégie de l’entertainment, – verrait une condamnation de l’Ukraine vertueuse au profit de l’immonde Russie. Il n’y a plus qu’espérer que, quelque part, quelque chose cède dans le bon sens, et qu’on arrive par exemple à montrer que tout cela est d’abord l’effet d’une machination russe. Cette sorte de démarche est vraiment de plus en plus difficile si on veut continuer à la situer dans le domaine de la vraisemblance mais, comme tout bon globaliste nous  le dirait, il ne fait pas désespérer.

 

Mis en ligne le 2 avril 2017 à 15H26