L’aveugle au regard d’aigle

Ouverture libre

   Forum

Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 712

L’aveugle au regard d’aigle

Michael S. Rozeff, historien libertarien qui publie notamment sur l’excellent site LewRockwell.Com, donne une rapide analyse des erreurs constantes que les présidents US répètent depuis 1945, mais particulièrement depuis le Vietnam, dans les “guerres de basse intensité” où ils engagent les forces des Etats-Unis, sans jamais tirer aucun enseignement de ces erreurs. (En-deça de la période examinée par Rozeff, cette même logique peut d’ailleurs être reprise pour le comportement des USA depuis leur création, comme on le verra.) Rozeff intervient à l’occasion de la décision de Trump d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan, au contraire de ce qu’il avait envisagé durant la campagne électorale USA-2016.

Cette analyse est convaincante même si elle ne rend pas tout à fait justice au moins à l’un d’entre les présidents parmi tous les présidents que Rozeff implique nécessairement. En effet, placer Nixon dans la cohorte des présidents qui s’engagèrent dans ces guerres est assez inexact et injuste puisque Nixon a hérité de l’engagement d’un autre et conduit une politique de désengagement ; cette politique peut être fortement critiquée, sans nul doute, et elle le fut plus qu’à son tour mais le point essentiel est qu’elle dépendait d’une stratégie de réaction pour un désengagement à une situation donnée d’engagement des USA à laquelle Nixon ne fut pas partie prenante. (De même, Nixon est à notre sens le seul président qui engagea un processus de réduction de la puissance du complexe militaro-industriel par le biais budgétaire, ce qui constitue sans doute, indirectement mais à peine, la cause de sa chute.) Passée l’exception nixonienne qui n’est pas exempte d’ambiguïté par rapport à la question de “caractère américain” et qui participe à notre sens à la haine inextinguible dont il est l'objet, – notre point de vue général est en effet que l’énorme contradiction stratégique des USA, d’où toutes les autres erreurs stratégiques découlent, est bien cette question de l’engagement extérieur et unilatéral, ou de la projection de la puissance des USA perçue par ceux-là même qui l’activent comme une puissance bienveillante (une “force du Bien”).

On ne mentionnera pas ici le détail des innombrables objections, sarcasmes, condamnations, etc., qui entourent le terme de “bienveillante” (benevolence) alors qu’on connaît dans le chef des USA les pratiques de guerre, les intérêts, la corruption, l’absence de respect de toute règle qui n’est pas américaniste, etc. Ces objections, qui fondent en fait une condamnation générale et sans appel, sont toutes justifiées, jusqu’à faire des USA, autant dans l’exercice de la puissance que dans la constance et dans la longueur sans fin de cet exercice, l’entité la plus destructrice et la plus déconstructrice qu’ait connue l’Histoire.

Nous sommes même persuadés que cette attitude trouve sa source dans la nature même des USA telle qu’elle se fit à l’origine, par son refus de l’Histoire en arguant d'une idéologie entièrement imprégnée d’une théologie absolutiste et de l’affirmation d’une exceptionnalité d’en-dehors de l’Histoire. La “bienveillance” dont se targuent les USA est une illusion de la psychologie américaniste qui entretient constamment un simulacre de politique, – tout cela se retrouvant d’ailleurs dans les caractères fondamentaux de la modernité dont les USA sont la créature absolument. Si ces observations semblent être éloignées du sujet traité, en fait elles jouent un rôle fondamental dans tout sujet de fond concernant les USA, comme est le cas traité ici.

Dans le cas de l’Afghanistan comme dans tant d’autres, il ne s’agit ni d’impérialisme ni d’expansionnisme au premier chef, il s’agit d’abord de psychologie... La psychologie US est le fondement de la politique US et non, comme c’est l’habitude pour les nations inscrites dans l’Histoire, un moyen et un outil de perception de la réalité pour permettre à l’intelligence et à la raison plus ou moins équilibrée de penser et de déterminer une politique. La politique US est directement inspirée par sa psychologie refermée sur elle-même, elle n’est donc pas “pensée” en tant que telle. (Ce cas serait assez proche de l’Allemagne nazie dont la psychologie fut également bouleversée par une psychologie sortie de l’Histoire.)

