... Et l’hypothèse-1984 menacée par le Russiagate

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... Et l’hypothèse-1984 menacée par le Russiagate

On a lu hier l’alarme où se trouve Daniel McAdams, du Ron Paul Institute for Peace, devant la possibilité d’une attaque fondamentale contre la presse antiSystème par le biais de la loi voté par le Congrès. On a pu mesurer l’ampleur de cette alarme (« L’hypothèse-1984 et le Russiagate »), dans le chef de ce qui pourrait être l’établissement d’un état de censure totalitaire contre tout ce qui s’apparente à la presseSystème, en s’appuyant sur le “simulacre extrême” qu’est le Russiagate, présenté comme un fait de trahison indiscutable de Trump et de tous ceux qui ne condamnent pas absolument la Russie au nom d’une narrative fabriquée à la hâte pour couvrir les avatars de la corruption totale du parti démocrate.

On ne doit pourtant pas en rester là, car il importe de mettre en évidence des développements hypothétiques mais aussi factuels qui devraient très rapidement déboucher sur un accroissement considérable du désordre d'ores et déjà considérable réglant aujourd’hui la marche paroxystique, quasiment comme si cette entité était devenue un zombie, de “D.C.-la-folle“. Le premier de ces développement est certes hypothétique mais extrêmement important : il consiste en ceci que tout ce qui serait mis en cause, personne ou organisation, selon le processus décrit par McAdams pourrait évidemment opposer une action juridique qui pourrait conduire à la Cour Suprême. Dans son texte du 4 août 2017, Alexander Mercouris détaille la façon dont Trump lui-même pourrait porter devant la Cour Suprême la loi votée par le Congrès et qu’il a signée avec des réserves légales extrêmement détaillées et extrêmement précises dont Mercouris juge qu’elles ont été évidemment écrites par des conseillers juridiques du président, et cela jetant les bases légales précises d’un possible sinon probable recours devant la Cour Suprême.

(Un tel recours serait lancé dès qu’une décision du Président serait interdite par le Congrès au nom de cette loi ; de même pour des personnes ou des organisations de la façon qu’envisage McAdams... Dans tous ces cas, l’affaire prendrait aussitôt une dimension politique de première grandeur avec le risque intéressant pour l’ambiance washingtonienne générale que la Cour Suprême désavoue le Congrès et entraîne le jugement implicite de l'inconstitutionnalité commplète de toute la loi HR3364. Cela pourrait être interprété, sinon mener à un jugement sur le fond tendant à déconstruire complètement la prise de contrôle du processus de confiscation de la politique étrangère des USA par le Congrès.)

On est encore ici qu’au niveau des hypothèses et de la théorie. Passant au niveau opérationnel, on découvre aujourd’hui qu’une attaque a lieu parallèlement, qu’on pourrait décrire comme une contre-attaque de l’administration Trump. Le président semble s’être complètement réconcilié avec son ministre de la justice Sessions, au point que certains jugent que ses attaques par tweet contre Sessions ne constituaient finalement qu’une manœuvre de diversion pour mieux préparer cette contre-attaque. Cette “réconciliation” s’est faite notamment à l’occasion de déclarations de Sessions selon lesquelles des enquêtes sont menées et des poursuites allaient être engagées contre des personnes ayant communiqué des informations (fuites) à la presseSystème, alimentant notamment la constante campagne de dénigrement et de mise en cause de l’administration Trump.

(D’une façon générale, ces “fuiteurs”, qui s’intitulent pour le coup “lanceurs d’alerte” dans une logique d’inversion qui est employée dans tous les sens dans cet environnement de complet simulacre, se recrutent parmi les nombreux fonctionnaires de l’administration Obama restés en place. Il est de “notoriété antiSystème”, – variante désormais vertueuse de la “notoriété publique”, – qu’Obama et son “équipe” post-présidentielle/postmoderne donnent des consignes d’opérer le maximum de fuites pour paralyser l’administration Trump et la compromettre là où cela peut être fait. Obama joue à cet égard un rôle absolument sans précédent dans l’histoire des USA, d’organisateur du sabotage systématique de l’administration de son successeur, lui-même [Obama] se trouvant en constant déplacement à l’étranger pour des affaires de la plus haute importante, – discours rémunérés, entretiens avec des dirigeants, etc. ; cela lui assure d’une part une certaine impunité, d’autre part la possibilité d’entretenir son propre simulacre puisque tout semblerait se passer, dans nombre d’occurrences, comme s’il restait le président en exercice... “D.C.-la-folle”, comme tout ce qui émane de Washington D.C., ne connaît ni les frontières, ni la moindre retenue pour des simulacres surréalistes dans une bataille sans précédent et sans équivalent [SPSE] dans l’histoire politique et démocratique moderne.)

Les actions juridiques et judiciaires devraient conduire à des inculpations et par conséquent à de possibles procès qui ne manqueront pas d’intérêt, mais dans le sens contraire, contre la presseSystème et les fuites dont elle profite, en même temps bien sûr que des mesures judiciaires vont être prises contre les “fuiteurs“ qui seraient identifiés. Daily Caller recense les réactions des journalistes de la presseSystème après l’annonce par le secrétaire à la Justice Jeff Sessions que des poursuites allaient avoir lieu dans ce domaine des “fuites”. Elles ne sont pas piquées des vers, car ces messieurs-dames de la presseSystème s’élèvent soudain (mais c’est une habitude, par les temps qui courent) au nom de la liberté de la presse, de la probité professionnelle (protection des sources, ma chère), bref de la vertu qu’on pourrait tout aussi bien majusculer pour l’occasion (the Vertu). Heureusement que tous ces gens sont excusables du fait du diagnostic de la démence haineuse qui les habitent sinon l’on s’avancerait jusqu’à parler d’un cynisme à vous couper le souffle.