Nous sommes absolument convaincus que les USA se perçoivent comme effectivement benevolent. Cette conviction nous a d’ailleurs poussés à isoler deux traits de caractère typiquement américanistes, mais qui se décalquent dans le caractère moderniste pour en former le modèle opérationnalisé. Il s’agit de l’inculpabilité et de l’indéfectibilité, soit le sentiment de ne pouvoir avoir tort (parce que benevolent) et le sentiment de ne pouvoir être vaincu (parce que benevolent) ; si nous employons la forme “ne pouvoir”, c’est parce qu’il s’agit dans notre perception de la conviction du caractère américaniste déterminé par cette psychologie de posséder d’une façon comme l’on dirait inné d’une incapacité constitutive à avoir tort et à être vaincu, – toujours parce que benevolent. Cette situation psychologique empêche par ailleurs toute adaptation créatrice des expéditions américanistes aux territoires extérieurs dévastés (au contraire des Russes en Syrie, comme le signale Rozeff), parce que cette même psychologie conduit à estimer que c’est à l’autre (celui qui est envahi) à s’adapter à l’intervention américaniste et non le contraire.

Cette “bonne conscience” totalement destructrice et criminelle (“bonne conscience”-simulacre) qui fonde le caractère même de l’américanisme empêche évidemment toute possibilité de jugement rétrospectif critique sur la cause fondamentale qui échappe à toute critique possible (les USA ne peuvent agir que sous l’empire de leur benevolence) ; par conséquent, toutes les conséquences de cette pseudo-“politique”, conséquences sordides, cruelles, criminelles, corruptrice, les pillages, les liquidations, les attentats à la souveraineté, les pressions culturelles dissolvantes, etc., c’est-à-dire toutes les conséquences diaboliques qui en découlent dans tous les cas n’engagent en rien la responsabilité des USA ; elles ne sont même pas perçues, même pas “informées” comme telles dans le chef des USA... Par conséquent, il n’y a aucune leçon à tirer de tous ces évènements dans leurs conséquences, et ils seront donc constamment répétés à l’identique puisqu’ils sont justifiés à l’origine par la pureté absolument incontestable de la benevolence.

(On remarquera d’ailleurs que l’actuelle campagne de crise totale confinant à la démence sur la “repentance” aux USA, qui dépasse en puissance tout ce qui a été fait dans ce genre parce qu’il s’agit d’un malaise psychologique de type pathologique à cause de cette transformation originelle du caractère confrontant la benevolence avec une situation interne représentée comme diabolique, ne porte que sur des matières intérieures [racisme, esclavagisme US, etc.] et aucunement sur les crimes innombrables commis par les USA hors de leur territoire. Il n’est pas question des crimes pourtant aujourd’hui absolument documentés, – een s'en tenant à quelques exemples, – commis contre les Philippines, contre Cuba à la fin du XIXème siècle, contre différents pays d’Amérique du Sud tout au long de l’histoire de l’américanisme, contre le Japon en 1945, contre la Corée du Nord durant la guerre de Corée, contre le Vietnam, etc.)

Cette situation psychologique peut certes trouver des précédents approchant dans l’Histoire mais aucun qui se rapprochent jusqu’à transformer le caractère parce qu’aucun n’a jamais disposé d’une telle puissance du technologisme et surtout du système de la communication permettant, non pas un endoctrinement du caractère, mais une transmutation de la nature du caractère qui interdit le jugement de soi-même par rapport aux autres.

Malgré la situation extrêmement particulière des innombrables “guerres de basse intensité” depuis 9/11, cette démarche de base n’a pas changé d’un iota et se serait plutôt aggravée jusqu’à l’absurdité. Les conditions générales sont évidemment aggravées exponentiellement jusqu’à des risques de rupture crisique par les extravagances du gaspillage, des blocages technologiques, des impasses bureaucratiques caractérisant notre époque de crise civilisationnelle générale.

Sur ce dernier point, on citera un extrait d’un autre texte du site LewRockwell.com, de Christopher Manion, le 22 août 2017, marquant l’intensité à la fois du gaspillage et de la corruption sous toutes ses formes par rapport notamment à l’Afghanistan, y compris celles des producteurs d’armements et autres “profiteurs de guerre” à Washington D.C.

« From a friend: “Most of our forces in Afghanistan reside on bases totally supplied with generated electricity. It costs $40 per gallon for US taxpayers to provide diesel fuel necessary to power our military installations. In order to maintain volunteer military stationed in Middle East, US provides food to troops such as prime rib, lobster, etc.  For breakfast there was always buffet much like a fine US restaurant – omelets made to order, huge selections of pastries, meats, fruits. Costs $2,000,000.00 annually to deploy 1 service member overseas. Absolute insanity.”

» Insanity? Think again. Yes, ten (lowball) to thirty (more likely) percent of total war spending in Iraq and Afghanistan went directly into the hands of the corrupt – Chalabis, Najibullah, et al.

» But untold billions more went to “legal” contracts that have fattened the Deep State to the point that seven of the nation’s ten richest counties are those that surround Washington DC.

» Insanity? Or Crazy like a pack of very successful parasites? »

Voici donc le texte de Michael S. Rozeff, sur LewRockwell.com, le 23 août 2017

dedefensa.org

__________________________

 

 

U.S. Continues Strategic Blunder in Afghanistan

Syria is on the verge of defeating ISIS. The final big battle is about to occur at Deir Ezzor. The Syrian forces have been greatly aided by Russian air forces. Russia has a large interest in defeating ISIS because it has experienced so many terrorist attacks on its soil.

Why is Russia succeeding in Syria after only 2 years with limited forces while the U.S. has failed in Afghanistan after 16 years and trillions of dollars?

Syria had its own conventional armed forces to fight ISIS on the ground. They have fought loyally for the government. The population was against ISIS. Syria invited Russia to help. They worked together. They used the right military strategies to defeat ISIS.

The U.S. quickly defeated the Taliban government of Afghanistan in 2001. However, the Taliban under Mullah Omar began an insurgency. The new government of Afghanistan didn’t have armed forces that could defeat the insurgency. The insurgency found support from important elements within Afghanistan and in Pakistan. The corrupt government didn’t command the loyalty of all Afghans. The U.S. forces in Afghanistan didn’t have a good Afghan armed force to work with. The U.S. counter-insurgency strategy (COIN) failed.

The U.S. applications of COIN are proven failures. This has been known since Vietnam. If a country doesn’t already have a strong government and strong armed forces, COIN fails against insurgencies. The U.S. cannot simultaneously build up a nation-state and fight an insurgency, even if it commits 500,000 ground forces and drops more bombs than in World War II. When we have experienced soldiers telling us “This needs to be a 50- to 100-year campaign. It requires persistence and presence. Colombia should be a model, not Iraq”, we know that COIN is a loser.

Bush and Obama made the same strategic mistakes again and again that Johnson and Nixon made in Southeast Asia. Trump is now repeating these mistakes. To name a few:

1. They think that the U.S. has interests in these distant lands important enough to require American armed forces and warfare. This is false.

2. They think that they can secure these interests by military means. This is false.

3. They think that the potential benefits are worth the costs. They aren’t.

4. They listen to over-optimistic top brass military and political advisors. They shouldn’t.

5. They listen to war hawks in Congress and intelligence agencies. They shouldn’t.

6. They fail to gather independent information. They fail to listen to lower-level military figures who have experiences with failed COIN strategies. They should.

7. They personally don’t want to preside over defeat or be blamed for defeat. This is an institutional defect built into any system of power that attracts ambitious men and women who want fame.

8. They personally do not bear, experience or even feel the increased misery of both their own and foreign peoples brought about by their decisions to make war. This is a human characteristic shared by all human beings, but it becomes a huge negative when its consequences are amplified by placing huge power into the hands of a very few.

The American people attempted to install a president who would exit Afghanistan. They failed. The system has thwarted them. Trump, a man who explicitly and repeatedly spoke up for withdrawal, has changed his mind. Presidents do this all the time. They often get away with it and get re-elected. There is a deep and continuing evil in a system of government in which the sound instincts of both a people and their president are perverted.

Michael S. Rozeff

Donations

Nous avons récolté 1475 € sur 3000 €

faites un don