« Media figures expressed alarm on Friday after Attorney General Jeff Sessions said the Department of Justice is reviewing current policies about subpoenaing reporters as part of the investigation into leaks of classified information. [...]

» Sessions’ announcement was not received well in the media. “Shorter Sessions: Because he can’t recuse himself on Russia, he’ll jail reporters instead,” said Market Watch’s Washington bureau chief, Steve Goldstein.  “Sessions tells room of reporters he may make it easier to jail them if they don’t reveal sources, leaves without taking any press questions,” said MSNBC host Ari Melber. NBC News’ Ken Dilanian called Sessions’ announcement “a significant development for anyone who cares about press freedom.”

» New York Times reporter Serge Kovaleski described Sessions’ speech as “authoritarian-style threats.”  Kovaleski’s message to Sessions: “Get ready for even greater, tougher resolve!” »

... Ainsi la situation devient-elle de plus en plus passionnante, et ne cessera pas de l’être toujours plus puisque personne ne songe à céder (il faut noter les derniers mots cités du journaliste Kovalreski du NYT annonçant la poursuite du combat : « Attendez-vous à une résolution [de notre part] plus grande, à une résolution plus forte ! »). Alors que le texte de McAdams exposait une situation catastrophique pour les antiSystème, on se trouve avec l’intervention de Sessions devant une perspective différente, qui est comme une sorte d’affrontement même s’il n’y a aucune intentionnalité de cette sorte et que les deux affaires sont complètement indépendantes et ne se répondent aucunement. Mais le fait est que l’affrontement entre Trump et le Congrès, et un affrontement à l’intérieur de ce qui est le cadre institutionnel du Système, tourne à l’affrontement Système versus antiSystème même s’il s’agit de deux batailles indépendantes l’une de l’autre. L’offensive que craint McAdams contre la presse antiSystème au nom d’un simulacre nommé Russiagate se trouve, qu’on l’ait ou non voulu, – et on ne l’a pas voulu expressément, certes, – confrontée et opposée à une offensive contre ceux qui alimentent la presseSystème en informations antiTrump et permettent à la presseSystème de monter en permanence une offensive contre le président qui s’appuie, elle aussi, sur le simulacre Russiagate. Par ce biais inattendu, les attaques ainsi effectuées contre la presseSystème frappent durement le simulacre lui-même (Russiagate) et diminue d’autant la base sur laquelle s’appuierait le Système pour s’attaquer à la presse antiSystème.

C’est là un des aspects les plus intéressants du système de l’américanisme lorsqu’il tend à évoluer vers un système complètement policier de censure et des manœuvres de coup d’État comme c’est actuellement le cas (système policier de censure contre l’antiSystème et manœuvre de coup d’État contre le président en place). Il doit le faire dans le cadre légaliste dans lequel fonctionne le système de l’américanisme, car même si ce système est évidemment corrompu d’une manière générale il n’en reste pas moins tributaire de règles intangibles sous la forme des diverses dispositions elles-mêmes sous formes de lois. Celui qui veut utiliser ce système de l’américanisme à son avantage pour ses entreprises de subversion et de corruption doit donc se mettre en position de ne pas être en contravention avec ces règles. Dans le cas qui nous occupe, cela est extrêmement difficile pour les antitrumpistes dans la mesure où ils ont construit un simulacre d’une grossièreté extrême (le Russiagate, édifié à la hâte pour camoufler la corruption du parti démocrate) et où ils nourrissent leur offensive de communication de fuites venues de l’administration elle-même, et donc illégales par définition puisque tributaires des règles de sécurité nationale sur le secret de l’information.

Dans cet affrontement aux nombreuses facettes, la presse antiSystème qui reste la cible principale du Système, peut tirer son épingle du jeu en profitant des faiblesses ainsi exposées du Système lui-même (simulacre du Russiagate, fuites, etc.). Le résultat général est un accroissement de l’affrontement, un renforcement de la paralysie de Washington D.C. en tant que bras opérationnel principal du Système, et un renforcement structurel du désordre qui caractérise ce bras opérationnel et le rend inopérant depuis l’arrivée de Trump.

De plus en plus se confirme la fausseté de l’analogie qui paraissait évidente au départ d’un remake grandiose et énorme du Watergate. Au contraire du Watergate où le Congrès attaquant le président avec l’aide de la presse se trouvait libre de toute entrave juridique et légaliste, la force (presseSystème et Congrès) qui attaque la présidence aujourd’hui est elle-même tributaire de très nombreuses faiblesses et de manquements criants aux règles juridiques du jeu washingtonien. Alors que son attaque se déroule avec une puissance aveugle et extrêmement grande (aspect de surpuissance du Système), cette force se trouve continuellement en danger de trop se découvrir et de basculer brusquement, de la position d’accusateur à la position d’accusé. La marche à l’autodestruction par le fait du désordre minant le Système se poursuit au grand galop.

 

Mis en ligne le 05 août 2017 à 11H05

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